lundi 30 juin 2025

Vous n’avez encore rien vu (2012), d’Alain Resnais

 

« La vie est là, qu’est-ce que tu veux… Il faut bien la vivre... »

C’est l’histoire d’une dizaine de comédiens convoqués post-mortem par le dramaturge Antoine d'Anthac (Denis Podalydès). Celui-ci leur projette la captation filmée d’une mise en scène de sa pièce Eurydice, qu’ils ont tous joué naguère, interprétée par une jeune troupe afin de connaître leurs impressions.

Ouais ben, j’aurais mieux fait de ne rien voir… Autant j’aime généralement bien Resnais (mort à Neuilly), autant celui-là est redoutablement chiant. Nous sommes amenés à regarder des comédiens qui jouent leur propre rôle en train de regarder une célèbre pièce de théâtre jouée par d’autres comédiens, en herbe ceux-là. Et devant ce spectacle, les souvenirs se ravivent et les spectateurs se mettent eux aussi à rejouer la pièce. Les rôles principaux Orphée et Eurydice passent ainsi alternativement du couple Arditi-Azéma à celui composé de Lambert Wilson (né à Neuilly) et Anne Consigny et à celui des jeunes comédiens. Même si c’est fatalement l’immuable duo Arditi / Azéma qui se taille la part du lion (pas de Dussollier en revanche pour cette fois, il devait avoir piscine…), on imagine que la production a dû faire preuve de diplomatie afin de ne froisser aucun égo, en donnant à chacun et chacune son quota de scènes et de temps à l’écran. A ce petit jeu, Mathieu Amalric (né à Neuilly) s’en sort plutôt bien. Partez pas avant la fin, y’a une surprise : Podalydès (né à... Versailles) n’est en fait pas mort (ça alors !). Enfin, pas tout de suite car il cassera sa pipe juste un peu plus tard. Mais qu’importe puisque sa pièce continue d’être jouée. Qu’est-ce qu’on s’amuse…

Chinatown (1974), de Roman Polanski

 

« C’est Chinatown... »

C’est l’histoire de Jake Gittes (Jack Nicholson), détective privé engagé par Evelyn Mulwray, qui soupçonne d’adultère son mari Hollis Mulwray, ingénieur au département des eaux de Los Angelès. Ce qu’il pensait être une affaire facile et banale va l’emmener dans des méandres insoupçonnés. En effet, il s’avère que la personne qui l’a engagé n’est pas la véritable Evelyn Mulwray (Faye Dunaway) et Hollis Mulwray est retrouvé mort, noyé, peu de temps après.

Voila ce que j’appellerais un « vrai » film : la reconstitution des années 30 (décors naturels ou en studio, costumes…), une ambiance de film noir, une enquête intéressante, un duo d’acteurs mythiques, un réalisateur qui sait où placer sa caméra (souvent derrière Nicholson pour que le spectateur adopte son point de vue)… Dernier film de Polanski en Amérique (pour les raisons que l’on sait), il peut être rattaché au mouvement contre-culturel du « Nouvel Hollywood » (fin des années 60 – début des années 80), influencé par notre « Nouvelle Vague » et le néoréalisme italien. Bien sûr, dans ce genre d’intrigue compliquée, mêlant meurtres, corruption, affaires immobilières louches et secrets de famille bien gardés, il faut suivre et on se demande toujours si l’on aurait eu nous-mêmes la même réaction que les protagonistes si on était à leur place face à tel ou tel évènement. C’est néanmoins bien mené et on dénoue les fils de cette ténébreuse histoire petit à petit. Polanski joue un petit rôle de malfrat qui coupe le nez de Nicholson, une scène qui fût difficile à tourner. Sous son impulsion, le film déroge à l’habituel « happy end », ce qui n’est pas plus mal. Très bonne musique jazzy de Jerry Goldsmith, qui colle parfaitement à l’ambiance et à l’époque. Onze nominations aux Oscars 1975 (mais une seule victoire, celle du meilleur scénario) et une sélection au National Film Registry de la bibliothèque du Congrès des États-Unis en 1991.

dimanche 29 juin 2025

Sailor & Lula (1990), de David Lynch

 

C’est l’histoire de… Sailor (Nicolas Cage) et Lula (Laura Dern. Non, pas le président du Brésil, hein, grosses taches…) qui s’aiment à la folie. Mais cette union contrarie Marietta (Diane Ladd), la mère de Lula. Sailor sera condamné à deux ans de prison pour avoir tué son agresseur, embauché par Marietta. A sa sortie, Lula vient le chercher et ils prennent la route pour la Californie. Marietta demande à ses deux amants, un détective privé et un gangster, de se lancer à leur poursuite et d’éliminer Sailor.

Bon ben, Lynch c’est comme Le silence de agneaux ou Kubrick (à part Shining, son plus « facile »), j’ai décidément du mal à percevoir le « génie ». J’avais rien pigé à Mulholland Drive et Blue Velvet m’était sympathique (quelques scènes de suspense à l’appartement et Isabella Rossellini à oilpé), sans plus. Rien à reprocher sur la forme, c’est sur le « fond » (les histoires) que ça coince. Cela débutait fort mal avec une scène très violente où Cage écrase littéralement l’arrière du crâne de son agresseur à grands coups contre le sol. Il y aura une autre scène sanglante vers la fin mais moins réaliste, limite quasi-comique (un coup de fusil qui arrache la tête de Willem Dafoe). On s’attend à un « road movie » avec notre couple d’amoureux pourchassé par les sbires lancés à leurs trousses par la marâtre de Dern mais pas du tout, on bifurque vers un holp-up qui tourne mal, initié par Willem Dafoe et dans lequel s’est laissé embarquer Cage. Surtout, je n’ai ressenti aucune empathie pour ce couple de jouisseurs superficiels qui passent leur temps à baiser et à pogoter dans des concerts de hard-rock. Sans oublier le gimmick « cucul » du Love Me d'Elvis Presley chanté par Cage. Bref, une déception, surtout pour une Palme d’Or à Cannes...

