

C’est l’histoire de neuf
personnages (mais plus spécialement six), dans un petit village du Yorkshire
et de leur destin professionnel et surtout amoureux suivant qu’ils prennent
telle ou telle décision. Il y a là le directeur d’une école, son épouse, la
mère de celle-ci, leur petite domestique, son meilleur ami et sa femme, le
gardien de l’école et jardinier, le père de ce dernier et enfin une prof.
Y’a qui dedans ? Alors là,
on ne peut pas se tromper, ils ne sont que deux. Sabine Azéma et Pierre Arditi
interprètent en effet respectivement les cinq personnages féminins et les quatre
masculins.
Et c’est bien ? Je poursuis
ma « mise à jour » avec ces deux « pavés » (2h20 chacun),
le tour de force cinématographique du grand Alain Resnais. Le projet avait tout
de l’exercice « casse-gueule » par excellence : deux acteurs
pour neuf personnages, forme théâtrale, décors situés à l’extérieur mais reconstitués
en studio... Quoique, contre toute attente, l’expérience a montré que je n’étais
pas forcément allergique au « théâtre filmé » lorsque l’histoire en
vaut la peine et que l’humour est présent : Le père Noël est une ordure, Le
diner de cons ou les pièces de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui (Cuisine et
dépendances, Un air de famille). C’est justement le couple de surdoués du
scénario (les « Jabac ») qui a été missionné par Resnais pour adapter
la pièce Intimate Exchanges du dramaturge anglais Alan Ayckbourn. Et donc
malgré tous les aspects « limitants » évoqués précédemment (seulement
deux personnages par plan, un masculin et un féminin, un troisième pouvant
éventuellement être présent par la voix), ça fonctionne dans l’ensemble plutôt
bien, limite jubilatoire, même si l’intérêt est justement avant tout formel. Le
mérite en revient bien sûr principalement aux deux comédiens, qui jouent donc
les neuf personnages (enfin, surtout six car trois n’ont qu’une ou deux scènes :
les deux parents, âgés, et la prof revêche Irène Pridworthy. Ce qui est bien dommage
car cette dernière est le personnage le plus typé et le plus drôle du lot). Le
but a été de ne pas les surcharger de maquillage ni de faire usage de prothèses
afin qu’ils restent reconnaissables. L’accent a donc surtout été mis sur les
costumes et les chevelures (couleur, coiffure). Pour le personnage de Toby
Teasdale, le directeur de l’école, on a fait à Arditi la tronche de Jean Bouise
(lunettes, moustache, coiffé en arrière) ! Evidemment, chaque personnage a ses
traits de caractère (Rowena, la femme du meilleur ami du directeur d’école, est
flamboyante et exaltée, ledit directeur Toby est du genre acariâtre, le jardinier
plutôt hâbleur, etc…), en accord avec leur style vestimentaire. Azéma sait très
bien faire la « fofolle », cela peut d’ailleurs lasser, à la longue.
Concernant les « intrigues », cela tourne inévitablement autour des
histoires de fesses, des peines de cœur et parfois des activités
professionnelles. Les deux films peuvent être vus dans n’importe quel ordre (j’ai
logiquement commencé par Smoking), débutent de la même façon par un prologue
illustré en bande dessinée (signée Jean-Claude « Floc’h ») et narré
par une voix off puis se déploient de façon tentaculaire suivant les décisions
prises par les personnages à certains moments. Cinq César à la clé en 1994
(film, réalisateur, acteur pour Arditi, adaptation scénaristique et décors).
Cigarette fumée : oui… ou
non
« Cabane au fond du jardin » :
oui
Femme à poil : non