mercredi 16 juillet 2025

Merci pour le chocolat (2000), de Claude Chabrol

 

« Tu crois quand même pas qu’il y a des voleurs en Suisse ? »

C’est l’histoire du couple constitué d’André Polonski (Jacques Dutronc), pianiste renommé et de Marie-Claire Muller dite « Mika » (Isabelle Huppert), directrice d'une grande entreprise de chocolat suisse. André a un fils, Guillaume (Rodolphe Pauly), de son ancienne épouse Lisbeth, décédée dans un accident de voiture. Parallèlement, Jeanne (Anna Mouglalis), une jeune pianiste, apprend qu’elle a failli être échangée à sa naissance avec Guillaume. Intriguée et ayant toujours un doute sur sa paternité, elle se présente chez André, qui va lui donner des cours de piano, sous l’œil visiblement bienveillant de Mika.

Une histoire sur le Mal qui prend l’apparence du Bien, et donc sur la perversité. Et qui d’autre que la « muse » de l’auteur du Boucher et Que la bête meure, la grande Isabelle, pour incarner ce personnage et exprimer toutes ses subtiles nuances ? Après le marquant La cérémonie et le beaucoup plus anodin (et pour tout dire, raté) Rien ne va plus, l’actrice retrouve donc Claude Chabrol pour la sixième et avant-dernière fois avant l’ultime L’ivresse du pouvoir de 2006. Bien sûr, « Chacha » n’est pas Scorsese, De Palma ou Tarantino, la réalisation est plus « pépère » et c’est sur le scénario et le jeu d’acteurs que reposera l’intérêt du film. L’intrigue, à savoir l’échange possible entre deux nourrissons nés au même moment dans la même clinique, n’est évidemment pas sans rappeler celle de La vie est un long fleuve tranquille de Chatiliez et Mouglalis y fait d’ailleurs allusion lorsqu’elle apprend par inadvertance cette nouvelle. Son arrivée sera « l’élément perturbateur » au sein de cette famille à première vue bien sous tous rapports mais cachant quelques secrets, dévoilés au fur et mesure. La jeune femme se méfiera très vite d’Huppert, trop mielleuse pour être honnête, d’autant plus qu’elle découvrira que le chocolat que cette dernière se plait à préparer pour Dutronc et son fils contient une forte dose de somnifère. La musique, dont Chabrol était un fin connaisseur, joue à nouveau un grand rôle (Dutronc et Mouglalis étant pianistes, ils « pratiquent » beaucoup) et est signée, comme toujours depuis le début des années 80, par son fils Matthieu (c’est bien simple, il fait bosser toute sa famille sur ses films). C’est d’ailleurs, avec l’interprétation d’Huppert, l’un des points forts du film car pour le reste, c’est tout de même un peu « light ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire