lundi 30 juin 2025

Vous n’avez encore rien vu (2012), d’Alain Resnais

 

« La vie est là, qu’est-ce que tu veux… Il faut bien la vivre... »

C’est l’histoire d’une dizaine de comédiens convoqués post-mortem par le dramaturge Antoine d'Anthac (Denis Podalydès). Celui-ci leur projette la captation filmée d’une mise en scène de sa pièce Eurydice, qu’ils ont tous joué naguère, interprétée par une jeune troupe afin de connaître leurs impressions.

Ouais ben, j’aurais mieux fait de ne rien voir… Autant j’aime généralement bien Resnais (mort à Neuilly), autant celui-là est redoutablement chiant. Nous sommes amenés à regarder des comédiens qui jouent leur propre rôle regarder une célèbre pièce de théâtre jouée par d’autres comédiens, en herbe ceux-là. Et devant ce spectacle, les souvenirs se ravivent et les spectateurs se mettent eux aussi à rejouer la pièce. Les rôles principaux Orphée et Eurydice passent ainsi alternativement du couple Arditi-Azéma à celui composé de Lambert Wilson (né à Neuilly) et Anne Consigny et à celui des jeunes comédiens. Même si c’est fatalement l’immuable duo Arditi / Azéma qui se taille la part du lion (pas de Dussollier en revanche pour cette fois, il devait avoir piscine…), on imagine que la production a dû faire preuve de diplomatie afin de ne froisser aucun égo, en donnant à chacun et chacune son quota de scènes et de temps à l’écran. A ce petit jeu, Mathieu Amalric (né à Neuilly) s’en sort plutôt bien. Partez pas avant la fin, y’a une surprise : Podalydès (né à... Versailles) n’est en fait pas mort (ça alors !). Enfin, pas tout de suite car il cassera sa pipe juste un peu plus tard. Mais qu’importe puisque sa pièce continue d’être jouée. Qu’est-ce qu’on s’amuse…

Chinatown (1974), de Roman Polanski

 

« C’est Chinatown... »

C’est l’histoire de Jake Gittes (Jack Nicholson), détective privé engagé par Evelyn Mulwray, qui soupçonne d’adultère son mari Hollis Mulwray, ingénieur au département des eaux de Los Angelès. Ce qu’il pensait être une affaire facile et banale va l’emmener dans des méandres insoupçonnés. En effet, il s’avère que la personne qui l’a engagé n’est pas la véritable Evelyn Mulwray (Faye Dunaway) et Hollis Mulwray est retrouvé mort, noyé, peu de temps après.

Voila ce que j’appellerais un « vrai » film : la reconstitution des années 30 (décors naturels ou en studio, costumes…), une ambiance de film noir, une enquête intéressante, un duo d’acteurs mythiques, un réalisateur qui sait où placer sa caméra (souvent derrière Nicholson pour que le spectateur adopte son point de vue)… Dernier film de Polanski en Amérique (pour les raisons que l’on sait), il peut être rattaché au mouvement contre-culturel du « Nouvel Hollywood » (fin des années 60 – début des années 80), influencé par notre « Nouvelle Vague » et le néoréalisme italien. Bien sûr, dans ce genre d’intrigue compliquée, mêlant meurtres, corruption, affaires immobilières louches et secrets de famille bien gardés, il faut suivre et on se demande toujours si l’on aurait eu nous-mêmes la même réaction que les protagonistes si on était à leur place face à tel ou tel évènement. C’est néanmoins bien mené et on dénoue les fils de cette ténébreuse histoire petit à petit. Polanski joue un petit rôle de malfrat qui coupe le nez de Nicholson, une scène qui fût difficile à tourner. Sous son impulsion, le film déroge à l’habituel « happy end », ce qui n’est pas plus mal. Très bonne musique jazzy de Jerry Goldsmith, qui colle parfaitement à l’ambiance et à l’époque. Onze nominations aux Oscars 1975 (mais une seule victoire, celle du meilleur scénario) et une sélection au National Film Registry de la bibliothèque du Congrès des États-Unis en 1991.

dimanche 29 juin 2025

Sailor & Lula (1990), de David Lynch

 

C’est l’histoire de… Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern. Non, pas le président du Brésil, hein, grosses taches…) qui s’aiment à la folie. Mais cette union contrarie Marietta (Diane Ladd), la mère de Lula. Sailor sera condamné à deux ans de prison pour avoir tué son agresseur, embauché par Marietta. A sa sortie, Lula vient le chercher et ils prennent la route pour la Californie. Marietta demande à ses deux amants, un détective privé et un gangster, de se lancer à leur poursuite et d’éliminer Sailor.

