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mercredi 10 septembre 2025

Buffet froid (1979), de Bertrand Blier

 

« C’est pas nous qui sommes chiants, c’est la nature qu’est chiante ! Je m’emmerde, moi, j’en ai marre de la verdure, tout est vert ! »

« Qu’est-ce que vous appelez une « femme mûre » ? » - « Ben, c’est le genre de femmes qui vous fait des confitures… »

Réalisation : Bertrand Blier

Scénario : Bertrand Blier

Pays :  France

Année : 1979

Genre : comédie dramatique, surréalisme

Avec : Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet, Michel Serrault, Jean Rougerie, Geneviève Page, Carole Bouquet.

Synopsis : Le chômeur Alphonse Tram, l’assassin de sa femme et l’inspecteur Morvandiau sont confrontés à une série de meurtres et d’évènements rocambolesques au sein d’une tour d’immeuble isolée dans une banlieue sinistre.

Pourquoi ? Parce que c’est, de l’avis de beaucoup (dont votre serviteur), le meilleur film de Bertrand Blier, baignant dans une atmosphère surréaliste et macabre, l’un de ceux où il est le moins question de cul (lien de cause à effet ?), qui tient la route de bout en bout, là où souvent les autres réalisations du cinéaste s’essoufflent à mi-parcours après un début tonitruant ; pour son MONUMENTAL trio d’acteurs principaux Depardieu – Blier père – Carmet (le budget « bonnes bouteilles » sur le plateau a dû exploser…) et une belle galerie de seconds rôles (Serrault, Bouquet, Page, Rougerie, Benguigui) ; pour ses dialogues qui regorgent de pépites immortelles ; parce que voir des pandores simplets à képi, au temps des « Robocops » de Retailleau, quelle poilade (et nostalgie) ! « Avec le talent, on fait ce qu'on veut. Avec le génie, on fait ce qu'on peut », disait le peintre et musicien Jean-Auguste-Dominique Ingres. Pour ce film, Bertrand Blier a donc fait ce qu’il a pu…

lundi 1 septembre 2025

The Player (1992), de Robert Altman

 

C’est l’histoire de Griffin Mill (Tim Robbins), cynique producteur à Hollywood, qui reçoit de menaçantes cartes postales anonymes. Soupçonnant un auteur dont il aurait refusé le scénario, il pense avoir trouvé le coupable en la personne de David Kahane (Vincent D'Onofrio). Lors d’une altercation nocturne, il le tue accidentellement. Mais les menaces anonymes continuent…

Autant Short Cuts était plutôt bon voire jubilatoire par moments, autant ce The Player ne casse vraiment pas des briques. C’est dingue, on dirait un « direct-to-video »… Les 8 millions de dollars de budget ont visiblement surtout servi aux émoluments de la pléiade de stars venues faire un « caméo » dans leur propre rôle (Julia Roberts, Bruce Willis, Susan Sarandon, Cher, Anjelica Huston, Nick Nolte, Burt Reynolds, Jeff Goldblum…). Rien ne captive vraiment ici, pas plus l’enquête policière que l’amourette entre Tim Robbins et Greta Scacchi ou la satire, assez bateau, d’Hollywood.

samedi 30 août 2025

Rois & Reine (2004), d’Arnaud Desplechin

 

« Et alors, quand vous baisez, c’est comment ? » - « Il jouit assez vite. Moi aussi, d’ailleurs. »

C’est l’histoire de Nora (Emmanuelle Devos) et de son ancien amant Ismaël (Mathieu Amalric). La première s’apprête à se marier et propose au second, interné de force dans un hôpital psychiatrique, d’adopter son fils Elias, qu’elle a eu avec Pierre, qui s’est suicidé avant sa naissance.

A priori très négatif sur Desplechin : cinéma intello qui plait aux « Zinrocks » et à « Téléramasse », mais n’hésitant pas à « s’encanailler » pour faire « peuple » (faire dire au moins une fois « cul », « bite » ou « je t’encule » à un personnage et un peu de hip-hop dans la B.O, chorégraphie d’Amalric incluse, parce que « la culture, c’est l’ouverture d’esprit, man »). Mais faut quand même goûter pour pas mourir idiot. Alors autant choisir un « acclamé », comme ce Rois & Reine qui affiche fièrement ses prix en couverture : prix Louis Delluc et Méliès (on ne sait pas où, quand et par qui sont décernés ces prix mais pas grave) et César du Meilleur acteur pour Amalric. Premier souci, le film fût l’objet d’une polémique : Desplechin aurait utilisé, à son insu, des éléments de la vie privée de l’actrice Marianne Denicourt, qui fût sa compagne dans les années 90, pour construire le personnage de Nora. Procédé malhonnête et illégal, qui poussera Emmanuelle Béart et Juliette Binoche, entre autres, à refuser ce rôle. C’est finalement Emmanuelle Devos qui s’y colla. L’actrice a ici une voix de petite fille, peut-être est-ce sa voix naturelle mais comme elle a le premier rôle, ça m’a sauté aux oreilles. Mettons fin au suspense, ce film fût un supplice à quasiment chaque scène et il dure près de deux heures trente. Il s’agit bien d’un film français de ce genre-là : tous les personnages ou presque fument à chaque plan (même Deneuve en psy dans son cabinet !) et on a un mal fou à comprendre ce qu’ils disent (la palme à Hippolyte Girardot), certains prenant même un malin plaisir à chuchoter. C’est un film sur « un enfant, il a besoin d’une maman mais aussi d’un papa pour se construire » et « la vie, c’est compliqué et pas facile, la famille, toussa, mais c’est quand même vach'ment bien », truffé de références psychanalytiques et littéraires pour faire intelligent et de scènes lunaires (outre celle d’Amalric dans sa séance de « street dance », une autre où dans la boutique de son père, ils neutralisent trois jeunes pourtant armés… Risible). Paradoxalement, alors qu’elle va se marier et qu'il est interné, c’est avec lui qu’on « rigole » et avec elle qu’on pleure. Car faut dire que son père est victime d’un cancer foudroyant. Cela a d’ailleurs donné lieu à la seule scène, très dure, qui m’ait touché : celle où, alors que son père vient de mourir, elle tombe sur ses derniers écrits, faisant part de sa haine envers elle, qu’il trouvait égoïste, trop fière et distante et avouant qu’il aurait préféré que les rôles soient inversés, que ce soit elle qui meure d’un cancer (sympa, le daron…). Rien d’autre à sauver, il va sans dire qu’il n’y aura pas d’autre Desplechin sur ces pages, pas de temps à perdre.

vendredi 29 août 2025

Short Cuts (1993), de Robert Altman

 

« Ouais, les poissons rouges, tu sais, j’suis pas très fana… Ca nage dans l’aquarium et ça chie. »

C’est l’histoire, dans le Los Angelès des années 90, de neufs couples et vingt-deux personnages. Ils sont parents, amis ou voisins et partagent joies et peines, plaisirs et drames. Des destins pris dans le tourbillon de la vie.

