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dimanche 14 septembre 2025

Les noces rebelles (2008), de Sam Mendes

 

« Je n’ai qu’une certitude : je veux ressentir les choses. Les vivre, vraiment… tu vois ? La voilà, mon ambition. »

C’est l’histoire d’April et Frank Wheeler (Kate Winslet et Leonardo DiCaprio), un jeune couple du milieu des années 50 qui a en apparence tout pour être heureux : une belle maison spacieuse dans une banlieue pavillonnaire de New York, deux enfants et pour lui, un travail de commercial qui paie convenablement. Mais le hiatus entre cette vie conformiste et celle qu’ils s’étaient imaginés, leur rêve de s’installer à Paris qui s’est fracassé contre les récifs de la réalité, vont inexorablement faire craqueler leur couple.

C’est l’histoire du couple star de Titanic, les ravissants Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, qui « remet le couvert » une décennie plus tard. Kathy Bates, déjà présente sur le célèbre paquebot, est elle aussi du voyage, dans le rôle de l’agente immobilière qui leur propose leur futur lieu de vie.

Près d’une décennie après l’excellentissime American Beauty, Sam Mendes reprend le thème universel de la quête du bonheur absolu pour ces Noces rebelles, adaptation du roman Revolutionary Road de Richard Yates. Le premier rôle féminin est confié à son épouse du moment, Kate Winslet, qui n’eût alors plus qu’à convaincre son ami Leonardo DiCaprio de l’accompagner dans ce projet. Cette fois, il est moins question d’une satire de la société américaine (les années 50, parfaitement reconstituées, ne sont qu’un cadre) que de l’autopsie d’un couple se désagrégeant face à l’inertie et au conformisme ambiants. Doit-on faire sagement ce que la société attend de nous (travailler dur, consommer, enfanter… pour perpétuer ce système pourtant délétère) ou vivre ses rêves ? Sommes-nous des « êtres exceptionnels » qui valons mieux que ça ou devons-nous nous résigner bon gré mal gré à mener cette vie aliénante toute tracée ? Leur projet, irréaliste, de s’installer à Paris, ville que DiCaprio avait visité et apprécié, va susciter chez leurs voisins et collègues de bureau étonnement, enthousiasme de façade mais aussi moqueries et frustration personnelle d’être eux aussi enfermés dans ce carcan, dans ces vies déprimantes (qui concernent 90 à 95% de la population, selon Mendes dans les bonus). Alors on continue de faire semblant d’être heureux, c’est moins douloureux. Interprétation topissime, jusque dans les rôles secondaires (en particulier le couple d’amis voisins et le fils « dérangé » de Bates). Jolie partition mélancolique de Thomas Newman et remarquable plan final sur le visage impassible du mari de Bates, qui préfère couper le son de son sonotone plutôt qu’écouter les propos fort hypocrites de son épouse. Au final, cette « vie rêvée des anges » (travail, famille) ne fait pas du tout envie, ça me « console » un petit peu (ou plutôt me conforte dans mes choix), moi qui n’aie rien de tout ça, par manque d’envie justement et aussi, avouons-le, de courage. Je trouve en effet que les aspects négatifs (contraintes, responsabilités, compromis, usure…) l’emportent largement sur les positifs (avoir une femme et un bébé ou enfant en bas âge dans les bras mais combien ça dure ?). Comme disait un intervenant du documentaire subversif Attention danger travail (2003) : « Moi, c’est pas des pépites de bonheur que je veux, c’est le rocher, la montagne entière. Et surtout, j’ai pas envie de chercher les pépites sous trois tonnes de merde »

samedi 30 août 2025

Rois & Reine (2004), d’Arnaud Desplechin

 

« Et alors, quand vous baisez, c’est comment ? » - « Il jouit assez vite. Moi aussi, d’ailleurs. »

C’est l’histoire de Nora (Emmanuelle Devos) et de son ancien amant Ismaël (Mathieu Amalric). La première s’apprête à se marier et propose au second, interné de force dans un hôpital psychiatrique, d’adopter son fils Elias, qu’elle a eu avec Pierre, qui s’est suicidé avant sa naissance.

A priori très négatif sur Desplechin : cinéma intello qui plait aux « Zinrocks » et à « Téléramasse », mais n’hésitant pas à « s’encanailler » pour faire « peuple » (faire dire au moins une fois « cul », « bite » ou « je t’encule » à un personnage et un peu de hip-hop dans la B.O, chorégraphie d’Amalric incluse, parce que « la culture, c’est l’ouverture d’esprit, man »). Mais faut quand même goûter pour pas mourir idiot. Alors autant choisir un « acclamé », comme ce Rois & Reine qui affiche fièrement ses prix en couverture : prix Louis Delluc et Méliès (on ne sait pas où, quand et par qui sont décernés ces prix mais pas grave) et César du Meilleur acteur pour Amalric. Premier souci, le film fût l’objet d’une polémique : Desplechin aurait utilisé, à son insu, des éléments de la vie privée de l’actrice Marianne Denicourt, qui fût sa compagne dans les années 90, pour construire le personnage de Nora. Procédé malhonnête et illégal, qui poussera Emmanuelle Béart et Juliette Binoche, entre autres, à refuser ce rôle. C’est finalement Emmanuelle Devos qui s’y colla. L’actrice a ici une voix de petite fille, peut-être est-ce sa voix naturelle mais comme elle a le premier rôle, ça m’a sauté aux oreilles. Mettons fin au suspense, ce film fût un supplice à quasiment chaque scène et il dure près de deux heures trente. Il s’agit bien d’un film français de ce genre-là : tous les personnages ou presque fument à chaque plan (même Deneuve en psy dans son cabinet !) et on a un mal fou à comprendre ce qu’ils disent (la palme à Hippolyte Girardot), certains prenant même un malin plaisir à chuchoter. C’est un film sur « un enfant, il a besoin d’une maman mais aussi d’un papa pour se construire » et « la vie, c’est compliqué et pas facile, la famille, toussa, mais c’est quand même vach'ment bien », truffé de références psychanalytiques et littéraires pour faire intelligent et de scènes lunaires (outre celle d’Amalric dans sa séance de « street dance », une autre où dans la boutique de son père, ils neutralisent trois jeunes pourtant armés… Risible). Paradoxalement, alors qu’elle va se marier et qu'il est interné, c’est avec lui qu’on « rigole » et avec elle qu’on pleure. Car faut dire que son père est victime d’un cancer foudroyant. Cela a d’ailleurs donné lieu à la seule scène, très dure, qui m’ait touché : celle où, alors que son père vient de mourir, elle tombe sur ses derniers écrits, faisant part de sa haine envers elle, qu’il trouvait égoïste, trop fière et distante et avouant qu’il aurait préféré que les rôles soient inversés, que ce soit elle qui meure d’un cancer (sympa, le daron…). Rien d’autre à sauver, il va sans dire qu’il n’y aura pas d’autre Desplechin sur ces pages, pas de temps à perdre.

samedi 2 août 2025

Etreintes brisées (2009), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de Mateo Blanco (Lluís Homar), ancien réalisateur devenu aveugle il y a quatorze ans et désormais scénariste sous pseudonyme pour d’autres. Il est aidé dans sa vie quotidienne par Judith (Blanca Portillo), qui était son assistante et par Diego (Tamar Novas), le fils de celle-ci. Suite à une overdose accidentelle dans la boite de nuit où il officie en tant que DJ, Diego est hospitalisé. Judith étant en déplacement à ce moment-là, Mateo, malgré son handicap, se rend à son chevet et en profite pour lui raconter son histoire, notamment sa relation passionnée avec Magdalena, dite « Lena » (Penélope Cruz), qui fût l’actrice principale de Filles et Valises, son dernier film avant l’accident lui ayant fait perdre définitivement la vue et l’amour de sa vie.

Pour ce qui sera probablement le dernier Almodóvar chroniqué sur ces pages, je conclus sur une bonne note. C’est vrai qu’il est bon, ce con. Enfin, pourquoi « ce con », d’ailleurs ? Un type qui met un titre de Can (Vitamin C), le meilleur groupe de l’histoire (du moins de ses débuts jusqu’au départ de son second chanteur, le japonais Damo Suzuki), dans sa B.O ne peut pas être foncièrement mauvais (à part peut-être le paranoïaque et manipulateur Alain Soral, également très fan du groupe. C’est qu’il a toujours eu un faible pour les Allemands, « Soso »…). Mais je digresse. Donc oui, notre cinéaste ibérique sait nous torcher des scénarios alambiqués, passant avec virtuosité d’une époque (années 90 et 2000) ou d’un genre (comédie, mélodrame, thriller) à l’autre, avec toute une galerie de personnages. Un cinéaste à succès et son assistante, une secrétaire rêvant de devenir actrice maquée avec un richissime homme d’affaires qui deviendra le producteur de son premier film, réalisé par ledit cinéaste… Ces Etreintes brisées mêlent donc triangle amoureux (le réalisateur, l’actrice, le producteur), mise en abyme, passion, vengeance, trahison et remords. Difficile de ne pas voir dans le couple formé par le réalisateur Harry Caine / Mateo Blanco et son actrice Lena une transposition de celui d’Almodóvar et Cruz. Le « film dans le film » Filles et Valises est d’ailleurs un décalque parfaitement identifiable de Femmes au bord de la crise de nerfs (le Gaspacho bourré de somnifères, le lit brûlé, la valise de cocaïne…). Intérieurs toujours très soignés et beaux plans extérieurs de Lanzarote (îles Canaries). Il manque toutefois une pointe d’émotion et de folie pour effleurer le sans-faute.

mercredi 16 juillet 2025

Merci pour le chocolat (2000), de Claude Chabrol

 

« Tu crois quand même pas qu’il y a des voleurs en Suisse ? »

C’est l’histoire du couple constitué d’André Polonski (Jacques Dutronc), pianiste renommé et de Marie-Claire Muller dite « Mika » (Isabelle Huppert), directrice d'une grande entreprise de chocolat suisse. André a un fils, Guillaume (Rodolphe Pauly), de son ancienne épouse Lisbeth, décédée dans un accident de voiture. Parallèlement, Jeanne (Anna Mouglalis), une jeune pianiste, apprend qu’elle a failli être échangée à sa naissance avec Guillaume. Intriguée et ayant toujours un doute sur sa paternité, elle se présente chez André, qui va lui donner des cours de piano, sous l’œil visiblement bienveillant de Mika.

Un film sur le Mal qui prend l’apparence du Bien, et donc sur la perversité. Et qui de mieux indiqué que la « muse » de l’auteur du Boucher et Que la bête meure, la grande Isabelle, pour incarner ce personnage et en exprimer toutes les subtiles nuances ? Après le marquant La cérémonie et le beaucoup plus anodin (et pour tout dire, raté) Rien ne va plus, l’actrice retrouve donc Claude Chabrol pour la sixième et avant-dernière fois avant l’ultime L’ivresse du pouvoir de 2006. Bien sûr, « Chacha » n’est pas Scorsese, De Palma ou Tarantino, la réalisation est plus « pépère » et c’est sur le scénario et le jeu d’acteurs que reposera l’intérêt du film. L’intrigue, à savoir l’échange possible entre deux nourrissons nés au même moment dans la même clinique, n’est évidemment pas sans rappeler celle de La vie est un long fleuve tranquille de Chatiliez et Mouglalis y fait d’ailleurs allusion lorsqu’elle apprend par inadvertance cette nouvelle. Son arrivée sera « l’élément perturbateur » au sein de cette famille à première vue bien sous tous rapports mais cachant quelques secrets, dévoilés au fur et mesure. La jeune femme se méfiera très vite d’Huppert, trop mielleuse pour être honnête, d’autant plus qu’elle découvrira que le chocolat que cette dernière se plait à préparer pour Dutronc et son fils contient une forte dose de somnifère. La musique, dont Chabrol était un fin connaisseur, joue à nouveau un grand rôle (Dutronc et Mouglalis étant pianistes, ils « pratiquent » beaucoup) et est signée, comme toujours depuis le début des années 80, par son fils Matthieu (c’est bien simple, il fait bosser toute sa famille sur ses films). C’est d’ailleurs, avec l’interprétation d’Huppert, l’un des points forts du film car pour le reste, c’est tout de même un peu « light ».

vendredi 4 juillet 2025

Caché (2005), de Michael Haneke

 

C’est l’histoire de Georges (Daniel Auteuil), journaliste littéraire à la télé et de sa femme Anne (Juliette Binoche), qui reçoivent à leur domicile de curieux dessins sanguinolents et cassettes vidéo anonymes, montrant leur maison filmée en plan fixe depuis la rue d’en face, une maison de campagne où Georges a passé son enfance et le couloir d’un immeuble de Romainville. La police ne pouvant leur venir en aide face à l’absence d’agression et de revendication, Georges va mener sa propre enquête.

