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samedi 12 juillet 2025

La piel que habito (2011), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire, trouble et tortueuse, du chirurgien esthétique Robert Ledgard (Antonio Banderas). Traumatisé par la perte de son épouse, brûlée vive dans un accident de la route, il met au point une peau synthétique ultra-résistante aux piqûres d’insectes et aux brûlures, qui aurait pu la sauver. Il mène ses tests sur une cobaye, Vera (Elena Anaya), qui vit enfermée dans son manoir dans la région de Tolède. La seule personne à détenir ce secret est Marilia (Marisa Paredes), sa fidèle servante. On apprend aussi que Norma (Blanca Suárez), la fille de Robert, s’est suicidée après avoir été victime d’une tentative de viol par Vicente (Jan Cornet), un jeune styliste. Peu après, celui-ci disparait mystérieusement.

C’est un fait (et un bon point) : Almodóvar sait varier ses sujets, même si quelques thématiques reviennent souvent. Il murit aussi, c’est normal. Ici, il flirte avec le thriller et le fantastique. Y’a un peu de cul, évidemment (on ne se refait pas). Vingt-et-un ans après Attache-moi !, il retrouve son pote Banderas, parti entre-temps faire carrière aux « States ». Celui-ci campe donc un chirurgien jouant aux « apprentis sorciers », dans la veine de Frankenstein. Car (attention, spoiler) il va kidnapper le jeune homme ayant tenté d’abuser de sa fille, suicidée depuis, et le faire… changer de sexe contre son gré. Il fera ainsi « coup double » : il se vengera de l’agresseur de sa fille tout en créant une femme à l’image de son épouse décédée. Almodóvar étant gay, on ne s’étonnera pas que le thème de la transidentité lui tienne à cœur. Quant à y voir un acte « militant » (la thématique était à l’époque encore embryonnaire, moins d’actualité que de nos jours), je laisse à chacun le soin d’en juger en fonction de ses convictions. Quoi qu’il en soit, le film est psychologiquement assez dur et malaisant, d’autant que Banderas baisera avec sa « créature », ce que je trouve d’ailleurs un peu gros. Pour le reste, La piel que habito (La peau que j'habite, en français) est plutôt bon, voire excellent.

lundi 30 juin 2025

Vous n’avez encore rien vu (2012), d’Alain Resnais

 

« La vie est là, qu’est-ce que tu veux… Il faut bien la vivre... »

C’est l’histoire d’une dizaine de comédiens convoqués post-mortem par le dramaturge Antoine d'Anthac (Denis Podalydès). Celui-ci leur projette la captation filmée d’une mise en scène de sa pièce Eurydice, qu’ils ont tous joué naguère, interprétée par une jeune troupe afin de connaître leurs impressions.

Ouais ben, j’aurais mieux fait de ne rien voir… Autant j’aime généralement bien Resnais (mort à Neuilly), autant celui-là est redoutablement chiant. Nous sommes amenés à regarder des comédiens qui jouent leur propre rôle en train de regarder une célèbre pièce de théâtre jouée par d’autres comédiens, en herbe ceux-là. Et devant ce spectacle, les souvenirs se ravivent et les spectateurs se mettent eux aussi à rejouer la pièce. Les rôles principaux Orphée et Eurydice passent ainsi alternativement du couple Arditi-Azéma à celui composé de Lambert Wilson (né à Neuilly) et Anne Consigny et à celui des jeunes comédiens. Même si c’est fatalement l’immuable duo Arditi / Azéma qui se taille la part du lion (pas de Dussollier en revanche pour cette fois, il devait avoir piscine…), on imagine que la production a dû faire preuve de diplomatie afin de ne froisser aucun égo, en donnant à chacun et chacune son quota de scènes et de temps à l’écran. A ce petit jeu, Mathieu Amalric (né à Neuilly) s’en sort plutôt bien. Partez pas avant la fin, y’a une surprise : Podalydès (né à... Versailles) n’est en fait pas mort (ça alors !). Enfin, pas tout de suite car il cassera sa pipe juste un peu plus tard. Mais qu’importe puisque sa pièce continue d’être jouée. Qu’est-ce qu’on s’amuse…

mardi 24 juin 2025

Aimer, boire et chanter (2014), d’Alain Resnais

 

