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dimanche 14 septembre 2025

Les noces rebelles (2008), de Sam Mendes

 

« Je n’ai qu’une certitude : je veux ressentir les choses. Les vivre, vraiment… tu vois ? La voilà, mon ambition. »

C’est l’histoire d’April et Frank Wheeler (Kate Winslet et Leonardo DiCaprio), un jeune couple du milieu des années 50 qui a en apparence tout pour être heureux : une belle maison spacieuse dans une banlieue pavillonnaire de New York, deux enfants et pour lui, un travail de commercial qui paie convenablement. Mais le hiatus entre cette vie conformiste et celle qu’ils s’étaient imaginés, leur rêve de s’installer à Paris qui s’est fracassé contre les récifs de la réalité, vont inexorablement faire craqueler leur couple.

C’est l’histoire du couple star de Titanic, les ravissants Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, qui « remet le couvert » une décennie plus tard. Kathy Bates, déjà présente sur le célèbre paquebot, est elle aussi du voyage, dans le rôle de l’agente immobilière qui leur propose leur futur lieu de vie.

Près d’une décennie après l’excellentissime American Beauty, Sam Mendes reprend le thème universel de la quête du bonheur absolu pour ces Noces rebelles, adaptation du roman Revolutionary Road de Richard Yates. Le premier rôle féminin est confié à son épouse du moment, Kate Winslet, qui n’eût alors plus qu’à convaincre son ami Leonardo DiCaprio de l’accompagner dans ce projet. Cette fois, il est moins question d’une satire de la société américaine (les années 50, parfaitement reconstituées, ne sont qu’un cadre) que de l’autopsie d’un couple se désagrégeant face à l’inertie et au conformisme ambiants. Doit-on faire sagement ce que la société attend de nous (travailler dur, consommer, enfanter… pour perpétuer ce système pourtant délétère) ou vivre ses rêves ? Sommes-nous des « êtres exceptionnels » qui valons mieux que ça ou devons-nous nous résigner bon gré mal gré à mener cette vie aliénante toute tracée ? Leur projet, irréaliste, de s’installer à Paris, ville que DiCaprio avait visité et apprécié, va susciter chez leurs voisins et collègues de bureau étonnement, enthousiasme de façade mais aussi moqueries et frustration personnelle d’être eux aussi enfermés dans ce carcan, dans ces vies déprimantes (qui concernent 90 à 95% de la population, selon Mendes dans les bonus). Alors on continue de faire semblant d’être heureux, c’est moins douloureux. Interprétation topissime, jusque dans les rôles secondaires (en particulier le couple d’amis voisins et le fils « dérangé » de Bates). Jolie partition mélancolique de Thomas Newman et remarquable plan final sur le visage impassible du mari de Bates, qui préfère couper le son de son sonotone plutôt qu’écouter les propos fort hypocrites de son épouse. Au final, cette « vie rêvée des anges » (travail, famille) ne fait pas du tout envie, ça me « console » un petit peu (ou plutôt me conforte dans mes choix), moi qui n’aie rien de tout ça, par manque d’envie justement et aussi, avouons-le, de courage. Je trouve en effet que les aspects négatifs (contraintes, responsabilités, compromis, usure…) l’emportent largement sur les positifs (avoir une femme et un bébé ou enfant en bas âge dans les bras mais combien ça dure ?). Comme disait un intervenant du documentaire subversif Attention danger travail (2003) : « Moi, c’est pas des pépites de bonheur que je veux, c’est le rocher, la montagne entière. Et surtout, j’ai pas envie de chercher les pépites sous trois tonnes de merde »