Monsieur Haneke me semble être quelqu’un de torturé, voire de dérangé. Il reconnait lui-même dans le « making-of » que faire des films lui fait économiser des séances de psy. Dans La pianiste, Isabelle Huppert regardait des films pornos en humant les kleenex maculés de sperme des spectateurs précédents et soulageait sa vessie en matant des couples faisant l’amour dans leur bagnole. Ici, il n’est pas question de cul, il nous prend littéralement « en traitre » avec deux scènes soudaines d’une extrême violence (l’affiche donne un léger indice). Comme dans la plupart des films français, le couple incarné par Auteuil et Binoche évolue dans un milieu bourgeois « bobo » (il n’y a guère que Lindon pour jouer les prolos, c’est même devenu un filon). Et comme toujours ou presque, les dialogues sont parfois difficilement audibles, même sans musique, entre celles et ceux qui ont la voix sourde ou qui parlent entre leurs lèvres. Mais comme ils sont souvent d’une banalité reflétant celle du quotidien (du type « tu veux du parmesan sur tes pâtes ? »), ce n’est pas excessivement gênant. Concernant l’histoire, on jongle entre différentes thématiques (mensonges au sein du couple, secrets d’enfance, mauvaise conscience post-coloniale qui tombe comme un cheveu sur la soupe…) et l’on ne voit pas très bien où veut nous mener le cinéaste, la fin nous laissant également dans l’expectative. Je n’ai rien contre les œuvres qui questionnent et vont à rebours du « prémâché », au contraire, mais qu’on me donne au moins quelques pistes de réflexion crédibles et des branches auxquelles me raccrocher… Là, c’est vraiment trop flou.

P.S : pour les adeptes de pèlerinage sur les lieux de tournage, la baraque du couple Auteuil – Binoche se trouve au 49 de la rue Brillat-Savarin dans le 13ème arrondissement de Paris.

samedi 21 juin 2025

La pianiste (2001), de Michael Haneke

 

« Ensuite, enlève le bâillon, s’il te plait et assieds-toi sur ma figure et donne-moi des coups de poing dans l’estomac pour m’obliger à enfoncer ma langue dans ton derrière. »

C’est l’histoire d’Erika Kohut (Isabelle Huppert), professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Autoritaire et cassante avec ses élèves, « vieille fille » sous la coupe d’une mère possessive (Annie Girardot), elle trouve dans l’automutilation sadomasochiste, le voyeurisme et le visionnage de vidéos pornos en cabine individuelle des substituts à sa misère affective et sexuelle. Lors d'un récital, elle rencontre Walter Klemmer (Benoît Magimel), qui va tenter de suivre ses cours.

Un film « coup de poing » (plus précisément « Huppert-cut », ah ah !). A ne pas confondre avec son pendant masculin, réalisé par Polanski l’année suivante. Ca démarre fort avec une scène où Girardot, telle une « gestapiste », tente de faire avouer à Huppert où elle a passé les trois heures écoulées entre la fin de ses cours et son retour à leur domicile. Des coups sont échangés avant réconciliation. Bonjour l’ambiance… On suit ensuite Huppert dans son quotidien de professeur de piano hautaine et sévère, ses virées dans les lieux de diffusion pornographique (à ce propos, j’ai loupé un épisode ou bien ? La jaquette du DVD et la fiche Wikipedia indiquent une interdiction aux moins de 16 ans… alors que des scènes de films X – pénétrations, fellation en « gorge profonde » - non floutées sont montrées pendant quelques secondes…), ses séances d’automutilation de l’entrejambe et sa rencontre avec Magimel. Le réalisme est malheureusement rompu lors d’une interminable et grotesque scène dans les toilettes (non fermées !) d’une salle de concert, où Huppert masturbe Magimel avant de lui prodiguer une fellation, tout en prenant soin de le frustrer. Puis, le film bascule dans le comique involontaire (sur mon organisme, tout du moins) lorsque Magimel lit à voix haute les instructions SM d’Huppert (dont j’ai retranscrit une partie ci-dessus) devant elle et dans sa chambre, dont ils ont bloqué l’accès avec un gros meuble pour laisser Girardot à l’écart. Rebelote dans le malaisant avec une nouvelle scène de sexe insatisfaisante entre Magimel et Huppert, celle-ci vomissant lors d’un « facefuck », dans la remise de la patinoire où il joue au hockey sur glace. Mais ce n’est rien par rapport à la suite où tout ce petit monde va définitivement sombrer dans la folie. Magimel, lassé par ces humiliations à répétition, va débarquer une nuit chez Huppert, la frapper et la violer, après avoir enfermé Girardot dans sa chambre. Une fois parti, Huppert fera exploser son trop-plein de sentiments et de fantasmes si longtemps refoulés en embrassant vigoureusement Girardot sur la bouche. Je me rends compte que je vous ai tout raconté, sauf la fin, un peu abrupte, où Huppert est censée remplacer à une représentation une élève convalescente dont elle est responsable de l’accident (en ayant placé des morceaux de verre brisé dans ses poches). Oui mais lire et voir sont deux expériences différentes. Selon la formule consacrée, vous ne sortirez pas indemne de cette histoire aux contrastes saisissants entre la beauté de la musique (Schubert) et une sexualité sordide et avilissante. Ah, dernier détail en passant : interprétation évidemment formidable, en particulier des deux actrices principales (mais vu leur pedigree, en doutiez-vous ?).

jeudi 19 juin 2025

Volver (2006), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de trois générations de femmes espagnoles en butte aux vicissitudes de la vie (maladie, mort, inceste, secrets de famille…) : Raimunda (Penélope Cruz), sa sœur Soledad dite « Sole » (Lola Dueñas), leur mère Irene (Carmen Maura), Paula, fille de Raimunda (Yohana Cobo) et Agustina, voisine de leur défunte tante (Blanca Portillo).

Il commence à me plaire, ce mec. Volver (Revenir en espagnol) est un film de femmes par un amoureux fou (et élevé par) des femmes mais pour tous. Si c’était pas déjà pris, il aurait pu s’appeler Vive les femmes ! Un véritable « test de Bechdel » (merci à Cinéphile Schizophrène !) inversé. C’est bien simple, y’a que des nanas : les seuls mecs sont butés au bout d’un quart d’heure (le compagnon de Cruz, poignardé en légitime défense par sa fille qu’il tentait de violer) ou, en partance, confient momentanément les clés de leur resto à Cruz (qui va en profiter pour y faire déjeuner une équipe de cinéma le temps d’un tournage à proximité). Ah, Penélope Cruz… Une beauté d’avant (type Sophia Loren) mais maintenant. Elle incarne admirablement une « mère courage » : le ménage, la vaisselle, la « kouizine », se débarrasser du corps de son compagnon tué par sa fille (dans un congélateur puis enterré à l’écart de la ville), rien ne lui fait peur. Histoire d’instaurer une parfaite normalité, on la voit même… faire son petit pissou. A part ça, c’est une histoire de famille compliquée, avec des traumas, des secrets trop longtemps enfouis et lourds à porter… Meurtre, inceste, cancer, mort, c’était l’émotion assurée. Pourtant, alors que je suis plutôt bon public de ce côté-là, je n’ai pas versé de larmes. Pas plus que je n’ai ri, il n'y a d'ailleurs guère matière à cela (Cruz qui reconnait dans l’appartement de sa sœur l’odeur des flatulences de leur mère qu’elle croit alors morte mais qui est planquée sous le lit : toutes se marrent à cette évocation). Bon film néanmoins, pour son scénario et ses actrices, naturellement (prix d’interprétation collectif à Cannes), toutes terriblement attachantes.

dimanche 8 juin 2025

Le coût de la vie (2003), de Philippe Le Guay

 

« Mon p’tit, pour sucer des bites, il faut du talent, tu sais… »

C’est l’histoire de six personnages qui se côtoient ou se frôlent et de leur rapport à l’argent : un restaurateur (Vincent Lindon) qui préfère « taper dans la caisse » pour faire des cadeaux ou investir plutôt que de payer ses dettes URSSAF ; un de ses cuistots (Lorànt Deutsch), lui aussi plutôt du genre généreux ; une jeune fille (Isild Le Besco) qui refuse de toucher à son héritage afin d’être aimée pour elle-même et pas pour son argent, embauchée comme serveuse dans ledit restaurant grâce au cuisiner ; une escort-girl de luxe sans état d’âme (Géraldine Pailhas) ; un homme sujet à constipation (Fabrice Luchini), radin comme pas deux bien que « friqué » ; un homme d’affaires richissime (Claude… Rich… Un nom prédestiné 😄) qui s’apprête à prendre sa retraite, indifférent aux drames humains provoqués par les délocalisations de son empire industriel. Il y a donc les « cigales » et les « fourmis », les cyniques et les « romantiques »…

DVD trouvé à… 50 cents dans un Cash Express mais… dans sa version promotionnelle : « Ne peut être vendu ni loué » apparaît en bas de l’écran tout au long du film, sans que cela soit trop gênant. Après Le prix à payer, Cliente et Libre échange, voilà donc encore une comédie (dramatique) où il sera question d’argent et de cul et/ou d’amour (bref, ce qui fait « tourner » - pas bien rond - ce monde…). Cet argent qui corrompt, pervertit et finalement nous tue. Et si un grand acteur, c’était un comédien capable de dire une réplique improbable de façon tout à fait naturelle ? Comme Claude Rich, qui nous sort cette « perle » citée plus haut lorsque Le Besco lui dit qu’elle « préfèrera encore sucer des bites sur l’autoroute plutôt que de toucher à son héritage » (et comme Marielle dans Tenue de soirée ou Michel Bouquet dans Les côtelettes. En 2025, un grand acteur, ça bouffe les pissenlits par la racine, en somme). Dans le rôle de l’infirmière que Rich tente en vain de séduire, on reconnait Chloé Mons, qui fût la dernière épouse du regretté Alain Bashung. Film choral bien construit et bien trouvé mais pas de nature à nous « donner la banane », tant il nous rappelle trop le morose quotidien (la vie de famille, les délocalisations, les banques…) et la prégnance du Dieu Argent sur nos vies esclavagisées.

lundi 26 mai 2025

Les herbes folles (2009), d’Alain Resnais

 

C’est l’histoire de Marguerite Muir, dentiste et aviatrice à ses heures perdues, qui se fait voler son sac à la sortie d’un magasin de chaussures. Georges Palet, lui aussi amateur d’aviation, retrouve son portefeuille au pied de sa voiture dans un parking souterrain. Il le ramène à la Police mais ayant l’adresse et le numéro de téléphone de Marguerite, il se met à la harceler, s’inventant une improbable histoire d’amour avec elle.

Y’a qui dedans ? Sabine Azéma et André Dussollier, comme d’habitude chez Resnais, sont de la partie pour les deux rôles principaux. Mais pas de Pierre Arditi pour cette fois-ci, remplacé par Anne Consigny (l’épouse de Dussollier) et Emmanuelle Devos (l’amie d’Azéma et elle aussi dentiste). La voix off étant assurée par Edouard Baer.

