samedi 30 août 2025

Rois & Reine (2004), d’Arnaud Desplechin

 

« Et alors, quand vous baisez, c’est comment ? » - « Il jouit assez vite. Moi aussi, d’ailleurs. »

C’est l’histoire de Nora (Emmanuelle Devos) et de son ancien amant Ismaël (Mathieu Amalric). La première s’apprête à se marier et propose au second, interné de force dans un hôpital psychiatrique, d’adopter son fils Elias, qu’elle a eu avec Pierre, qui s’est suicidé avant sa naissance.

A priori très négatif sur Desplechin : cinéma intello qui plait aux « Zinrocks » et à « Téléramasse », mais n’hésitant pas à « s’encanailler » pour faire « peuple » (faire dire au moins une fois « cul », « bite » ou « je t’encule » à un personnage et un peu de hip-hop dans la B.O, chorégraphie d’Amalric incluse, parce que « la culture, c’est l’ouverture d’esprit, man »). Mais faut quand même goûter pour pas mourir idiot. Alors autant choisir un « acclamé », comme ce Rois & Reine qui affiche fièrement ses prix en couverture : prix Louis Delluc et Méliès (on ne sait pas où, quand et par qui sont décernés ces prix mais pas grave) et César du Meilleur acteur pour Amalric. Premier souci, le film fût l’objet d’une polémique : Desplechin aurait utilisé, à son insu, des éléments de la vie privée de l’actrice Marianne Denicourt, qui fût sa compagne dans les années 90, pour construire le personnage de Nora. Procédé malhonnête et illégal, qui poussera Emmanuelle Béart et Juliette Binoche, entre autres, à refuser ce rôle. C’est finalement Emmanuelle Devos qui s’y colla. L’actrice a ici une voix de petite fille, peut-être est-ce sa voix naturelle mais comme elle a le premier rôle, ça m’a sauté aux oreilles. Mettons fin au suspense, ce film fût un supplice à quasiment chaque scène et il dure près de deux heures trente. Il s’agit bien d’un film français de ce genre-là : tous les personnages ou presque fument à chaque plan (même Deneuve en psy dans son cabinet !) et on a un mal fou à comprendre ce qu’ils disent (la palme à Hippolyte Girardot), certains prenant même un malin plaisir à chuchoter. C’est un film sur « un enfant, il a besoin d’une maman mais aussi d’un papa pour se construire » et « la vie, c’est compliqué et pas facile, la famille, toussa, mais c’est quand même vach'ment bien », truffé de références psychanalytiques et littéraires pour faire intelligent et de scènes lunaires (outre celle d’Amalric dans sa séance de « street dance », une autre où dans la boutique de son père, ils neutralisent trois jeunes pourtant armés… Risible). Paradoxalement, alors qu’elle va se marier et qu'il est interné, c’est avec lui qu’on « rigole » et avec elle qu’on pleure. Car faut dire que son père est victime d’un cancer foudroyant. Cela a d’ailleurs donné lieu à la seule scène, très dure, qui m’ait touché : celle où, alors que son père vient de mourir, elle tombe sur ses derniers écrits, faisant part de sa haine envers elle, qu’il trouvait égoïste, trop fière et distante et avouant qu’il aurait préféré que les rôles soient inversés, que ce soit elle qui meure d’un cancer (sympa, le daron…). Rien d’autre à sauver, il va sans dire qu’il n’y aura pas d’autre Desplechin sur ces pages, pas de temps à perdre.

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