C’est l’histoire de Nelly
(Catherine Deneuve), une femme à problèmes qui, à Caracas, cherche à échapper à
son futur époux Vittorio (Luigi Vannucchi), qu’elle a abandonné peu avant le
mariage prévu et à son ancien patron Alex (Tony Roberts), à qui elle a volé un tableau
de Toulouse-Lautrec. Dans sa fuite, elle croise le chemin de Martin (Yves
Montand), un homme bourru et solitaire, ancien « nez » renommé et
désormais maraîcher sur une île déserte.
« Entertainment » à la
française, évidemment « daté », mené tambour battant par le plus
américain (avant l’arrivée de Besson) des cinéastes français, Jean-Paul
Rappeneau (son goût pour les comédies US et le jazz). Un type très intéressant,
réalisateur toujours en mouvement, vif en interview, là où André Téchiné,
pourtant plus jeune d’une dizaine d’années, nous endort avec ses « et… euh…
euh… » à répétition (enfin, ne nous moquons pas des défauts de langage et
autres tics d’élocution…). On pense à un croisement entre La chèvre et un
Belmondo de la même époque, entre comédie et aventures. Je pensais ne jamais
pouvoir voir la poitrine dénudée de notre Catherine nationale, c’est désormais
chose faite. Montand, c’était l’une des trois idoles de mon défunt père, avec
Mitterrand et Ferré, Tapie et Hervé Vilard pas loin derrière (quand je dis « idole »,
c’est le terme exact, c’est-à-dire que ça allait jusqu’à l’imitation de la
voix, des mimiques…). Très bon comédien (quoique parfois cabotin, comme d’autres)
et showman d’exception certes, mais musicalement trop éloigné de ma génération
pour que je puisse adhérer et je n’aime pas du tout le bonhomme, bien cerné par
Desproges (un tacle du style « Communiste pour pas un rond dans sa
jeunesse, il est devenu anti-communiste pour 15000 francs un soir sur TF1 »),
capable de présenter en 1984 Vive la crise !, l’émission phare du
tristement célèbre « tournant de la rigueur » et de sauver son âme in
extremis en chantant pour les Restos (quoique, c’est parfaitement
complémentaire puisque ces derniers constituèrent pour l’Etat la sous-traitance
de la misère par la « charité nationale »). Rappeneau nous informe dans
les bonus combien ce grand égocentrique fût « pète-burnes » pendant
le tournage, refusant de courir derrière Catherine. La différence d’âge de 22
ans entre les deux protagonistes (lui 54 ans, elle 32) ne choque pas. Dans l’autre
sens, cela aurait été plus visible, sans doute, au risque de m’attirer les
foudres des féministes les plus radicales, parce que la beauté physique est
moins capitale et périssable chez l’homme que chez la femme. Pour en revenir
plus précisément au film, il s’agit donc d’une comédie aventuro-romantique bien
enlevée, parfois outrancière (l’ex-futur mari italien qui fout le boxon partout
où il passe dans le but de retrouver la fuyarde) et « irréaliste »
(sérieux, quel homme normalement constitué refuserait de vivre sur son île avec
une aussi belle « plante », ce qui est la position initiale de
Montand ?) avec malgré tout quelques baisses de rythme bien naturelles. Grand
succès à sa sortie et faisant désormais figure de « classique », on retrouve,
bien des années après, quelques traces du film jusqu’à Hollywood (A la
poursuite du diamant vert, Six jours, sept nuits), preuve de sa bonne idée de
départ.
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