Le Magnolia avant Magnolia, en (un peu) mieux. Quand on met le DVD de Short Cuts dans son lecteur, c'est avec plus d’excitation et d’attentes que lorsqu’on fait le même geste avec, au hasard, un Desplechin (vous y aurez aussi droit prochainement). Première constatation : c’est un pavé (trois heures ! Même le making-of fait 90 minutes, soit la durée d'un film...). Deuxième constatation : quel putain de casting (Andie MacDowell, Jack Lemmon, le chanteur et musicien Tom Waits, Julianne Moore, Matthew Modine, Anne Archer, Jennifer Jason Leigh, Chris Penn, Robert Downey Jr., Madeleine Stowe, Tim Robbins, Frances McDormand)… Mais est-ce qu’un putain de casting, ça fait un putain de film ? Pas forcément mais disons que ça aide. Troisième constatation, qui découle un peu de la seconde : on a donc droit à un film choral, avant que ça ne devienne une mode (dans la foulée de Magnolia, justement). Et ça tombe bien, je suis plutôt client du genre. On connait la formule : un tel est marié avec une telle qui le trompe avec un troisième, qui bosse avec un quatrième, qui connait une cinquième, qui etc… Là, on a des coucheries, un fait divers (trois pêcheurs qui découvrent un cadavre de femme dans la rivière), des rapports familiaux conflictuels (une mère chanteuse de jazz dans des bars et sa fille violoncelliste) et pour l’émotion, un drame (un enfant écrasé par une voiture, qui luttera contre la mort avant de décéder). Le film dépeint l’Amérique de ces années post-Reagan et Bush père (le démocrate Bill Clinton vient de s’installer à la Maison Blanche), en pleine croissance économique. Les posters de joueurs NBA (basket), de Metallica ou des Guns, qui cartonnaient à l’époque, ramènent immanquablement à ce début des années 90, cette décennie coincée entre la chute du mur de Berlin et les attentats du 11/9. C’est terrible, rien ne fait envie dans cet « American way of life » effrayant de conformisme et de consumérisme anarchique, ces vies dupliquées à l’instar des baraques avec pelouse alignées en rang d’oignon qui les abritent, ces intérieurs chargés en bibelots, ces cuisines bourrées de bocaux et d’ustensiles, ces tables bordéliques, ces « barbeuc » ou pique-niques avec nappes à carreaux rouges et blancs, les émissions TV débiles, les mioches qui crient ou pleurent, le petit clebs qui aboie… Les mecs sont flic, chauffeur, conducteur d’hélicoptère, nettoyeur de piscine, médecin, présentateur TV ou chômeur, les nanas peintre, musicienne, serveuse, clown, opératrice de sexe téléphonique ou femme au foyer. Au rayon réjouissances : Jennifer Jason Leigh en « téléphone rose » à domicile, balançant propos salaces (du genre « oh oui, ma culotte est déjà toute mouillée » ou « tu aimes que je te lèche les couilles ? ») à ses clients tout en changeant son bébé, devant ses autres enfants et son mari (Chris Penn, disparu à seulement 40 ans et frère de Sean), qu’on sent frustré par la situation ; Frances McDormand se grattant le cul en retournant se coucher après avoir répondu au téléphone à son futur ex-mari ; ledit futur ex-mari qui bazarde l’appartement de cette même McDormand en son absence ; ou encore Julianne Moore qui, chatte et fesses à l’air (P.S : contrairement à notre Mylène Farmer, c’est une vraie rousse…) mais en chemisier, avoue, sous la menace de son mari (Matthew Modine), l’avoir trompé il y a quelques années avec un ami peintre comme elle, scène de ménage ayant lieu quelques heures avant qu’ils ne reçoivent à dîner la « femme clown » (Anne Archer) et son mari pêcheur de truites. Le reste (les monologues de Lemmon, Robbins en flic irascible, Tom Waits en soûlard), c’est un peu plus inégal. Mais comme j’aime ce genre de films où les histoires et les personnages s’imbriquent astucieusement, on va dire que le positif l’emporte largement sur le négatif.

mardi 19 août 2025

Tout feu tout flamme (1982), de Jean-Paul Rappeneau

 

« Hier, tu voulais me mettre en prison. » - « C’était hier… »

C’est l’histoire de Pauline Valance (Isabelle Adjani), brillante polytechnicienne au cabinet du Ministre des Finances, qui, à la mort de sa mère, s’occupe de sa grand-mère et de ses deux sœurs. Un jour, son père Victor (Yves Montand) revient en France après d’infructueuses opérations financières de casinos aux Bahamas et au Canada. Il se lance dans la réfection d'un casino au bord du lac Léman avec l’argent obtenu de la vente de l’immeuble familial, à l’insu de Pauline.

Jean-Paul Rappeneau tourne peu mais plutôt bien. Coécrit à six mains avec sa sœur Elisabeth et Joyce Buñuel (épouse du fils de Luis Buñuel), Tout feu tout flamme est quasiment une commande d’Isabelle Adjani. Séduite par Le sauvage (1975) avec le duo Deneuve - Montand, précédent film du réalisateur et soucieuse d’obtenir des rôles plus « légers » que jusqu’à présent, elle « harcela » gentiment Rappeneau qui avait justement l’idée d’un film sur un polytechnicien incarné par Francis Huster. Il modifia donc son scénario d’origine pour que ce rôle échoit à Adjani. Et comme Montand, malgré des relations tumultueuses sur Le sauvage, était également demandeur, il interprètera le rôle du père flambeur (dans tous les sens du terme, il fait des pommes flambées à un moment…). Jean-Luc Bideau jouera l’associé de Montand et Alain « La Souche » Souchon, pas encore menacé par l’implantation d’un « Carrouf » dans son quartier résidentiel, le journaliste amant d’Adjani (qu’il retrouvera l’année suivante dans L’été meurtrier). Les deux stars en font parfois des tonnes, Adjani abusant des yeux écarquillés et Montand se croyant par instants sur la scène de l’Olympia qu’il arpentait au même moment pour son tour de chant. Celui-ci, décidément assez égocentrique, était un peu jaloux d’Adjani (ou plutôt de l’attention particulière que lui portait Rappeneau) et craignait de n’être qu’un « faire-valoir » de l’actrice, ce qui n’était évidemment pas le cas. Le film est parfaitement représentatif de son époque (les on ne peut plus idiosyncratiques années 80) et d’un cinéma de divertissement « qualité France », sachant combiner et alterner comédie, émotion et scènes d’action (on pense parfois à certains Belmondo de la même époque). Aussi, il a un peu vieilli (la B.O un peu « gnan-gnan » composée par Michel Berger) et tout ceci est certes « cousu de fil blanc » (le père et sa fille, d’abord en conflit puis se rabibochant comme il se doit). Mais le duo vedette et les magnifiques décors alpins du final, notamment, en font un spectacle idéal pour décompresser après des trajets ferroviaires d’aller et retour de vacances mouvementés (mais, à l’attention des trop nombreux détracteurs de cette institution, non imputables à la SNCF, au contraire plutôt réactive sur ces coups-là : limitation de vitesse ou annulation de train en raison de la canicule, malaise d’un passager occasionnant un retard).

