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dimanche 24 août 2025

Les fantômes du chapelier (1982), de Claude Chabrol

 

« Vous auriez tort, Kachoudas… »

C’est l’histoire de M. Labbé (Michel Serrault), chapelier à Concarneau, qui a assassiné sa femme souffrante mais aussi cinq de ses amies d’enfance qui s’apprêtaient à lui rendre visite lors de son prochain anniversaire. Son voisin d’en face, le tailleur Kachoudas (Charles Aznavour), a tout découvert mais n’en dit rien à la police.

Moyennement inspiré par cette adaptation du roman éponyme de Georges Simenon, un peu longue (deux heures) avec ses redondances (Aznavour suivant Serrault le soir au bar où il fait des parties de cartes avec des amis puis dans les rues sombres et désertes) et où tout est très vite éventé (le tueur et son mobile). Le seul suspense résidant dans le fait de savoir si le « serial killer » sera appréhendé et comment. La mise en scène de Chabrol et l’interprétation de Serrault sont néanmoins à saluer mais j’attendais mieux (ou autre chose).

vendredi 22 août 2025

Madame Bovary (1991), de Claude Chabrol

 

« C’est la faute de la fatalité. »

C’est l’histoire, en 1837, d’Emma (Isabelle Huppert), fille d’un riche fermier, qui accepte de prendre pour époux Charles Bovary (Jean-François Balmer), médecin de campagne veuf. Elle qui rêvait d’une vie de luxe et de plaisirs va vite déchanter face aux conventions et à l’ennui inhérents à la condition d’épouse de notable.

Et allez, encore un film à costumes d’époque et ce foutu classicisme « à la française »… Obsédé par le roman éponyme de Gustave Flaubert et son héroïne, à 60 balais à l’époque, c’était le moment ou jamais pour « Chacha » de le tourner, ce film. C’est bien sûr sa future actrice fétiche Isabelle Huppert (troisième collaboration après Violette Nozière et Une affaire de femmes) qui endossera le rôle-titre. Alors que dire ? Que c’est longuet et basé sur un canevas classique. Mariée à un type bonnard mais sans passion, la miss a besoin d’autre chose. Alors elle flambera l’argent du ménage en bijoux et en fringues et s’offrira à un hobereau beau parleur (Christophe Malavoy) puis à un jeune clerc de notaire (Lucas Belvaux). La fin, où Bovary sera rattrapée par ses dettes et que ses amants ne pourront (ou voudront ?) aider (bien fait…), nous sortira d’une relative torpeur et donnera à Huppert l’occasion d’effectuer un joli numéro d’actrice (même si elle est bonne de bout en bout). Conclusions imparables : « trop bon, trop con » (pour Balmer) et « ne jamais péter plus haut que son cul » (pour Huppert).

lundi 21 juillet 2025

Violette Nozière (1978), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire, vraie, de… Violette Nozière (Isabelle Huppert), adolescente des années 30, en rupture avec le mode de vie et les mentalités de ses parents (Jean Carmet et Stéphane Audran). A leur insu, elle fréquente Jean, un « gigolo » et se prostitue elle-même occasionnellement. Son médecin lui diagnostique la syphilis. Parvenant à convaincre ses parents que sa maladie était héréditaire, elle les empoisonne sous prétexte de leur administrer un médicament. Son père meurt mais sa mère parvient à en réchapper.

De ce premier Chabrol – Huppert, point de départ d’une longue et fructueuse collaboration, je n’aurai pas grand-chose à dire, étant bizarrement resté un peu extérieur à son histoire et à sa narration. Ça fait drôle de voir Isabelle Huppert jeune et à poil (ah, merde, déjà dit…). Dans Coup de torchon, on avait le « verso », là on a le « recto »… On reconnait dans le casting, dans de petits rôles, l’incontournable « troisième couteau » Dominique Zardi (garçon de café), Fabrice Luchini (un étudiant) mais aussi Jean Pierre « c’est d’la merde ! » Coffe (le médecin) et Gilbert Servien, qui, à pareille époque, tournait dans des pornos de Kikoïne, Tranbaree ou Lansac. Je ne sais pas si c’est dû à la reconstitution de l’époque (années 30) ou au fait que Chabrol était plus jeune et avait donc probablement davantage la « niaque » mais j’ai trouvé la réalisation plus « cinématographique » que dans certaines de ses œuvres ultérieures. Le film est tiré d’une histoire vraie et la jeune femme vit sa condamnation à la peine de mort commuée en travaux forcés, avant d’être graciée par De Gaulle à la Libération puis même réhabilitée quelques années avant sa mort survenue en 1966. Il est vrai qu’elle avait été abusée sexuellement par son père à plusieurs reprises. Du coup, à contrario de l’éprouvant Une affaire de femmes, Chabrol nous évite la prise d’otage émotionnelle finale.

jeudi 17 juillet 2025

Une affaire de femmes (1988), de Claude Chabrol

 

« Je vous salue Marie, pleine de merde, le fruit de vos entrailles est pourri. »

C’est l’histoire de Marie Latour (Isabelle Huppert), qui élève seule ses deux enfants sous le régime de Vichy. Elle rêve de devenir chanteuse mais le quotidien est bien triste. Jusqu’au jour où une voisine lui demande de la faire avorter, clandestinement, cela va sans dire. Devant la réussite de l’opération, elle décide de monter son auto-entreprise dans ce secteur d’activité et les clientes se présentent régulièrement. Pour mettre du beurre dans les épinards, elle loue aussi une chambre Airbnb à son amie prostituée Lucie (Marie Trintignant). Mais son mari Paul (François Cluzet) revient de la guerre. Lui est plutôt du genre minable, au chomdu et au RSA. Il peine à supporter la réussite de son épouse qui, par ailleurs, fuit tout contact physique avec lui.

Et oui, encore un Chabrol - Huppert, y’en aura encore un (Violette Nozière, déjà vu mais article pas encore rédigé), peut-être deux (Madame Bovary, vous connaissez mon aversion pour les films d’époque à costumes). Que voulez-vous, était prévu un très bon cru Almodóvar, si j’en crois le visionnage de la première heure d’Etreintes brisées (2009) mais la lecture du DVD a ensuite complètement foiré, bien que celui-ci ne comportait pas plus de rayures que son homologue de cette Affaire de femmes. Qui aurait pu s’appeler « Une affaire de familles » puisqu’outre les Chabrol, on a du Tavernier (le fils Nils devant la caméra, la mère Colo au scénar), du Trintignant (la regrettée Marie et son air toujours un peu « stone ») et du Huppert (sa fille Lolita Chammah, âgée de 5 ans, joue également ce rôle dans le film). C’est une fois encore un film fort mis en boite par le réalisateur à la pipe et magistralement interprété par sa future actrice fétiche, qui remportera le prix d’interprétation à la Mostra de Venise mais se verra souffler le César par une autre Isabelle (Adjani, pour Camille Claudel). Vous pensez, avec le combo Occupation / avortement / peine de mort, on a là de quoi soulever les tripes et tirer les larmes, manquait plus que la pénalisation de l’homosexualité pour faire un « strike »… De fait, l’ambiance des trente dernières minutes est très lourde (un conseil, prévoyez un repas léger avant visionnage) et pour le final, « Chacha » nous a presque fait une « Dancer in the dark ». Ce film a indirectement fait un mort, un vrai celui-là : un spectateur cardiaque, victime collatérale d’une bombe lacrymogène déposée dans un cinéma de Montparnasse par des catholiques intégristes, ulcérés par la phrase retranscrite plus haut, prononcée par Huppert à l’annonce de sa condamnation à la peine capitale. Devant la frilosité des diffuseurs locaux, le producteur Marin Karmitz a dû le distribuer lui-même aux Etats-Unis, où il rencontra un franc succès. Inspiré de l'histoire vraie de Marie-Louise Giraud, une des dernières femmes guillotinées en France, en 1943.

mercredi 16 juillet 2025

Merci pour le chocolat (2000), de Claude Chabrol

 

« Tu crois quand même pas qu’il y a des voleurs en Suisse ? »

C’est l’histoire du couple constitué d’André Polonski (Jacques Dutronc), pianiste renommé et de Marie-Claire Muller dite « Mika » (Isabelle Huppert), directrice d'une grande entreprise de chocolat suisse. André a un fils, Guillaume (Rodolphe Pauly), de son ancienne épouse Lisbeth, décédée dans un accident de voiture. Parallèlement, Jeanne (Anna Mouglalis), une jeune pianiste, apprend qu’elle a failli être échangée à sa naissance avec Guillaume. Intriguée et ayant toujours un doute sur sa paternité, elle se présente chez André, qui va lui donner des cours de piano, sous l’œil visiblement bienveillant de Mika.

Un film sur le Mal qui prend l’apparence du Bien, et donc sur la perversité. Et qui de mieux indiqué que la « muse » de l’auteur du Boucher et Que la bête meure, la grande Isabelle, pour incarner ce personnage et en exprimer toutes les subtiles nuances ? Après le marquant La cérémonie et le beaucoup plus anodin (et pour tout dire, raté) Rien ne va plus, l’actrice retrouve donc Claude Chabrol pour la sixième et avant-dernière fois avant l’ultime L’ivresse du pouvoir de 2006. Bien sûr, « Chacha » n’est pas Scorsese, De Palma ou Tarantino, la réalisation est plus « pépère » et c’est sur le scénario et le jeu d’acteurs que reposera l’intérêt du film. L’intrigue, à savoir l’échange possible entre deux nourrissons nés au même moment dans la même clinique, n’est évidemment pas sans rappeler celle de La vie est un long fleuve tranquille de Chatiliez et Mouglalis y fait d’ailleurs allusion lorsqu’elle apprend par inadvertance cette nouvelle. Son arrivée sera « l’élément perturbateur » au sein de cette famille à première vue bien sous tous rapports mais cachant quelques secrets, dévoilés au fur et mesure. La jeune femme se méfiera très vite d’Huppert, trop mielleuse pour être honnête, d’autant plus qu’elle découvrira que le chocolat que cette dernière se plait à préparer pour Dutronc et son fils contient une forte dose de somnifère. La musique, dont Chabrol était un fin connaisseur, joue à nouveau un grand rôle (Dutronc et Mouglalis étant pianistes, ils « pratiquent » beaucoup) et est signée, comme toujours depuis le début des années 80, par son fils Matthieu (c’est bien simple, il fait bosser toute sa famille sur ses films). C’est d’ailleurs, avec l’interprétation d’Huppert, l’un des points forts du film car pour le reste, c’est tout de même un peu « light ».

lundi 14 juillet 2025

Masques (1987), de Claude Chabrol

 

« (…) Et il a vite fondu, le patrimoine… C’est très désagréable de devenir pauvre, de descendre tout doucement vers la gêne. Très. (…) Je suis pas un intellectuel, tu sais. Chez moi, tout est affectif. »

C’est l’histoire de Christian Legagneur (Philippe Noiret), présentateur-vedette de télévision, qui invite dans sa luxueuse demeure le journaliste Roland Wolf (Robin Renucci), dont l’ambition est d'écrire sa biographie. Parmi les quelques personnes présentes, outre les domestiques et amis de Legagneur, Wolf remarque sa filleule Catherine (Anne Brochet), atteinte d’un mal étrange, et en tombe amoureux. Mais Legagneur la couve à l’excès. On se rend compte que l’écriture de la biographie de Legagneur n’est pour Wolf qu’un prétexte et qu’il enquête en réalité sur la mystérieuse disparition d’une jeune femme, Madeleine, qui était l’amie de Catherine.

Je n’aurais pas parié un kopeck sur ce Masques, la surprise n’en est que plus agréable. J’ai bien aimé, en grande partie grâce à Noiret. Qui fait du Noiret mais qui le fait bien, débonnaire (non, pas Sandrine…), toujours à la limite du cabotinage. Il campe un de ces animateurs vedettes d’émissions télé populaires, on pense en particulier à Jacques Martin et son Ecole des fans. Sauf qu’ici les candidats ne sont pas des enfants en bas âge mais au contraire des personnes âgées, à qui on fait gagner des voyages. L’occasion pour Chabrol d’égratigner (gentiment) ce monde hypocrite qui annonçait déjà largement la « télé-poubelle », dont l’un des précurseurs vient tout juste de nous quitter (R.I.P. Thierry). Aucune longueur, une ambiance vaguement « hitchcockienne », une intrigue intéressante sur les turpitudes de cet animateur faux-jeton et un bon casting (citons aussi l'irradiante Bernadette Lafont. Comme Noiret, ces genres de comédiens sont si naturels qu’ils ne jouent pas, ils sont), il n’en faut finalement pas plus pour faire un bon film, que l'on suit avec plaisir.

dimanche 6 juillet 2025

La cérémonie (1995), de Claude Chabrol

 

« Il est à Mélinda, c’est Jérémie qui lui a offert pour son anniversaire. » - « Ben justement, elle n’en aura plus besoin. »

C’est l’histoire de Sophie (Sandrine Bonnaire), qui est engagée comme domestique (oui, « encore » en ce 20ème siècle finissant… Ils voudraient pas qu’on les aide aussi à se torcher, non ?) dans la demeure bretonne de la famille Lelièvre (Jean-Pierre Cassel, Jacqueline Bisset, Virginie Ledoyen et Valentin Merlet). Elle se lie d’amitié avec Jeanne (Isabelle Huppert), la postière du village, qui voue une détestation forcenée à cette famille (sentiment réciproque pour ce qui est du père de famille, qui a constaté son insolence et son incompétence) et plus généralement aux bourgeois. Peu à peu, cette dernière monte Sophie contre ses employeurs. On apprend aussi que les deux femmes ont un passé trouble.

Je l’avoue sans honte : La cérémonie, ou plus précisément son atroce et gerbant épilogue, m’a bien plus traumatisé, ou du moins hanté durablement après visionnage, que nombre de films d’horreur ou même Seven, Shining, Psychose ou Les dents de la mer, classiques de ma DVDthèque depuis « digérés ». Sans doute car l’horreur se déploie ici dans un cadre plus réaliste et qu’elle y est glaçante. Il est vrai aussi que je suis d’un naturel (très) sensible et ça ne s’arrange pas avec l’âge, bien au contraire. Quoi qu’il en soit, qui aurait cru que ce sentiment d’effroi puisse surgir d’une œuvre du jovial Claude Chabrol, figure de proue de la fameuse (et fumeuse ?) « Nouvelle Vague » dont il disait qu’« il n’y a pas de Nouvelle Vague, il n’y a que la mer » et fin observateur (et peintre) de l’univers feutré de la petite bourgeoisie de province ? Quoique, en jetant un coup d’œil à sa foisonnante filmographie, on ne s’en étonnera finalement pas tant que ça (Que la bête meure, Le boucher, Violette Nozière, Les fantômes du chapelier, L’enfer…Du déjà bien « flippant »).

Mais pour tout dire, je n’y crois pas tellement, à cette histoire. Ce n’est pas moi le psy, c’est Caroline Eliacheff, coscénariste, mais je trouve qu’il manque une gradation dans la tension, une ou deux scènes supplémentaires pouvant « expliquer » le passage à l’acte. A aucun moment dans le film, on ne s’attend à voir les deux femmes sombrer dans la folie meurtrière, même quelques instants avant le drame. Les Lelièvre ne sont pas particulièrement odieux, notamment Virginie Ledoyen, très prévenante et s’ils se laissent parfois aller à quelques remarques blessantes en privé, c’est davantage par réflexe de classe que par réelle méchanceté. Et puis j’aurais vu l’explosion de cette rage contenue s’accompagner d’une intensité vocale et sonore ad hoc. Or, pas du tout, les deux femmes sont d’une froideur, d’un détachement, d’un cynisme inouïs, comme si elles accomplissaient un acte tout à fait banal et anodin. Là est d'ailleurs peut-être le plus choquant. Les seules émotions qui transparaissent chez Bonnaire sont la peur panique lorsqu’elle est directement confrontée à son handicap (elle est analphabète, c’est justement cette découverte par Ledoyen qui sera le déclencheur de l’engrenage meurtrier) et quelquefois la joie avec Huppert. Sinon, elle donne du « je sais pas », « j’ai compris » ou du « bien Monsieur / Madame / Mademoiselle » à tire-larigot. Huppert (César de la Meilleure actrice, son premier, elle en obtiendra un autre en 2017 pour le Elle de Verhoeven), elle, est plus expressive et dévergondée, plus sournoise (et toxique !) aussi.

Le film, librement inspiré de la célèbre « affaire des sœurs Papin » de 1933 (j’invite ceux qui pensent que la violence est l’apanage de notre société contemporaine à y jeter un… œil, c’est le cas de le dire…), a beaucoup été « vendu » comme le « dernier film marxiste ». Soit. Les différences de classes sociales sont ici exprimées, voire surlignées, par le prisme des goûts culturels : aux bourges l’opéra et la littérature, aux prolos les films commerciaux (« avec Paul Newman ») et la « télé-poubelle ». Mais il y a d’autres thématiques, comme l’effet d’entrainement avec l’attitude « pousse-au-crime » insidieusement instillée par le personnage d’Huppert. J’ajouterais aussi le lesbianisme entre les deux héroïnes, qui m’apparait sinon évident, au moins envisageable en filigrane (rires sur la couette, baisers sur la joue appuyés).

J’ai bien fait de revoir le film et surtout de lire sa fiche Wikipedia car un élément du final m’avait complètement échappé lors de mon premier visionnage. En effet, je n’avais pas saisi que le radio-cassette qu’emporte Huppert après le carnage avait enregistré son aparté avec Bonnaire à l’issue de celui-ci (les Lelièvre ayant souhaité enregistrer l’opéra de Mozart qui passait à la télé à ce moment-là). Ainsi, je pensais que la police, retrouvant l’appareil dans sa voiture accidentée, lui ferait porter l’entière responsabilité du crime à titre posthume, Bonnaire s’en tirant à bon compte. Mais avec l’enregistrement de la discussion des deux femmes, signant leur complicité, c’est différent. Une fin morale, donc, l’une mourant dans un accident de voiture, l’autre n’échappant vraisemblablement pas à une future interpellation mais bien trouvée grâce à l’astuce du radio-cassette et suffisamment implicite.

jeudi 26 juin 2025

Rien ne va plus (1997), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Victor (Michel Serrault) et Betty (Isabelle Huppert), un petit couple d’escrocs qui écume les séminaires d’entreprises ou congrès de professionnels médicaux de France et de Navarre à bord de leur camping-car, à la recherche de futurs « pigeons » à dépouiller. Un jour, Betty parle à Victor de Maurice (François Cluzet), un financier qu’elle a commencé à séduire il y a un an et qui prépare un gros transfert d’argent (5 millions de francs suisses) de la Suisse vers la Guadeloupe. Mais cette histoire va les embarquer dans des eaux plus troubles et dangereuses que celles qu’ils ont l’habitude de fréquenter…

Deux ans après La cérémonie et son implacable parabole sur la lutte des classes, Chabrol nous revient avec un sujet en apparence plus léger. Et cela part plutôt bien, très bien même. Huppert et Serrault dérobent le pauvre Jacky Berroyer qui s’est laissé séduire par l’actrice, « muse » du réalisateur et affublée d’une perruque brune. On s’attend donc à des aventures « gentillettes » pour ce petit couple de modestes escrocs (dont nous n’apprendrons les liens qui les unissent qu’à la fin du métrage). Petit jeu d’échange de valises entre le duo et Cluzet, qui manipule qui, suspense. Hélas, à l’arrivée de Jean-François Balmer (véritable propriétaire de la mallette et du magot qu’elle contient) et de son homme de main Jean Benguigui, le film bascule dans le dramatique, sur fond de Tosca et on a du mal à y croire et à adhérer (enfin, « j’ai » du mal…). Puis on retombe sur un « happy end », comme si de rien n’était. Mais le charme est rompu et ce film m’a laissé sur ma faim, malgré un trio d’acteurs principaux « 5 étoiles ». Il y aurait eu tellement mieux à faire, en poursuivant dans le registre de la comédie…

mercredi 18 juin 2025

L’enfer (1994), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Paul (François Cluzet), qui a tout pour être heureux : propriétaire d’une auberge qui « tourne » bien et marié à un « avion de chasse » (Emmanuelle Béart) qui lui a donné un fils. Oui mais voilà, Paul devient de plus en plus jaloux, au point d’atteindre un état pathologique et de faire de la vie du couple un enfer.

Allez, un Chabrol, cinéaste prolifique (quasiment un film par an) de nos contrées. Je n’ai vu qu’une poignée de métrages de cette vaste filmographie, dont les deux derniers (Bellamy et La fille coupée en deux, mineurs) et La cérémonie et son final glaçant. Cela dit, la bourgeoisie de province, son hypocrisie et ses bassesses, ça va cinq minutes… Là, on est dans le registre du drame psychologique, issu d’un scénario qu’Henri-Georges Clouzot n’avait pu mener à son terme en raison de problèmes de santé (les siens et ceux de Reggiani). Cluzet m’a bien déçu au fil du temps. En une grosse vingtaine d’années, on est passé du « C’est toujours pareil, on vote à gauche et on se retrouve avec le centre. J’ai du pognon, prenez-m’en, merde ! (via les impôts, NDLR) » des « années Jospin » (1997-2002) à la défense zélée des mesures sanitaires anti-Covid et au vote Macron en 2022. Mais il convient, comme toujours ou presque, de distinguer l’homme de l’acteur. Dans le rôle de cet homme basculant peu à peu dans la folie, il est très convaincant. De même qu’Emmanuelle Béart, qui s’était déjà fait « charcuter » la bouche et dont j’avais oublié combien ses formes et sa plastique étaient démoniaques. La tension va crescendo, jusqu’à l’issue fatale, quasi insoutenable. Ironie de l’histoire, ce drame sur les violences conjugales renvoie à la douloureuse histoire personnelle de Cluzet, qui fût le compagnon à cette époque de Marie Trintignant, décédée comme chacun sait sous les coups de Bertrand Cantat une décennie plus tard. Un film à montrer aux « incels » pour les consoler et aux « MGTOW » pour les conforter dans leur choix…