vendredi 27 juin 2025

Le bal des casse-pieds (1992), d’Yves Robert

 

C’est l’histoire d’Henry (Jean Rochefort), vétérinaire de son Etat, confronté à une cohorte de casse-pieds : la sœur envahissante (Hélène Vincent), le propriétaire des chiens qu’il soigne (Jean Carmet), désireux de l’inviter coûte que coûte dans sa maison de campagne, l’ami qui ne manque jamais de lui faire part de ses déboires amoureux (Jacques Villeret)… Dans cet enfer, une étincelle pourtant, prenant les traits de Louise (Miou-Miou), rencontrée lors d’un accident de la route avec un autre de ces pénibles.

On prend les mêmes (Yves Robert à la réalisation, Jean-Loup Dabadie aux scénario et dialogues et le quatuor Rochefort – Lanoux – Brasseur – Bedos à l’interprétation) mais est-ce qu’on recommence ? Si on veut mais avec beaucoup moins de bonheur que le diptyque Un éléphant ça trompe énormément / Nous irons tous au paradis. Film construit comme une suite de sketches mais racontant néanmoins une histoire, centrée autour de Rochefort. Un Rochefort bien entouré puisqu’on a quasiment une star (ou en devenir : Lemercier, Timsit) par rôle, même s’il dure cinq minutes (Miou-Miou, Villeret, Carmet, Vincent, Lanoux, Brasseur, Yanne, Piccoli, Bedos, Bacri et même la chanteuse Véronique Sanson, n’en jetez plus !). Un peu comme, dans un genre différent et encore avec Rochefort, pour le Ne le dis à personne de Guillaume Canet en 2006 (« tant et si bien que Depardieu ou Auteuil menacent à chaque instant de surgir dans la peau d’un flic, d’un gangster ou d’un piéton », Chronicart 😄). De quoi attirer du monde dans les salles obscures (un peu plus d’un million trois cent mille entrées). Malheureusement, bien qu’on prenne plaisir à retrouver ces acteurs pour la plupart attachants, le film est globalement plutôt faible, a pas mal vieilli et a recours à des ressorts comiques assez usités. Dommage.

Citizen Kane (1941), d’Orson Welles

 

C’est l’histoire de Charles Foster Kane (Orson Welles), grand magnat de la presse dans les années 30-40, qui meurt dans son manoir en prononçant dans un dernier souffle « rosebud » (« bouton de rose »). Un journaliste va tenter de découvrir le sens de ce mot et rencontrer celles et ceux qui ont côtoyé Kane, dressant ainsi petit à petit son portrait et son parcours.

C’est l’histoire du « meilleur film de tous les temps », selon de nombreux observateurs, dont l’histoire retiendra que j’aurai attendu juin 2025 pour le voir (comme j’ai attendu avril 2021 pour écouter le Dark Side of the Moon de Pink Floyd pour la première fois, avec un sentiment mitigé).

Le snob consensuel / l’IA (qui, rappelons-le, n’est que le perroquet de celui qui la programme…) : « Par ses innovations techniques et narratives inouïes (flashbacks, travellings, fondus, profondeur de champ, plongées et contreplongées…), Citizen Kane révolutionne la grammaire cinématographique et s’impose comme une œuvre majeure, voire quintessencielle, du 7ème Art. »

Le blasé peu loquace : « Mouais, y’a quand même pas de quoi se relever la nuit… »

L’obsédé : « Ça manque quand même de fesses et de nichons, cette affaire… Pour la peine, je vais plutôt me mater Citizen Shane, sa parodie porno mise en boite par Marc Dorcel en 1994, avec Anita Rinaldi et Draghixa dans leurs prouesses buccales, vaginales et anales. »

Le biberonné aux Tuche et à Mission Impossible : « C’est quoi, cette merde ? Y’a pas de VF, c’est en noir et blanc et on s’emmerde un max ! »

Je vous laisse deviner à quelle(s) catégorie(s) j’appartiens…

jeudi 26 juin 2025

Attache-moi ! (1990), de Pedro Almodóvar

 

« Les Allemands ont su penser à leur vieillesse dès l’âge de 18 ans. Alors que les Espagnols, les Espagnols… Les Espagnols, eux, ne pensent à leur retraite que lorsqu’ils y sont… C’est-à-dire… trop tard. » (publicité pour un compte épargne retraite)

C’est l’histoire de Ricky (Antonio Banderas), un orphelin qui sort d’un hôpital psychiatrique avec le fol espoir de se réinsérer et de mener une vie « normale » avec travail, femme et enfants. Il se souvient avoir eu une aventure d’un soir avec Marina (Victoria Abril), une ancienne actrice porno reconvertie dans le cinéma d’horreur de série B. Il va alors retrouver sa trace et la séquestrer chez elle jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse de lui.

Après le succès de Femmes au bord de la crise de nerfs sorti deux ans plus tôt, « l’enfant terrible » du cinéma espagnol bénéficie pour ce nouveau projet d’un budget confortable. Pour incarner cette histoire d’amour entre deux marginaux, il fait appel à un duo d’acteurs dont l’alchimie sera fusionnelle : son complice récurrent Antonio Banderas et, pour la première fois dans un grand rôle, Victoria Abril, qui deviendra son égérie l’espace de trois films (Talons aiguilles et Kika suivront peu après). Les deux sont parfaits dans leur rôle (oui, Victoria est… bonne, dans les deux sens du terme). Bon, y’a encore une longue scène de cul (et une autre, onaniste, de Victoria dans sa baignoire), dont l’acteur et réalisateur gréco-américain Elia Kazan dira qu’elle était la plus convaincante qu’il ait vu dans sa vie et qui vaudra au film un inédit « interdit aux moins de 17 ans » dans la très prude (et hypocrite) Amérique. Mais elle se justifie, dans la mesure où elle célèbre la « victoire » de Banderas face à une Abril atteinte de ce qu’on appelle le « syndrome de Stockholm » (empathie voire affection ressentie par la victime pour son agresseur). Une histoire d’amour ma foi fort originale, servie par deux interprètes attachants, dont le plus vulnérable n’est finalement pas forcément celui qu’on croit.

Rien ne va plus (1997), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Victor (Michel Serrault) et Betty (Isabelle Huppert), un petit couple d’escrocs qui écume les séminaires d’entreprises ou congrès de professionnels médicaux de France et de Navarre à bord de leur camping-car, à la recherche de futurs « pigeons » à dépouiller. Un jour, Betty parle à Victor de Maurice (François Cluzet), un financier qu’elle a commencé à séduire il y a un an et qui prépare un gros transfert d’argent (5 millions de francs suisses) de la Suisse vers la Guadeloupe. Mais cette histoire va les embarquer dans des eaux plus troubles et dangereuses que celles qu’ils ont l’habitude de fréquenter…

Deux ans après La cérémonie et son implacable parabole sur la lutte des classes, Chabrol nous revient avec un sujet en apparence plus léger. Et cela part plutôt bien, très bien même. Huppert et Serrault dérobent le pauvre Jacky Berroyer qui s’est laissé séduire par l’actrice, « muse » du réalisateur et affublée d’une perruque brune. On s’attend donc à des aventures « gentillettes » pour ce petit couple de modestes escrocs (dont nous n’apprendrons les liens qui les unissent qu’à la fin du métrage). Petit jeu d’échange de valises entre le duo et Cluzet, qui manipule qui, suspense. Hélas, à l’arrivée de Jean-François Balmer (véritable propriétaire de la mallette et du magot qu’elle contient) et de son homme de main Jean Benguigui, le film bascule dans le dramatique, sur fond de Tosca et on a du mal à y croire et à adhérer (enfin, « j’ai » du mal…). Puis on retombe sur un « happy end », comme si de rien n’était. Mais le charme est rompu et ce film m’a laissé sur ma faim, malgré un trio d’acteurs principaux « 5 étoiles ». Il y aurait eu tellement mieux à faire, en poursuivant dans le registre de la comédie…

mardi 24 juin 2025

Aimer, boire et chanter (2014), d’Alain Resnais

 

« Sexuellement, c’est plutôt le calme plat depuis longtemps… Comme ils disent dans les westerns : ça fait longtemps que les caravanes ne passent plus par ici… »

C’est l’histoire de George, atteint d’un cancer en phase terminale (il n’en a plus que pour six mois, tout au plus) et de trois couples, dans le Yorkshire : son ex-femme Monica (Sandrine Kiberlain) et son nouveau compagnon, l’agriculteur Siméon (André Dussollier) ; son meilleur ami Jack (Michel Vuillermoz) et son épouse Tamara (Caroline Silhol) ; son premier amour Kathryn (Sabine Azéma) et son mari Colin (Hippolyte Girardot). Acteur avec Tamara, Kathryn et Colin dans une petite troupe de théâtre en pleine répétition d’une pièce, George exerce une forte attraction sur chacune des femmes, mettant en péril les trois couples.

Dernier (et encore plutôt bon) film du « magicien » Resnais, disparu quelques semaines avant sa sortie française et troisième adaptation d’une pièce du dramaturge britannique Alan Ayckbourn, après le pari fou Smoking / No smoking en 1993 et Cœurs (dont j’ai aussi un très bon souvenir) en 2006. Oui, c’est (ô combien !) du théâtre mais aussi du cinéma. Quelques similitudes avec Smoking… : le Yorkshire, les décors en carton-pâte, les dessins de BD (générique du début dans Smoking…, interludes montrant dans quel domicile aura lieu la scène suivante ici), beaucoup de scènes à deux personnages (mais six interprètes ici, en lieu et place du seul duo Arditi / Azéma dans Smoking…). Azéma (dernière épouse du réalisateur) retrouve son rôle habituel de femme enjouée et pétillante tandis que George, autour duquel tourne toute l’intrigue, sera invisible tout au long du film. Le final donne lieu à un rebondissement inattendu. Par ses facéties et sa vitalité jamais démenties, le cinéaste parvient à moderniser un genre (le vaudeville) qui, sans ça, sentirait sérieusement la naphtaline.

lundi 23 juin 2025

Répulsion (1965), de Roman Polanski

 

C’est l’histoire de Carol (Catherine Deneuve), jeune femme belge manucure à Londres, comme sa sœur Helen (Yvonne Furneaux) avec qui elle vit dans un grand appartement. Très introvertie, fuyante, elle repousse les avances de Colin (John Fraser), un homme rencontré par hasard et qui la courtise. Elle n’est pas à l’aise non plus avec la liaison qu’entretient sa sœur avec Michael (Ian Hendry), un homme marié. Un jour, ceux-ci partent en voyage une quinzaine de jours en Italie et laissent Carol seule dans l’appartement.