Et c’est bien ? Poursuivant mon « reset » et après trois essais particulièrement infructueux dont, par charité chrétienne, je ne dirai mot (Un étrange voyage d’Alain Cavalier, Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier et Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat, trois monuments d’ennui…), ces Herbes folles, antépénultième film d’Alain Resnais, me redonnent foi en le cinéma français. Bien sûr, il y a des choses qui ne vont pas. Il s’agit certes d’un cinéma « bourgeois », Mathieu Amalric et Michel Vuillermoz en flics, ça l’fait moyen et il n’y a qu’au cinéma qu’on peut embrasser un(e) inconnu(e) au bout de quelques minutes ou tomber amoureux de quelqu’un sur la base d’un portefeuille et d’une carte d’identité retrouvés. Mais la réalisation inventive et vivante, les décors toujours remarquables (Jacques Saulnier, fidèle du réalisateur, était une sommité dans ce domaine), les comédiens convaincants (Dussollier en particulier) et l’histoire, dont on a envie de découvrir les péripéties et le dénouement (comme dans les bons livres. Le film est d'ailleurs tiré du roman L'Incident de Christian Gailly), emportent l’adhésion haut la main. En bref, à 87 printemps (à l’époque), Resnais était encore vert (ah ah !).

Fermeture-éclair de braguette coincée : oui

Turbine dentaire : oui

Femme à poil : non

dimanche 18 mai 2025

La confiance règne (2004), d’Etienne Chatiliez

 

« J’prendrai bien une mousse ! »

C’est l’histoire de Chrystèle et Christophe, deux personnes simples d’origine modeste et aux parcours « cabossés », qui se font engager comme domestiques et ne ratent aucune occasion de détrousser leurs employeurs avant de prendre la fuite.

Y’a qui dedans ? La comédienne belge (contrairement à ce que son patronyme laisse supposer) Cécile de France et Vincent Lindon jouent nos deux tourtereaux. Dans le reste du casting, on reconnait, dans des rôles plus ou moins importants, Eric « Tanguy » Berger, Anne Brochet (Cyrano de Bergerac, Tous les matins du monde), Jacques Boudet (acteur fétiche de Robert Guédiguian) et le fidèle André Wilms, qui apparaît dans quasiment tous les films de Chatiliez jusqu’à celui-ci.

Et c’est comment ? Premier coup de mou pour Chatiliez, ex-publicitaire (Eram, Le trèfle parfumé…) reconverti cinéaste, honnête artisan de comédies « bien de chez nous » au-dessus de la moyenne, genre sinistré une fois les Oury, Zidi, Poiré et autres Veber plus ou moins rangés des voitures. En effet, la chute au box-office est brutale par rapport à ses précédentes productions, devenues classiques voire cultes et c’est à partir de ce film qu’il se fera moins inspiré. « Heureux les simples d’esprit ! », telle pourrait être la devise des aventures de ces deux énergumènes hauts en couleur. Evidemment, fidèle à ses habitudes, Chatiliez prend un malin plaisir à croquer les travers de classes sociales antagonistes et à les caricaturer (les bourgeois BCBG, le fonctionnaire de mairie en RTT…). Prolos ou bourgeois, chacun en prend pour son grade. Il est aussi question d’argent et du rapport à celui-ci, du pouvoir de fascination qu’exerce une vie de luxe. Je préfère ce Vincent Lindon, qui semble utiliser ses tics naturels pour les besoins du rôle (il se gratte mécaniquement la poche avant de commettre un larcin), se prenant moins (et son métier) au sérieux qu’à l’heure actuelle. Mais c’est surtout Cécile de France, dans un contre-emploi de femme volage affublée d’un accent ch’ti et d’un gimmick (« J’prendrai bien une mousse ! »), qui est la véritable attraction du film. Malheureusement, celui-ci accuse quelques chutes de rythme et Chatiliez se laisse même aller à la facilité d’une séance de flatulences presque digne de celle de La soupe aux choux. Il s’achève étonnamment sur une note dramatique. Un savoir-faire éprouvé, quelques gags mais un bilan mitigé.

Débat télévisé avec Jean-François Copé : oui

Pince à sucre : oui

Femme à poil : Cécile sortant du lit, dans l’obscurité et ça dure une seconde... Autant dire qu'on ne voit rien…

jeudi 1 mai 2025

Les côtelettes (2003), de Bertrand Blier

 

« Avant, on disait « bonne » mais maintenant on dit « femme de ménage ». Mais enfin, on dit toujours « merde ». Et faut toujours la nettoyer, ça, ça n’a pas changé. »

C’est l’histoire d’un vieux con pauvre de droite qui frappe chez un vieux con riche de gauche pour « venir le faire chier ». Ils discutent de choses et d’autres, comme du sort que l’on réserve aux traces d’excréments qui restent collées au WC une fois la chasse d’eau tirée selon qu’on soit un « gros con de gauche » ou un « gros con de droite ». Mais surtout de Nacifa, leur femme de ménage dont ils sont tous deux amoureux.

C’est avec qui ? Philippe Noiret et Michel Bouquet incarnent les deux personnages principaux, Farida Rahouadj la femme de ménage et Catherine Hiegel… la Mort.

Et c’est comment ? Pour filer la métaphore culinaire… savoureux. Voila ce que je considère comme le meilleur Blier (adaptation de sa pièce éponyme de 1997) de ces vingt-cinq dernières années (voire plus, n’ayant pas encore vu Mon homme), et de loin. C’est la dernière fois que le réalisateur aura à sa disposition de grands acteurs (que dis-je, des « monstres sacrés ») et je ne pense pas que le film m’aurait fait le même effet avec Campan, Dujardin ou même Dupontel et Clavier. Je ne sais pas si j’aime le cinéma (oui, quand même mais moins que la musique) mais j’aime les acteurs. L’expression du visage de Geena Davis à la fin de Thelma & Louise, Depardieu en Cyrano, Azéma qui fait la foldingue chez Resnais (ou Chatiliez), Myriam Boyer et Anouk Grinberg singeant des écolières dans Un, deux, trois, soleil… Ces moments d’émotion, de grâce, de rire, suscitant chez moi émerveillement et une profonde admiration pour celles et ceux qui les véhiculent, sont innombrables. La tirade de Noiret, métaphore scatologique sur la prise de conscience, fait partie de ceux-là. Peu auraient pu la jouer comme lui. Quand à la question « savez-vous comment on reconnait un gros con de droite d’un gros con de gauche ? », assis sur son fauteuil, il lève les yeux vers Bouquet et lui dit « quand vous chiez. Vous avez beau chier proprement (sic), tirer la chasse et tout, très souvent, dans la cuvette, y’a de la merde qui reste, collée ? », je suis plié ! Dans le fond, j’adhère au propos et au constat mais je peux comprendre que si l’on est de « l’autre rive », on puisse trouver ça moralisateur et / ou misérabiliste (Rahouadj le visage abattu, le dos vouté, transportant ses sacs de courses). Cela dit, en y réfléchissant (j’avoue que ce n’est pas le genre de choses qui occupent mon esprit en priorité…😄), cette « théorie » a du plomb dans l’aile. En effet, quid des centristes et des abstentionnistes ? Ils nettoient seulement une partie des traces et laissent les autres telles quelles ? Et ceux qui, frappés de diarrhée ou au contraire de constipation, ont des selles si molles ou si dures qu’elles ne laissent aucune trace, à quel camp appartiennent-ils ? Bon, on ne va pas y passer la nuit non plus, hein… Et quand Bouquet répète à plusieurs reprises « qu’il bande » (c’est dans la bande-annonce), pareil, grand moment. Autre point positif, Rahouadj a pour une fois un « vrai » rôle central à défendre, là où dans les autres films de son compagnon de réalisateur, elle fait « pièce rapportée ». J’ai également apprécié la musique et la mise en scène : Bouquet et Noiret conversent dans le salon de ce dernier puis le plan d’après, on les retrouve dans un commerce alimentaire ou marchant dans un champ, pendant qu’ils poursuivent leur discussion… Procédé surréaliste qui rend l’ensemble plus vivant. Le final à l’hôpital, avec les infirmes qui se mettent à danser pendant que Noiret et Bouquet prennent à tour de rôle Hiegel en levrette (attention, symbole : on nique la mort !), part un peu en vrille (j’ai coutume de penser que lorsqu’on filme des scènes de danse, c’est pour meubler, masquer un manque d’inspiration) mais on a l’habitude, Blier a souvent du mal à finir ses films (Tenue de soirée en étant le meilleur exemple). Pas de quoi cependant gâcher mon plaisir et faire pencher la balance du mauvais côté.

Côtelettes : non

Piscine ensanglantée : oui

Femme à poil : oui (Rahouadj allongée de profil sur une table de réanimation et, si ma mémoire est bonne, la poitrine de la compagne de Noiret, vers le début)

dimanche 13 avril 2025

Le prix à payer (2007), d’Alexandra Leclère


« Ma femme aussi a un don pour l’écriture… Elle remplit très bien les chèques. »

C’est l’histoire de plusieurs couples : un homme d’affaires et son chauffeur, leurs femmes respectives… L’homme d’affaires a un problème : sa femme lui refuse le « devoir conjugal ». Pareil pour son chauffeur. Celui-ci lui conseille de couper les vivres à son épouse : « Pas de cul, pas de fric ! »

Y’a qui dedans ? Christian Clavier (qui commençait déjà à prendre de l’embonpoint, je ne vous raconte pas maintenant…) et Nathalie Baye jouent ce qu’ils sont : de grands bourgeois. Gérard Lanvin, en chauffeur beauf (comme dans Le goût des autres) occasionnellement violent, est impec, ce qui n’est pas flatteur. Géraldine Pailhas, dans le rôle de sa femme, est finalement la plus sympathique du lot. Patrick Chesnais fait également une apparition à la fois drôle et émouvante.

Et c’est comment ? Un peu lourd(ingue). Sorti le jour de mes 32 printemps (voilà qui ne nous rajeunit pas…) et mis en boite par Alexandra Leclère (un petit air d’Agnès Jaoui), l’une de ces tâcheronnes qui peuplent le cinéma français depuis les années 2000 (rien de sexiste là-dedans, y’a autant sinon plus de mecs dans le même cas…), le film appuie là où ça fait mal et personne n’en sort grandi (en gros : les femmes sont vénales et les hommes ne pensent qu’à faire « crac-crac »). Mais quand même surtout les mecs, qui se comportent comme de vrais connards. La scène la plus drôle est sans doute celle du « repas choucroute », d’où est tirée la réplique de Clavier en introduction de cette notule et où seule Géraldine Pailhas garde sa dignité. Le reste du temps, on (sou)rit plutôt jaune. Ou pas du tout. Ah, les hommes et les femmes, ces animaux compliqués, condamnés à cohabiter… Le « réarmement démographique » (sic) n’est sans doute pas pour demain et ce n’est pas grave. Et pour le « réarmement cinématographique », il ne faudra pas compter sur ce genre de panouilles…

CB : oui

Transsexuel : oui

Femme à poil : non

vendredi 11 avril 2025

Cliente (2008), de Josiane Balasko

 

« Je ne paie que pour le plaisir. J’ai suffisamment payé pour le reste. »

« Dans cinq ans, comment ça s’ra, de s’taper des minets ? » - « Plus cher. Ce s’ra plus cher, c’est tout. »

C’est l’histoire de deux sœurs quinquagénaires (mouais, enfin, sexagénaires ou presque, en vrai mais le cinéma, ça rajeunit…) qui dirigent une émission de téléachat. L’une a un cœur de midinette et croit encore au grand amour. L’autre, divorcée et plus cynique, se paie des escort-boys à l’occasion. Elle jette son dévolu sur Patrick (Marco en réalité), un type exerçant secrètement cette activité en parallèle à celle d’ouvrier sur les chantiers, ce qui lui permet de financer les traites du salon de coiffure où bosse son épouse et d’entretenir sa famille, chez laquelle ils logent. Mais un jour, celle-ci va découvrir la vérité…

C’est avec qui ? Nathalie Baye et Josiane Balasko sont les deux sœurs, Eric Caravaca l’escort-boy et Isabelle Carré sa femme. Et aussi Marilou Berry (tant qu’à faire, autant caser sa fille, ça lui fera une ligne sur le CV…) et Catherine Hiegel (oui, l’infirmière qui intervertit les nourrissons dans La vie est un long fleuve tranquille), respectivement sœur et mère de Carré.

