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jeudi 28 août 2025

J’embrasse pas (1991), d’André Téchiné

 

« Et bien oui, je suis une « folle ». C’est une question d’honneur. Et s’il n’en reste qu’une, je serai celle-là. Là-dessus, je suis très traditionnel : j’adore me travestir et j’adore me faire enculer. »

C’est l’histoire de Pierre (Manuel Blanc), tout juste majeur, qui quitte les Pyrénées pour monter à Paris avec le fol espoir d’y devenir comédien. Las, sa quête initiatique va se solder par une descente aux enfers…

Le thème de l’homosexualité, très présent dans l’œuvre de Téchiné, est à nouveau de la partie. Notre jeune Pierre va d’abord se taper Hélène Vincent (scène de cul : oui, on voit ses nichons), son seul contact à son arrivée dans la capitale. Elle va lui trouver un job de plongeur dans un hôpital, où il fera la connaissance de Roschdy Zem, qui le présentera à un vieux couple d’homosexuels. Le toujours flegmatique Philippe Noiret endossera le rôle de l’un d’eux (mais c’est l’autre, Ivan Desny, qui sera l’auteur de la réplique liminaire). Celui-ci fréquente le Bois de Boulogne, en recherche de garçons prostitués. Et les choses ne tournant pas comme il l’aurait souhaité (échec dans ses cours de théâtre, renvoyé de son travail à l’hôpital, perte de ses affaires lors d’un vol), c’est là, dans ce milieu interlope, que Manuel Blanc (premier film et César du meilleur espoir masculin) va atterrir, prenant goût à ce mode de vie fait d’indépendance et d’argent « facile ». Il va tomber amoureux d’une prostituée comme lui, incarnée par Emmanuelle Béart (scène de cul : non mais nous aurons l’occasion d’apprécier sa plastique avantageuse - ce fessier ! - sous la douche). Mais ce n'est pas du goût de son proxénète qui, en guise de représailles et avec l’aide de deux complices, compostera l’arrière-train de Blanc une nuit, sur un terrain vague proche des voies ferrées, sous le regard d’une Béart effondrée. Après ce « bizutage », il est temps pour Blanc de faire son service militaire puis de retourner dans son Sud-Ouest (région natale de Téchiné). Mais promis, il retournera à Paris et « cette fois, ce sera différent ». Un Téchiné pas trop mal, sombre et parfois glauque mais aussi lumineux par moments.

mercredi 6 août 2025

La vie et rien d’autre (1989), de Bertrand Tavernier

 

C’est l’histoire d’Irène (Sabine Azéma), une « femme du monde », qui parcourt la France dévastée de 1920 et ses hôpitaux à la recherche de son époux, après la Première guerre mondiale. Son chemin va croiser celui du commandant Dellaplane (Philippe Noiret), chargé de recenser les soldats disparus. Alice (Pascale Vignal), une jeune institutrice, recherche également son amoureux.

Si on nous aura bassiné avec la Seconde guerre mondiale, que ce soit en cours d’histoire ou sur grand (et petit) écran, ce fût beaucoup moins le cas pour la Première. Qu’à cela ne tienne, le duo « Tatav » / Noiret (dont je clôture ici mon cycle) est là pour combler ce manque. Vous m’expliquez pourquoi je persiste à me taper des films sur des sujets (en gros, historiques, avec costumes et décors d’époque) qui me passent par-dessus la tête ? Ben, pour la « culture »… C’est qu’ils nous auront tout fait, nos chers cinéastes, avec leurs Uranus, Germinal, Cyrano et autres Reine Margot, au casting aussi luxueux que leur reconstitution, leur assurant une moisson de Césars, d’interprétation ou techniques. Celui-ci en empocha deux (meilleur acteur pour Noiret et meilleure musique). Et de quoi ça cause ? Sérieux, vous ne le devinez pas, qu’Azéma et Noiret vont s’aimer ? Oh, pas dès le début, évidemment, mais progressivement, à force de se côtoyer, elle la bourgeoise hautaine et lui bon fond et droit dans ses bottes sous ses airs revêches. Et comme ça dure un petit peu plus de deux (longues) plombes, autour, faut « broder », avec des « intrigues » parallèles (l’institutrice, la recherche du poilu qui deviendra le « Soldat inconnu »…). Tout de même le second plus gros succès de Tavernier au box-office, derrière Coup de torchon.

mercredi 30 juillet 2025

Que la fête commence ! (1975), de Bertrand Tavernier

 

« Tu ne donnes jamais aux pauvres, toi ? » - « Non, y’en a trop. »

C’est l’histoire du Duc d'Orléans (Philippe Noiret), Régent libéral et libertin du 18ème siècle, de son Premier Ministre l’abbé Dubois (Jean Rochefort) et du Marquis de Pontcallec (Jean-Pierre Marielle), qui souhaite redonner l’indépendance à la Bretagne en renversant la Régence.

