mercredi 10 décembre 2025

Ascenseur pour l’échafaud (1958), de Louis Malle

 

« Je suis affreuse, je suis folle… »

C’est l’histoire d’un couple d’amants : Florence (Jeanne Moreau, qui fait plus âgée que ses trente ans), épouse du riche industriel Simon Carala (Jean Wall) et Julien Tavernier (Maurice Ronet qui, à quelques jours près, n’aura pas vécu le « tournant de la rigueur » du funeste 25 mars 1983), employé de ce même Carala. Ils décident de se débarrasser du mari. Un vendredi, peu avant de quitter le bureau, Tavernier l’abat et maquille le crime en suicide. S’apercevant qu’il a laissé un indice compromettant derrière lui (un grappin), il reprend l’ascenseur pour le faire disparaitre. Mais le gardien coupe le courant et ferme le bâtiment jusqu’au lundi. Voilà Tavernier enfermé pour le week-end…

Allez, petite plongée dans la France gaulliste, en pleine guerre d’Algérie après celle d’Indochine. Si j’étais Alain Delon, j’aurais dit « une époque où les hommes ressemblaient à des hommes et les femmes à des femmes »… Une société certes un peu uniforme mais où les personnes étaient élégantes, loin de la souvent vulgaire modernité. Voilà qu’en cette fin des années 50 déboulent de jeunes et ambitieux cinéastes répondant aux noms de Godard, Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette ou encore Resnais, bien décidés à dépoussiérer le « cinéma de papa », lançant par là même le mouvement dit de la « Nouvelle Vague ». Louis Malle est de ceux-là et après quelques courts-métrages et un doc avec le commandant Cousteau, il signe son premier film en adaptant le roman éponyme de Noël Calef. Qui est culte, de même que sa B.O, composée par le (plus que) grand Miles Davis. Le jazz, j’ai fini par m’y mettre, sur le tard. Parcours classique, après m’être « gavé » de métal, d’électro et de pop, j’ai eu envie de plus, d’autre chose. C’est pas facile au début (une nouvelle musique, c’est comme une langue étrangère), j’ai commencé par le plus accessible, le jazz bien mâtiné de rock, de funk, de pop (bref, le « jazz pas jazz » selon les puristes, que j’emmerde allègrement) et c’est encore aujourd’hui celui que je préfère, même si j’ai aussi quelques disques de « vrai » jazz (ce qu’on appelle le « bop »). En tous cas, c’est une musique qui m’intéresse et qui me plait davantage, dans l’ensemble, sur le plan esthétique (les somptueuses pochettes du label Blue Note) et sonore, que le rock et sa « mythologie » un peu surfaite (notamment le côté faussement rebelle, « on est des méchants, on casse tout sur scène »… mais on consulte les cours de la Bourse le lendemain). De Miles, on porte aux nues le plus souvent Kind Of Blue et Bitches Brew mais c’est au très rock A Tribute to Jack Johnson et au plus « ambient » In a silent way que vont mes préférences. Bon, ici, accompagné par des musiciens essentiellement français, c’est quand même très grand. Musique de nuit, évidemment, et avec ce son de trompette reconnaissable entre mille. Et le film alors ? Bien bien. Une intrigue et des rebondissements bien trouvés mais un récit un poil déséquilibré. Pourquoi s’attarder sur Ronet dans son ascenseur alors qu’il y reste bloqué ? Et à l’inverse, le dénouement est rapidement expédié. On ne peut pas dire non plus que le rôle de Ventura en commissaire soit très étoffé, on ne le voit pas mener l’enquête en dehors de brefs interrogatoires de Moreau et Ronet. L’attitude de la jeune fleuriste suite aux meurtres commis par son petit ami voyou ne me semble pas non plus très crédible (comme s’il s’agissait d’un acte relativement anodin, de tuer quelqu’un, même s’ils se sentaient menacés). Bon, mais tout ça, c’est pour chipoter, hein, je conseille quand même…          

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