« Sexuellement, c’est plutôt le calme plat depuis longtemps… Comme ils disent dans les westerns : ça fait longtemps que les caravanes ne passent plus par ici… »

C’est l’histoire de George, atteint d’un cancer en phase terminale (il n’en a plus que pour six mois, tout au plus) et de trois couples, dans le Yorkshire : son ex-femme Monica (Sandrine Kiberlain) et son nouveau compagnon, l’agriculteur Siméon (André Dussollier) ; son meilleur ami Jack (Michel Vuillermoz) et son épouse Tamara (Caroline Silhol) ; son premier amour Kathryn (Sabine Azéma) et son mari Colin (Hippolyte Girardot). Acteur avec Tamara, Kathryn et Colin dans une petite troupe de théâtre en pleine répétition d’une pièce, George exerce une forte attraction sur chacune des femmes, mettant en péril les trois couples.

Dernier (et encore plutôt bon) film du « magicien » Resnais, disparu quelques semaines avant sa sortie française et troisième adaptation d’une pièce du dramaturge britannique Alan Ayckbourn, après le pari fou Smoking / No smoking en 1993 et Cœurs (dont j’ai aussi un très bon souvenir) en 2006. Oui, c’est (ô combien !) du théâtre mais aussi du cinéma. Quelques similitudes avec Smoking… : le Yorkshire, les décors en carton-pâte, les dessins de BD (générique du début dans Smoking…, interludes montrant dans quel domicile aura lieu la scène suivante ici), beaucoup de scènes à deux personnages (mais six interprètes ici, en lieu et place du seul duo Arditi / Azéma dans Smoking…). Azéma (dernière épouse du réalisateur) retrouve son rôle habituel de femme enjouée et pétillante tandis que George, autour duquel tourne toute l’intrigue, sera invisible tout au long du film. Le final donne lieu à un rebondissement inattendu. Par ses facéties et sa vitalité jamais démenties, le cinéaste parvient à moderniser un genre (le vaudeville) qui, sans ça, sentirait sérieusement la naphtaline.

mardi 3 juin 2025

Libre échange (2010), de Serge Gisquière

 

« S’il est moche, il a qu’à être intelligent. S’il est con, il a qu’à être riche. Et s’il est riche, il peut se permettre d’être moche et con. » (1)

C’est l’histoire de Marthe, escort-girl de luxe qui rêve de se ranger et de mener une vie ordinaire. Son chauffeur la branche sur un coup : faire chanter un politicien affichant des convictions conservatrices mais adepte de rencontres sexuelles tarifées. Peu emballée, elle rencontre par hasard Jocelyne, une jeune femme qui s’est fait plaquer par son compagnon (c’est en tous cas ce qu’elle dit). Lui vient alors l’idée de lui faire endosser ce rôle de Monica Lewinsky européenne.

C’est avec qui ? Carole Bouquet est l’escort Marthe, Julie Depardieu, Jocelyne et le réalisateur (belge) Serge Gisquière joue le chauffeur.