La « fête » ? Quelle « fête » ? Il n’y a rien de gai, ici. Noiret, Rochefort et Marielle sur une même affiche, ça ne se refuse pas (ils se retrouveront vingt-et-un ans plus tard dans Les grands ducs de Patrice Leconte). Mais le souci avec ce genre d’acteurs charismatiques et emblématiques, c’est le risque qu’ils ne s’effacent pas derrière leur personnage, qu’on peine à faire abstraction de leur personnalité. On les retrouve dans leur registre habituel : Marielle (qui n’a aucune scène avec ses deux camarades) et ses envolées lyriques, Noiret avec sa faconde et son côté dandy… C’est finalement Rochefort qui s’en sort le mieux, dans le rôle d’un abbé ambitieux et calculateur (César du meilleur second rôle). Rayon « détails amusants », le médecin du Régent se nomme Pierre... Chirac et une des femmes de la cour, « La Fillon »… Et la présence, dans de (tout) petits rôles, de têtes désormais connues, pour certaines au tout début de leur carrière : Jean Rougerie, Hélène Vincent, Nicole Garcia (future compagne de Rochefort) et quasiment tous les mecs du Splendid (Lhermitte, Blanc, Jugnot et Clavier). A part ça, il ne se passe pas grand-chose dans ce film. Y’a bien quelques paires de fesses et de nichons mais les orgies du Régent sont juste esquissées, suggérées. Tavernier n’est pas trop porté sur la gaudriole, c’est plus un réalisateur « politique ». Ici, il est surtout question d’un Duc aux idéaux progressistes mais désabusé face à l’inertie du système, plus rigide (et incarné par le personnage de Rochefort), auquel il appartient, même si le final laisse entrevoir un début de révolte. Rien de bien passionnant...

mercredi 23 juillet 2025

Le juge et l’assassin (1976), de Bertrand Tavernier

 

« Un fou qui sait qu’il est fou est un fou guéri. »

C’est l’histoire de Joseph Bouvier (Michel Galabru), un anarchiste rustre, qui tire sur la femme qui refusait de l’épouser avant de tenter de se suicider. Elle survit et lui aussi, malgré deux balles dans la tête (!). Libéré d’un asile, il vagabonde dans toute la France et viole et assassine les jeunes bergers ou bergères qu’il croise. Émile Rousseau (Philippe Noiret), un juge de province arriviste, parvient à le faire arrêter. Espérant une promotion, il tente de gagner la confiance de Bouvier afin de lui extirper des aveux et ainsi obtenir sa condamnation à mort.

Tavernier – Noiret, acte 3 (y’en aura deux autres, Que la fête commence… et La vie et rien d’autre, malgré des contextes qui ne m’enchantent guère : 18ème siècle pour le premier, Première guerre mondiale pour le second…). L’acteur campe un beau salaud en la personne de ce juge manipulateur et cynique. Mais c’est bien sûr Michel Galabru, pour son plus grand fait d’armes, qui crève l’écran, obtenant le César du meilleur acteur pour le rôle de ce « serial-killer » exalté et mystique (le film remportera aussi celui du meilleur scénario). Isabelle Huppert (maitresse de Noiret, encore bien casée) et Jean-Claude Brialy (procureur), complètent la distribution. Gérard Jugnot et Yves Robert font également des apparitions. Tourné dans les paysages variés de l’Ardèche et inspiré de la vie du « Jack l'Éventreur du Sud-Est » Joseph Vacher, le film comporte à mon avis quelques longueurs (il fait deux heures), en particulier à cause de la présence de trois chansons (signées Jean-Roger Caussimon, il en interprète lui-même deux). Il est éminemment politique (même s’il n’est pas que ça) puisque, outre le thème de la peine de mort, il se déroule à la fin du 19ème siècle, une époque marquée par l’affaire Dreyfus (« Mort à Dreyfus » tagué sur un mur de la prison, affiche « Lisez La Croix, le journal le plus anti-juif de France »…) et les luttes ouvrières de la Commune. La fin, qui relate ces dernières et que Tavernier juge lui-même « ratée » (non pas dans le propos, qu’il assume et revendique totalement mais dans la forme, trop démonstrative), m’a littéralement plombé, entrant chez moi en résonance avec l’actualité nationale récente. On n’a pas évolué d’un pouce (130 ans, ça peut paraître beaucoup mais à l’échelle de l’humanité, c’est peanuts…), les époques et le nom des protagonistes changent mais, contrairement à ce qu’on veut bien nous faire croire, la fracture et les antagonismes demeurent et ne sont pas près de disparaitre, malgré notre individualisme et le pouvoir anesthésiant du confort dont nous jouissons à des degrés divers.

mardi 15 juillet 2025

L’horloger de Saint-Paul (1974), de Bertrand Tavernier

 

« La France est un curieux pays, M. Descombes… 50 millions d’habitants et 20 millions de dénonciateurs. »

C’est l’histoire de Michel Descombes (Philippe Noiret), horloger lyonnais du quartier de Saint-Paul, séparé et vivant seul avec son fils Bernard (Sylvain Rougerie, fils de Jean). Un jour, la police lui apprend que son fils est en cavale avec une jeune femme et qu’il aurait tué le vigile de l’entreprise où elle travaillait car celui-ci l’aurait fait licencier pour un larcin imaginaire et peut-être violée (ce qui serait la véritable raison de l’accusation de vol par le vigile). L’enquête est placée sous la responsabilité du commissaire Guiboud (Jean Rochefort).

Dans la longue série des films français « tout ça pour ça » (titre d’un film de Lelouch)… Une enquête policière dont on ne voit rien, seul Rochefort nous en donnant les derniers rebondissements. Des acteurs qui marmonnent dans leur barbe (qu’ils n’ont pas). Une belle carte postale de Lyon, dont on appréciera les plus beaux sites. Et tout ça pour quoi ? Quelques saillies politiques à l’encontre des flics, des politiciens conservateurs, des journalistes « sensationnalistes » ou des bas instincts du « petit peuple ». Et surtout pour l’analyse des relations entre un père et son fils, l’incommunicabilité, l’incompréhension régnant entre eux… A la fin, le fils, refusant une défense basée sur le crime passionnel pour atténuer sa peine, prend vingt ans. Mais pas grave, son papounet, qui l’a laissé faire, s’est racheté une virginité à ses yeux et ils sont à nouveau « bons copains ». Alléluia…

lundi 14 juillet 2025

Masques (1987), de Claude Chabrol

 

« (…) Et il a vite fondu, le patrimoine… C’est très désagréable de devenir pauvre, de descendre tout doucement vers la gêne. Très. (…) Je suis pas un intellectuel, tu sais. Chez moi, tout est affectif. »

C’est l’histoire de Christian Legagneur (Philippe Noiret), présentateur-vedette de télévision, qui invite dans sa luxueuse demeure le journaliste Roland Wolf (Robin Renucci), dont l’ambition est d'écrire sa biographie. Parmi les quelques personnes présentes, outre les domestiques et amis de Legagneur, Wolf remarque sa filleule Catherine (Anne Brochet), atteinte d’un mal étrange, et en tombe amoureux. Mais Legagneur la couve à l’excès. On se rend compte que l’écriture de la biographie de Legagneur n’est pour Wolf qu’un prétexte et qu’il enquête en réalité sur la mystérieuse disparition d’une jeune femme, Madeleine, qui était l’amie de Catherine.

Je n’aurais pas parié un kopeck sur ce Masques, la surprise n’en est que plus agréable. J’ai bien aimé, en grande partie grâce à Noiret. Qui fait du Noiret mais qui le fait bien, débonnaire (non, pas Sandrine…), toujours à la limite du cabotinage. Il campe un de ces animateurs vedettes d’émissions télé populaires, on pense en particulier à Jacques Martin et son Ecole des fans. Sauf qu’ici les candidats ne sont pas des enfants en bas âge mais au contraire des personnes âgées, à qui on fait gagner des voyages. L’occasion pour Chabrol d’égratigner (gentiment) ce monde hypocrite qui annonçait déjà largement la « télé-poubelle », dont l’un des précurseurs vient tout juste de nous quitter (R.I.P. Thierry). Aucune longueur, une ambiance vaguement « hitchcockienne », une intrigue intéressante sur les turpitudes de cet animateur faux-jeton et un bon casting (citons aussi l'irradiante Bernadette Lafont. Comme Noiret, ces genres de comédiens sont si naturels qu’ils ne jouent pas, ils sont), il n’en faut finalement pas plus pour faire un bon film, que l'on suit avec plaisir.

