jeudi 11 décembre 2025

Le Père Noël est une ordure (1982), de Jean-Marie Poiré

 

« Tu crois qu’il a un gros kiki ? Parce que Félix, il a un gros kiki. »

« Mais… qu’est-ce que c’est qu’cette matière ? C’est… c’est d’la merde ? » - « Non, c’est kloug. »

« Y’a un monsieur très malpoli qu’a téléphoné : il voulait enculer Thérèse ! » - « Oui mais c’est un ami. »

Réalisation : Jean-Marie Poiré

Scénario : Jean-Marie Poiré et La troupe du Splendid, d'après la pièce du même nom du Splendid

Pays : France

Année : 1982

Genre : comédie

Avec : Anémone, Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel, Gérard Jugnot, Christian Clavier, Josiane Balasko, Bruno Moynot.

Synopsis : Paris, soir du réveillon de Noël à la permanence téléphonique de l'association SOS Détresse Amitié. Alors que sa présidente Mme Musquin se retrouve coincée dans l’ascenseur en panne, les bénévoles de service Pierre et Thérèse voient débarquer tour à tour dans leurs locaux leur voisin originaire d’Europe de l’Est M. Preskovitch et ses spécialités gastronomiques peu ragoutantes, Katia, travesti dépressif et un couple de marginaux, Félix, déguisé en Père Noël et Josette dite « Zézette ».

Pourquoi ? Le hasard fait parfois bien les choses. Alors que nous entrons dans la période des fêtes de Noël, j’en suis actuellement à la lettre « P » de ma DVDthèque et j’arrive au second fait d’armes de la troupe du Splendid, après le diptyque Les Bronzés, ce tout aussi cultissime Père Noël est une ordure. Un film qui traverse les époques, dont les bandes doivent être usées à force d’être diffusées à la télé et dont on connait tous les scènes-clés et les meilleures répliques, entrées dans l’inconscient collectif. Si le personnage de dragueur raté de Michel Blanc dominait les Bronzés, ici c’est celui de Marie-Anne Chazel, avec son gros dentier et son zozotement, qui s’avère central et le plus typé. Se lassera-t-on un jour de cette comédie ?

mercredi 10 décembre 2025

Ascenseur pour l’échafaud (1958), de Louis Malle

 

« Je suis affreuse, je suis folle… »

C’est l’histoire d’un couple d’amants : Florence (Jeanne Moreau, qui fait plus âgée que ses trente ans), épouse du riche industriel Simon Carala (Jean Wall) et Julien Tavernier (Maurice Ronet qui, à quelques jours près, n’aura pas vécu le « tournant de la rigueur » du funeste 25 mars 1983), employé de ce même Carala. Ils décident de se débarrasser du mari. Un vendredi, peu avant de quitter le bureau, Tavernier l’abat et maquille le crime en suicide. S’apercevant qu’il a laissé un indice compromettant derrière lui (un grappin), il reprend l’ascenseur pour le faire disparaitre. Mais le gardien coupe le courant et ferme le bâtiment jusqu’au lundi. Voilà Tavernier enfermé pour le week-end…