Et c’est bien ? Près d’une décennie après son compère du Splendid Michel Blanc et son Mauvaise passe (1999), « Josy » Balasko se penche à son tour sur le sujet de la prostitution masculine. Elle se donne le beau rôle de la femme découvrant tardivement le « grand amour » (avec son vrai mari dans la vie, d’origine amérindienne). Nathalie Baye est « touchive » voire « bouleversifiante » dans celui de cette femme élégante prise dans l’impasse des relations tarifées. L’année précédente, elle était déjà à l’affiche du Prix à payer (bientôt sur ces pages), où il est également question de fric et de cul. En ce début des « années Sarkozy », le pognon a tout contaminé, jusqu’aux relations amoureuses (et sexuelles). Bien moins drôle et léger qu’il n’y parait, plutôt sombre même, Cliente est une réussite. On n’aura qu’à regretter la B.O, alternant entre chanteuse folk « deux de tension » et rap (mais parfaitement raccord tant le sexe et l’argent sont des thèmes récurrents de ce genre musical).

Camescope : oui

Parc : oui

Femme et homme à poil : on aperçoit les seins de Carré et le fessier de Caravaca

jeudi 20 mars 2025

Les acteurs (2000), de Bertrand Blier

 

« C’est la réplique qui est magnifique. Il suffit de la dire. »

C’est l’histoire d’acteurs (comme le titre l’indique) et des grands, du « brutal », comme dirait l’autre, qui se rencontrent, se parlent d’eux et de leur métier. Et c’est tout ? Oui.

Y’a qui dedans ? La plupart (pas tous : manquent Noiret, Rochefort et d’autres, sans doute) des plus grands acteurs français encore de ce monde à l’époque du tournage (1999/2000). Quasiment que des mecs, très peu de nanas (essentiellement Dominique Blanc et Josiane Balasko). Du coup, pour cette fois, le corps féminin n’est pas considéré comme un « libre-service »…

Et c’est comment ? Décevant. On ne peut franchement pas dire qu’on se fend la poire à s’en décrocher la mâchoire. Serrault et « Bébel » cabotinent, Delon fait un bref monologue, Marielle fait du Marielle et Galabru n’a aucun texte (!). Faut même se farcir « l’amicale Macroniste » (Arditi / Berléand)… J’ai bien aimé Brialy et Claude Rich, par contre. Il y a bien quelques répliques qui font mouche mais rien n’accroche sur la longueur, la dérision de commande tombe à plat et ça ne raconte rien, ou pas grand-chose. Du gâchis.

Fauteuil roulant : oui

Pot d’eau chaude : oui

Femme ou homme à poil : non

Up 👍: quelques répliques et acteurs qui se sortent de la « grisaille » ambiante

Down 👎: manque de drôlerie et d’intérêt

mercredi 12 mars 2025

Erin Brockovich, seule contre tous (2000), de Steven Soderbergh

 

C’est l’histoire (vraie)… d’Erin Brockovich, mère « célibattante » de trois enfants, précaire, qui parvient à se faire embaucher dans un cabinet d’avocat. Travaillant sur un dossier mineur d'indemnisation immobilière, ce qu’elle va découvrir (contamination de l’eau potable par des rejets toxiques de chrome hexavalent par la firme PG&E) va la mener à mettre à genoux une puissante multinationale, telle David contre Goliath.

Y’a qui dedans ? Notre Pretty Woman récemment auréolée d’un César d’honneur, la solaire Julia Roberts qui obtiendra un Oscar pour ce rôle. Quel charisme, cette nana, c’est l’anti-Cure / Joy Division, son sourire (qu’elle a aussi grand que sa bouche, comme Diana Ross ou Muriel Moreno de Niagara) illumine la pièce dans ses moindres recoins. Et aussi Albert Finney, Aaron Eckhart et, dans un caméo de serveuse, la véritable Erin Brockovich (très belle femme elle aussi).

Et c’est comment ? Très bien. Comme quoi, c’est pas compliqué. Une bonne histoire, une actrice qui porte le film de bout en bout, un peu d’humour, de l’émotion (avec certes son petit lot de passages attendus, cf. les tensions avec ses enfants ou son nouveau petit ami, délaissés), aucun acte de violence et le tour est joué. La musique est également très bien. Les contes de fées qui exaltent les valeurs de travail, de courage et de sacrifice, les Ricains adorent ça. 2000, Hollywood n’était pas encore tout à fait mort, les séries et les plateformes ne faisaient pas encore la loi.

Minerve du cou : oui

Paperasse : oui, et pas qu’un peu

Femme à poil : non

Up 👍: Julia Roberts ; une histoire intéressante à suivre

Down 👎: j’en aurais bien pris pour 15-20 minutes de plus (l’issue, positive, est vite expédiée)

mardi 11 mars 2025

Combien tu m’aimes ? (2005), de Bertrand Blier

 

« Oh ben tu sais, ma vie, c’est pas un musée… »

C’est l’histoire d’un mec, il a gagné gros au loto (plusieurs millions). Alors un soir, à Pigalle, il s’achète… une pute. Oui mais pas n’importe laquelle. Daniela, qu’elle s’appelle. Le genre « bombe atomique ». Elle accepte sa proposition de vivre avec lui. Mais son souteneur ne l’entend pas de cette oreille.

Oui, je fais mon « aggiornamento » Blier, comment vous avez deviné ?

