« Papy, c’est quoi, la
pilule ? » - « C’est l’progrès ! »
« La Gauche essaie de prendre le train en marche, sans bien savoir où il va, ce train… »
« Le problème, maintenant, c’est que toutes les femmes veulent jouir. Autrefois, elles savaient même pas que ça existait, ça allait tout seul… »
« Le mariage, c’est le tombeau de l’amour. »
C’est l’histoire de Milou (Michel Piccoli), un vieil épicurien qui vit à la campagne, dans le Gers, avec sa mère (Paulette Dubost). Mais celle-ci décède brutalement d’une crise cardiaque. Arrivent alors dans la demeure familiale le frère (Michel Duchaussoy), la fille (Miou-Miou) et la nièce (Dominique Blanc) de Milou. Les appétits autour de l’héritage s’aiguisent tandis que l’enterrement est compromis par les grèves de mai 68.
Alors, Malle, c’est bien ?
Ben, que ce soit Fatale ou celui-là, c’est… pas mal(le)… Qu’y a-t-il à glaner
ici ? En vrac : la musique du violoniste Stéphane Grappelli, dans une
veine jazz manouche, quelques répliques qui font mouche et une belle
brochette de comédiens. Une charge contre la bourgeoisie ? Oh, juste
quelques égratignures, ainsi qu’au « Grand Charles ». Piccoli incarne
un personnage qui ne doit pas être très éloigné de ce qu’il fût dans la vie. Au
contraire, très probablement, de Miou-Miou qui campe une bourgeoise bien de
droite. Nous avons aussi Paulette Dubost (l’une de ces actrices françaises qui
atteindra les 100 ans), Dominique Blanc en lesbienne rigide (César du meilleur
second rôle féminin), les premiers rôles de Jeanne Herry (douze ans, adorable,
fille de Julien Clerc et… Miou-Miou) et de Valérie Lemercier et hélas, le
dernier de l’ex-Nul Bruno Carette, qui appartient à cette longue liste des victimes
du Sida (ça, c’est pour ceux, moi le premier, qui idéalisent les années 80. Une
bien sinistre période, en réalité...). Y’a aussi des trucs complètement lunaires :
Piccoli qui se tape sa bonne, fait de l’œil à sa belle-sœur et a même des vues…
sur sa propre petite fille de douze ans (Jeanne Herry, donc) ; tout ce
petit monde qui boit, chante et fait la « chenille » devant même la
défunte dont la dépouille est exposée dans le salon ; la gamine qui parle à
cette même défunte et lui touche le visage ; ou encore Bruno Carette en
camionneur qui ramène en stop le fils de Duchaussoy à la demeure familiale et
en profite pour s’inviter (et draguer la gente féminine) sans que personne ne s’en
offusque (sympas, ces bourgeois, finalement). Les querelles attendues, autour
de l’héritage et de la politique, sont bien au rendez-vous. Cette histoire
prend corps en mai 1968, alors qu’à Paris, et bientôt dans toute la France, manifestations
et grèves se multiplient lors de ce très court instant, véritable cauchemar (encore
aujourd’hui) pour la bourgeoisie, le Capital et la Réaction, où tout semblait
possible, avant que le secrétaire général de la CGT Georges Séguy ne vienne s’assoir
à la « table des négociations » pour y marchander le poids et la
longueur des chaines (« Quand la CGT est allée négocier les accords de
Grenelle, j’ai compris que la révolution était terminée », Jean-Claude
Carrière, co-scénariste). Cinéaste à creuser, incontestablement, mais pas son
acclamé Au revoir les enfants parce que les drames « tire-larmes »
sur l’Occupation et la Seconde guerre mondiale, on en a soupé…

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