mardi 5 août 2025

Le lauréat (1967), de Mike Nichols

 

C’est l’histoire de Benjamin, un brillant étudiant d’une vingtaine d’années (Dustin Hoffman, qui en avait dix de plus, doublé par Patrick Dewaere), qui rentre chez sa famille en Californie, histoire de passer quelques jours de vacances. A l’occasion d’une réception donnée en son honneur, Mme Robinson (Anne Bancroft), amie de ses parents, lui fait des avances. D’abord gêné, il finit par céder et ils entament une relation, se voyant régulièrement à l’hôtel. Mme Robinson a une fille, Elaine (Katharine Ross), et elle interdit formellement Benjamin de la rencontrer. Mais sur les conseils de ses parents, celui-ci va malgré tout la fréquenter et en tomber amoureux.

Je poursuis ma série Dustin Hoffman. Point de départ du « Nouvel Hollywood », bien ancré dans son époque hippie (« libération sexuelle » imminente) et « ambiancé » par les chansons du duo folk-rock Simon and Garfunkel (Nichols fera tourner Art Garfunkel dans Ce plaisir qu’on dit charnel avec Nicholson quelques années plus tard), ce Lauréat m’aura fait vivre des « montagnes russes » émotionnelles. Séduisant et amusant au début lorsque Hoffman se fait mettre le grappin dessus par Bancroft, petit décrochage en son centre, avant la fulgurance finale, où une simple réplique lancée par la fille Elaine à sa mère Mme Robinson aura suffit à me faire verser une petite larme (Hoffman remuant ciel et terre pour faire échouer in extremis le mariage de sa dulcinée, séquence forte). La magie du cinéma…

mercredi 30 juillet 2025

Que la fête commence ! (1975), de Bertrand Tavernier

 

« Tu ne donnes jamais aux pauvres, toi ? » - « Non, y’en a trop. »

C’est l’histoire du Duc d'Orléans (Philippe Noiret), Régent libéral et libertin du 18ème siècle, de son Premier Ministre l’abbé Dubois (Jean Rochefort) et du Marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle), qui souhaite redonner l’indépendance à la Bretagne en renversant la Régence.

La « fête » ? Quelle « fête » ? Il n’y a rien de gai, ici. Noiret, Rochefort et Marielle sur une même affiche, ça ne se refuse pas (ils se retrouveront vingt-et-un ans plus tard dans Les grands ducs de Patrice Leconte). Mais le souci avec ce genre d’acteurs charismatiques et emblématiques, c’est le risque qu’ils ne s’effacent pas derrière leur personnage, qu’on peine à faire abstraction de leur personnalité. On les retrouve dans leur registre habituel : Marielle (qui n’a aucune scène avec ses deux camarades) et ses envolées lyriques, Noiret avec sa faconde et son côté dandy… C’est finalement Rochefort qui s’en sort le mieux, dans le rôle d’un abbé ambitieux et calculateur (César du meilleur second rôle). Rayon « détails amusants », le médecin du Régent se nomme Pierre... Chirac et une des femmes de la cour, « La Fillon »… Et la présence, dans de (tout) petits rôles, de têtes désormais connues, pour certaines au tout début de leur carrière : Jean Rougerie, Hélène Vincent, Nicole Garcia (future compagne de Rochefort) et quasiment tous les mecs du Splendid (Lhermitte, Blanc, Jugnot et Clavier). A part ça, il ne se passe pas grand-chose dans ce film. Y’a bien quelques paires de fesses et de nichons mais les orgies du Régent sont juste esquissées, suggérées. Tavernier n’est pas trop porté sur la gaudriole, c’est plus un réalisateur « politique ». Ici, il est surtout question d’un Duc aux idéaux progressistes mais désabusé face à l’inertie du système, plus rigide (et incarné par le personnage de Rochefort), auquel il appartient, même si le final laisse entrevoir un début de révolte. Rien de bien passionnant...

lundi 14 juillet 2025

Masques (1987), de Claude Chabrol

 

« (…) Et il a vite fondu, le patrimoine… C’est très désagréable de devenir pauvre, de descendre tout doucement vers la gêne. Très. (…) Je suis pas un intellectuel, tu sais. Chez moi, tout est affectif. »

C’est l’histoire de Christian Legagneur (Philippe Noiret), présentateur-vedette de télévision, qui invite dans sa luxueuse demeure le journaliste Roland Wolf (Robin Renucci), dont l’ambition est d'écrire sa biographie. Parmi les quelques personnes présentes, outre les domestiques et amis de Legagneur, Wolf remarque sa filleule Catherine (Anne Brochet), atteinte d’un mal étrange, et en tombe amoureux. Mais Legagneur la couve à l’excès. On se rend compte que l’écriture de la biographie de Legagneur n’est pour Wolf qu’un prétexte et qu’il enquête en réalité sur la mystérieuse disparition d’une jeune femme, Madeleine, qui était l’amie de Catherine.

