jeudi 10 juillet 2025

Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier

 

« Quand on se gratte les couilles, à partir de quel moment est-ce qu'on le fait parce que ça vous démange ou parce que ça vous fait plaisir ? »

C’est l’histoire de Lucien Cordier (Philippe Noiret), unique policier d'une petite ville coloniale d’Afrique-Occidentale française en 1938. Moqué de tous, humilié par son supérieur hiérarchique (Guy Marchand), il va se transformer en « ange exterminateur », tuant ceux qui l’ont méprisé (mais pas que) et faisant accuser d’autres de ses méfaits.

Coup de torchon est une adaptation du roman policier 1275 âmes de Jim Thompson, faisant partie de la collection Série noire. Tavernier a juste transposé l’histoire du Sud des Etats-Unis à l’Afrique coloniale française. On se dit alors qu’on va à nouveau assister à une œuvre destinée à « remettre une pièce » dans le jukebox de la repentance et de la mauvaise conscience, Tavernier faisant partie de ces réalisateurs (avec Louis Malle, Yves Boisset, Roman Polanski ou d’autres) habitués à ressasser les fameuses « pages sombres » de notre histoire, même si l’histoire coloniale fût évidemment bien moins souvent traitée sur grand écran que la Seconde guerre mondiale et l’Occupation, hors concours. Mais on n’aura qu’en partie raison car s’il y a bien quelques propos ou scènes allant dans ce sens, ce n’est heureusement pas le sujet principal du film, ça reste en arrière-plan. Quel est-il, alors ? On ne sait pas trop mais on peut raisonnablement pencher pour les tourments et le basculement d’un homme lassé d’être « trop bon, trop con ». Et bien malgré un casting royal (Noiret, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Eddy Mitchell, Jean-Pierre Marielle dans un double rôle, Guy Marchand et, dans des petits rôles, François Perrot et Gérard Hernandez, excusez du peu !), on ne peut pas dire que tout ceci soit très passionnant. Quasiment de tous les plans, Noiret est un immense comédien mais un peu « con-con » dans le privé, j’ai bien peur : grand bourgeois un peu arrogant (costume avec mouchoir de poche, lunettes, cigare) et pas exempt de muflerie (ça joue dans La grande bouffe, ça a la « main baladeuse » sur le « panier » et à l’entrejambe d’Huppert – cf. l’affiche – mais ça fait sa mijaurée quand Brigitte Lahaie menace d’être sur le même plateau TV que lui…). Isabelle Huppert, ça fait drôle de la voir jeune, gouailleuse et… à poil. Putain quelle filmo, même dans des petits rôles (Dupont Lajoie, César et Rosalie, Les valseuses…), la meuf a toujours su se placer où il fallait, chapeau. Tavernier m’avait prodigieusement emmerdé avec son Dimanche à la campagne. Ici, c’est déjà mieux, plus vivant (beau quasi plan-séquence à la Steadicam derrière Huppert courant vers Noiret, assis dans sa cuisine) mais ce n’est pas encore l’extase. Je lui donnerai une dernière chance avec L’horloger de Saint-Paul, Le juge et l’assassin et La vie et rien d’autre, tous trois avec Noiret.

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