jeudi 2 octobre 2025

Cœurs (2006), d’Alain Resnais

 

« Mais je suis ce que je suis. Après tout, qu’est-ce qu’on peut être, à part soi… ? »

C’est l’histoire de Thierry (André Dussollier), agent immobilier et de sa collaboratrice Charlotte (Sabine Azéma), qui cherchent un appartement pour Nicole (Laura Morante) et Dan (Lambert Wilson), un couple de clients difficiles. Nicole est excédée par le comportement de Dan, qui préfère boire des coups chez Lionel (Pierre Arditi), son barman attitré, plutôt que chercher du travail. Ils se quittent momentanément, histoire de faire le point et Dan rencontre alors Gaëlle (Isabelle Carré), sœur cadette de Thierry, par le biais des petites annonces. Pendant ce temps, Charlotte se fait engager comme aide à domicile par Lionel pour garder son père malade et colérique (Claude Rich) pendant son service du soir.

A-t-on besoin d’un énième film choral français avec des personnages évoluant dans un milieu confortable et des décors de studio, ergotant sur les vicissitudes de la vie et de l’amour, porté par une musique mélodramatique à base de cordes ou de piano, « marketé » par les habituelles accroches laudatrices de la critique (« Resnais au sommet de son art », Le Monde ; « Une sorte d’absolu du cinéma », Libération), quand bien même mis en scène par « Monsieur » Alain Resnais ? J’avais vu ce film sur Canal peu après sa sortie et j’avais été, sinon ébloui (n’exagérons rien), du moins « titillé », par l’histoire, les personnages, la réalisation. Près de vingt ans plus tard, mon enthousiasme s’est quelque peu émoussé. Dussollier est (encore) agent immobilier (comme dans On connait la chanson) et obséquieux, Azéma est (encore) pétillante et délurée, sous des atours de secrétaire réservée. Arditi, lui, se fait plus sombre voire quasi désespéré, à l’image du ton général du film, ayant pour cadre un Paris neigeux. Les personnages ne se croisent que deux par deux (comme dans Smoking / No smoking), plus rarement (et jamais plus de) trois, dans une poignée de décors (le bar, l’agence immobilière, les appartements des uns et des autres) et chaque scène est délimitée par un interlude constitué de flocons de neige (à la fin d’On connait la chanson, c’était des méduses…). Au final, chacun et chacune retourneront à leur solitude intérieure. Il y a bien un peu d’humour (les cassettes vidéos prêtées par Azéma à Dussollier ; Azéma aux prises avec le père d’Arditi, aux comportement et propos abjects) et des trucs de mise en scène (les visites immobilières filmées du plafond ; Claude Rich, interprétant le père d’Arditi, présent uniquement par la voix ; la neige, ne tombant plus seulement au dehors mais à l’intérieur même de la maison d’Arditi lors de ses confidences à Azéma) mais guère de raisons de se réjouir… plus que de raison.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire