vendredi 11 juillet 2025

La vie rêvée des anges (1998), d’Erick Zonca

 

C’est l’histoire d’Isabelle (Elodie Bouchez) et de Marie (Natacha Régnier), deux jeunes femmes en galère qui se rencontrent à Lille, et de leur difficile apprentissage de la vie.

Je me souviens avoir vu ce film chez et avec mon pauvre daron, à l’époque où nous « écumions » Canal+ et les vidéoclubs (la chaine Vidéo Futur, pour ceux qui ont connu) pour nos soirées télé lors des fameux « un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires ». Petite charge émotionnelle, donc. J’avais par contre zappé que son duo d’actrices avait raflé les principaux prix (Cannes et Césars) et que le film avait lui aussi remporté le César du meilleur film. Des récompenses ma foi fort justifiées. Enfin un film français sur des prolétaires (à ce niveau, on peut même parler de « lumpenprolétariat »)… La bonne idée est de les faire incarner par deux jeunes actrices très peu connues, on y croit plus que si c’était Nathalie Baye et Fanny Ardant, si vous voyez c’que j’veux dire… Deux actrices remarquables, la belge quasi débutante Natacha Régnier et Elodie Bouchez, alias « Madame Bangalter » (maquée avec Thomas, né à Neuilly et moitié du duo Daft Punk, l’une des plus grosses arnaques musicales de ses cinquante dernières années), qui, elle, avait déjà obtenu un César du meilleur espoir féminin en 1995 pour Les roseaux sauvages de Téchiné. Elles portent le film sur leurs (très) frêles épaules. L’une (Bouchez) est bonasse, l’autre (Régnier) est plus revêche, les deux sont « à fleur de peau ». Elles sympathisent, enchainent les boulots merdiques, se lient à des videurs (dont Jo Prestia, le terrible Tenia du Irréversible de Gaspar Noé) et crèchent dans une baraque précédemment occupée par une jeune fille tombée dans le coma, Sandrine. Bouchez tombe sur le journal intime de celle-ci et se met bille en tête de rendre régulièrement visite à cette inconnue à l’hôpital quand Régnier, elle, s’embarque dans une histoire d’amour sans issue avec un mec qui la promène (scène de cul réglementaire : oui). Les relations entre les deux jeunes femmes se tendent et s’enveniment, Régnier devenant infecte, jusqu’à un épilogue nécessairement tragique. Je suis assez partagé concernant le « cinéma vérité » ou « social », Ken Loach ou les frères Dardenne, par exemple, sur le papier, c’est pas franchement « bandant ». D’un côté, je me dis que le cinéma est un médium qui se doit d’apporter une part de rêve et d’imaginaire (sinon, autant regarder un documentaire) et de l’autre, je me dis aussi qu’il ne doit rien s’interdire (comme tous les arts, d’ailleurs) et doit donc aussi pouvoir raconter la « vraie vie ». Cette histoire et ses protagonistes sont si touchantes et d’une telle humanité qu’ici, j’adhère pleinement.

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