Allez, on reste chez les dingues… Second film de Polanski, après Le couteau dans l’eau de 1962. Petit budget (dépassé) et grand succès (Ours d’argent à la Berlinale). Entre drame psychologique et film d’épouvante, on pense bien sûr à Hitchcock mais aussi à Clouzot (le mort dans la baignoire pleine, comme dans Les diaboliques). Deneuve n’a pas dû trop peiner à apprendre son texte, vu qu’elle est mutique la plupart du temps. Ce qui s’avère d’ailleurs parfois un peu chiant (surtout au début) mais qui in fine colle parfaitement à son personnage sombrant peu à peu dans la folie la plus totale. « Jumpscares » (hallucinations) savamment dosés. Le noir et blanc atténue à peine la sauvagerie des deux meurtres commis par la jeune femme sévèrement dérangée. B.O jazz rétro en parfaite adéquation avec l’époque. Vu et approuvé, malgré quelques légères longueurs et une ambiance un peu pesante.

samedi 21 juin 2025

La pianiste (2001), de Michael Haneke

 

« Ensuite, enlève le bâillon, s’il te plait et assieds-toi sur ma figure et donne-moi des coups de poing dans l’estomac pour m’obliger à enfoncer ma langue dans ton derrière. »

C’est l’histoire d’Erika Kohut (Isabelle Huppert), professeur de piano au Conservatoire de Vienne. Autoritaire et cassante avec ses élèves, « vieille fille » sous la coupe d’une mère possessive (Annie Girardot), elle trouve dans l’automutilation sadomasochiste, le voyeurisme et le visionnage de vidéos pornos en cabine individuelle des substituts à sa misère affective et sexuelle. Lors d'un récital, elle rencontre Walter Klemmer (Benoît Magimel), qui va tenter de suivre ses cours.

Un film « coup de poing » (plus précisément « Huppert-cut », ah ah !). A ne pas confondre avec son pendant masculin, réalisé par Polanski l’année suivante. Ca démarre fort avec une scène où Girardot, telle une « gestapiste », tente de faire avouer à Huppert où elle a passé les trois heures écoulées entre la fin de ses cours et son retour à leur domicile. Des coups sont échangés avant réconciliation. Bonjour l’ambiance… On suit ensuite Huppert dans son quotidien de professeur de piano hautaine et sévère, ses virées dans les lieux de diffusion pornographique (à ce propos, j’ai loupé un épisode ou bien ? La jaquette du DVD et la fiche Wikipedia indiquent une interdiction aux moins de 16 ans… alors que des scènes de films X – pénétrations, fellation en « gorge profonde » - non floutées sont montrées pendant quelques secondes…), ses séances d’automutilation de l’entrejambe et sa rencontre avec Magimel. Le réalisme est malheureusement rompu lors d’une interminable et grotesque scène dans les toilettes (non fermées !) d’une salle de concert, où Huppert masturbe Magimel avant de lui prodiguer une fellation, tout en prenant soin de le frustrer. Puis, le film bascule dans le comique involontaire (sur mon organisme, tout du moins) lorsque Magimel lit à voix haute les instructions SM d’Huppert (dont j’ai retranscrit une partie ci-dessus) devant elle et dans sa chambre, dont ils ont bloqué l’accès avec un gros meuble pour laisser Girardot à l’écart. Rebelote dans le malaisant avec une nouvelle scène de sexe insatisfaisante entre Magimel et Huppert, celle-ci vomissant lors d’un « facefuck », dans la remise de la patinoire où il joue au hockey sur glace. Mais ce n’est rien par rapport à la suite où tout ce petit monde va définitivement sombrer dans la folie. Magimel, lassé par ces humiliations à répétition, va débarquer une nuit chez Huppert, la frapper et la violer, après avoir enfermé Girardot dans sa chambre. Une fois parti, Huppert fera exploser son trop-plein de sentiments et de fantasmes si longtemps refoulés en embrassant vigoureusement Girardot sur la bouche. Je me rends compte que je vous ai tout raconté, sauf la fin, un peu abrupte, où Huppert est censée remplacer à une représentation une élève convalescente dont elle est responsable de l’accident (en ayant placé des morceaux de verre brisé dans ses poches). Oui mais lire et voir sont deux expériences différentes. Selon la formule consacrée, vous ne sortirez pas indemne de cette histoire aux contrastes saisissants entre la beauté de la musique (Schubert) et une sexualité sordide et avilissante. Ah, dernier détail en passant : interprétation évidemment formidable, en particulier des deux actrices principales (mais vu leur pedigree, en doutiez-vous ?).

vendredi 20 juin 2025

Cyrano de Bergerac (1990), de Jean-Paul Rappeneau

 

« Et à la fin de l’envoi, je touche. »

C’est l’histoire de Savinien de Cyrano de Bergerac (Gérard Depardieu), au 17ème siècle. Personnage flamboyant, aussi à l’aise à l’épée qu’avec les mots et poète à ses heures, il est en revanche laid, en raison d’un nez protubérant. Désespérant de pouvoir séduire la femme qu’il aime, sa cousine Roxane (Anne Brochet), celle-ci lui apprend qu’elle aime le jeune et beau Christian de Neuvillette (Vincent Perez). Cadet de Gascogne comme lui, Cyrano va alors aider Christian, peu doué avec les femmes, en écrivant pour lui ses lettres d’amour à Roxane. Mais le Comte de Guiche (Jacques Weber) est lui aussi épris de la belle et pendant ce temps, la guerre contre les Espagnols couve…

