jeudi 4 décembre 2025

Le pari (1997), de Didier Bourdon et Bernard Campan

 

« C’est pas ce petit poujadiste de merde qui va me la faire, crois-moi ! »

Réalisation : Didier Bourdon et Bernard Campan

Scénario : Didier Bourdon et Bernard Campan

Pays : France

Année : 1997

Genre : comédie

Avec : Didier Bourdon, Bernard Campan, Isabelle Ferron, Isabel Otero, Hélène Surgère, Roger Ibáñez, Kelly Lawson, François Berléand, Philippe Chevallier, Régis Laspalès.

Synopsis : Lors d’un repas de famille, Didier et Bernard, deux beaux-frères que tout oppose (le premier est pharmacien et de droite, le second prof en banlieue et de gauche) mais tous deux gros fumeurs, font le pari d’arrêter de fumer pendant quinze jours. Très vite en manque, leur vie va basculer.

Pourquoi ? Les Inconnus ne sont plus que deux, suite à un conflit avec leur producteur Paul Lederman (Légitimus fait toutefois une très brève apparition – je ne l’ai même pas remarqué – en tant que figurant dans la scène du cocktail) mais c’est aussi bien, voire mieux, que quand ils étaient trois (Les trois frères, 1995). Cette comédie hilarante de, par, pour et avec Bourdon et Campan enchaine sans faiblir les gags et répliques (« Le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout ! ») drolatiques, avec une pointe d’émotion (la fille adoptive de Bourdon, les obsèques du père des deux sœurs) et des clins d’œil à des chefs-d’œuvre du cinéma (Shining, Psychose, Taxi Driver). Mention spéciale à l’avant-dernière séquence dont je ne me lasse pas, où Bourdon et Campan, frustrés par les repas faméliques de leur cure thermale, investissent secrètement les cuisines pour se concocter un festin. Bref, un film vraiment… énorme.   


mercredi 3 décembre 2025

Les évadés (1994), de Frank Darabont

 

« Je crois en deux choses : la discipline et la Bible. Ici, vous recevrez les deux. Mettez votre confiance en Dieu. Votre cul m’appartient, maintenant. »

C’est l’histoire de Paul Bismuth, condamné à retourner au trou. Heureusement, il voit sa peine commuée en détention à domicile sous surveillance électronique. « Si t’as pas de bracelet électronique à 70 balais, c’est que t’as raté ta vie ». Bon, c’est bon avec ça…

C’est l’histoire d’Andy Dufresne (Tim Robbins), un banquier condamné en 1947 à une double peine de prison à perpétuité pour le meurtre de son épouse et de son amant, crimes qu’il n’a pourtant pas commis. Emprisonné à la prison d'État de Shawshank, il se lie progressivement d’amitié avec Ellis Redding dit « Red » (Morgan Freeman), un détenu noir de longue date qui fait office d'intermédiaire dans la fraude des marchandises en provenance de l'extérieur.

Aussi curieux que cela puisse paraître, je n’avais pas encore vu ce film à la réputation des plus flatteuses (dans la liste des 100 meilleurs films de l'American Film Institute et sélectionné en 2015 par le National Film Preservation Board pour la conservation à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis mais aucun Oscar). Il faut dire que je ne raffole pas du milieu carcéral (oui, je n’aime pas énormément de choses dans la vie…). Sans surprise, le film dépeint un univers violent, que ce soit entre les détenus et l’administration pénitentiaire (de vrais salopards) ou entre les prisonniers eux-mêmes. Que Robbins tente d’atténuer quelque peu en faisant le forcing pour rénover et agrandir la bibliothèque ou en diffusant du Mozart via les haut-parleurs de la prison. Dire qu’il se trouve aux quatre coins du monde ainsi que dans notre « pays crevé qui tarde à renaître » (excellente formule d’une ex-internaute sur Amazon que je fais mienne), surtout en cette triste époque, des gens pour approuver ce genre de procédés et de comportements... Mon avis est certes biaisé par le fait que Robbins (d’ailleurs innocent), Freeman et le petit groupe qui gravite autour d’eux n’ont pas l’air bien méchants (pour un Dutroux ou un Fourniret, je dis pas, il faudrait même pire…). Ce n’est pas un film d’évasion (expédiée en quelques minutes. Le coup de l’affiche de Rita Hayworth puis Marilyn Monroe puis Raquel Welch accrochée au mur, j’ai compris de suite) mais sur l’amitié et l’espoir. C’est indubitablement un bon film (une adaptation de Stephen King est un succès à quasi coup sûr) mais de là à en faire « l’un des plus grands de l’histoire du cinéma » comme je l’ai lu quelque part, je n’irai pas jusque-là. En ce sens que tout est balisé et attendu. Pour conclure sur une note humoristique, il bat tous les records question « syndrome de la Schtroumpfette » : pas une nana à l’horizon (ah si, une caissière et une brève apparition de la femme de Robbins) !

dimanche 30 novembre 2025

On connait la chanson (1997), d’Alain Resnais

 

« Les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » - « Au lac de… ? » - « Paladru ! »

Réalisation : Alain Resnais

Scénario : Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri

Pays : France, Royaume-Uni, Suisse

Année : 1997

Genre : musical, comédie dramatique, film choral

Avec : André Dussollier, Sabine Azéma, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Pierre Arditi.

Synopsis : Simon, qui fait son métier d’agent immobilier sans conviction, en pince secrètement pour Camille, guide touristique et passionnée d’histoire comme lui. Mais elle s’éprend de Marc, le prétentieux et tyrannique patron de Simon. Parallèlement, la sœur de Camille, Odile et son mari Claude, un couple usé par les années, font appel à Marc pour leur projet immobilier tandis que Simon fait visiter des appartements à Nicolas, un ancien amant d’Odile particulièrement indécis.

Pourquoi ? Parce qu’encore et toujours (et pour la dernière fois sur ces pages) le duo Bacri - Jaoui au scénario et à l’interprétation et c’est à nouveau un succès critique (7 Césars, dont meilleurs film et scénario) et public (2,6 millions d’entrées en France) ; pour le concept audacieux d’intégrer dans les dialogues des extraits de chansons populaires interprétés en playback. Mention spéciale à Bashung (Vertige de l’amour, par Dussollier), France Gall (Résiste par Azéma, même si je conçois qu’au bout de trois fois, ça puisse gaver…), Eddy Mitchell (trois titres), Léo Ferré (l’immense Avec le temps, par Bacri) et Téléphone (Ca (c’est vraiment toi)… mais y’a que des « tubes », de toutes façons. Le cinéma « populaire et de qualité » tel qu’il devrait toujours être.

samedi 29 novembre 2025

The Host (2006), de Bong Joon-Ho

 

C’est l’histoire de la famille de « losers » Park, de Séoul : Gang-du (Song Kang-ho), du genre immature et père de la petite Hyun-seo (Go Ah-seong), tient un petit snack au bord du fleuve Han avec son père Hee-bong (Byun Hee-bong), tandis que sa sœur Nam-joo (Bae Doo-na) est une tireuse à l'arc de seconde zone et son frère Nam-il (Park Hae-il), un diplômé au chômage. Un jour, une immense créature monstrueuse surgit du fleuve, dévaste tout sur son passage et enlève la petite Hyun-seo. Celle-ci donnant signe de vie à son père Gang-du par un appel téléphonique, la famille va se mettre à sa recherche, malgré la pression des autorités locales qui pensent le monstre porteur d’un virus.

Alléluia, il aura fallu attendre mon 193ème article pour que je quitte momentanément mon ethnocentrisme cinématographique en m’attaquant à un cinéaste asiatique, plus précisément sud-coréen. Pourtant, ce continent se pose un peu là, question 7ème Art mais contrairement à beaucoup de mes « coreligionnaires » blogueurs, je n’ai pas leur âme chercheuse, leurs connaissances ou leur ouverture d’esprit. Pas assez ou trop de pistes de découverte, aussi et ce qui me vient à l’esprit (les films hyper-violents de John Woo, Epouses et concubines, In the mood for love…) ne me branche pas des masses. Pourquoi ce The Host, alors ? Parce que « film de genre » et ayant obtenu la note maximale de 5 sur 5 sur Chronicart (comme, dans des genres voisins, The Descent et Le Village), donc éveil de ma curiosité. Conclusion : bonne pioche. Le film brasse une multitude de thèmes, qui s’imbriquent parfaitement. Enfin, au moins trois : la comédie familiale et la satire / critique sociale à message politique (inégalités, écologie...) avec cette famille de « bras cassés » confrontée à une société obnubilée par la réussite sociale et au pouvoir coercitif des autorités (Bong Joon-ho s’est inspiré du mensonge des « armes de destruction massive » de l’Irak pour celui du virus, en réalité inexistant mais prétexte à imposer la répression) ; et le fantastique avec cette créature mi-numérique (ça se voit) mi-marionnette animée pour les plans de contact resserrés, sorte de mix entre Godzilla, Alien et Jurassic Park. Par contre, pour ce qui est de l’héroïsme, du caractère sacré de la cellule familiale (le père minable qui « soulève des montagnes » pour sauver sa fille) et de la « loi du talion » (le monstre qui doit périr, de préférence dans les pires souffrances), il semble que ce soient des sentiments universels. En même temps, difficile d’imaginer d’autre issue, même si elle n’est pas si heureuse que ça (je n’en dis pas plus pour pas gâcher).       

mercredi 26 novembre 2025

La Malédiction (1976), de Richard Donner

 

C’est l’histoire d’un mec, Robert Thorn (Gregory Peck), ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni, il est incapable d’annoncer à sa meuf Katherine (Lee Remick) que leur enfant est mort-né après l’accouchement. Alors il adopte un orphelin et le fait passer pour leur fils. Mais y’a un blème : celui-ci est né à 6 heures, le 6ème jour du 6ème mois (un 6 juin, donc) et des phénomènes étranges et tragiques se produisent…

Le contexte : lendemain de victoire (aux forceps) en Ligue des Champions contre Newcastle (fait assez rare pour être souligné) et arrivée en fin de crève ca-ra-bi-née (Covid ? Pourtant, à part ma mère le week-end, je vois dégun… Ou alors dans les magasins ou les transports de cette ville de bras cassés et traîne-savate comme moi ?). Quoi de mieux, dès lors, en cet après-midi ensoleillé mais frisquet, que de s’installer devant son petit écran et insérer dans son lecteur un DVD emprunté à l’une de ses médiathèques municipales, dans l’espoir de vivre l’agréable sensation de la découverte d’un bon film ? Bingo, c’est bien le cas. De Richard Donner, je ne connaissais que sa collaboration avec Mel Gibson (la franchise L’arme fatale et son trio Gibson – Glover – Pesci insupportable de cabotinage, Maverick et Complots). Au cinéma comme en musique, on ne fait que refaire ce qui a déjà été fait les décennies précédentes, alors autant aller directement « à la source ». Tous ces films d’horreur ou fantastiques des 70’s et des 80’s, de tueurs en série ou de maisons hantées, sont les ancêtres des productions qui pullulent chaque année sur nos écrans depuis le nouveau millénaire (et même un peu avant). Celui-ci est si emblématique qu’il a donné suite à… des suites, remake et autres « préquelle ». Clairement, sa réputation n’est pas usurpée, c’est du tout bon. Le genre qui sait maintenir la tension d’un bout à l’autre, sans scènes inutiles, on va… droit au but (pour rester dans le registre footballistique et fidèle à la devise de mon club). Alors d’accord, des fois, on devine très vite ce qui va arriver (la meuf qui monte sur une chaise pour décrocher un truc alors qu’elle est à l’étage, risqué…). Et encore une occase pour chier sur l’Eglise ? Un peu, mais quand même moins que L’exorciste où, de mémoire, la possédée dégueulait un liquide verdâtre sur le prêtre et sa Bible. Et faut quand même se taper l’eschatologie de ces putains de religions qui nous ont toujours pourri l’existence à travers les siècles. Mais sinon, rien à redire, réalisation, interprétation, musique, c’est au poil. Y’a même le petit « twist » final qui va bien. Tiens, tout ça m’a donné envie de réécouter l’hymne de ces satanistes de supermarché de la « Vierge de fer » (je déconne mais je ne peux pas m’empêcher de les aimer, c’est on ne peut plus Madeleine de Proust, ça)...