Et c’est bien ? Je fais partie des 89 503 individus m’étant déplacé en salle obscure pour voir ce qu’il est convenu d’appeler « cette merde »… C’était lors de l’entre-deux fêtes de fin d’année de l’an 2010, une époque où j’allais encore au cinéma, notamment pour voir ce genre de… « merdes » françaises, donc. Carole Bouquet… C’est fou les efforts déployés par cette dame pour casser son image de femme hiératique, forgée chez Buñuel (Cet obscur objet du désir), Blier (Buffet froid, Trop belle pour toi) ou d’autres. Dans Grosse fatigue de Michel Blanc déjà, elle enjoignait celui-ci de « la prendre comme une ouvrière ». Ici, on la voit en survêt dans une supérette ou enchainant les formules choc à base de grossièretés (elles sont toutes dans les bandes-annonces). De là à ce qu'on nous la montre sur le « trône » dans un prochain film, il n’y a qu’un pas… Quant à Julie Depardieu, ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’elle est la moins douée de la famille (deux Césars de meilleur second rôle féminin dans deux films de Claude Miller, quand même). Bon, je l’ai dit, le film est nul à chier. Il ne lésine pas sur les clichés : le politicien « chevalier blanc » pris la main dans le sac (ou plutôt… la bite dans la chatte 😄), le coiffeur gay (mon dieu…), le client de prostituées amoureux transi… Le titre sent le « brainstorming » (z’avez pigé le double sens ? Libre échange pour l’échange de situation entre les deux femmes, l’échangisme sexuel et le libre-échange du commerce international, les clients de l’escort évoluant dans l’univers des instances européennes) et le « pitch » est risible (l’escort doit récupérer dans les WC le préservatif rempli de la semence du politicard, de mémoire). Tous les meilleurs moments sont dans les bandes-annonces (voir ci-dessous), de même que la musique (une reprise du The Model de Kraftwerk), pas la peine d’aller au-delà...   

Préservatif usagé : oui

Verre de rouge : oui

Femme à poil : non

Bande-annonce

Trailer 1

Trailer 2  

(1) c’est tout à fait ça, en plus…

jeudi 3 avril 2025

Convoi exceptionnel (2019), de Bertrand Blier

 

« Quand une femme disparait dans la nuit, y’a toujours une musique » - « Triste, la musique... »

C’est l’histoire d’Astérix et Obélix qui débarquent au 21ème siècle après avoir bu la « potion magix » des Visiteurs… Euh, non, j’m’égare… Reprenons. C’est l’histoire de Foster, un grand bourgeois et de Taupin, un SDF, qui se rencontrent à Bruxelles. Ils s’aperçoivent que leurs faits et gestes sont dictés par un scénario dont ils reçoivent les pages au fur et à mesure de leur parcours, au cours duquel ils vont faire des rencontres et devoir se remettre en question sur leur vie.

Y’a qui dedans ? Blier est plutôt du genre fidèle : Depardieu et sa compagne Farida Rahouadj sont à nouveau de la partie et Audrey Dana était aussi à l’affiche du Bruit des glaçons. Clavier, Sylvie Testud et Alexandra Lamy, c’est par contre la première fois qu’il les dirige.

Et c’est bien ? Mieux que Le bruit des glaçons mais moins bien que Les côtelettes, si on se réfère à la filmo du cinéaste sur le nouveau millénaire. Comme souvent chez lui, on passe du coq à l’âne, les personnages semblent évoluer telles des « boules de flipper » (qui roulent, qui roulent…) dans un univers absurde qui leur échappe. Testud (qui, après des débuts prometteurs plutôt dans le cinéma d’auteur, s’est largement « mainstreamisée » au fil du temps) fait une brève apparition et semble tomber comme un cheveu sur la soupe. De même qu’Alexandra Lamy (encore une fausse actrice venue de la télé), qui vient égrener devant un Clavier impassible, assis comme un con, la liste de ses amants, concluant par un grotesque « Qu’est-ce que j’ai pris dans l’cul ! » (t’as pas honte, Bertrand ?). Blier finit donc là-dessus, c’est un peu triste mais le « feu sacré » était déjà parti depuis longtemps (depuis Merci la vie ou Un, deux, trois, soleil, au choix). Le repas final entre Clavier et Depardieu renvoie inévitablement à celui de Calmos avec Marielle et Rochefort. La boucle est donc bouclée.

Caddie : oui

Recette du poulet : oui

Femme à poil : non

samedi 29 mars 2025

Le bruit des glaçons (2010), de Bertrand Blier

 

« J’ai toujours été fragile. C’est pour ça que je suis devenu écrivain. Et alcoolique. Je sais plus dans quel ordre… »

C’est l’histoire d’un écrivain déprimé et alcoolique, retranché avec sa bonniche dans sa maison de campagne, qui reçoit la visite de… son cancer.

C’est l’histoire de Bertrand Blier qui tourne en rond (même si le script daterait de l’époque de Tenue de soirée). Il l’avoue lui-même dans l’entretien en bonus du DVD : « on raconte toujours la même chose ». On aura donc à nouveau une « réflexion » sur la vie, l’amour, la mort et, ici (un peu), la parenté. Il y a toujours des choses qui reviennent chez le réalisateur : le caddie (Les Valseuses, Merci la vie, Convoi exceptionnel), un duo ou trio d’acteurs (souvent deux hommes et une femme), une entame forte pour capter et embarquer le spectateur (procédé revendiqué), des héros paumés, en rupture, un personnage qui incarne la Mort (ici ou dans Les côtelettes)… A quoi ça me fait penser, ça ? Ah oui, à une parodie de Mozinor : Luc Besson et son « générateur de scénario aléatoire », aux possibilités infinies.    

C’est avec qui ? Jean Dujardin dans le rôle de l’écrivain à la dérive et Albert Dupontel dans celui du « crabe ». Le premier m’indiffère, le second c’est déjà mieux mais pas méga-fan non plus. Anne Alvaro, remarquable dans Le goût des autres, joue la bonne et Myriam Boyer son cancer. Enfin, Blier a encore réussi à « caser » sa Farida Rahouadj en agent immobilier cette fois, pour deux courtes scènes insignifiantes.

Et c’est bien ? Le making-of montre que si les protagonistes se sont bien amusés sur le tournage (évidemment, avec Dujardin et Dupontel, il a fallu en faire, des prises…), il n’en va pas forcément de même pour le spectateur, pour moi en tous cas. Contrairement aux Côtelettes, de loin mon préféré du réalisateur lors de ces plus laborieuses années 2000 et suivantes, je n’ai pas réussi à entrer pleinement dans son nouveau délire cinématographique.

Seau à glace : oui

Piscine : oui

Femme à poil :  Christa Theret, dans le rôle de la prostituée de Dujardin, nous montre le haut en sortant de la piscine

mercredi 12 février 2025

Stars 80 (2012), de Frédéric Forestier et Thomas Langmann


« C’est Laurent Voulzy qu’a fait un vide-greniers ? On a dit « on prend les tubes de l’époque », hein, pas les costumes… »

C’est l’histoire de deux mecs (Richard Anconina et Patrick Timsit) à la ramasse, sentimentalement et financièrement. Un soir, Anconina retrouve une boite avec tous ses 45 tours des « tubes » des années 80. Le lendemain, il propose à Timsit et à son banquier de faire une tournée avec toutes les vedettes de cette décennie. Ainsi, ils vont se « refaire la cerise » au-delà de leurs espérances.

C’est l’histoire d’une bande de ringards (J-P Mader, Emile et Images, Lio, Début de soirée, Peter & Sloane, Jeanne Mas, Sabrina, Jean-Luc Lahaye, Gilbert Montagné…) qui vont subitement redevenir « hype ».

C’est l’histoire de la pire décennie musicale du 20ème siècle… mais la meilleure en France (si on fait abstraction des géants Piaf, Barbara, Brel, Brassens, Ferré, Gainsbourg, etc…).

C’est l’histoire d’un filon et d’une « machine à cash » inépuisables (concerts, compilations, produits dérivés).

Stade de France : oui

Homme à poil : oui (Cookie Dingler)

Mylène Farmer et Jean-Jacques Goldman : non

Up 👍: des « tubes » (ou des « scies » ?) qu’on a plaisir à réécouter

Down 👎: pour le reste, c’est bien évidemment, fatalement, une daube