« Ensuite, enlève le bâillon,
s’il te plait et assieds-toi sur ma figure et donne-moi des coups de poing dans l’estomac
pour m’obliger à enfoncer ma langue dans ton derrière. »
C’est l’histoire d’Erika Kohut (Isabelle Huppert), professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Autoritaire et cassante avec ses élèves, « vieille fille » sous la coupe d’une mère possessive (Annie Girardot), elle trouve dans l’automutilation sadomasochiste, le voyeurisme et le visionnage de vidéos pornos en cabine individuelle des substituts à sa misère affective et sexuelle. Lors d'un récital, elle rencontre Walter Klemmer (Benoît Magimel), qui va tenter de suivre ses cours.
Un film « coup de poing » (plus précisément « Huppert-cut », ah ah !). A ne pas confondre avec son pendant masculin, réalisé par Polanski l’année suivante. Ca démarre fort avec une scène où Girardot, telle une « gestapiste », tente de faire avouer à Huppert où elle a passé les trois heures écoulées entre la fin de ses cours et son retour à leur domicile. Des coups sont échangés avant réconciliation. Bonjour l’ambiance… On suit ensuite Huppert dans son quotidien de professeur de piano hautaine et sévère, ses virées dans les lieux de diffusion pornographique (à ce propos, j’ai loupé un épisode ou bien ? La jaquette du DVD et la fiche Wikipedia indiquent une interdiction aux moins de 16 ans… alors que des scènes de films X – pénétrations, fellation en « gorge profonde » - non floutées sont montrées pendant quelques secondes…), ses séances d’automutilation de l’entrejambe et sa rencontre avec Magimel. Le réalisme est malheureusement rompu lors d’une interminable et grotesque scène dans les toilettes (non fermées !) d’une salle de concert, où Huppert masturbe Magimel avant de lui prodiguer une fellation, tout en prenant soin de le frustrer. Puis, le film bascule dans le comique involontaire (sur mon organisme, tout du moins) lorsque Magimel lit à voix haute les instructions SM d’Huppert (dont j’ai retranscrit une partie ci-dessus) devant elle et dans sa chambre, dont ils ont bloqué l’accès avec un gros meuble pour laisser Girardot à l’écart. Rebelote dans le malaisant avec une nouvelle scène de sexe insatisfaisante entre Magimel et Huppert, celle-ci vomissant lors d’un « facefuck », dans la remise de la patinoire où il joue au hockey sur glace. Mais ce n’est rien par rapport à la suite où tout ce petit monde va définitivement sombrer dans la folie. Magimel, lassé par ces humiliations à répétition, va débarquer une nuit chez Huppert, la frapper et la violer, après avoir enfermé Girardot dans sa chambre. Une fois parti, Huppert fera exploser son trop-plein de sentiments et de fantasmes si longtemps refoulés en embrassant vigoureusement Girardot sur la bouche. Je me rends compte que je vous ai tout raconté, sauf la fin, un peu abrupte, où Huppert est censée remplacer à une représentation une élève convalescente dont elle est responsable de l’accident (en ayant placé des morceaux de verre brisé dans ses poches). Oui mais lire et voir sont deux expériences différentes. Selon la formule consacrée, vous ne sortirez pas indemne de cette histoire aux contrastes saisissants entre la beauté de la musique (Schubert) et une sexualité sordide et avilissante. Ah, dernier détail en passant : interprétation évidemment formidable, en particulier des deux actrices principales (mais vu leur pedigree, en doutiez-vous ?).
Un très grand Haneke dans la lignée de ses meilleures œuvres et une Isabelle Huppert toujours aussi formidable...
RépondreSupprimerOui mais des scènes grotesques et/ou glauquissimes...
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