Que dire qui n’ait pas déjà été dit sur cette adaptation de la pièce de théâtre éponyme de « mon pays » Edmond Rostand et son impressionnante moisson de récompenses, aussi bien en France qu’à l’étranger ? Bon, « film de cape et d’épée » + « musique de chambre », c’est normalement le combo idéal pour me casser les burnes ou pour me faire chier droit (ouais, j’suis compliqué et exigeant, en plus d’être… distingué) mais faut prendre un peu sur soi et là, rythme, texte et interprétation aidant, je ne puis que m’incliner. Cyrano de Bergerac appartient à l’Histoire, désormais (sympa, ces phrases péremptoires : elles « claquent » et permettent de faire oublier que j’ai moins de lettres que l’Edmond…). Un petit bémol sans conséquence, cependant : lors de la fameuse « tirade du nez » où Cyrano enjoint l’homme qui l’a défié à « dire bien des choses en somme, en variant le ton », ben justement, il le varie peu, le ton, non ? Ou c’est mes oreilles ?

jeudi 19 juin 2025

Volver (2006), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de trois générations de femmes espagnoles en butte aux vicissitudes de la vie (maladie, mort, inceste, secrets de famille…) : Raimunda (Penélope Cruz), sa sœur Soledad dite « Sole » (Lola Dueñas), leur mère Irene (Carmen Maura), Paula, fille de Raimunda (Yohana Cobo) et Agustina, voisine de leur défunte tante (Blanca Portillo).

Il commence à me plaire, ce mec. Volver (Revenir en espagnol) est un film de femmes par un amoureux fou (et élevé par) des femmes mais pour tous. Si c’était pas déjà pris, il aurait pu s’appeler Vive les femmes ! Un véritable « test de Bechdel » (merci à Cinéphile Schizophrène !) inversé. C’est bien simple, y’a que des nanas : les seuls mecs sont butés au bout d’un quart d’heure (le compagnon de Cruz, poignardé en légitime défense par sa fille qu’il tentait de violer) ou, en partance, confient momentanément les clés de leur resto à Cruz (qui va en profiter pour y faire déjeuner une équipe de cinéma le temps d’un tournage à proximité). Ah, Penélope Cruz… Une beauté d’avant (type Sophia Loren) mais maintenant. Elle incarne admirablement une « mère courage » : le ménage, la vaisselle, la « kouizine », se débarrasser du corps de son compagnon tué par sa fille (dans un congélateur puis enterré à l’écart de la ville), rien ne lui fait peur. Histoire d’instaurer une parfaite normalité, on la voit même… faire son petit pissou. A part ça, c’est une histoire de famille compliquée, avec des traumas, des secrets trop longtemps enfouis et lourds à porter… Meurtre, inceste, cancer, mort, c’était l’émotion assurée. Pourtant, alors que je suis plutôt bon public de ce côté-là, je n’ai pas versé de larmes. Pas plus que je n’ai ri, il n'y a d'ailleurs guère matière à cela (Cruz qui reconnait dans l’appartement de sa sœur l’odeur des flatulences de leur mère qu’elle croit alors morte mais qui est planquée sous le lit : toutes se marrent à cette évocation). Bon film néanmoins, pour son scénario et ses actrices, naturellement (prix d’interprétation collectif à Cannes), toutes terriblement attachantes.

Un cœur en hiver (1992), de Claude Sautet

 

C’est l’histoire de Maxime (André Dussollier) et Stéphane (Daniel Auteuil), deux amis luthiers. Maxime tombe amoureux de l’une de leurs clientes, la jeune violoniste Camille (Emmanuelle Béart). Mais très vite, celle-ci est profondément troublée par la personnalité et le comportement de Stéphane.

Le cinéma français bourgeois comme il allait dans les années 90, c’est-à-dire quand même mieux que maintenant. Avant-dernier Sautet et second volet (après Quelques jours avec moi et avant Nelly et Monsieur Arnaud) de sa trilogie du « renouveau » (changement de scénaristes, de génération d’acteurs et de thématiques). Mais toujours d’un grand classicisme. Un Resnais, par exemple, est beaucoup plus inventif et fantaisiste dans ses plans et sa mise en scène. Emmanuelle Béart a appris à jouer du violon pour l’occasion. Elle était aussi à l’époque en couple à la ville avec Daniel Auteuil. Ce dernier trouve dans ce rôle d’homme taciturne, mystérieux et manipulateur un bon galop d’entraînement pour celui, fort semblable, qu’il interprètera dix ans plus tard dans L’adversaire. Enième variation autour du thème du triangle amoureux, qui nous épargne au moins les traditionnelles scènes de cul qui ne servent pas forcément à grand-chose.

mercredi 18 juin 2025

L’enfer (1994), de Claude Chabrol

 

C’est l’histoire de Paul (François Cluzet), qui a tout pour être heureux : propriétaire d’une auberge qui « tourne » bien et marié à un « avion de chasse » (Emmanuelle Béart) qui lui a donné un fils. Oui mais voilà, Paul devient de plus en plus jaloux, au point d’atteindre un état pathologique et de faire de la vie du couple un enfer.

