jeudi 12 juin 2025

Frantic (1988), de Roman Polanski

 

C’est l’histoire d’un cardiologue américain (Harrison Ford) qui se rend à Paris avec sa femme pour un colloque. Ils se rendent compte à leur arrivée à l’hôtel qu’ils se sont trompés de valise à l'aéroport. Puis, alors qu’il prend sa douche, sa femme disparait mystérieusement. Peu aidé par la police française ni par l’ambassade américaine, le voila contraint de mener sa propre enquête, malgré la barrière de la langue. Il va alors retrouver la propriétaire de la valise en sa possession (Emmanuelle Seigner), une jeune femme mystérieuse qui l’aidera à remonter la piste des kidnappeurs de son épouse.

J’enchaine avec un film du controversé Polanski, un de ces nombreux grands cinéastes que j’ai trop longtemps délaissés. Ben, mauvaise pioche. Ce n’est certes pas mauvais mais ce n’est pas fou-fou non plus. Ca manque de suspense, de rebondissements, d’action au sens large (pas forcément de courses-poursuites et de fusillades, hein…), limitée ici à une scène dans un parking (premier échange avorté avec les ravisseurs) et une autre sur les toits parisiens. Harrison Ford fait partie, avec Bruce Willis ou Richard Gere, de ses acteurs « mono-expressifs » (d’ailleurs, ils n’ont jamais eu d’Oscar et rarement de nominations). Bref, c’est peut-être aussi dû à mon anhédonie chronique mais pour un film réputé « culte » (?), je m’attendais à plus...

mardi 10 juin 2025

Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de Pepa (Carmen Maura), amoureuse d’Iván (Fernando Guillén), qui s’apprête à la quitter. Tous deux travaillent comme acteurs de doublage. Pepa découvre l’existence de Lucía (Julieta Serrano), ex d’Iván, tout juste sortie d’hôpital psychiatrique. Ayant mis son appartement en location, elle reçoit la visite d’un couple intéressé : Carlos (Antonio Banderas), qui n’est autre que le fils… d’Iván et Lucía, et sa compagne Marisa (Rossy de Palma). Comme si cela ne suffisait pas, son amie Candela (María Barranco) se pointe aussi chez elle, ayant découvert que son petit ami était en réalité un… terroriste chiite !

Mon troisième Almodóvar et mon préféré, de loin. Talons aiguilles mériterait peut-être un nouveau visionnage (vu il y a quelques années, bof bof) et Kika, bien que pas mal, comportait deux scènes de cul un peu longuettes. Ici, on retrouve ce qui semble être deux constantes de son cinéma : les couleurs pétaradantes et les femmes, fortes, elles aussi « hautes en couleur » et, il faut bien le dire, un peu « têtes à claques ». On suit avec jubilation les aventures pleines de rebondissements de Carmen Maura (vue aussi chez nous, notamment dans Le bonheur est dans le pré de Chatiliez ou Alliance cherche doigt de Mocky), confrontée à ses peines de cœur et sur laquelle le sort et les problèmes semblent s’acharner. Scénario astucieux (les imbrications entre les personnages) et mise en scène suffisamment rythmée. Pas forcément à conserver (quoique…) mais visionnage vivement conseillé si vous aimez les comédies romantiques cocasses.

dimanche 8 juin 2025

Le coût de la vie (2003), de Philippe Le Guay

 

« Mon p’tit, pour sucer des bites, il faut du talent, tu sais… »

C’est l’histoire de six personnages qui se côtoient ou se frôlent et de leur rapport à l’argent : un restaurateur (Vincent Lindon) qui préfère « taper dans la caisse » pour faire des cadeaux ou investir plutôt que de payer ses dettes URSSAF ; un de ses cuistots (Lorànt Deutsch), lui aussi plutôt du genre généreux ; une jeune fille (Isild Le Besco) qui refuse de toucher à son héritage afin d’être aimée pour elle-même et pas pour son argent, embauchée comme serveuse dans ledit restaurant grâce au cuisiner ; une escort-girl de luxe sans état d’âme (Géraldine Pailhas) ; un homme sujet à constipation (Fabrice Luchini), radin comme pas deux bien que « friqué » ; un homme d’affaires richissime (Claude… Rich… Un nom prédestiné 😄) qui s’apprête à prendre sa retraite, indifférent aux drames humains provoqués par les délocalisations de son empire industriel. Il y a donc les « cigales » et les « fourmis », les cyniques et les « romantiques »…