Je n’aurais pas parié un kopeck sur ce Masques, la surprise n’en est que plus agréable. J’ai bien aimé, en grande partie grâce à Noiret. Qui fait du Noiret mais qui le fait bien, débonnaire (non, pas Sandrine…), toujours à la limite du cabotinage. Il campe un de ces animateurs vedettes d’émissions télé populaires, on pense en particulier à Jacques Martin et son Ecole des fans. Sauf qu’ici les candidats ne sont pas des enfants en bas âge mais au contraire des personnes âgées, à qui on fait gagner des voyages. L’occasion pour Chabrol d’égratigner (gentiment) ce monde hypocrite qui annonçait déjà largement la « télé-poubelle », dont l’un des précurseurs vient tout juste de nous quitter (R.I.P. Thierry). Aucune longueur, une ambiance vaguement « hitchcockienne », une intrigue intéressante sur les turpitudes de cet animateur faux-jeton et un bon casting (citons aussi l'irradiante Bernadette Lafont. Comme Noiret, ces genres de comédiens sont si naturels qu’ils ne jouent pas, ils sont), il n’en faut finalement pas plus pour faire un bon film, que l'on suit avec plaisir.

jeudi 10 juillet 2025

Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier

 

« Quand on se gratte les couilles, à partir de quel moment est-ce qu'on le fait parce que ça vous démange ou parce que ça vous fait plaisir ? »

C’est l’histoire de Lucien Cordier (Philippe Noiret), unique policier d'une petite ville coloniale d’Afrique-Occidentale française en 1938. Moqué de tous, humilié par son supérieur hiérarchique (Guy Marchand), il va se transformer en « ange exterminateur », tuant ceux qui l’ont méprisé (mais pas que) et faisant accuser d’autres de ses méfaits.

Coup de torchon est une adaptation du roman policier 1275 âmes de Jim Thompson, faisant partie de la collection Série noire. Tavernier a juste transposé l’histoire du Sud des Etats-Unis à l’Afrique coloniale française. On se dit alors qu’on va à nouveau assister à une œuvre destinée à « remettre une pièce » dans le jukebox de la repentance et de la mauvaise conscience, Tavernier faisant partie de ces réalisateurs (avec Louis Malle, Yves Boisset, Roman Polanski ou d’autres) habitués à ressasser les fameuses « pages sombres » de notre histoire, même si l’histoire coloniale fût évidemment bien moins souvent traitée sur grand écran que la Seconde guerre mondiale et l’Occupation, hors concours. Mais on n’aura qu’en partie raison car s’il y a bien quelques propos ou scènes allant dans ce sens, ce n’est heureusement pas le sujet principal du film, ça reste en arrière-plan. Quel est-il, alors ? On ne sait pas trop mais on peut raisonnablement pencher pour les tourments et le basculement d’un homme lassé d’être « trop bon, trop con ». Et bien malgré un casting royal (Noiret, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Eddy Mitchell, Jean-Pierre Marielle dans un double rôle, Guy Marchand et, dans des petits rôles, François Perrot et Gérard Hernandez, excusez du peu !), on ne peut pas dire que tout ceci soit très passionnant. Quasiment de tous les plans, Noiret est un immense comédien mais un peu « con-con » dans le privé, j’ai bien peur : grand bourgeois un peu arrogant (costume avec mouchoir de poche, lunettes, cigare) et pas exempt de muflerie (ça joue dans La grande bouffe, ça a la « main baladeuse » sur le « panier » et à l’entrejambe d’Huppert – cf. l’affiche – mais ça fait sa mijaurée quand Brigitte Lahaie menace d’être sur le même plateau TV que lui…). Isabelle Huppert, ça fait drôle de la voir jeune, gouailleuse et… à poil. Putain quelle filmo, même dans des petits rôles (Dupont Lajoie, César et Rosalie, Les valseuses…), la meuf a toujours su se placer où il fallait, chapeau. Tavernier m’avait prodigieusement emmerdé avec son Dimanche à la campagne. Ici, c’est déjà mieux, plus vivant (beau quasi plan-séquence à la Steadicam derrière Huppert courant vers Noiret, assis dans sa cuisine) mais ce n’est pas encore l’extase. Je lui donnerai une dernière chance avec L’horloger de Saint-Paul, Le juge et l’assassin et La vie et rien d’autre, tous trois avec Noiret.

vendredi 4 juillet 2025

Quelques jours avec moi (1988), de Claude Sautet

 

« Personnellement, j’ai toujours été socialiste et partisan d’une économie libérale. »

C’est l’histoire de Martial (Daniel Auteuil), PDG dépressif d’une chaîne de supermarchés. Il se rend à Limoges afin de contrôler les comptes du magasin local, géré par Monsieur Fonfrin (Jean-Pierre Marielle). Invité à diner chez ce dernier, il s’entiche instantanément de sa jeune domestique Francine (Sandrine Bonnaire), à qui il propose de vivre quelques jours avec lui, en échange de pouvoir s’offrir tout ce qu’elle souhaite.

Cinq ans après l’échec critique de Garçon !, Sautet change tout. Enfin, « tout »… Exit Dabadie au scénario et Piccoli, Montand ou (forcément) Schneider comme acteurs fétiches, place à une nouvelle équipe. Il s’entoure de Jacques Fieschi et Jérôme Tonnerre comme coscénaristes et fait appel à la génération montante de comédiens. Mais bon, c’est un film français classique de ces années-là, qui sent bon les « eighties » et la « France profonde ». On retrouve Daniel Auteuil et Sandrine Bonnaire dans des registres plus légers que ceux de Caché ou La cérémonie (dont je toucherai un mot bientôt). Le premier joue comme souvent un homme énigmatique et peu disert et la seconde interprète déjà une domestique. Le PDG qui s’éprend de la bonniche, y’a qu’au cinéma qu’on voit ça mais c’est son principe et même son rôle. Suivre cette femme l'entrainera à côtoyer son entourage, pas toujours recommandable, en particulier le petit escroc « Rocky ». Belle galerie de seconds rôles (Dominique Lavanant, Vincent Lindon, Dominique Blanc, Danielle Darrieux…), avec évidemment une mention particulière pour l’immense Jean-Pierre Marielle, qui campe un directeur de supermarché hâbleur et un peu magouilleur sur les bords (et Macroniste avant l'heure...). Rien de réellement rédhibitoire ici, ni de franchement transcendant non plus, juste un honnête divertissement de début de soirée (non, pas le duo auteur de l’inénarrable Nuit de folie…).

lundi 30 juin 2025

Vous n’avez encore rien vu (2012), d’Alain Resnais

 

« La vie est là, qu’est-ce que tu veux… Il faut bien la vivre... »

C’est l’histoire d’une dizaine de comédiens convoqués post-mortem par le dramaturge Antoine d'Anthac (Denis Podalydès). Celui-ci leur projette la captation filmée d’une mise en scène de sa pièce Eurydice, qu’ils ont tous joué naguère, interprétée par une jeune troupe afin de connaître leurs impressions.