Allez, un Chabrol, cinéaste prolifique (quasiment un film par an) de nos contrées. Je n’ai vu qu’une poignée de métrages de cette vaste filmographie, dont les deux derniers (Bellamy et La fille coupée en deux, mineurs) et La cérémonie et son final glaçant. Cela dit, la bourgeoisie de province, son hypocrisie et ses bassesses, ça va cinq minutes… Là, on est dans le registre du drame psychologique, issu d’un scénario qu’Henri-Georges Clouzot n’avait pu mener à son terme en raison de problèmes de santé (les siens et ceux de Reggiani). Cluzet m’a bien déçu au fil du temps. En une grosse vingtaine d’années, on est passé du « C’est toujours pareil, on vote à gauche et on se retrouve avec le centre. J’ai du pognon, prenez-m’en, merde ! (via les impôts, NDLR) » des « années Jospin » (1997-2002) à la défense zélée des mesures sanitaires anti-Covid et au vote Macron en 2022. Mais il convient, comme toujours ou presque, de distinguer l’homme de l’acteur. Dans le rôle de cet homme basculant peu à peu dans la folie, il est très convaincant. De même qu’Emmanuelle Béart, qui s’était déjà fait « charcuter » la bouche et dont j’avais oublié combien ses formes et sa plastique étaient démoniaques. La tension va crescendo, jusqu’à l’issue fatale, quasi insoutenable. Ironie de l’histoire, ce drame sur les violences conjugales renvoie à la douloureuse histoire personnelle de Cluzet, qui fût le compagnon à cette époque de Marie Trintignant, décédée comme chacun sait sous les coups de Bertrand Cantat une décennie plus tard. Un film à montrer aux « incels » pour les consoler et aux « MGTOW » pour les conforter dans leur choix…

lundi 16 juin 2025

Soigne ta droite (1987), de Jean-Luc Godard

 

C’est l’histoire… euh… de plusieurs personnages qui cherchent leur place sur terre (Une place sur la Terre est d’ailleurs le sous-titre du film) et du groupe Les Rita Mitsouko qui cherche le bon son en studio pour son album The No Comprendo. Enfin, j’crois qu’c’est ça…

Alors là, je m’excuse mais… quelle merde ! Jamais vu une connerie pareille… Godard m’avait déjà bien « niflé » avec son Mépris. Le gars sait faire de beaux plans, c’est indéniable (le caméraman sur son travelling à Cinecittà en ouverture, le cul de « B.B », la villa Malaparte à Capri…) mais Bardot était insupportable et l’histoire sans intérêt (Piccoli et la miss qui se chamaillent pendant des plombes en se baladant de pièces en pièces dans leur appartement). Y’avait au moins la superbe musique de Georges Delerue et son Thème de Camille pour faire passer la pilule. Bon, ici, y’a les Rita. Vous ai-je déjà fait part de l’admiration définitive que je voue à ce duo et en particulier à sa chanteuse Catherine Ringer (petit aperçu de son talent sur cette ébouriffante prestation télé de 2001) ? Et bien voilà, c’est fait. L’un des rares groupes ou artistes pop-rock français de l’époque moderne, avec Gainsbourg, Bashung et deux ou trois autres, à pouvoir à peu près soutenir la comparaison avec les anglo-saxons ou en tous cas à ne pas nous foutre complètement la honte vis-à-vis d’eux. A la fois « grand public » et artisanal dans sa manière de fonctionner et de composer, d’une grande originalité et crédible dans tous les genres abordés (pop, rock, funk, électro, world ou même valse musette). Souci, comme on les voit ici en plein processus créatif, on n’entend que des extraits de leurs morceaux, réduits à l’état de maquettes (surtout l’archi-connu C’est comme ça). Le reste est tout simplement inracontable : voix off débitant un pensum philosophique et scènes incompréhensibles. Villeret danse avec une femme à poil, regarde la regrettée Pauline Lafont (son avant-dernière apparition cinématographique) jouer au golf ou est le prisonnier d’un flic interprété par Rufus dans un train. Michel Galabru joue un amiral d’aviation lisant dans son cockpit un ouvrage intitulé Comment réussir son suicide (pas forcément ce titre mais l’idée est là). Quant à Godard, il s’amuse à faire le con dans le rôle principal de l’Idiot, titre du roman de Dostoïevski dont le film s’inspire. L’auto-dérision étant souvent la plus sûre marque de la prétention la plus absolue, rien d’étonnant à cela…

vendredi 13 juin 2025

Les hommes du Président (1976), d’Alan J. Pakula

 

C’est l’histoire de deux journalistes du Washington Post (les alors très classe et charmeurs Robert Redford et Dustin Hoffman, qui ne devraient hélas pas tarder à nous quitter), adaptée du livre éponyme écrit par lesdits journalistes (toujours le sens des affaires, ces Ricains…), qui enquêtent sur le « scandale du Watergate », provoquant la démission du président Républicain Richard Nixon en août 1974.

Deux heures d’un ennui mortel… Redford et Hoffman passent littéralement leur temps à téléphoner, faire du porte-à-porte et taper leurs articles à la machine à écrire (ils sont journalistes d’investigation, quoi…). Non seulement faut bien se souvenir des noms et des rôles des protagonistes de cette ténébreuse affaire mais en plus, on ne comprend pas toujours ce qu’ils disent ou ils parlent trop vite. Bref, on n’y pige que pouic. Cela dit, ça me permet de faire des articles de plus en plus courts, c’est toujours ça de pris…

jeudi 12 juin 2025

Frantic (1988), de Roman Polanski

 

C’est l’histoire d’un cardiologue américain (Harrison Ford) qui se rend à Paris avec sa femme pour un colloque. Ils se rendent compte à leur arrivée à l’hôtel qu’ils se sont trompés de valise à l'aéroport. Puis, alors qu’il prend sa douche, sa femme disparait mystérieusement. Peu aidé par la police française ni par l’ambassade américaine, le voila contraint de mener sa propre enquête, malgré la barrière de la langue. Il va alors retrouver la propriétaire de la valise en sa possession (Emmanuelle Seigner), une jeune femme mystérieuse qui l’aidera à remonter la piste des kidnappeurs de son épouse.

J’enchaine avec un film du controversé Polanski, un de ces nombreux grands cinéastes que j’ai trop longtemps délaissés. Ben, mauvaise pioche. Ce n’est certes pas mauvais mais ce n’est pas fou-fou non plus. Ca manque de suspense, de rebondissements, d’action au sens large (pas forcément de courses-poursuites et de fusillades, hein…), limitée ici à une scène dans un parking (premier échange avorté avec les ravisseurs) et une autre sur les toits parisiens. Harrison Ford fait partie, avec Bruce Willis ou Richard Gere, de ses acteurs « mono-expressifs » (d’ailleurs, ils n’ont jamais eu d’Oscar et rarement de nominations). Bref, c’est peut-être aussi dû à mon anhédonie chronique mais pour un film réputé « culte » (?), je m’attendais à plus...

mardi 10 juin 2025

Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de Pepa (Carmen Maura), amoureuse d’Iván (Fernando Guillén), qui s’apprête à la quitter. Tous deux travaillent comme acteurs de doublage. Pepa découvre l’existence de Lucía (Julieta Serrano), ex d’Iván, tout juste sortie d’hôpital psychiatrique. Ayant mis son appartement en location, elle reçoit la visite d’un couple intéressé : Carlos (Antonio Banderas), qui n’est autre que le fils… d’Iván et Lucía, et sa compagne Marisa (Rossy de Palma). Comme si cela ne suffisait pas, son amie Candela (María Barranco) se pointe aussi chez elle, ayant découvert que son petit ami était en réalité un… terroriste chiite !

Mon troisième Almodóvar et mon préféré, de loin. Talons aiguilles mériterait peut-être un nouveau visionnage (vu il y a quelques années, bof bof) et Kika, bien que pas mal, comportait deux scènes de cul un peu longuettes. Ici, on retrouve ce qui semble être deux constantes de son cinéma : les couleurs pétaradantes et les femmes, fortes, elles aussi « hautes en couleur » et, il faut bien le dire, un peu « têtes à claques ». On suit avec jubilation les aventures pleines de rebondissements de Carmen Maura (vue aussi chez nous, notamment dans Le bonheur est dans le pré de Chatiliez ou Alliance cherche doigt de Mocky), confrontée à ses peines de cœur et sur laquelle le sort et les problèmes semblent s’acharner. Scénario astucieux (les imbrications entre les personnages) et mise en scène suffisamment rythmée. Pas forcément à conserver (quoique…) mais visionnage vivement conseillé si vous aimez les comédies romantiques cocasses.

dimanche 8 juin 2025

Le coût de la vie (2003), de Philippe Le Guay

 

« Mon p’tit, pour sucer des bites, il faut du talent, tu sais… »

C’est l’histoire de six personnages qui se côtoient ou se frôlent et de leur rapport à l’argent : un restaurateur (Vincent Lindon) qui préfère « taper dans la caisse » pour faire des cadeaux ou investir plutôt que de payer ses dettes URSSAF ; un de ses cuistots (Lorànt Deutsch), lui aussi plutôt du genre généreux ; une jeune fille (Isild Le Besco) qui refuse de toucher à son héritage afin d’être aimée pour elle-même et pas pour son argent, embauchée comme serveuse dans ledit restaurant grâce au cuisiner ; une escort-girl de luxe sans état d’âme (Géraldine Pailhas) ; un homme sujet à constipation (Fabrice Luchini), radin comme pas deux bien que « friqué » ; un homme d’affaires richissime (Claude… Rich… Un nom prédestiné 😄) qui s’apprête à prendre sa retraite, indifférent aux drames humains provoqués par les délocalisations de son empire industriel. Il y a donc les « cigales » et les « fourmis », les cyniques et les « romantiques »…

DVD trouvé à… 50 cents dans un Cash Express mais… dans sa version promotionnelle : « Ne peut être vendu ni loué » apparaît en bas de l’écran tout au long du film, sans que cela soit trop gênant. Après Le prix à payer, Cliente et Libre échange, voilà donc encore une comédie (dramatique) où il sera question d’argent et de cul et/ou d’amour (bref, ce qui fait « tourner » - pas bien rond - ce monde…). Cet argent qui corrompt, pervertit et finalement nous tue. Et si un grand acteur, c’était un comédien capable de dire une réplique improbable de façon tout à fait naturelle ? Comme Claude Rich, qui nous sort cette « perle » citée plus haut lorsque Le Besco lui dit qu’elle « préfèrera encore sucer des bites sur l’autoroute plutôt que de toucher à son héritage » (et comme Marielle dans Tenue de soirée ou Michel Bouquet dans Les côtelettes. En 2025, un grand acteur, ça bouffe les pissenlits par la racine, en somme). Dans le rôle de l’infirmière que Rich tente en vain de séduire, on reconnait Chloé Mons, qui fût la dernière épouse du regretté Alain Bashung. Film choral bien construit et bien trouvé mais pas de nature à nous « donner la banane », tant il nous rappelle trop le morose quotidien (la vie de famille, les délocalisations, les banques…) et la prégnance du Dieu Argent sur nos vies esclavagisées.

samedi 7 juin 2025

Misery (1990), de Rob Reiner

 

C’est l’histoire d’un écrivain (James Caan), auteur de romans « à l’eau-de-rose » avec sa saga Misery, qui désire réorienter sa carrière vers des histoires plus sérieuses en faisant mourir l’héroïne de cette série à succès. Victime d’un grave accident de voiture lors d’une tempête de neige, il est recueilli par une infirmière (Kathy Bates) se déclarant sa plus grande admiratrice dans sa maison isolée. Mais lui faisant part de ses nouveaux desseins, celle-ci ne l’entend pas de cette oreille…