Allez, petite plongée dans la France gaulliste, en pleine guerre d’Algérie après celle d’Indochine. Si j’étais Alain Delon, j’aurais dit « une époque où les hommes ressemblaient à des hommes et les femmes à des femmes »… Une société certes un peu uniforme mais où les personnes étaient élégantes, loin de la souvent vulgaire modernité. Voilà qu’en cette fin des années 50 déboulent de jeunes et ambitieux cinéastes répondant aux noms de Godard, Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette ou encore Resnais, bien décidés à dépoussiérer le « cinéma de papa », lançant par là même le mouvement dit de la « Nouvelle Vague ». Louis Malle est de ceux-là et après quelques courts-métrages et un doc avec le commandant Cousteau, il signe son premier film en adaptant le roman éponyme de Noël Calef. Qui est culte, de même que sa B.O, composée par le (plus que) grand Miles Davis. Le jazz, j’ai fini par m’y mettre, sur le tard. Parcours classique, après m’être « gavé » de métal, d’électro et de pop, j’ai eu envie de plus, d’autre chose. C’est pas facile au début (une nouvelle musique, c’est comme une langue étrangère), j’ai commencé par le plus accessible, le jazz bien mâtiné de rock, de funk, de pop (bref, le « jazz pas jazz » selon les puristes, que j’emmerde allègrement) et c’est encore aujourd’hui celui que je préfère, même si j’ai aussi quelques disques de « vrai » jazz (ce qu’on appelle le « bop »). En tous cas, c’est une musique qui m’intéresse et qui me plait davantage, dans l’ensemble, sur le plan esthétique (les somptueuses pochettes du label Blue Note) et sonore, que le rock et sa « mythologie » un peu surfaite (notamment le côté faussement rebelle, « on est des méchants, on casse tout sur scène »… mais on consulte les cours de la Bourse le lendemain). De Miles, on porte aux nues le plus souvent Kind Of Blue et Bitches Brew mais c’est au très rock A Tribute to Jack Johnson et au plus « ambient » In a silent way que vont mes préférences. Bon, ici, accompagné par des musiciens essentiellement français, c’est quand même très grand. Musique de nuit, évidemment, et avec ce son de trompette reconnaissable entre mille. Et le film alors ? Bien bien. Une intrigue et des rebondissements bien trouvés mais un récit un poil déséquilibré. Pourquoi s’attarder sur Ronet dans son ascenseur alors qu’il y reste bloqué ? Et à l’inverse, le dénouement est rapidement expédié. On ne peut pas dire non plus que le rôle de Ventura en commissaire soit très étoffé, on ne le voit pas mener l’enquête en dehors de brefs interrogatoires de Moreau et Ronet. L’attitude de la jeune fleuriste suite aux meurtres commis par son petit ami voyou ne me semble pas non plus très crédible (comme s’il s’agissait d’un acte relativement anodin, de tuer quelqu’un, même s’ils se sentaient menacés). Bon, mais tout ça, c’est pour chipoter, hein, je conseille quand même…          

dimanche 7 décembre 2025

Mélo (1986), d’Alain Resnais

 

« Je ne suis pas triste, j’ai perdu l’espoir d’être heureux… J’en ai perdu l’envie. » - « Ca s’appelle le cafard et ça s’en va. »

C’est l’histoire de deux amis violonistes, Pierre Belcroix (Pierre Arditi) et Marcel Blanc (André Dussollier). Si Pierre est sensible et rêveur, Marcel est quant à lui un grand séducteur. Lors d’un dîner, Romaine (Sabine Azéma), pianiste et épouse de Pierre, tombe amoureuse de Marcel.

Le théâtre, la musique classique (Brahms, Bach), ça rigole pas, là, on cause « Culture », la vraie, la grande. Alors c’est sûr que quand on a été biberonné à Megadeth et aux Guns, aux films avec « Schwarzy » ou Marilyn Jess, ben… on rame. « Etonne, soulage, séduit », nous en dit Le Monde. Moi j’aurais plutôt dit « emmerde et casse les couilles », c’est à cause de ça… Et le soulagement, c’est quand le rideau tombe après 105 longues, interminables minutes. Resnais adapte la pièce d'Henry Bernstein. C’est donc du théâtre : t’as quatre acteurs, t’en mets alternativement deux ou trois dans quatre-cinq décors différents et ils débitent leur texte (de fort belle manière, reconnaissons-le. T’as même Dussollier qui te fait un monologue de dix minutes mais c’est Arditi qu’aura le César du meilleur second rôle masculin). Et j’ai rien contre, au contraire (Le Père Noël est une ordure, les Bacri-Jaoui, Le dîner de cons). Sauf que là, ce n’est pas de la comédie mais du drame. En fait, une énième variation sur le thème « le mari, la femme et l’amant ». Louis Malle en a fait Ascenseur pour l'échafaud, Gérard Kikoïne en aurait fait une partouze (avec Fanny nous montrant son buisson…). Ici, c’est du classique, ça blablate à n’en plus finir. Azéma minaude ou fulmine (as always) et ça fait un César. Un ennui aussi mortel que celui ressenti pour L’amour à mort deux ans plus tôt, avec le même quatuor de comédiens. Bon, je m’en retourne à ma « sous-culture de masse », sans regret…

jeudi 4 décembre 2025

Le pari (1997), de Didier Bourdon et Bernard Campan

 

« C’est pas ce petit poujadiste de merde qui va me la faire, crois-moi ! »

Réalisation : Didier Bourdon et Bernard Campan

Scénario : Didier Bourdon et Bernard Campan

Pays : France

Année : 1997

Genre : comédie

Avec : Didier Bourdon, Bernard Campan, Isabelle Ferron, Isabel Otero, Hélène Surgère, Roger Ibáñez, Kelly Lawson, François Berléand, Philippe Chevallier, Régis Laspalès.