jeudi 10 juillet 2025

Coup de torchon (1981), de Bertrand Tavernier

 

« Quand on se gratte les couilles, à partir de quel moment est-ce qu'on le fait parce que ça vous démange ou parce que ça vous fait plaisir ? »

C’est l’histoire de Lucien Cordier (Philippe Noiret), unique policier d'une petite ville coloniale d’Afrique-Occidentale française en 1938. Moqué de tous, humilié par son supérieur hiérarchique (Guy Marchand), il va se transformer en « ange exterminateur », tuant ceux qui l’ont méprisé (mais pas que) et faisant accuser d’autres de ses méfaits.

Coup de torchon est une adaptation du roman policier 1275 âmes de Jim Thompson, faisant partie de la collection Série noire. Tavernier a juste transposé l’histoire du Sud des Etats-Unis à l’Afrique coloniale française. On se dit alors qu’on va à nouveau assister à une œuvre destinée à « remettre une pièce » dans le jukebox de la repentance et de la mauvaise conscience, Tavernier faisant partie de ces réalisateurs (avec Louis Malle, Yves Boisset, Roman Polanski ou d’autres) habitués à ressasser les fameuses « pages sombres » de notre histoire, même si l’histoire coloniale fût évidemment bien moins souvent traitée sur grand écran que la Seconde guerre mondiale et l’Occupation, hors concours. Mais on n’aura qu’en partie raison car s’il y a bien quelques propos ou scènes allant dans ce sens, ce n’est heureusement pas le sujet principal du film, ça reste en arrière-plan. Quel est-il, alors ? On ne sait pas trop mais on peut raisonnablement pencher pour les tourments et le basculement d’un homme lassé d’être « trop bon, trop con ». Et bien malgré un casting royal (Noiret, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Eddy Mitchell, Jean-Pierre Marielle dans un double rôle, Guy Marchand et, dans des petits rôles, François Perrot et Gérard Hernandez, excusez du peu !), on ne peut pas dire que tout ceci soit très passionnant. Quasiment de tous les plans, Noiret est un immense comédien mais un peu « con-con » dans le privé, j’ai bien peur : grand bourgeois un peu arrogant (costume avec mouchoir de poche, lunettes, cigare) et pas exempt de muflerie (ça joue dans La grande bouffe, ça a la « main baladeuse » sur le « panier » et à l’entrejambe d’Huppert – cf. l’affiche – mais ça fait sa mijaurée quand Brigitte Lahaie menace d’être sur le même plateau TV que lui…). Isabelle Huppert, ça fait drôle de la voir jeune, gouailleuse et… à poil. Putain quelle filmo, même dans des petits rôles (Dupont Lajoie, César et Rosalie, Les valseuses…), la meuf a toujours su se placer où il fallait, chapeau. Tavernier m’avait prodigieusement emmerdé avec son Dimanche à la campagne. Ici, c’est déjà mieux, plus vivant (beau quasi plan-séquence à la Steadicam derrière Huppert courant vers Noiret, assis dans sa cuisine) mais ce n’est pas encore l’extase. Je lui donnerai une dernière chance avec L’horloger de Saint-Paul, Le juge et l’assassin et La vie et rien d’autre, tous trois avec Noiret.

jeudi 29 mai 2025

Le vieux fusil (1975), de Robert Enrico

 

C’est l’histoire d’un chirurgien de province, sous l’Occupation allemande, qui soigne à ses risques et périls des Résistants. Se sentant menacé par la milice, il décide de mettre à l’abri sa femme et sa fille dans son château situé à la campagne. Un jour, allant les retrouver, il y découvre l’horreur…

Y’a qui dedans ? L’un des plus grands acteurs français, Philippe Noiret et l’une des plus belles actrices de l’histoire du cinéma (même s’il y en a quelques-unes), Romy Schneider, qui nous a quitté il y a 43 ans jour pour jour à… 43 ans, sans que son corps sans vie ne soit autopsié (« pour ne pas casser le mythe », dixit le magistrat chargé de l’enquête à l’époque). Jean Bouise joue quant à lui l’ami de ce couple mythique.

Et c’est comment ? Effectivement, un choc. Voilà donc l’un des deux récipiendaires du « César des Césars » en 1985 (Cyrano de Bergerac sera le second dix ans plus tard) et premier lauréat de l’illustre cérémonie en 1976. En s’inspirant du massacre d'Oradour-sur-Glane du 10 juin 1944, Robert Enrico nous emmène dans les tréfonds de la barbarie « humaine » (sic). A ce propos, il serait intéressant de répertorier, dans l’histoire du cinéma, le nombre de films ayant pour cadre et/ou intrigue (principale ou connexe) la Seconde guerre mondiale, ce doit être impressionnant, surtout par rapport au premier conflit mondial, beaucoup moins traité en comparaison (arrêtez-moi si je me trompe)… On en viendrait à se demander de quoi ces films auraient parlé si elle n’avait pas eu lieu (fin de la parenthèse). Pour en revenir au film, de mémoire et en exceptant les films d’horreur (et encore), le supplice enduré par Romy est sans doute parmi ce à quoi de plus immonde, atroce et révoltant j’ai pu assister en tant que spectateur, avec Irréversible et le final de Casino. Le procédé est désormais connu : faire commettre les pires saloperies par les « méchants » (un pur euphémisme, ici) pour pouvoir « justifier » de leur faire subir pareil sort en guise de punition. Un peu facile et faisant appel aux instincts humains les plus bas (« loi du talion »). Le film entremêle scènes de grande violence (la vengeance de Noiret, qui exécute un à un les SS auteurs du massacre) et flashbacks sur ses moments forts passés avec sa femme et sa fille, contraste revendiqué par le réalisateur.

Vieux fusil : ben oui

Lance-flammes : oui

Femme à poil : non

jeudi 1 mai 2025

Les côtelettes (2003), de Bertrand Blier

 

« Avant, on disait « bonne » mais maintenant on dit « femme de ménage ». Mais enfin, on dit toujours « merde ». Et faut toujours la nettoyer, ça, ça n’a pas changé. »

C’est l’histoire d’un vieux con pauvre de droite qui frappe chez un vieux con riche de gauche pour « venir le faire chier ». Ils discutent de choses et d’autres, comme du sort que l’on réserve aux traces d’excréments qui restent collées au WC une fois la chasse d’eau tirée selon qu’on soit un « gros con de gauche » ou un « gros con de droite ». Mais surtout de Nacifa, leur femme de ménage dont ils sont tous deux amoureux.

C’est avec qui ? Philippe Noiret et Michel Bouquet incarnent les deux personnages principaux, Farida Rahouadj la femme de ménage et Catherine Hiegel… la Mort.

Et c’est comment ? Pour filer la métaphore culinaire… savoureux. Voila ce que je considère comme le meilleur Blier (adaptation de sa pièce éponyme de 1997) de ces vingt-cinq dernières années (voire plus, n’ayant pas encore vu Mon homme), et de loin. C’est la dernière fois que le réalisateur aura à sa disposition de grands acteurs (que dis-je, des « monstres sacrés ») et je ne pense pas que le film m’aurait fait le même effet avec Campan, Dujardin ou même Dupontel et Clavier. Je ne sais pas si j’aime le cinéma (oui, quand même mais moins que la musique) mais j’aime les acteurs. L’expression du visage de Geena Davis à la fin de Thelma & Louise, Depardieu en Cyrano, Azéma qui fait la foldingue chez Resnais (ou Chatiliez), Myriam Boyer et Anouk Grinberg singeant des écolières dans Un, deux, trois, soleil… Ces moments d’émotion, de grâce, de rire, suscitant chez moi émerveillement et une profonde admiration pour celles et ceux qui les véhiculent, sont innombrables. La tirade de Noiret, métaphore scatologique sur la prise de conscience, fait partie de ceux-là. Peu auraient pu la jouer comme lui. Quand à la question « savez-vous comment on reconnait un gros con de droite d’un gros con de gauche ? », assis sur son fauteuil, il lève les yeux vers Bouquet et lui dit « quand vous chiez. Vous avez beau chier proprement (sic), tirer la chasse et tout, très souvent, dans la cuvette, y’a de la merde qui reste, collée ? », je suis plié ! Dans le fond, j’adhère au propos et au constat mais je peux comprendre que si l’on est de « l’autre rive », on puisse trouver ça moralisateur et / ou misérabiliste (Rahouadj le visage abattu, le dos vouté, transportant ses sacs de courses). Cela dit, en y réfléchissant (j’avoue que ce n’est pas le genre de choses qui occupent mon esprit en priorité…😄), cette « théorie » a du plomb dans l’aile. En effet, quid des centristes et des abstentionnistes ? Ils nettoient seulement une partie des traces et laissent les autres telles quelles ? Et ceux qui, frappés de diarrhée ou au contraire de constipation, ont des selles si molles ou si dures qu’elles ne laissent aucune trace, à quel camp appartiennent-ils ? Bon, on ne va pas y passer la nuit non plus, hein… Et quand Bouquet répète à plusieurs reprises « qu’il bande » (c’est dans la bande-annonce), pareil, grand moment. Autre point positif, Rahouadj a pour une fois un « vrai » rôle central à défendre, là où dans les autres films de son compagnon de réalisateur, elle fait « pièce rapportée ». J’ai également apprécié la musique et la mise en scène : Bouquet et Noiret conversent dans le salon de ce dernier puis le plan d’après, on les retrouve dans un commerce alimentaire ou marchant dans un champ, pendant qu’ils poursuivent leur discussion… Procédé surréaliste qui rend l’ensemble plus vivant. Le final à l’hôpital, avec les infirmes qui se mettent à danser pendant que Noiret et Bouquet prennent à tour de rôle Hiegel en levrette (attention, symbole : on nique la mort !), part un peu en vrille (j’ai coutume de penser que lorsqu’on filme des scènes de danse, c’est pour meubler, masquer un manque d’inspiration) mais on a l’habitude, Blier a souvent du mal à finir ses films (Tenue de soirée en étant le meilleur exemple). Pas de quoi cependant gâcher mon plaisir et faire pencher la balance du mauvais côté.

