mercredi 18 juin 2025

L’enfer (1994), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Paul (François Cluzet), qui a tout pour être heureux : propriétaire d’une auberge qui « tourne » bien et marié à un « avion de chasse » (Emmanuelle Béart) qui lui a donné un fils. Oui mais voilà, Paul devient de plus en plus jaloux, au point d’atteindre un état pathologique et de faire de la vie du couple un enfer.

Allez, un Chabrol, cinéaste prolifique (quasiment un film par an) de nos contrées. Je n’ai vu qu’une poignée de métrages de cette vaste filmographie, dont les deux derniers (Bellamy et La fille coupée en deux, mineurs) et La cérémonie et son final glaçant. Cela dit, la bourgeoisie de province, son hypocrisie et ses bassesses, ça va cinq minutes… Là, on est dans le registre du drame psychologique, issu d’un scénario qu’Henri-Georges Clouzot n’avait pu mener à son terme en raison de problèmes de santé (les siens et ceux de Reggiani). Cluzet m’a bien déçu au fil du temps. En une grosse vingtaine d’années, on est passé du « C’est toujours pareil, on vote à gauche et on se retrouve avec le centre. J’ai du pognon, prenez-m’en, merde ! (via les impôts, NDLR) » des « années Jospin » (1997-2002) à la défense zélée des mesures sanitaires anti-Covid et au vote Macron en 2022. Mais il convient, comme toujours ou presque, de distinguer l’homme de l’acteur. Dans le rôle de cet homme basculant peu à peu dans la folie, il est très convaincant. De même qu’Emmanuelle Béart, qui s’était déjà fait « charcuter » la bouche et dont j’avais oublié combien ses formes et sa plastique étaient démoniaques. La tension va crescendo, jusqu’à l’issue fatale, quasi insoutenable. Ironie de l’histoire, ce drame sur les violences conjugales renvoie à la douloureuse histoire personnelle de Cluzet, qui fût le compagnon à cette époque de Marie Trintignant, décédée comme chacun sait sous les coups de Bertrand Cantat une décennie plus tard. Un film à montrer aux « incels » pour les consoler et aux « MGTOW » pour les conforter dans leur choix…

lundi 16 juin 2025

Soigne ta droite (1987), de Jean-Luc Godard

 

C’est l’histoire… euh… de plusieurs personnages qui cherchent leur place sur terre (Une place sur la Terre est d’ailleurs le sous-titre du film) et du groupe Les Rita Mitsouko qui cherche le bon son en studio pour son album The No Comprendo. Enfin, j’crois qu’c’est ça…

Alors là, je m’excuse mais… quelle merde ! Jamais vu une connerie pareille… Godard m’avait déjà bien « niflé » avec son Mépris. Le gars sait faire de beaux plans, c’est indéniable (le caméraman sur son travelling à Cinecittà en ouverture, le cul de « B.B », la villa Malaparte à Capri…) mais Bardot était insupportable et l’histoire sans intérêt (Piccoli et la miss qui se chamaillent pendant des plombes en se baladant de pièces en pièces dans leur appartement). Y’avait au moins la superbe musique de Georges Delerue et son Thème de Camille pour faire passer la pilule. Bon, ici, y’a les Rita. Vous ai-je déjà fait part de l’admiration définitive que je voue à ce duo et en particulier à sa chanteuse Catherine Ringer (petit aperçu de son talent sur cette ébouriffante prestation télé de 2001) ? Et bien voilà, c’est fait. L’un des rares groupes ou artistes pop-rock français de l’époque moderne, avec Gainsbourg, Bashung et deux ou trois autres, à pouvoir à peu près soutenir la comparaison avec les anglo-saxons ou en tous cas à ne pas nous foutre complètement la honte vis-à-vis d’eux. A la fois « grand public » et artisanal dans sa manière de fonctionner et de composer, d’une grande originalité et crédible dans tous les genres abordés (pop, rock, funk, électro, world ou même valse musette). Souci, comme on les voit ici en plein processus créatif, on n’entend que des extraits de leurs morceaux, réduits à l’état de maquettes (surtout l’archi-connu C’est comme ça). Le reste est tout simplement inracontable : voix off débitant un pensum philosophique et scènes incompréhensibles. Villeret danse avec une femme à poil, regarde la regrettée Pauline Lafont (son avant-dernière apparition cinématographique) jouer au golf ou est le prisonnier d’un flic interprété par Rufus dans un train. Michel Galabru joue un amiral d’aviation lisant dans son cockpit un ouvrage intitulé Comment réussir son suicide (pas forcément ce titre mais l’idée est là). Quant à Godard, il s’amuse à faire le con dans le rôle principal de l’Idiot, titre du roman de Dostoïevski dont le film s’inspire. L’auto-dérision étant souvent la plus sûre marque de la prétention la plus absolue, rien d’étonnant à cela…

vendredi 13 juin 2025

Les hommes du Président (1976), d’Alan J. Pakula

 

C’est l’histoire de deux journalistes du Washington Post (les alors très classe et charmeurs Robert Redford et Dustin Hoffman, qui ne devraient hélas pas tarder à nous quitter), adaptée du livre éponyme écrit par lesdits journalistes (toujours le sens des affaires, ces Ricains…), qui enquêtent sur le « scandale du Watergate », provoquant la démission du président Républicain Richard Nixon en août 1974.

Deux heures d’un ennui mortel… Redford et Hoffman passent littéralement leur temps à téléphoner, faire du porte-à-porte et taper leurs articles à la machine à écrire (ils sont journalistes d’investigation, quoi…). Non seulement faut bien se souvenir des noms et des rôles des protagonistes de cette ténébreuse affaire mais en plus, on ne comprend pas toujours ce qu’ils disent ou ils parlent trop vite. Bref, on n’y pige que pouic. Cela dit, ça me permet de faire des articles de plus en plus courts, c’est toujours ça de pris…

jeudi 12 juin 2025

Frantic (1988), de Roman Polanski

 

C’est l’histoire d’un cardiologue américain (Harrison Ford) qui se rend à Paris avec sa femme pour un colloque. Ils se rendent compte à leur arrivée à l’hôtel qu’ils se sont trompés de valise à l'aéroport. Puis, alors qu’il prend sa douche, sa femme disparait mystérieusement. Peu aidé par la police française ni par l’ambassade américaine, le voila contraint de mener sa propre enquête, malgré la barrière de la langue. Il va alors retrouver la propriétaire de la valise en sa possession (Emmanuelle Seigner), une jeune femme mystérieuse qui l’aidera à remonter la piste des kidnappeurs de son épouse.

J’enchaine avec un film du controversé Polanski, un de ces nombreux grands cinéastes que j’ai trop longtemps délaissés. Ben, mauvaise pioche. Ce n’est certes pas mauvais mais ce n’est pas fou-fou non plus. Ca manque de suspense, de rebondissements, d’action au sens large (pas forcément de courses-poursuites et de fusillades, hein…), limitée ici à une scène dans un parking (premier échange avorté avec les ravisseurs) et une autre sur les toits parisiens. Harrison Ford fait partie, avec Bruce Willis ou Richard Gere, de ses acteurs « mono-expressifs » (d’ailleurs, ils n’ont jamais eu d’Oscar et rarement de nominations). Bref, c’est peut-être aussi dû à mon anhédonie chronique mais pour un film réputé « culte » (?), je m’attendais à plus...

mardi 10 juin 2025

Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de Pepa (Carmen Maura), amoureuse d’Iván (Fernando Guillén), qui s’apprête à la quitter. Tous deux travaillent comme acteurs de doublage. Pepa découvre l’existence de Lucía (Julieta Serrano), ex d’Iván, tout juste sortie d’hôpital psychiatrique. Ayant mis son appartement en location, elle reçoit la visite d’un couple intéressé : Carlos (Antonio Banderas), qui n’est autre que le fils… d’Iván et Lucía, et sa compagne Marisa (Rossy de Palma). Comme si cela ne suffisait pas, son amie Candela (María Barranco) se pointe aussi chez elle, ayant découvert que son petit ami était en réalité un… terroriste chiite !