Y’a qui dedans ? Le « monstre sacré » (et « sacré monstre »…) Gégé, comme souvent mais exit les Delon, Carmet, Belmondo, Noiret, Serrault, etc, Blier doit composer avec le « matos » de l’époque, ça descend donc d’une marche ou deux : Monica Bellucci (oui d’accord, elle est belle, y’a à manger mais pas trop mon style), un Inconnu gagné par « l’esprit de sérieux » (Bernard Campan), Jean-Pierre Darroussin (qui se sort brillamment d’un monologue, exercice toujours casse-gueule), Sara Forestier, Edouard Baer (pas à sa place) et il « case » encore sa meuf du moment (Farida Rahouadj), comme il le faisait pour Anouk Grinberg dans les années 90.

Et c’est comment ? Franchement pas terrible. Le récit est moins éclaté qu’à l’accoutumée, il y a bien quelques (rares) fulgurances langagières mais c’est quand même assez « plan-plan ». Un Blier en petite forme.

Stéthoscope : oui

Homme ou femme à poil : évidemment (Bellucci et Rahouadj les seins, Campan le cul)

Up 👍: quelques dialogues drôles ou poétiques

Down 👎: casting pas convaincant et histoire peu captivante

dimanche 16 février 2025

La Môme (2007), d’Olivier Dahan

 

« Madame Piaf, vous jouez avec votre vie. » - « Et alors ? Il faut bien jouer avec quelque chose. »

C’est l’histoire de l’une des plus grandes icones françaises du 20ème siècle, un petit bout de femme avec une voix à vous faire dresser les poils, interprète d’une palanquée de « tubes » (on n’appelait pas ça comme ça, à l’époque). La première « pop star » française de l’histoire ?

C’est l’histoire d’une actrice plutôt quelconque et un peu « nunuche », trois tonnes de maquillage sur la gueule, propulsée au rang de star mondiale pour son interprétation, multi-récompensée notamment par un Oscar. C’est que les Ricains adorent ça, l’image d’Epinal du vieux Paris…

C’est l’histoire d’un film qui lança la mode des « biopics » (films biographiques) en France. Depuis, beaucoup y sont passés (Coluche, Serge Gainsbourg, Claude François, Dalida…). Et l’un des premiers à faire un ramdam médiatique pas possible, pour être certain que tout le monde paye sa place. TF1 (qui co-produit) a dit d’aller le voir alors pas question de désobéir… Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchables (« tellement intouchable que j’ai pas voulu y toucher »… Une fois n’est pas coutume, permettez-moi de citer ici le par ailleurs fort peu recommandable Alain Soral) et The artist suivront dans cette voie.

C’est l’histoire de notre « Gégé » national qu’a encore réussi à se caser dans une superproduction internationale (France – Grande-Bretagne – République tchèque), même l’espace d’une dizaine de minutes.

Et elle meurt, à la fin ? Il ne vous aura pas échappé que oui, personne n’étant immortel… Et jeune, en plus, à 47 balais, alors qu’elle en paraissait vingt de plus.

Dope : oui

Femme à poil : non (ou peut-être au bordel, à voir)

Up 👍:

l’aspect « déconstruit » du film (flashbacks, ellipses) en a gêné certains mais j’ai trouvé ça plus original qu’un récit linéaire

le plan-séquence de l’annonce de la mort de Cerdan, pas mal

la bande originale, évidemment mais je ne suis pas objectif, j’adore Piaf

des séquences « tire-larmes » (la séparation de Piaf enfant et la prostituée « Titine », jouée par Emmanuelle Seigner ; l’interview sur la plage) et quelques « punchlines » (« Vous êtes une grande artiste » - « C’est parce que j’ai mis les talons ») efficaces

Down 👎:

des scènes qu’on croirait tirées des Misérables et d’autres involontairement drôles (le final où Cotillard ressemble presque davantage à Bozzo le clown ou à Robert Smith des Cure qu’à Piaf)

oui, Piaf était une junkie pochtronne parfois imbuvable (ah ah) mais cet aspect est un peu trop appuyé et les moments dramatiques de son existence surreprésentés

jeudi 13 février 2025

La moustache (2005), d’Emmanuel Carrère


« Qu’est-ce que tu dirais si je m’rasais la moustache ? » - « Je sais pas, j’t’aime avec. J’te connais pas, sans. »

C’est l’histoire d’une nana qui se rase la touffe pour observer la réaction de son copain et… Euh, pardon, excusez-moi, les mauvais réflexes de mon blog précédent… Je reprends…

C’est l’histoire d’un mec (Vincent Lindon, avant qu’il ne joue à faire l’acteur dans des films sociaux à se pendre pour engranger des récompenses) qui n’a rien d’autre à foutre que de se raser la moustache pour voir comment réagira son entourage. Souci, de réaction il n’y aura point, femme (Emmanuelle Devos) et amis (Mathieu Amalric) allant jusqu’à nier le fait qu’il ait un jour porté une moustache. Ce qui le plonge dans une profonde dépression et aux confins de la folie. Difficile de broder autour d’un argument aussi mince, d’ailleurs le film n’atteint même pas les 90 minutes réglementaires (82). On voit alors Lindon s’envoler, sans raison, vers Hong Kong, où il fait plusieurs allers et retours en bateau (ce qui fait gagner de précieuses minutes de pellicule). Puis dans un village côtier où il est à nouveau moustachu et avec Devos, qui l’a visiblement rejoint. A moins que tout ceci ne soit qu’un rêve ou un flashback ? Bref, on y comprend que dalle…

J’ai bien aimé la scène du restaurant où Devos, après avoir acheté une veste verte à Lindon (un autre vert que celle de Marine Tondelier), lui dit un truc du genre : « Bon, je t’ai acheté une veste, tu ne la mettras jamais, c’est ça, la vie de couple ».

C’est (encore) l’histoire de bobos parisiens qui ont tout pour être heureux mais qui font chier tout le monde avec leurs névroses existentielles, comme le cinéma français sait si bien en pondre.

Chine : oui

Femme ou homme à poil : presque (Lindon et Devos), culs, seins et sexes restent cachés.

Up 👍: Lindon, toujours parfait dans ce genre de rôles de types ahuris qui restent impassibles face à ce qui leur arrive ; la musique de Philip Glass

Down 👎: à part qu’on n’y comprend rien ni les motivations du réalisateur (également auteur du roman éponyme), rien à signaler