Ouais ben, j’aurais mieux fait de ne rien voir… Autant j’aime généralement bien Resnais (mort à Neuilly), autant celui-là est redoutablement chiant. Nous sommes amenés à regarder des comédiens qui jouent leur propre rôle en train de regarder une célèbre pièce de théâtre jouée par d’autres comédiens, en herbe ceux-là. Et devant ce spectacle, les souvenirs se ravivent et les spectateurs se mettent eux aussi à rejouer la pièce. Les rôles principaux Orphée et Eurydice passent ainsi alternativement du couple Arditi-Azéma à celui composé de Lambert Wilson (né à Neuilly) et Anne Consigny et à celui des jeunes comédiens. Même si c’est fatalement l’immuable duo Arditi / Azéma qui se taille la part du lion (pas de Dussollier en revanche pour cette fois, il devait avoir piscine…), on imagine que la production a dû faire preuve de diplomatie afin de ne froisser aucun égo, en donnant à chacun et chacune son quota de scènes et de temps à l’écran. A ce petit jeu, Mathieu Amalric (né à Neuilly) s’en sort plutôt bien. Partez pas avant la fin, y’a une surprise : Podalydès (né à... Versailles) n’est en fait pas mort (ça alors !). Enfin, pas tout de suite car il cassera sa pipe juste un peu plus tard. Mais qu’importe puisque sa pièce continue d’être jouée. Qu’est-ce qu’on s’amuse…

jeudi 26 juin 2025

Attache-moi ! (1990), de Pedro Almodóvar

 

« Les Allemands ont su penser à leur vieillesse dès l’âge de 18 ans. Alors que les Espagnols, les Espagnols… Les Espagnols, eux, ne pensent à leur retraite que lorsqu’ils y sont… C’est-à-dire… trop tard. » (publicité pour un compte épargne retraite)

C’est l’histoire de Ricky (Antonio Banderas), un orphelin qui sort d’un hôpital psychiatrique avec le fol espoir de se réinsérer et de mener une vie « normale » avec travail, femme et enfants. Il se souvient avoir eu une aventure d’un soir avec Marina (Victoria Abril), une ancienne actrice porno reconvertie dans le cinéma d’horreur de série B. Il va alors retrouver sa trace et la séquestrer chez elle jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de lui.

Après le succès de Femmes au bord de la crise de nerfs sorti deux ans plus tôt, « l’enfant terrible » du cinéma espagnol bénéficie pour ce nouveau projet d’un budget confortable. Pour incarner cette histoire d’amour entre deux marginaux, il fait appel à un duo d’acteurs dont l’alchimie sera fusionnelle : son complice récurrent Antonio Banderas et, pour la première fois dans un grand rôle, Victoria Abril, qui deviendra son égérie l’espace de trois films (Talons aiguilles et Kika suivront peu après). Les deux sont parfaits dans leur rôle (oui, Victoria est… bonne, dans les deux sens du terme). Bon, y’a encore une longue scène de cul (et une autre, onaniste, de Victoria dans sa baignoire), dont l’acteur et réalisateur gréco-américain Elia Kazan dira qu’elle était la plus convaincante qu’il ait vu dans sa vie et qui vaudra au film un inédit « interdit aux moins de 17 ans » dans la très prude (et hypocrite) Amérique. Mais elle se justifie, dans la mesure où elle célèbre la « victoire » de Banderas face à une Abril atteinte de ce qu’on appelle le « syndrome de Stockholm » (empathie voire affection ressentie par la victime pour son agresseur). Une histoire d’amour ma foi fort originale, servie par deux interprètes attachants, dont le plus vulnérable n’est finalement pas forcément celui qu’on croit.

Rien ne va plus (1997), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Victor (Michel Serrault) et Betty (Isabelle Huppert), un petit couple d’escrocs qui écume les séminaires d’entreprises ou congrès de professionnels médicaux de France et de Navarre à bord de leur camping-car, à la recherche de futurs « pigeons » à dépouiller. Un jour, Betty parle à Victor de Maurice (François Cluzet), un financier qu’elle a commencé à séduire il y a un an et qui prépare un gros transfert d’argent (5 millions de francs suisses) de la Suisse vers la Guadeloupe. Mais cette histoire va les embarquer dans des eaux plus troubles et dangereuses que celles qu’ils ont l’habitude de fréquenter…

Deux ans après La cérémonie et son implacable parabole sur la lutte des classes, Chabrol nous revient avec un sujet en apparence plus léger. Et cela part plutôt bien, très bien même. Huppert et Serrault dérobent le pauvre Jacky Berroyer qui s’est laissé séduire par l’actrice, « muse » du réalisateur et affublée d’une perruque brune. On s’attend donc à des aventures « gentillettes » pour ce petit couple de modestes escrocs (dont nous n’apprendrons les liens qui les unissent qu’à la fin du métrage). Petit jeu d’échange de valises entre le duo et Cluzet, qui manipule qui, suspense. Hélas, à l’arrivée de Jean-François Balmer (véritable propriétaire de la mallette et du magot qu’elle contient) et de son homme de main Jean Benguigui, le film bascule dans le dramatique, sur fond de Tosca et on a du mal à y croire et à adhérer (enfin, « j’ai » du mal…). Puis on retombe sur un « happy end », comme si de rien n’était. Mais le charme est rompu et ce film m’a laissé sur ma faim, malgré un trio d’acteurs principaux « 5 étoiles ». Il y aurait eu tellement mieux à faire, en poursuivant dans le registre de la comédie…

lundi 16 juin 2025

Soigne ta droite (1987), de Jean-Luc Godard

 

C’est l’histoire… euh… de plusieurs personnages qui cherchent leur place sur terre (Une place sur la Terre est d’ailleurs le sous-titre du film) et du groupe Les Rita Mitsouko qui cherche le bon son en studio pour son album The No Comprendo. Enfin, j’crois qu’c’est ça…

Alors là, je m’excuse mais… quelle merde ! Jamais vu une connerie pareille… Godard m’avait déjà bien « niflé » avec son Mépris. Le gars sait faire de beaux plans, c’est indéniable (le caméraman sur son travelling à Cinecittà en ouverture, le cul de « B.B », la villa Malaparte à Capri…) mais Bardot était insupportable et l’histoire sans intérêt (Piccoli et la miss qui se chamaillent pendant des plombes en se baladant de pièces en pièces dans leur appartement). Y’avait au moins la superbe musique de Georges Delerue et son Thème de Camille pour faire passer la pilule. Bon, ici, y’a les Rita. Vous ai-je déjà fait part de l’admiration définitive que je voue à ce duo et en particulier à sa chanteuse Catherine Ringer (petit aperçu de son talent sur cette ébouriffante prestation télé de 2001) ? Et bien voilà, c’est fait. L’un des rares groupes ou artistes pop-rock français de l’époque moderne, avec Gainsbourg, Bashung et deux ou trois autres, à pouvoir à peu près soutenir la comparaison avec les anglo-saxons ou en tous cas à ne pas nous foutre complètement la honte vis-à-vis d’eux. A la fois « grand public » et artisanal dans sa manière de fonctionner et de composer, d’une grande originalité et crédible dans tous les genres abordés (pop, rock, funk, électro, world ou même valse musette). Souci, comme on les voit ici en plein processus créatif, on n’entend que des extraits de leurs morceaux, réduits à l’état de maquettes (surtout l’archi-connu C’est comme ça). Le reste est tout simplement inracontable : voix off débitant un pensum philosophique et scènes incompréhensibles. Villeret danse avec une femme à poil, regarde la regrettée Pauline Lafont (son avant-dernière apparition cinématographique) jouer au golf ou est le prisonnier d’un flic interprété par Rufus dans un train. Michel Galabru joue un amiral d’aviation lisant dans son cockpit un ouvrage intitulé Comment réussir son suicide (pas forcément ce titre mais l’idée est là). Quant à Godard, il s’amuse à faire le con dans le rôle principal de l’Idiot, titre du roman de Dostoïevski dont le film s’inspire. L’auto-dérision étant souvent la plus sûre marque de la prétention la plus absolue, rien d’étonnant à cela…

