dimanche 27 avril 2025

Smoking / No smoking (1993), d’Alain Resnais

 

C’est l’histoire de neuf personnages (mais plus spécialement six), dans un petit village du Yorkshire et de leur destin professionnel et surtout amoureux suivant qu’ils prennent telle ou telle décision. Il y a là le directeur d’une école, son épouse, la mère de celle-ci, leur petite domestique, son meilleur ami et sa femme, le gardien de l’école et jardinier, le père de ce dernier et enfin une prof.

Y’a qui dedans ? Alors là, on ne peut pas se tromper, ils ne sont que deux. Sabine Azéma et Pierre Arditi interprètent en effet respectivement les cinq personnages féminins et les quatre masculins.

Et c’est bien ? Je poursuis ma « mise à jour » avec ces deux « pavés » (2h20 chacun), le tour de force cinématographique du grand Alain Resnais. Le projet avait tout de l’exercice « casse-gueule » par excellence : deux acteurs pour neuf personnages, forme théâtrale, décors situés à l’extérieur mais reconstitués en studio... Quoique, contre toute attente, l’expérience a montré que je n’étais pas forcément allergique au « théâtre filmé » lorsque l’histoire en vaut la peine et que l’humour est présent : Le père Noël est une ordure, Le diner de cons ou les pièces de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui (Cuisine et dépendances, Un air de famille). C’est justement le couple de surdoués du scénario (les « Jabac ») qui a été missionné par Resnais pour adapter la pièce Intimate Exchanges du dramaturge anglais Alan Ayckbourn. Et donc malgré tous les aspects « limitants » évoqués précédemment (seulement deux personnages par plan, un masculin et un féminin, un troisième pouvant éventuellement être présent par la voix), ça fonctionne dans l’ensemble plutôt bien, limite jubilatoire, même si l’intérêt est justement avant tout formel. Le mérite en revient bien sûr principalement aux deux comédiens, qui jouent donc les neuf personnages (enfin, surtout six car trois n’ont qu’une ou deux scènes : les deux parents, âgés, et la prof revêche Irène Pridworthy. Ce qui est bien dommage car cette dernière est le personnage le plus typé et le plus drôle du lot). Le but a été de ne pas les surcharger de maquillage ni de faire usage de prothèses afin qu’ils restent reconnaissables. L’accent a donc surtout été mis sur les costumes et les chevelures (couleur, coiffure). Pour le personnage de Toby Teasdale, le directeur de l’école, on a fait à Arditi la tronche de Jean Bouise (lunettes, moustache, coiffé en arrière) ! Evidemment, chaque personnage a ses traits de caractère (Rowena, la femme du meilleur ami du directeur d’école, est flamboyante et exaltée, ledit directeur Toby est du genre acariâtre, le jardinier plutôt hâbleur, etc…), en accord avec leur style vestimentaire. Azéma sait très bien faire la « fofolle », cela peut d’ailleurs lasser, à la longue. Concernant les « intrigues », cela tourne inévitablement autour des histoires de fesses, des peines de cœur et parfois des activités professionnelles. Les deux films peuvent être vus dans n’importe quel ordre (j’ai logiquement commencé par Smoking), débutent de la même façon par un prologue illustré en bande dessinée (signée Jean-Claude « Floc’h ») et narré par une voix off puis se déploient de façon tentaculaire suivant les décisions prises par les personnages à certains moments. Cinq César à la clé en 1994 (film, réalisateur, acteur pour Arditi, adaptation scénaristique et décors).

Cigarette fumée : oui… ou non

« Cabane au fond du jardin » : oui

Femme à poil : non

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas vu grand chose de Resnais mais les rares expériences m'ont laissé perplexe... pour ne pas dire totalement indifférent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'adore "On connait la chanson" mais ce n'est pas un film très personnel de sa part. J'ai bien aimé "Cœurs" aussi. Par contre, je viens d'en voir un bien plombant, là (prochain article)...

      Supprimer