« J’ai voulu détruire
quelque chose de beau. »
C’est l’histoire d’un salarié dépressif et insomniaque, englué dans la société de consommation, qui soulage ce mal-être en participant à des groupes de parole fréquentés par des personnes en plus grande souffrance que lui. Ces réunions sont « parasitées » par la présence d’une fille paumée, ce qui l’importune. Il lui propose alors de se répartir les jours de la semaine afin de ne plus se croiser. Un jour, après que son appartement ait accidentellement pris feu, il rencontre l’énigmatique Tyler Durden, qui lui parle d’un club de combats clandestins dont il est l’initiateur. Mais Tyler est-il réel ou n’est-il qu’une création, un double fantasmé de notre héros ?
Y’a qui dedans ? Brad Pitt, après Seven, retrouve Fincher pour ce rôle de Tyler Durden. Edward Norton, révélé dans Peur primale (1996) et American History X (1998), confirme son talent pour les rôles ambigus dans celui de ce salarié déprimé. Helena Bonham Carter (qui ressemble à Anouk Grinberg dans Merci la vie, genre « femme-enfant ») vient apporter la touche féminine dans cet univers très « pour nous, les hommes ».
Et c’est bien ? Fincher, j’aime bien. Mis à part The Social Network (2010), j’ai vu tous ses films jusqu’à Gone Girl (2014) inclus. Même si je n’en ai qu’un seul dans ma DVDthèque (l’incontournable Seven), ses scénarios m’intéressaient suffisamment pour que j’y jette un œil à chaque fois. Paradoxalement, si ce Fight Club controversé, emblématique de la « Génération X » (la mienne, NDLR) et désormais culte m’avait impressionné à l’époque, je ne suis aujourd’hui pas loin de le placer plutôt en bas de classement parmi les réalisations du cinéaste. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, des effets de mise en scène un peu « tape-à-l’œil ». Fincher vient du clip (Madonna, Billy Idol, Aerosmith, Michael Jackson, les Stones…) et ça se ressent particulièrement ici. Heureusement, il adoptera par la suite un style bien plus classique et mature. D’autre part, le « twist » final, invraisemblable et somme toute plutôt moral (mis en musique par le Where Is My Mind ? des Pixies), de ce que j’en ai compris (un homme, une femme et on repart de zéro sur des bases plus saines). Cette adaptation cinématographique du roman éponyme de Chuck Palahniuk a fini par devenir un film de chevet dans les cercles « virilistes » et MGTOW (de droite et son extrême, donc). Le refrain est connu : « le salariat et le confort consumériste, ça ramollit. Après, ça fait des pédés et on perd les guerres ». Ce qui est paradoxal sachant qu’ils sont par ailleurs extrêmement favorables au capitalisme, système entièrement basé sur… la consommation. Mais on n’est pas là pour philosophailler et chacun y verra bien ce qu’il veut. Qu’il soit « facho » ou libertaire, Fight Club est certes spectaculaire, parfois (légèrement) drôle et bien fait mais aussi un peu toc, versant dans la provoc facile et la violence gratuite.
Savon : oui
Pingouin : oui
Femme à poil : oui mais acte sexuel stylisé (Helena Bonham Carter)