mercredi 12 novembre 2025

Le bonheur est dans le pré (1995), d’Etienne Chatiliez

 

« Pendant ton absence, j’ai… Ca lui a bien dégagé les écoutilles. »

C’est l’histoire de Francis Bergeade (Michel Serrault), chef d'entreprise à Dole, en proie à de multiples problèmes : les employées de son usine de sièges de toilettes menacent de faire grève, alors qu’un contrôle fiscal se profile et que sa femme Nicole (Sabine Azéma) et sa fille Géraldine (Alexandra London), bourgeoises autocentrées, ne font rien pour l’aider. Il sera même victime d’un malaise vagal. Ses seuls moments de plaisir, il les partage autour d’une bonne table avec son ami concessionnaire automobile Gérard (Eddy Mitchell), un bon vivant et coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’un soir, en regardant l’émission Où es-tu ?, il se reconnait dans le portrait de Michel Thivart, disparu vingt-six ans plus tôt et dont il est le parfait sosie. Poussé par Gérard, il va sauter sur l’occasion pour changer de vie.

Je vais faire mon difficile en disant cela mais finalement, Chatiliez, c’est pas si fou que ça, non ? Certes, à l’instar d’un Francis Veber, son savoir-faire de petit artisan au ton vachard le fait voler bien au-dessus (au moins jusqu’à La confiance règne, ensuite ça se gâte sévère…) de la multitude de panouilles mises en boite par des tâcheron(ne)s qui sortent chaque année sur nos écrans, aux têtes d’affiche immuables (Dany Boon, Didier Bourdon, Gérard Darmon, Christian Clavier, Kad Merad, Michèle Laroque, Valérie Bonneton…). Mais passés la bonne idée de départ (l’inversion des bébés dans La vie est un long fleuve tranquille, la vieille acariâtre de Tatie Danielle, le grand dadais qui s’accroche à ses parents dans Tanguy…) et un art consommé de la caricature (vous me direz, c’est déjà pas mal), qu’y a-t-il d’autre à se mettre sous la dent (ou les yeux et les oreilles, en l’occurrence) ? Ici encore, la galerie de personnages caricaturaux qu’on croirait sortis des Bidochons ou des Deschiens (François Morel en comptable en « Nike », Yolande Moreau en ouvrière), le choc des mondes et des contraires (l’usine de la ville / le marché du village campagnard, Azéma en bourgeoise distinguée / Mitchell en mec bourru et vulgos) mais peu de gags ou situations franchement comiques et de « punchlines » incisives. Les acteurs ne sortent pas de leur registre habituel et de fait, ils excellent (c’est bien le moins), notamment « Schmoll », qui empoche le César du meilleur second rôle masculin. Le film voit débuter au cinéma les deux frères Cantona, tous deux footballeurs, nés à Marseille et ayant joué à l’OM (Eric lors de la grande époque des « années Tapie » et Joël, nettement moins talentueux, pendant les deux saisons du club en Deuxième division entre 1994 et 1996). Finalement, je retiendrai surtout le message du film pour une vie simple et le goût des bonnes choses, en particulier celles de la table. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire