dimanche 9 novembre 2025

Milou en mai (1990), de Louis Malle

 

« Papy, c’est quoi, la pilule ? » - « C’est l’progrès ! »

« La Gauche essaie de prendre le train en marche, sans bien savoir où il va, ce train… »

« Le problème, maintenant, c’est que toutes les femmes veulent jouir. Autrefois, elles savaient même pas que ça existait, ça allait tout seul… »

« Le mariage, c’est le tombeau de l’amour. »

C’est l’histoire de Milou (Michel Piccoli), un vieil épicurien qui vit à la campagne, dans le Gers, avec sa mère (Paulette Dubost). Mais celle-ci décède brutalement d’une crise cardiaque. Arrivent alors dans la demeure familiale le frère (Michel Duchaussoy), la fille (Miou-Miou) et la nièce (Dominique Blanc) de Milou. Les appétits autour de l’héritage s’aiguisent tandis que l’enterrement est compromis par les grèves de mai 68.

Alors, Malle, c’est bien ? Ben, que ce soit Fatale ou celui-là, c’est… pas mal(le)… Qu’y a-t-il à glaner ici ? En vrac : la musique du violoniste Stéphane Grappelli, dans une veine jazz manouche, quelques répliques qui font mouche et une belle brochette de comédiens. Une charge contre la bourgeoisie ? Oh, juste quelques égratignures, ainsi qu’au « Grand Charles ». Piccoli incarne un personnage qui ne doit pas être très éloigné de ce qu’il fût dans la vie. Au contraire, très probablement, de Miou-Miou qui campe une bourgeoise bien de droite. Nous avons aussi Paulette Dubost (l’une de ces actrices françaises qui atteindra les 100 ans), Dominique Blanc en lesbienne rigide (César du meilleur second rôle féminin), les premiers rôles de Jeanne Herry (douze ans, adorable, fille de Julien Clerc et… Miou-Miou) et de Valérie Lemercier et hélas, le dernier de l’ex-Nul Bruno Carette, qui appartient à cette longue liste des victimes du Sida (ça, c’est pour ceux, moi le premier, qui idéalisent les années 80. Une bien sinistre période, en réalité...). Y’a aussi des trucs complètement lunaires : Piccoli qui se tape sa bonne, fait de l’œil à sa belle-sœur et a même des vues… sur sa propre petite fille de douze ans (Jeanne Herry, donc) ; tout ce petit monde qui boit, chante et fait la « chenille » devant même la défunte dont la dépouille est exposée dans le salon ; la gamine qui parle à cette même défunte et lui touche le visage ; ou encore Bruno Carette en camionneur qui ramène en stop le fils de Duchaussoy à la demeure familiale et en profite pour s’inviter (et draguer la gente féminine) sans que personne ne s’en offusque (sympas, ces bourgeois, finalement). Les querelles attendues, autour de l’héritage et de la politique, sont bien au rendez-vous. Cette histoire prend corps en mai 1968, alors qu’à Paris, et bientôt dans toute la France, manifestations et grèves se multiplient lors de ce très court instant, véritable cauchemar (encore aujourd’hui) pour la bourgeoisie, le Capital et la Réaction, où tout semblait possible, avant que le secrétaire général de la CGT Georges Séguy ne vienne s’assoir à la « table des négociations » pour y marchander le poids et la longueur des chaines (« Quand la CGT est allée négocier les accords de Grenelle, j’ai compris que la révolution était terminée », Jean-Claude Carrière, co-scénariste). Cinéaste à creuser, incontestablement, mais pas son acclamé Au revoir les enfants parce que les drames « tire-larmes » sur l’Occupation et la Seconde guerre mondiale, on en a soupé…  

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