DVD trouvé à… 50 cents dans un Cash Express mais… dans sa version promotionnelle : « Ne peut être vendu ni loué » apparaît en bas de l’écran tout au long du film, sans que cela soit trop gênant. Après Le prix à payer, Cliente et Libre échange, voilà donc encore une comédie (dramatique) où il sera question d’argent et de cul et/ou d’amour (bref, ce qui fait « tourner » - pas bien rond - ce monde…). Cet argent qui corrompt, pervertit et finalement nous tue. Et si un grand acteur, c’était un comédien capable de dire une réplique improbable de façon tout à fait naturelle ? Comme Claude Rich, qui nous sort cette « perle » citée plus haut lorsque Le Besco lui dit qu’elle « préfèrera encore sucer des bites sur l’autoroute plutôt que de toucher à son héritage » (et comme Marielle dans Tenue de soirée ou Michel Bouquet dans Les côtelettes. En 2025, un grand acteur, ça bouffe les pissenlits par la racine, en somme). Dans le rôle de l’infirmière que Rich tente en vain de séduire, on reconnait Chloé Mons, qui fût la dernière épouse du regretté Alain Bashung. Film choral bien construit et bien trouvé mais pas de nature à nous « donner la banane », tant il nous rappelle trop le morose quotidien (la vie de famille, les délocalisations, les banques…) et la prégnance du Dieu Argent sur nos vies esclavagisées.

samedi 7 juin 2025

Misery (1990), de Rob Reiner

 

C’est l’histoire d’un écrivain (James Caan), auteur de romans « à l’eau-de-rose » avec sa saga Misery, qui désire réorienter sa carrière vers des histoires plus sérieuses en faisant mourir l’héroïne de cette série à succès. Victime d’un grave accident de voiture lors d’une tempête de neige, il est recueilli par une infirmière (Kathy Bates) se déclarant sa plus grande admiratrice dans sa maison isolée. Mais lui faisant part de ses nouveaux desseins, celle-ci ne l’entend pas de cette oreille…

Adaptation du roman éponyme de Stephen King, le succès était quasi-assuré avec un tel script. Sans surprise, la prestation très « Actors Studio » de Kathy Bates dans le rôle de cette infirmière complètement chtarbée lui valut l’Oscar de la meilleure actrice. La grande Lauren Bacall interprète la productrice de l’écrivain. Il a bien fallu faire quelques concessions avec le réalisme : la convalescence de l’écrivain paraît bien longue (certes, il n’était pas à l'hôpital…) et on ne peut pas dire que ciel et terre soient remués pour le retrouver, malgré sa célébrité (seul un couple de shérifs âgé part à sa recherche). Mais le véritable point noir du film reste son final, qui verse malheureusement dans le « grand-guignol » avec son « jump scare » attendu. Dommage, nous n’étions pas loin de l’éclatante réussite.

vendredi 6 juin 2025

Indochine (1992), de Régis Wargnier

 

C’est l’histoire de l’Indochine française sur trois décennies, des années 20 jusqu’aux accords de Genève de 1954 qui scelleront son indépendance et la fin de l’occupation coloniale française. C’est aussi l’histoire d’Éliane (Catherine Deneuve), à la tête d’une exploitation de plantations d'hévéa, qui tombe amoureuse d’un beau lieutenant de la marine française, Jean-Baptiste (Vincent Perez). Mais sa fille adoptive (Linh-Dan Pham) aussi…

Oscar du meilleur film étranger et cinq César (dont celui de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve) pour cette fresque épique qui m’aura émotionnellement « essoré », moi qui suis pourtant plutôt rétif aux films historiques (on a tous nos préjugés et nos « œillères »). Inutile de préciser que les décors naturels sont magnifiques (la baie d'Along). Le film sait surligner ses scènes poignantes (prévoir son paquet de kleenex...) d’une ample musique orchestrale, ce qui a dû contribuer à plaire aux « Ricains ». Après Cyrano de Bergerac, Vincent Perez enchaine avec une autre grosse production à succès (il récidivera deux ans plus tard avec La Reine Margot. De quoi vous « blinder » une carrière…). On ne fait plus de films français comme ça de nos jours, on n’oserait plus (Le comte de Monte-Cristo ? Pas vu mais entre « Cathy » et Pierre Niney, mon choix est vite fait).