Mon troisième Almodóvar et mon préféré, de loin. Talons aiguilles mériterait peut-être un nouveau visionnage (vu il y a quelques années, bof bof) et Kika, bien que pas mal, comportait deux scènes de cul un peu longuettes. Ici, on retrouve ce qui semble être deux constantes de son cinéma : les couleurs pétaradantes et les femmes, fortes, elles aussi « hautes en couleur » et, il faut bien le dire, un peu « têtes à claques ». On suit avec jubilation les aventures pleines de rebondissements de Carmen Maura (vue aussi chez nous, notamment dans Le bonheur est dans le pré de Chatiliez ou Alliance cherche doigt de Mocky), confrontée à ses peines de cœur et sur laquelle le sort et les problèmes semblent s’acharner. Scénario astucieux (les imbrications entre les personnages) et mise en scène suffisamment rythmée. Pas forcément à conserver (quoique…) mais visionnage vivement conseillé si vous aimez les comédies romantiques cocasses.

dimanche 8 juin 2025

Le coût de la vie (2003), de Philippe Le Guay

 

« Mon p’tit, pour sucer des bites, il faut du talent, tu sais… »

C’est l’histoire de six personnages qui se côtoient ou se frôlent et de leur rapport à l’argent : un restaurateur (Vincent Lindon) qui préfère « taper dans la caisse » pour faire des cadeaux ou investir plutôt que de payer ses dettes URSSAF ; un de ses cuistots (Lorànt Deutsch), lui aussi plutôt du genre généreux ; une jeune fille (Isild Le Besco) qui refuse de toucher à son héritage afin d’être aimée pour elle-même et pas pour son argent, embauchée comme serveuse dans ledit restaurant grâce au cuisiner ; une escort-girl de luxe sans état d’âme (Géraldine Pailhas) ; un homme sujet à constipation (Fabrice Luchini), radin comme pas deux bien que « friqué » ; un homme d’affaires richissime (Claude… Rich… Un nom prédestiné 😄) qui s’apprête à prendre sa retraite, indifférent aux drames humains provoqués par les délocalisations de son empire industriel. Il y a donc les « cigales » et les « fourmis », les cyniques et les « romantiques »…

DVD trouvé à… 50 cents dans un Cash Express mais… dans sa version promotionnelle : « Ne peut être vendu ni loué » apparaît en bas de l’écran tout au long du film, sans que cela soit trop gênant. Après Le prix à payer, Cliente et Libre échange, voilà donc encore une comédie (dramatique) où il sera question d’argent et de cul et/ou d’amour (bref, ce qui fait « tourner » - pas bien rond - ce monde…). Cet argent qui corrompt, pervertit et finalement nous tue. Et si un grand acteur, c’était un comédien capable de dire une réplique improbable de façon tout à fait naturelle ? Comme Claude Rich, qui nous sort cette « perle » citée plus haut lorsque Le Besco lui dit qu’elle « préfèrera encore sucer des bites sur l’autoroute plutôt que de toucher à son héritage » (et comme Marielle dans Tenue de soirée ou Michel Bouquet dans Les côtelettes. En 2025, un grand acteur, ça bouffe les pissenlits par la racine, en somme). Dans le rôle de l’infirmière que Rich tente en vain de séduire, on reconnait Chloé Mons, qui fût la dernière épouse du regretté Alain Bashung. Film choral bien construit et bien trouvé mais pas de nature à nous « donner la banane », tant il nous rappelle trop le morose quotidien (la vie de famille, les délocalisations, les banques…) et la prégnance du Dieu Argent sur nos vies esclavagisées.

samedi 7 juin 2025

Misery (1990), de Rob Reiner

 

C’est l’histoire d’un écrivain (James Caan), auteur de romans « à l’eau-de-rose » avec sa saga Misery, qui désire réorienter sa carrière vers des histoires plus sérieuses en faisant mourir l’héroïne de cette série à succès. Victime d’un grave accident de voiture lors d’une tempête de neige, il est recueilli par une infirmière (Kathy Bates) se déclarant sa plus grande admiratrice dans sa maison isolée. Mais lui faisant part de ses nouveaux desseins, celle-ci ne l’entend pas de cette oreille…

Adaptation du roman éponyme de Stephen King, le succès était quasi-assuré avec un tel script. Sans surprise, la prestation très « Actors Studio » de Kathy Bates dans le rôle de cette infirmière complètement chtarbée lui valut l’Oscar de la meilleure actrice. La grande Lauren Bacall interprète la productrice de l’écrivain. Il a bien fallu faire quelques concessions avec le réalisme : la convalescence de l’écrivain paraît bien longue (certes, il n’était pas à l'hôpital…) et on ne peut pas dire que ciel et terre soient remués pour le retrouver, malgré sa célébrité (seul un couple de shérifs âgé part à sa recherche). Mais le véritable point noir du film reste son final, qui verse malheureusement dans le « grand-guignol » avec son « jump scare » attendu. Dommage, nous n’étions pas loin de l’éclatante réussite.

vendredi 6 juin 2025

Indochine (1992), de Régis Wargnier

 

C’est l’histoire de l’Indochine française sur trois décennies, des années 20 jusqu’aux accords de Genève de 1954 qui scelleront son indépendance et la fin de l’occupation coloniale française. C’est aussi l’histoire d’Éliane (Catherine Deneuve), à la tête d’une exploitation de plantations d'hévéa, qui tombe amoureuse d’un beau lieutenant de la marine française, Jean-Baptiste (Vincent Perez). Mais sa fille adoptive (Linh-Dan Pham) aussi…

Oscar du meilleur film étranger et cinq César (dont celui de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve) pour cette fresque épique qui m’aura émotionnellement « essoré », moi qui suis pourtant plutôt rétif aux films historiques (on a tous nos préjugés et nos « œillères »). Inutile de préciser que les décors naturels sont magnifiques (la baie d'Along). Le film sait surligner ses scènes poignantes (prévoir son paquet de kleenex...) d’une ample musique orchestrale, ce qui a dû contribuer à plaire aux « Ricains ». Après Cyrano de Bergerac, Vincent Perez enchaine avec une autre grosse production à succès (il récidivera deux ans plus tard avec La Reine Margot. De quoi vous « blinder » une carrière…). On ne fait plus de films français comme ça de nos jours, on n’oserait plus (Le comte de Monte-Cristo ? Pas vu mais entre « Cathy » et Pierre Niney, mon choix est vite fait).

mercredi 4 juin 2025

Dans la peau de John Malkovich (1999), de Spike Jonze

 

C’est l’histoire, complètement folle, d’un marionnettiste raté maqué avec une amoureuse des animaux (ils en ont plusieurs à la maison). Il se résout à chercher du travail et se fait embaucher comme administratif par une entreprise située dans un building au 7ème étage… et demi, ce qui contraint les salariés à se déplacer voutés, le plafond étant très bas. Un jour, il découvre par hasard dans un bureau de la boite un passage qui mène… au cerveau de John Malkovich !

Y’a qui dedans ? John Cusack joue le rôle du marionnettiste, Cameron Diaz (méconnaissable, châtain et un peu enlaidie) celui de sa femme, Catherine Keener est la collègue de travail dont Cusack tombe amoureux. Quant à John Malkovich, dont l’ambivalence fait tout le charme, il incarne bien évidemment son propre personnage. On reconnait aussi Charlie Sheen et divers « caméo » (Sean Penn, Brad Pitt, Michelle Pfeiffer…).

Et c’est comment ? Tout d’abord merci (et petite pub au passage) à Cinéphile Schizophrène pour avoir rappelé ce film à mon bon souvenir en lui consacrant récemment un article sur son blog. Un film que je connaissais de nom mais que je n’avais jamais eu la curiosité de voir et que j’avais quelque peu oublié. Spike Jonze, dont c’est le premier long-métrage, je connais forcément. Il fût un réalisateur de clips remarqué dans les années 90 pour de grands noms du pop-rock et de la musique électronique. On peut citer notamment Björk (It's Oh So Quiet), Fatboy Slim (The Rockafeller Skank) ou encore les Chemical Brothers (Elektrobank, où il transforme sa meuf de l’époque, la future réalisatrice Sofia Coppola, en gymnaste émérite). On retrouve sa créativité et son originalité dans ce pitch complètement délirant où un homme découvre donc un tunnel menant au psychisme de John Malkovich. Durant quinze minutes, il voit et entend à travers l’acteur, avant d’être « éjecté » et de se retrouver en périphérie de la ville. Jusqu’à ce qu’il finisse, à force d’entrainement, à rester dans le corps de Malkovich et à le contrôler, dans le but de séduire sa collègue de travail. Problème, sa femme (Cameron Diaz) en est elle aussi tombée amoureuse (les prémices du « wokisme » ? Cf. le final). Passée la surprise initiale, le film a néanmoins tendance à s’embourber dans les méandres de ce triangle amoureux et ne propose que quelques fulgurances, comme lorsque Malkovich, découvrant le « pot aux roses », s’introduit lui-même dans le passage et atterrit dans un monde où tous les individus, quel que soit leur sexe, ont son visage (d’où l’affiche). Verdict : mieux que ce que j’aurais imaginé mais aurait pu être encore meilleur (ou bien suis-je trop exigeant ?), malgré deux-trois bonnes idées (le couple avec la ménagerie à la maison, l’entreprise avec le plafond très bas et la secrétaire sourde qui comprend tout de traviole…).

Chimpanzé : oui

Femme à tête de John Malkovich : oui

Femme à poil : non

mardi 3 juin 2025

Libre échange (2010), de Serge Gisquière

 

« S’il est moche, il a qu’à être intelligent. S’il est con, il a qu’à être riche. Et s’il est riche, il peut se permettre d’être moche et con. » (1)

C’est l’histoire de Marthe, escort-girl de luxe qui rêve de se ranger et de mener une vie ordinaire. Son chauffeur la branche sur un coup : faire chanter un politicien affichant des convictions conservatrices mais adepte de rencontres sexuelles tarifées. Peu emballée, elle rencontre par hasard Jocelyne, une jeune femme qui s’est fait plaquer par son compagnon (c’est en tous cas ce qu’elle dit). Lui vient alors l’idée de lui faire endosser ce rôle de Monica Lewinsky européenne.

C’est avec qui ? Carole Bouquet est l’escort Marthe, Julie Depardieu, Jocelyne et le réalisateur (belge) Serge Gisquière joue le chauffeur.

Et c’est bien ? Je fais partie des 89 503 individus m’étant déplacé en salle obscure pour voir ce qu’il est convenu d’appeler « cette merde »… C’était lors de l’entre-deux fêtes de fin d’année de l’an 2010, une époque où j’allais encore au cinéma, notamment pour voir ce genre de… « merdes » françaises, donc. Carole Bouquet… C’est fou les efforts déployés par cette dame pour casser son image de femme hiératique, forgée chez Buñuel (Cet obscur objet du désir), Blier (Buffet froid, Trop belle pour toi) ou d’autres. Dans Grosse fatigue de Michel Blanc déjà, elle enjoignait celui-ci de « la prendre comme une ouvrière ». Ici, on la voit en survêt dans une supérette ou enchainant les formules choc à base de grossièretés (elles sont toutes dans les bandes-annonces). De là à ce qu'on nous la montre sur le « trône » dans un prochain film, il n’y a qu’un pas… Quant à Julie Depardieu, ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’elle est la moins douée de la famille (deux Césars de meilleur second rôle féminin dans deux films de Claude Miller, quand même). Bon, je l’ai dit, le film est nul à chier. Il ne lésine pas sur les clichés : le politicien « chevalier blanc » pris la main dans le sac (ou plutôt… la bite dans la chatte 😄), le coiffeur gay (mon dieu…), le client de prostituées amoureux transi… Le titre sent le « brainstorming » (z’avez pigé le double sens ? Libre échange pour l’échange de situation entre les deux femmes, l’échangisme sexuel et le libre-échange du commerce international, les clients de l’escort évoluant dans l’univers des instances européennes) et le « pitch » est risible (l’escort doit récupérer dans les WC le préservatif rempli de la semence du politicard, de mémoire). Tous les meilleurs moments sont dans les bandes-annonces (voir ci-dessous), de même que la musique (une reprise du The Model de Kraftwerk), pas la peine d’aller au-delà...   

Préservatif usagé : oui

Verre de rouge : oui

Femme à poil : non

Bande-annonce

Trailer 1

Trailer 2  

(1) c’est tout à fait ça, en plus…

lundi 2 juin 2025

Kika (1993), de Pedro Almodóvar

 

« En réalité, les hommes à moustaches sont des pédales ou des fachos, quand c’est pas les deux à la fois. » (1)

C’est l’histoire, assez rocambolesque et embrouillée, de quelques personnages : Ramon, un photographe voyeur hanté par le suicide (du moins le croit-on) de sa mère ; son beau-père Nicholas, écrivain ; Kika, maquilleuse pour la télévision, qui entretient une relation avec les deux ; sa femme de ménage Juana ; Pablo, acteur de films pornos et frère de cette dernière ; et Andrea « Balafrée », présentatrice de téléréalité.

Y’a qui dedans ? Kika est jouée par Verónica Forqué et Ramon par Àlex Casanovas. Davantage connus du public français, le casting intègre également Peter Coyote (Nicholas), Rossy de Palma (Juana) et la « muse » de l’époque du réalisateur, Victoria Abril (la présentatrice sans scrupules Andrea).

Et c’est comment ? Un peu éprouvant par moments. Je vais me « taper » quelques Almodóvar, toujours dans l’optique de « ne pas mourir idiot »… Bon ben, on peut dire que le gars est du genre déjanté. Décors et vêtements aux couleurs chatoyantes, scènes de sexe et langage crus, violence (un petit peu), nanas fagotées et s’exprimant comme des « cagoles », situations « abracadabrantesques » (comme dirait Chichi) sont les principaux ingrédients de cette farce se voulant une satire de la « télé poubelle » des reality-shows et de son absence totale d’éthique. Verónica Forqué est doublée de façon horripilante par Odile Schmitt (voix française régulière d'Eva Longoria et du personnage Lola Bunny) et son viol par l’acteur porno Pablo, bien que tourné de façon humoristique, dure des plombes puisque le mec enchaine trois (!) orgasmes à la suite. Le « fruit » du quatrième atterrit… sur la joue de Victoria Abril, Pablo se « finissant » sur le balcon tandis qu’elle s’apprêtait à entrer dans l’immeuble… Y’a aussi quelques meurtres, notamment à la fin. Déjanté, vous disais-je…

Caméra portative sur la tête : oui

Goutte de sperme factice : oui

Femmes (et hommes) à poil : oui, c’est pas ça qui manque (des seins et des fesses surtout, bien évidemment, mais aussi une chatte poilue)…

(1) : ils ne sont pas forcément moustachus, y’a qu’à voir quelques-uns des principaux cadres du RN…😄