Côtelettes : non

Piscine ensanglantée : oui

Femme à poil : oui (Rahouadj allongée de profil sur une table de réanimation et, si ma mémoire est bonne, la poitrine de la compagne de Noiret, vers le début)

dimanche 23 mars 2025

La grande bouffe (1973), de Marco Ferreri

 

« Je ne sais pas si les féculents sont recommandés pour mon aérophagie… »

C’est l’histoire de quatre bonhommes, de bon niveau social (un pilote d’avion, un juge, un restaurateur et un présentateur télé), qui se retrouvent dans la villa de l’un d’eux pour un « séminaire gastronomique ». En réalité, ils y organisent leur suicide en mangeant jusqu’à ce que mort s’ensuive, tout en se livrant à une sexualité débridée avec quelques invitées (une institutrice et trois prostituées).

C’est l’histoire d’un des plus gros scandales (compréhensible) du Festival de Cannes, en 1973.

C’est l’histoire du film dont s’inspirèrent Michel Barny et Frédéric Lansac pour leur Mes nuits avec… Alice, Pénélope, Arnold, Maude et Richard (1976), possiblement le meilleur porno français de l’histoire.

C’est avec qui ? Deux Français (Philippe Noiret et Michel Piccoli) et deux Italiens (Ugo Tognazzi et Marcello Mastroianni). Et Andréa Ferréol.

Et c’est bien ? Le film va loin, pour 1973 et peut-être même encore aujourd’hui : festival de mets et de pets, inondation d’excréments, scènes de sexe... C’est l’un de ceux, avec entre autres Le dernier tango à Paris de Bertolucci, à avoir enfoncé les derniers coins dans la censure (il était interdit aux moins de 18 ans), avant son abolition en France avec l’arrivée au pouvoir de VGE en 1974. Andréa Ferréol, qui a dû grossir de 25 kilos pour le rôle de l’institutrice invitée par nos quatre larrons, donne de sa personne, s’asseyant fesses à l’air sur un gâteau ou se faisant toucher la chatte (nue) par Mastroianni. Les rôles semblent bien définis : à Piccoli les flatulences, à Noiret les fellations (suggérées, je vous rassure…) et aux « ritals » de montrer leur cul. Avis à ceux qui ne craignent pas les… indigestions…

Bugatti type 37 : oui

Tête de cochon : oui

Homme et femme à poil : oui (Ferréol, tout ; Tognazzi et Mastroianni, le cul)

Up 👍: satire drolatique de la bourgeoisie et des excès du consumérisme, où l’homme est réduit à ses instincts les plus primaires : bouffer et baiser

Down 👎: faut tout de même parfois un peu « s’accrocher »…