dimanche 8 juin 2025

Le coût de la vie (2003), de Philippe Le Guay

 

« Mon p’tit, pour sucer des bites, il faut du talent, tu sais… »

C’est l’histoire de six personnages qui se côtoient ou se frôlent et de leur rapport à l’argent : un restaurateur (Vincent Lindon) qui préfère « taper dans la caisse » pour faire des cadeaux ou investir plutôt que de payer ses dettes URSSAF ; un de ses cuistots (Lorànt Deutsch), lui aussi plutôt du genre généreux ; une jeune fille (Isild Le Besco) qui refuse de toucher à son héritage afin d’être aimée pour elle-même et pas pour son argent, embauchée comme serveuse dans ledit restaurant grâce au cuisiner ; une escort-girl de luxe sans état d’âme (Géraldine Pailhas) ; un homme sujet à constipation (Fabrice Luchini), radin comme pas deux bien que « friqué » ; un homme d’affaires richissime (Claude… Rich… Un nom prédestiné 😄) qui s’apprête à prendre sa retraite, indifférent aux drames humains provoqués par les délocalisations de son empire industriel. Il y a donc les « cigales » et les « fourmis », les cyniques et les « romantiques »…

DVD trouvé à… 50 cents dans un Cash Express mais… dans sa version promotionnelle : « Ne peut être vendu ni loué » apparaît en bas de l’écran tout au long du film, sans que cela soit trop gênant. Après Le prix à payer, Cliente et Libre échange, voilà donc encore une comédie (dramatique) où il sera question d’argent et de cul et/ou d’amour (bref, ce qui fait « tourner » - pas bien rond - ce monde…). Cet argent qui corrompt, pervertit et finalement nous tue. Et si un grand acteur, c’était un comédien capable de dire une réplique improbable de façon tout à fait naturelle ? Comme Claude Rich, qui nous sort cette « perle » citée plus haut lorsque Le Besco lui dit qu’elle « préfèrera encore sucer des bites sur l’autoroute plutôt que de toucher à son héritage » (et comme Marielle dans Tenue de soirée ou Michel Bouquet dans Les côtelettes. En 2025, un grand acteur, ça bouffe les pissenlits par la racine, en somme). Dans le rôle de l’infirmière que Rich tente en vain de séduire, on reconnait Chloé Mons, qui fût la dernière épouse du regretté Alain Bashung. Film choral bien construit et bien trouvé mais pas de nature à nous « donner la banane », tant il nous rappelle trop le morose quotidien (la vie de famille, les délocalisations, les banques…) et la prégnance du Dieu Argent sur nos vies esclavagisées.

lundi 2 juin 2025

Kika (1993), de Pedro Almodóvar

 

« En réalité, les hommes à moustaches sont des pédales ou des fachos, quand c’est pas les deux à la fois. » (1)

C’est l’histoire, assez rocambolesque et embrouillée, de quelques personnages : Ramon, un photographe voyeur hanté par le suicide (du moins le croit-on) de sa mère ; son beau-père Nicholas, écrivain ; Kika, maquilleuse pour la télévision, qui entretient une relation avec les deux ; sa femme de ménage Juana ; Pablo, acteur de films pornos et frère de cette dernière ; et Andrea « Balafrée », présentatrice de téléréalité.

Y’a qui dedans ? Kika est jouée par Verónica Forqué et Ramon par Àlex Casanovas. Davantage connus du public français, le casting intègre également Peter Coyote (Nicholas), Rossy de Palma (Juana) et la « muse » de l’époque du réalisateur, Victoria Abril (la présentatrice sans scrupules Andrea).

Et c’est comment ? Un peu éprouvant par moments. Je vais me « taper » quelques Almodóvar, toujours dans l’optique de « ne pas mourir idiot »… Bon ben, on peut dire que le gars est du genre déjanté. Décors et vêtements aux couleurs chatoyantes, scènes de sexe et langage crus, violence (un petit peu), nanas fagotées et s’exprimant comme des « cagoles », situations « abracadabrantesques » (comme dirait Chichi) sont les principaux ingrédients de cette farce se voulant une satire de la « télé poubelle » des reality-shows et de son absence totale d’éthique. Verónica Forqué est doublée de façon horripilante par Odile Schmitt (voix française régulière d'Eva Longoria et du personnage Lola Bunny) et son viol par l’acteur porno Pablo, bien que tourné de façon humoristique, dure des plombes puisque le mec enchaine trois (!) orgasmes à la suite. Le « fruit » du quatrième atterrit… sur la joue de Victoria Abril, Pablo se « finissant » sur le balcon tandis qu’elle s’apprêtait à entrer dans l’immeuble… Y’a aussi quelques meurtres, notamment à la fin. Déjanté, vous disais-je…

Caméra portative sur la tête : oui

Goutte de sperme factice : oui

Femmes (et hommes) à poil : oui, c’est pas ça qui manque (des seins et des fesses surtout, bien évidemment, mais aussi une chatte poilue)…

(1) : ils ne sont pas forcément moustachus, y’a qu’à voir quelques-uns des principaux cadres du RN…😄

jeudi 1 mai 2025

Les côtelettes (2003), de Bertrand Blier

 

« Avant, on disait « bonne » mais maintenant on dit « femme de ménage ». Mais enfin, on dit toujours « merde ». Et faut toujours la nettoyer, ça, ça n’a pas changé. »

C’est l’histoire d’un vieux con pauvre de droite qui frappe chez un vieux con riche de gauche pour « venir le faire chier ». Ils discutent de choses et d’autres, comme du sort que l’on réserve aux traces d’excréments qui restent collées au WC une fois la chasse d’eau tirée selon qu’on soit un « gros con de gauche » ou un « gros con de droite ». Mais surtout de Nacifa, leur femme de ménage dont ils sont tous deux amoureux.

