jeudi 6 novembre 2025

The Descent (2005), de Neil Marshall

 

C’est l’histoire de six nanas, dont une sortant d’un drame personnel (perte de son mari et de sa fille dans un accident de la route auquel elle a survécu), qui se retrouvent pour faire de la spéléologie dans les Appalaches. Mais les voilà bloquées dans les grottes suite à un éboulement. Cet incident va mettre à rude épreuve leur amitié, d’autant plus qu’elles ne sont pas seules dans cet environnement souterrain…

Gros succès critique pour ce film d’horreur britannique et c’est globalement justifié. On va au cinéma pour ressentir des émotions et là, elles sont fortes. L’idée de départ est plutôt originale (six femmes dans une grotte, sous la menace de dangereuses créatures humanoïdes), la tension et le suspense ne faiblissent pas. Bien sûr, l’instinct de survie et les querelles d’égo font ressortir le pire de l’être humain et c’eût été six hommes que c’eût été pareil de ce point de vue-là. Des clins d’œil plus ou moins appuyés à Alien, Shining et Délivrance (y’a pire comme références). Le « twist » final ne manque pas non plus à l’appel. Je regrette simplement des explosions gore un peu complaisantes et le traditionnel recours à la morale, celui (ou ici, en l’occurrence, celle) qui a péché devant automatiquement être puni(e) et, de préférence, en souffrant le plus possible (le « œil pour œil, dent pour dent »).    

mardi 4 novembre 2025

Le grand bleu (avec une palme noire) (1988), de Bul Caisson

 

C’est l’histoire d’un mec… euh non, de deux mecs, le « rital » Enzo Molinari (Jean Reno) et le « francese » Jacques Mayol (Jean-Marc Barr), ils se tirent la bourre pour savoir lequel des deux a la plus grosse… euh non, lequel des deux plongera le plus profond et restera en apnée le plus longtemps. Sinon, dans la vie, à la surface, ils sont bons copains. Un jour, Jacques tombe amoureux de la belle américaine Johana Baker (Rosanna Arquette).

Madeleine de Proust. Et ouais. Mais quand même pas « gold » pour autant. Août 1990. Mon pauvre « padre » et moi passons quelques jours à « Paname ». Nous voyons le film, en version longue, dans un cinéma sur les Champs-Elysées. Pour clôturer cette belle journée, nous nous rendons au Parc des Princes (sic), pour assister au match de football entre le Paris Saint-Germain et l’Association de la Jeunesse Auxerroise. A l’entrée du stade, nous nous faisons aborder par un skinhead passablement éméché qui, constatant que mon père avait les cheveux ras, lui lança « bravo Monsieur, c’est comme ça qu’il faut vivre ! ». Le malheureux ! S’il avait su qu’et d’une, nous nous situions à son extrême opposé sur l’échiquier politique et que de deux, nous étions marseillais et par conséquent supporters de l’Olympique local (même si la rivalité entre les clubs des deux plus grandes villes de France n’était pas aussi exacerbée que de nos jours, elle débutait tout juste à l’époque) et que sur ce match, nous soutenions évidemment l’équipe bourguignonne, sa réaction aurait sûrement été toute autre (pour la petite histoire, le score final fût de 1 à 1). Voila pour l’anecdote. Tenez, une autre : ma phobie de la mer et de ses fonds date-t-elle d’avant ou après ce film ? Certainement d’avant, quand mon grand-père paternel (sensible mais viril et… homophobe. Une autre époque, on va dire…) me jeta à l’eau du petit bateau appartenant à son neveu (mais quand même à proximité de la côte et avec des brassards…), je devais avoir une dizaine d’années. Mais de mémoire, il n’y a qu’une scène sous-marine susceptible de m’effrayer (avec faune et flore, au début, quand le père de Mayol meurt noyé. Et encore, elle est en noir et blanc). Dans les autres, on ne voit rien ou presque, tout est sombre. A part ça, Besson est un con (et plus si affinités…), on sera tous plus ou moins d’accord là-dessus. A la fois sauveur (financièrement) et fossoyeur (artistiquement) du cinoche hexagonal. Je trouve que celui-ci est son meilleur (Léon et Nikita juste derrière). Il est entaché de quelques polémiques. Besson se brouilla avec Mayol, qui cherchait à bénéficier davantage de la réussite du film financièrement parlant (il se suicidera par pendaison en 2001) ainsi qu’avec Barr, qui vivra mal ce succès trop envahissant. Et Enzo Maiorca (joué par Reno), insatisfait de son image, fit interdire le film en Italie pendant quatorze ans. Puisque vous savez déjà tout sur ce film générationnel, je conclurai en citant le magazine Chronicart (que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait musicalement découvrir il y a une quinzaine d’années, pour les avoir fort justement encensés, Architecture in Helsinki, Electrelane, The National Trust, Jackson & his computer band, Low et surtout les formidables Fiery Furnaces) à propos des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, opus bessonien de 2010 : « Comment s’y prend-il, ce cinéma, pour nous réconforter ? La réponse est connue, puisqu’il y a longtemps déjà que sévit son programme : en nous parlant comme à des enfants, évidemment. (…) Ce n’est pas de leur faute, à Besson, à Jeunet (P.S : je rajouterai Spielberg, leur possible modèle), ce sont eux-mêmes de grands enfants. Cet argument-là, quand même, qu’on nous permette d’en douter : difficile de s’en convaincre à les voir, sur les plateaux de télé, vendre leurs films avec l’air triste et renfrogné de vieux messieurs las, dont l’œil ne semble plus briller, depuis longtemps, de la moindre innocence. ». Et parce qu’on ne s’en lasse pas, la parodie du célèbre « youtubeur » Mozinor (un « extrême-droitard » mais faut être fair-play et reconnaître le talent quand il existe. Et rien de clivant, ici. A moins d’être fan du gros Luc, bien entendu…) : 


lundi 3 novembre 2025

Les Incorruptibles (1987), de Brian De Palma

 

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : David Mamet (d'après le livre The Untouchables d'Eliot Ness), Oscar Fraley et Paul Robsky

Pays : Etats-Unis

Année : 1987

Genre : policier, thriller, historique

Avec : Kevin Costner, Sean Connery, Charles Martin Smith, Andy García, Robert De Niro.

Synopsis : Chicago, 1930. Eliot Ness, jeune agent fédéral idéaliste, engage Jim Malone, vieux policier d'origine irlandaise, George Stone, un excellent tireur d’origine italienne et Oscar Wallace, un comptable. Ensemble, ils forment un groupe surnommé « Les Incorruptibles » et tentent de mettre fin aux agissements du criminel Al Capone.

Pourquoi ? Pour le casting, entre « jeunes loups » (Costner, Garcia) et « vieille garde » (Connery, De Niro), l’histoire et la mise en scène, avec notamment la mythique scène du landau dévalant le grand escalier de la gare de Chicago (inspirée d’une scène du Cuirassé Potemkine et parodiée dans un opus de la série des Y a-t-il un flic… ?). Décidément, les gares inspirent De Palma (cf. la scène finale de L’impasse)…

dimanche 2 novembre 2025

Lunes de fiel (1992), de Roman Polanski

 

« Mais j' l'adore, ton cul... J'en suis fou, d'ton cul... »

C'est l'histoire d'un couple britannique pudique et guindé, Nigel (Hugh Grant) et Fiona (Kristin Scott Thomas), qui fait la connaissance, sur un paquebot menant en Inde, d'un autre, beaucoup plus atypique, composé d'Oscar (Peter Coyote), écrivain américain en fauteuil roulant et de Micheline dite « Mimi » (Emmanuelle Seigner), danseuse française très sensuelle. Voyant Nigel très troublé par Mimi, Oscar fait de lui son confident et lui raconte son étrange histoire avec sa jeune épouse et leurs rapports très particuliers.
Comme tant d'autres, pour moi, Polanski, ça passe (Chinatown, Répulsion) ou ça casse (Frantic, à un degré moindre Le locataire). Pour ce Lunes de fiel, adapté du roman éponyme (encore plus dur que le film, d'après Emmanuelle Seigner dans l'interview-bonus), c'est plutôt une bonne surprise, je m'attendais à pire (ou autre chose). Alors certes, le film a des longueurs (140 minutes) et la B.O sent son  époque (I will survive, Sweet dreams, Stop !...). Y'a quelques « conneries », aussi : faire de Coyote un « tombeur », le voir en slip, à quatre pattes avec un masque de cochon ou encore Emmanuelle Seigner buvant du lait, le recrachant sur ses seins nus et Coyote la léchant (z'avez saisi la symbolique ?). Mais on se laisse prendre par le récit. Par contre, faut un peu s'accrocher car c'est par moments duraille et dérangeant, le couple Coyote / Seigner se faisant subir (lui d'abord et elle ensuite, par vengeance) moultes humiliations. Ici, le sadisme est plus psychologique que sexuel (la très belle scène dans le parc où elle, amoureuse folle, et lui la repoussant d'un cinglant « J'en n'ai rien à foutre de ta vie, c'est ma vie à moi qui compte. (...) Rien, tu n'as rien fait. Tu existes, c'est tout »). Un bon film. Et Emmanuelle Seigner, quel... morceau ! Miam, y'a à manger...

vendredi 31 octobre 2025

Fatale (1992), de Louis Malle

 

« Je n’vois plus qu’toi » - « Je crois que tu n’as jamais vu grand-chose… »

C’est l’histoire de Strauss-Kahn avant Strauss-Kahn. Soit un politique en pleine ascension (Jeremy Irons), nommé Secrétaire d’Etat (ministre, quoi), qui se fait tournebouler dès le premier regard (y’a de quoi, remarquez…) par la petite amie de son fils (Judith Brioche… Ah non, pardon, je voulais dire Juliette Godemiche). A partir de là, il la verra en cachette et la trombinera pas moins de quatre fois, dans des positions parfois acrobatiques (oui mais « c’était l’époque qui voulait ça » et puis on était sous l’emprise de réalisateurs libidineux et d’une société patriarcale oppressive mais maintenant c’est fini, tout ça, ceinture et puis de toutes façons, on n’a plus l’âge pour ces galipettes…). Je ne sais pas si les « coordinatrices d’intimité » existaient déjà à l’époque mais si c’est le cas, elle a dû avoir une belle prime parce qu’y'a eu du taf… Bref, c’est le genre d’histoires qu’on ne voit qu’au cinéma et pas dans la « vraie vie ». Ben ouais, coco, c’est un peu le principe du cinéma, il permet de nous évader de la réalité. Ou alors c’est un Dardenne, un Loach ou un film d’auteur lambda et on est prévenu à l’avance. Pour en revenir à cette histoire, ce petit jeu de cache-cache prend fin dans le dernier quart d’heure, lors d’un tragique épilogue où le fils surprend son père (Irons, donc) et sa future épouse (Juju Bibi) en train de forniquer allègrement, nus comme des vers. La Passion a ses raisons que la Raison ignore…