« Je vous salue Marie,
pleine de merde, le fruit de vos entrailles est pourri. »
C’est l’histoire de Marie Latour (Isabelle Huppert), qui élève seule ses deux enfants sous le régime de Vichy. Elle rêve de devenir chanteuse mais le quotidien est bien triste. Jusqu’au jour où une voisine lui demande de la faire avorter, clandestinement, cela va sans dire. Devant la réussite de l’opération, elle décide de monter son auto-entreprise dans ce secteur d’activité et les clientes se présentent régulièrement. Pour mettre du beurre dans les épinards, elle loue aussi une chambre à son amie prostituée Lucie (Marie Trintignant). Mais son mari Paul (François Cluzet) revient de la guerre. Lui est plutôt minable, au chomdu et au RSA. Il peine à supporter la réussite de son épouse qui, par ailleurs, fuit tout contact physique avec lui.
Et oui, encore un Chabrol-Huppert, y’en aura encore un (Violette Nozière, déjà vu mais article pas encore rédigé), peut-être deux (Madame Bovary, vous connaissez mon aversion pour les films d’époque à costumes). Que voulez-vous, était prévu un très bon cru Almodóvar, si j’en crois le visionnage de la première heure d’Etreintes brisées (2009) mais la lecture du DVD a ensuite complètement foiré, bien que celui-ci ne comportait pas plus de rayures que son homologue de cette Affaire de femmes. Qui aurait pu s’appeler « Une affaire de familles » puisqu’outre les Chabrol, on a du Tavernier (le fils Nils devant la caméra, la mère Colo au scénar), du Trintignant (la regrettée Marie et son air toujours un peu « stone ») et du Huppert (sa fille Lolita Chammah, âgée de 5 ans, joue également ce rôle dans le film). C’est une fois encore un film fort mis en boite par le réalisateur à la pipe et magistralement interprété par sa future actrice fétiche, qui remportera le prix d’interprétation à la Mostra de Venise mais se verra souffler le César par une autre Isabelle (Adjani, pour Camille Claudel). Vous pensez, avec le combo Occupation / avortement / peine de mort, on a là de quoi soulever les tripes et tirer les larmes, manquait plus que la pénalisation de l’homosexualité pour faire un « strike »… De fait, l’ambiance des trente dernières minutes est très lourde (un conseil, prévoyez un repas léger avant visionnage) et pour le final, « Chacha » nous a presque fait une « Dancer in the dark ». Ce film a indirectement fait un mort, un vrai celui-là : un spectateur cardiaque, victime collatérale d’une bombe lacrymogène déposée dans un cinéma de Montparnasse par des catholiques intégristes, ulcérés par la phrase retranscrite plus haut, prononcée par Huppert à l’annonce de sa condamnation à la peine capitale. Devant la frilosité des diffuseurs locaux, le producteur Marin Karmitz a dû le distribuer lui-même aux Etats-Unis, où il rencontra un franc succès. Inspiré de l'histoire vraie de Marie-Louise Giraud, une des dernières femmes guillotinées en France, en 1943.
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