C’est avec qui ? Philippe Noiret et Michel Bouquet incarnent les deux personnages principaux, Farida Rahouadj la femme de ménage et Catherine Hiegel… la Mort.

Et c’est comment ? Pour filer la métaphore culinaire… savoureux. Voila ce que je considère comme le meilleur Blier (adaptation de sa pièce éponyme de 1997) de ces vingt-cinq dernières années (voire plus, n’ayant pas encore vu Mon homme), et de loin. C’est la dernière fois que le réalisateur aura à sa disposition de grands acteurs (que dis-je, des « monstres sacrés ») et je ne pense pas que le film m’aurait fait le même effet avec Campan, Dujardin ou même Dupontel et Clavier. Je ne sais pas si j’aime le cinéma (oui, quand même mais moins que la musique) mais j’aime les acteurs. L’expression du visage de Geena Davis à la fin de Thelma & Louise, Depardieu en Cyrano, Azéma qui fait la foldingue chez Resnais (ou Chatiliez), Myriam Boyer et Anouk Grinberg singeant des écolières dans Un, deux, trois, soleil… Ces moments d’émotion, de grâce, de rire, suscitant chez moi émerveillement et une profonde admiration pour celles et ceux qui les véhiculent, sont innombrables. La tirade de Noiret, métaphore scatologique sur la prise de conscience, fait partie de ceux-là. Peu auraient pu la jouer comme lui. Quand à la question « savez-vous comment on reconnait un gros con de droite d’un gros con de gauche ? », assis sur son fauteuil, il lève les yeux vers Bouquet et lui dit « quand vous chiez. Vous avez beau chier proprement (sic), tirer la chasse et tout, très souvent, dans la cuvette, y’a de la merde qui reste, collée ? », je suis plié ! Dans le fond, j’adhère au propos et au constat mais je peux comprendre que si l’on est de « l’autre rive », on puisse trouver ça moralisateur et / ou misérabiliste (Rahouadj le visage abattu, le dos vouté, transportant ses sacs de courses). Cela dit, en y réfléchissant (j’avoue que ce n’est pas le genre de choses qui occupent mon esprit en priorité…😄), cette « théorie » a du plomb dans l’aile. En effet, quid des centristes et des abstentionnistes ? Ils nettoient seulement une partie des traces et laissent les autres telles quelles ? Et ceux qui, frappés de diarrhée ou au contraire de constipation, ont des selles si molles ou si dures qu’elles ne laissent aucune trace, à quel camp appartiennent-ils ? Bon, on ne va pas y passer la nuit non plus, hein… Et quand Bouquet répète à plusieurs reprises « qu’il bande » (c’est dans la bande-annonce), pareil, grand moment. Autre point positif, Rahouadj a pour une fois un « vrai » rôle central à défendre, là où dans les autres films de son compagnon de réalisateur, elle fait « pièce rapportée ». J’ai également apprécié la musique et la mise en scène : Bouquet et Noiret conversent dans le salon de ce dernier puis le plan d’après, on les retrouve dans un commerce alimentaire ou marchant dans un champ, pendant qu’ils poursuivent leur discussion… Procédé surréaliste qui rend l’ensemble plus vivant. Le final à l’hôpital, avec les infirmes qui se mettent à danser pendant que Noiret et Bouquet prennent à tour de rôle Hiegel en levrette (attention, symbole : on nique la mort !), part un peu en vrille (j’ai coutume de penser que lorsqu’on filme des scènes de danse, c’est pour meubler, masquer un manque d’inspiration) mais on a l’habitude, Blier a souvent du mal à finir ses films (Tenue de soirée en étant le meilleur exemple). Pas de quoi cependant gâcher mon plaisir et faire pencher la balance du mauvais côté.

Côtelettes : non

Piscine ensanglantée : oui

Femme à poil : oui (Rahouadj allongée de profil sur une table de réanimation et, si ma mémoire est bonne, la poitrine de la compagne de Noiret, vers le début)

dimanche 27 avril 2025

Smoking / No smoking (1993), d’Alain Resnais

 

C’est l’histoire de neuf personnages (mais plus spécialement six), dans un petit village du Yorkshire et de leur destin professionnel et surtout amoureux suivant qu’ils prennent telle ou telle décision. Il y a là le directeur d’une école, son épouse, la mère de celle-ci, leur petite domestique, son meilleur ami et sa femme, le gardien de l’école et jardinier, le père de ce dernier et enfin une prof.

Y’a qui dedans ? Alors là, on ne peut pas se tromper, ils ne sont que deux. Sabine Azéma et Pierre Arditi interprètent en effet respectivement les cinq personnages féminins et les quatre masculins.

Et c’est bien ? Je poursuis ma « mise à jour » avec ces deux « pavés » (2h20 chacun), le tour de force cinématographique du grand Alain Resnais. Le projet avait tout de l’exercice « casse-gueule » par excellence : deux acteurs pour neuf personnages, forme théâtrale, décors situés à l’extérieur mais reconstitués en studio... Quoique, contre toute attente, l’expérience a montré que je n’étais pas forcément allergique au « théâtre filmé » lorsque l’histoire en vaut la peine et que l’humour est présent : Le père Noël est une ordure, Le diner de cons ou les pièces de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui (Cuisine et dépendances, Un air de famille). C’est justement le couple de surdoués du scénario (les « Jabac ») qui a été missionné par Resnais pour adapter la pièce Intimate Exchanges du dramaturge anglais Alan Ayckbourn. Et donc malgré tous les aspects « limitants » évoqués précédemment (seulement deux personnages par plan, un masculin et un féminin, un troisième pouvant éventuellement être présent par la voix), ça fonctionne dans l’ensemble plutôt bien, limite jubilatoire, même si l’intérêt est justement avant tout formel. Le mérite en revient bien sûr principalement aux deux comédiens, qui jouent donc les neuf personnages (enfin, surtout six car trois n’ont qu’une ou deux scènes : les deux parents, âgés, et la prof revêche Irène Pridworthy. Ce qui est bien dommage car cette dernière est le personnage le plus typé et le plus drôle du lot). Le but a été de ne pas les surcharger de maquillage ni de faire usage de prothèses afin qu’ils restent reconnaissables. L’accent a donc surtout été mis sur les costumes et les chevelures (couleur, coiffure). Pour le personnage de Toby Teasdale, le directeur de l’école, on a fait à Arditi la tronche de Jean Bouise (lunettes, moustache, coiffé en arrière) ! Evidemment, chaque personnage a ses traits de caractère (Rowena, la femme du meilleur ami du directeur d’école, est flamboyante et exaltée, ledit directeur Toby est du genre acariâtre, le jardinier plutôt hâbleur, etc…), en accord avec leur style vestimentaire. Azéma sait très bien faire la « fofolle », cela peut d’ailleurs lasser, à la longue. Concernant les « intrigues », cela tourne inévitablement autour des histoires de fesses, des peines de cœur et parfois des activités professionnelles. Les deux films peuvent être vus dans n’importe quel ordre (j’ai logiquement commencé par Smoking), débutent de la même façon par un prologue illustré en bande dessinée (signée Jean-Claude « Floc’h ») et narré par une voix off puis se déploient de façon tentaculaire suivant les décisions prises par les personnages à certains moments. Cinq César à la clé en 1994 (film, réalisateur, acteur pour Arditi, adaptation scénaristique et décors).

Cigarette fumée : oui… ou non

« Cabane au fond du jardin » : oui

Femme à poil : non

lundi 21 avril 2025

Préparez vos mouchoirs (1978), de Bertrand Blier

 

« J’en n’ai rien à foutre de votre Mozart, je l’connais pas, c’mec-là, j’l’emmerde ! Ou alors qu’il me prête du pognon pour payer mes traites… »

C’est l’histoire d’un mec qui désespère : malgré tous ses efforts, sa femme ne montre aucun signe d’enthousiasme pour quoi que ce soit. Il décide alors de la confier à un inconnu, un prof d’éducation physique rencontré dans un restaurant. D’abord réticent, ce dernier finit par accepter ce « présent ». Mais il ne rencontrera pas plus de succès dans cette entreprise.

C’est avec qui ? Le duo magique des Valseuses Depardieu – Dewaere est reconstitué. La Québécoise Carole Laure remplace au pied levé Miou-Miou pour compléter le trio. Michel Serrault incarne un artisan usé et harcelé par le Fisc et le jeune « Riton » Liebman un surdoué de 13 ans.

Et c’est comment ? Et si Bertrand Blier avait (presque) toujours réalisé (presque) le même film ? Il l’avoue lui-même à demi-mots (« On raconte toujours la même chose »). On trouve des constantes dans la plupart de ses films (pas Buffet Froid, qui est un sans-faute) : duo ou trio (deux hommes et une femme, sauf dans Trop belle pour toi, où les proportions s'inversent), entame sur les chapeaux de roues, souvent surréaliste (procédé revendiqué pour « embarquer le spectateur »), chute de tension, plus ou moins brutale, à mi-parcours (c’est le risque quand on part trop vite, ne dit-on pas « qui veut aller loin ménage sa monture » ?), difficultés à finir ses films. Préparez vos mouchoirs ne déroge pas à cette règle. Ici, la cassure a lieu lors de la colonie de vacances où Carole Laure se laisse séduire par un jeune surdoué de bonne famille, souffre-douleur des autres enfants. Néanmoins, le film figure incontestablement parmi les meilleurs du réalisateur récemment disparu, dont les révélations de son ex-compagne Anouk Grinberg viennent écorner la réputation. Il remporta d’ailleurs l’Oscar du meilleur film étranger en 1979, une fierté pour Blier. A ce titre, voir la vidéo de son « speech » très succinct et prononcé dans un risible anglais typiquement français (je n’aurais pas fait mieux) à la remise du trophée. Depardieu (la scène où il imagine Mozart venant à leur rencontre pendant qu’ils écoutent l’un de ses concertos, juste avant que Serrault ne sonne à leur porte pour réclamer le silence) et Dewaere (celle où il devine, à chaque référence énoncée par Carole Laure, les titres des ouvrages correspondants de son imposante collection qu’il a patiemment rangé) sont évidemment excellents et les autres interprètes sont au diapason. Situations surréalistes et provocantes, dialogues drôles voire poétiques, casting de premier choix… Tous les éléments constitutifs d’un bon Blier, en somme.

Tricot : oui

Jets de yaourt : oui

Femme à poil : Carole Laure nous montre le haut et le bas (de face)

vendredi 11 avril 2025

Cliente (2008), de Josiane Balasko

 

« Je ne paie que pour le plaisir. J’ai suffisamment payé pour le reste. »

« Dans cinq ans, comment ça s’ra, de s’taper des minets ? » - « Plus cher. Ce s’ra plus cher, c’est tout. »

C’est l’histoire de deux sœurs quinquagénaires (mouais, enfin, sexagénaires ou presque, en vrai mais le cinéma, ça rajeunit…) qui dirigent une émission de téléachat. L’une a un cœur de midinette et croit encore au grand amour. L’autre, divorcée et plus cynique, se paie des escort-boys à l’occasion. Elle jette son dévolu sur Patrick (Marco en réalité), un type exerçant secrètement cette activité en parallèle à celle d’ouvrier sur les chantiers, ce qui lui permet de financer les traites du salon de coiffure où bosse son épouse et d’entretenir sa famille, chez laquelle ils logent. Mais un jour, celle-ci va découvrir la vérité…

C’est avec qui ? Nathalie Baye et Josiane Balasko sont les deux sœurs, Eric Caravaca l’escort-boy et Isabelle Carré sa femme. Et aussi Marilou Berry (tant qu’à faire, autant caser sa fille, ça lui fera une ligne sur le CV…) et Catherine Hiegel (oui, l’infirmière qui intervertit les nourrissons dans La vie est un long fleuve tranquille), respectivement sœur et mère de Carré.

Et c’est bien ? Près d’une décennie après son compère du Splendid Michel Blanc et son Mauvaise passe (1999), « Josy » Balasko se penche à son tour sur le sujet de la prostitution masculine. Elle se donne le beau rôle de la femme découvrant tardivement le « grand amour » (avec son vrai mari dans la vie, d’origine amérindienne). Nathalie Baye est « touchive » voire « bouleversifiante » dans celui de cette femme élégante prise dans l’impasse des relations tarifées. L’année précédente, elle était déjà à l’affiche du Prix à payer (bientôt sur ces pages), où il est également question de fric et de cul. En ce début des « années Sarkozy », le pognon a tout contaminé, jusqu’aux relations amoureuses (et sexuelles). Bien moins drôle et léger qu’il n’y parait, plutôt sombre même, Cliente est une réussite. On n’aura qu’à regretter la B.O, alternant entre chanteuse folk « deux de tension » et rap (mais parfaitement raccord tant le sexe et l’argent sont des thèmes récurrents de ce genre musical).

Camescope : oui

Parc : oui

Femme et homme à poil : on aperçoit les seins de Carré et le fessier de Caravaca