Synopsis : Lors d’un repas de famille, Didier et Bernard, deux beaux-frères que tout oppose (le premier est pharmacien et de droite, le second prof en banlieue et de gauche) mais tous deux gros fumeurs, font le pari d’arrêter de fumer pendant quinze jours. Très vite en manque, leur vie va basculer.

Pourquoi ? Les Inconnus ne sont plus que deux, suite à un conflit avec leur producteur Paul Lederman (Légitimus fait toutefois une très brève apparition – je ne l’ai même pas remarqué – en tant que figurant dans la scène du cocktail) mais c’est aussi bien, voire mieux, que quand ils étaient trois (Les trois frères, 1995). Cette comédie hilarante de, par, pour et avec Bourdon et Campan enchaine sans faiblir les gags et répliques (« Le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout ! ») drolatiques, avec une pointe d’émotion (la fille adoptive de Bourdon, les obsèques du père des deux sœurs) et des clins d’œil à des chefs-d’œuvre du cinéma (Shining, Psychose, Taxi Driver). Mention spéciale à l’avant-dernière séquence dont je ne me lasse pas, où Bourdon et Campan, frustrés par les repas faméliques de leur cure thermale, investissent secrètement les cuisines pour se concocter un festin. Bref, un film vraiment… énorme.   


mercredi 3 décembre 2025

Les évadés (1994), de Frank Darabont

 

« Je crois en deux choses : la discipline et la Bible. Ici, vous recevrez les deux. Mettez votre confiance en Dieu. Votre cul m’appartient, maintenant. »

C’est l’histoire de Paul Bismuth, condamné à retourner au trou. Heureusement, il voit sa peine commuée en détention à domicile sous surveillance électronique. « Si t’as pas de bracelet électronique à 70 balais, c’est que t’as raté ta vie ». Bon, c’est bon avec ça…

C’est l’histoire d’Andy Dufresne (Tim Robbins), un banquier condamné en 1947 à une double peine de prison à perpétuité pour le meurtre de son épouse et de son amant, crimes qu’il n’a pourtant pas commis. Emprisonné à la prison d'État de Shawshank, il se lie progressivement d’amitié avec Ellis Redding dit « Red » (Morgan Freeman), un détenu noir de longue date qui fait office d'intermédiaire dans la fraude des marchandises en provenance de l'extérieur.

Aussi curieux que cela puisse paraître, je n’avais pas encore vu ce film à la réputation des plus flatteuses (dans la liste des 100 meilleurs films de l'American Film Institute et sélectionné en 2015 par le National Film Preservation Board pour la conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis mais aucun Oscar). Il faut dire que je ne raffole pas du milieu carcéral (oui, je n’aime pas énormément de choses dans la vie…). Sans surprise, le film dépeint un univers violent, que ce soit entre les détenus et l’administration pénitentiaire (de vrais salopards) ou entre les prisonniers eux-mêmes. Que Robbins tente d’atténuer quelque peu en faisant le forcing pour rénover et agrandir la bibliothèque ou en diffusant du Mozart via les haut-parleurs de la prison. Dire qu’il se trouve aux quatre coins du monde ainsi que dans notre « pays crevé qui tarde à renaître » (excellente formule d’une ex-internaute sur Amazon que je fais mienne), surtout en cette triste époque, des gens pour approuver ce genre de procédés et de comportements... Mon avis est certes biaisé par le fait que Robbins (d’ailleurs innocent), Freeman et le petit groupe qui gravite autour d’eux n’ont pas l’air bien méchants (pour un Dutroux ou un Fourniret, je dis pas, il faudrait même pire…). Ce n’est pas un film d’évasion (expédiée en quelques minutes. Le coup de l’affiche de Rita Hayworth puis Marilyn Monroe puis Raquel Welch accrochée au mur, j’ai compris de suite) mais sur l’amitié et l’espoir. C’est indubitablement un bon film (une adaptation de Stephen King est un succès à quasi coup sûr) mais de là à en faire « l’un des plus grands de l’histoire du cinéma » comme je l’ai lu quelque part, je n’irai pas jusque-là. En ce sens que tout est balisé et attendu. Pour conclure sur une note humoristique, il bat tous les records question « syndrome de la Schtroumpfette » : pas une nana à l’horizon (ah si, une caissière et une brève apparition de la femme de Robbins) !