Bon ben, Lynch c’est comme Le silence de agneaux ou Kubrick (à part Shining, son plus « facile »), j’ai décidément du mal à percevoir le « génie ». J’avais rien pigé à Mulholland Drive et Blue Velvet m’était sympathique (quelques scènes de suspense à l’appartement et Isabella Rossellini à oilpé), sans plus. Rien à reprocher sur la forme, c’est sur le « fond » (les histoires) que ça coince. Cela débutait fort mal avec une scène très violente où Cage écrase littéralement l’arrière du crâne de son agresseur à grands coups contre le sol. Il y aura une autre scène sanglante vers la fin mais moins réaliste, limite quasi-comique (un coup de fusil qui arrache la tête de Willem Dafoe). On s’attend à un « road movie » avec notre couple d’amoureux pourchassé par les sbires lancés à leurs trousses par la marâtre de Dern mais pas du tout, on bifurque vers un holp-up qui tourne mal, initié par Willem Dafoe et dans lequel s’est laissé embarquer Cage. Surtout, je n’ai ressenti aucune empathie pour ce couple de jouisseurs superficiels qui passent leur temps à baiser et à pogoter dans des concerts de hard-rock. Sans oublier le gimmick « cucul » du Love Me d'Elvis Presley chanté par Cage. Bref, une déception, surtout pour une Palme d’Or à Cannes...

vendredi 27 juin 2025

Le bal des casse-pieds (1992), d’Yves Robert

 

C’est l’histoire d’Henry (Jean Rochefort), vétérinaire de son Etat, confronté à une cohorte de casse-pieds : la sœur envahissante (Hélène Vincent), le propriétaire des chiens qu’il soigne (Jean Carmet), désireux de l’inviter coûte que coûte dans sa maison de campagne, l’ami qui ne manque jamais de lui faire part de ses déboires amoureux (Jacques Villeret)… Dans cet enfer, une étincelle pourtant, prenant les traits de Louise (Miou-Miou), rencontrée lors d’un accident de la route avec un autre de ces pénibles.

On prend les mêmes (Yves Robert à la réalisation, Jean-Loup Dabadie aux scénario et dialogues et le quatuor Rochefort – Lanoux – Brasseur – Bedos à l’interprétation) mais est-ce qu’on recommence ? Si on veut mais avec beaucoup moins de bonheur que le diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au paradis. Film construit comme une suite de sketches mais racontant néanmoins une histoire, centrée autour de Rochefort. Un Rochefort bien entouré puisqu’on a quasiment une star (ou en devenir : Lemercier, Timsit) par rôle, même s’il dure cinq minutes (Miou-Miou, Villeret, Carmet, Vincent, Lanoux, Brasseur, Yanne, Piccoli, Bedos, Bacri et même la chanteuse Véronique Sanson, n’en jetez plus !). Un peu comme, dans un genre différent et encore avec Rochefort, pour le Ne le dis à personne de Guillaume Canet en 2006 (« tant et si bien que Depardieu ou Auteuil menacent à chaque instant de surgir dans la peau d’un flic, d’un gangster ou d’un piéton », Chronicart 😄). De quoi attirer du monde dans les salles obscures (un peu plus d’un million trois cent mille entrées). Malheureusement, bien qu’on prenne plaisir à retrouver ces acteurs pour la plupart attachants, le film est globalement plutôt faible, a pas mal vieilli et a recours à des ressorts comiques assez usités. Dommage.

Citizen Kane (1941), d’Orson Welles

 

C’est l’histoire de Charles Foster Kane (Orson Welles), grand magnat de la presse dans les années 30-40, qui meurt dans son manoir en prononçant dans un dernier souffle « rosebud » (« bouton de rose »). Un journaliste va tenter de découvrir le sens de ce mot et rencontrer celles et ceux qui ont côtoyé Kane, dressant ainsi petit à petit son portrait et son parcours.

C’est l’histoire du « meilleur film de tous les temps », selon de nombreux observateurs, dont l’histoire retiendra que j’aurai attendu juin 2025 pour le voir (comme j’ai attendu avril 2021 pour écouter le Dark Side of the Moon de Pink Floyd pour la première fois, avec un sentiment mitigé).

Le snob consensuel / l’IA (qui, rappelons-le, n’est que le perroquet de celui qui la programme…) : « Par ses innovations techniques et narratives inouïes (flashbacks, travellings, fondus, profondeur de champ, plongées et contreplongées…), Citizen Kane révolutionne la grammaire cinématographique et s’impose comme une œuvre majeure, voire quintessencielle, du 7ème Art. »

Le blasé peu loquace : « Mouais, y’a quand même pas de quoi se relever la nuit… »

L’obsédé : « Ça manque quand même de fesses et de nichons, cette affaire… Pour la peine, je vais plutôt me mater Citizen Shane, sa parodie porno mise en boite par Marc Dorcel en 1994, avec Anita Rinaldi et Draghixa dans leurs prouesses buccales, vaginales et anales. »

Le biberonné aux Tuche et à Mission Impossible : « C’est quoi, cette merde ? Y’a pas de VF, c’est en noir et blanc et on s’emmerde un max ! »

Je vous laisse deviner à quelle(s) catégorie(s) j’appartiens…