Adaptation du roman éponyme de Stephen King, le succès était quasi-assuré avec un tel script. Sans surprise, la prestation très « Actors Studio » de Kathy Bates dans le rôle de cette infirmière complètement chtarbée lui valut l’Oscar de la meilleure actrice. La grande Lauren Bacall interprète la productrice de l’écrivain. Il a bien fallu faire quelques concessions avec le réalisme : la convalescence de l’écrivain paraît bien longue (certes, il n’était pas à l'hôpital…) et on ne peut pas dire que ciel et terre soient remués pour le retrouver, malgré sa célébrité (seul un couple de shérifs âgé part à sa recherche). Mais le véritable point noir du film reste son final, qui verse malheureusement dans le « grand-guignol » avec son « jump scare » attendu. Dommage, nous n’étions pas loin de l’éclatante réussite.

vendredi 6 juin 2025

Indochine (1992), de Régis Wargnier

 

C’est l’histoire de l’Indochine française sur trois décennies, des années 20 jusqu’aux accords de Genève de 1954 qui scelleront son indépendance et la fin de l’occupation coloniale française. C’est aussi l’histoire d’Éliane (Catherine Deneuve), à la tête d’une exploitation de plantations d'hévéa, qui tombe amoureuse d’un beau lieutenant de la marine française, Jean-Baptiste (Vincent Perez). Mais sa fille adoptive (Linh-Dan Pham) aussi…

Oscar du meilleur film étranger et cinq César (dont celui de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve) pour cette fresque épique qui m’aura émotionnellement « essoré », moi qui suis pourtant plutôt rétif aux films historiques (on a tous nos préjugés et nos « œillères »). Inutile de préciser que les décors naturels sont magnifiques (la baie d'Along). Le film sait surligner ses scènes poignantes (prévoir son paquet de kleenex...) d’une ample musique orchestrale, ce qui a dû contribuer à plaire aux « Ricains ». Après Cyrano de Bergerac, Vincent Perez enchaine avec une autre grosse production à succès (il récidivera deux ans plus tard avec La Reine Margot. De quoi vous « blinder » une carrière…). On ne fait plus de films français comme ça de nos jours, on n’oserait plus (Le comte de Monte-Cristo ? Pas vu mais entre « Cathy » et Pierre Niney, mon choix est vite fait).

mercredi 4 juin 2025

Dans la peau de John Malkovich (1999), de Spike Jonze

 

C’est l’histoire, complètement folle, d’un marionnettiste raté maqué avec une amoureuse des animaux (ils en ont plusieurs à la maison). Il se résout à chercher du travail et se fait embaucher comme administratif par une entreprise située dans un building au 7ème étage… et demi, ce qui contraint les salariés à se déplacer voutés, le plafond étant très bas. Un jour, il découvre par hasard dans un bureau de la boite un passage qui mène… au cerveau de John Malkovich !

Y’a qui dedans ? John Cusack joue le rôle du marionnettiste, Cameron Diaz (méconnaissable, châtain et un peu enlaidie) celui de sa femme, Catherine Keener est la collègue de travail dont Cusack tombe amoureux. Quant à John Malkovich, dont l’ambivalence fait tout le charme, il incarne bien évidemment son propre personnage. On reconnait aussi Charlie Sheen et divers « caméo » (Sean Penn, Brad Pitt, Michelle Pfeiffer…).

Et c’est comment ? Tout d’abord merci (et petite pub au passage) à Cinéphile Schizophrène pour avoir rappelé ce film à mon bon souvenir en lui consacrant récemment un article sur son blog. Un film que je connaissais de nom mais que je n’avais jamais eu la curiosité de voir et que j’avais quelque peu oublié. Spike Jonze, dont c’est le premier long-métrage, je connais forcément. Il fût un réalisateur de clips remarqué dans les années 90 pour de grands noms du pop-rock et de la musique électronique. On peut citer notamment Björk (It's Oh So Quiet), Fatboy Slim (The Rockafeller Skank) ou encore les Chemical Brothers (Elektrobank, où il transforme sa meuf de l’époque, la future réalisatrice Sofia Coppola, en gymnaste émérite). On retrouve sa créativité et son originalité dans ce pitch complètement délirant où un homme découvre donc un tunnel menant au psychisme de John Malkovich. Durant quinze minutes, il voit et entend à travers l’acteur, avant d’être « éjecté » et de se retrouver en périphérie de la ville. Jusqu’à ce qu’il finisse, à force d’entrainement, à rester dans le corps de Malkovich et à le contrôler, dans le but de séduire sa collègue de travail. Problème, sa femme (Cameron Diaz) en est elle aussi tombée amoureuse (les prémices du « wokisme » ? Cf. le final). Passée la surprise initiale, le film a néanmoins tendance à s’embourber dans les méandres de ce triangle amoureux et ne propose que quelques fulgurances, comme lorsque Malkovich, découvrant le « pot aux roses », s’introduit lui-même dans le passage et atterrit dans un monde où tous les individus, quel que soit leur sexe, ont son visage (d’où l’affiche). Verdict : mieux que ce que j’aurais imaginé mais aurait pu être encore meilleur (ou bien suis-je trop exigeant ?), malgré deux-trois bonnes idées (le couple avec la ménagerie à la maison, l’entreprise avec le plafond très bas et la secrétaire sourde qui comprend tout de traviole…).

Chimpanzé : oui

Femme à tête de John Malkovich : oui

Femme à poil : non

mardi 3 juin 2025

Libre échange (2010), de Serge Gisquière

 

« S’il est moche, il a qu’à être intelligent. S’il est con, il a qu’à être riche. Et s’il est riche, il peut se permettre d’être moche et con. » (1)

C’est l’histoire de Marthe, escort-girl de luxe qui rêve de se ranger et de mener une vie ordinaire. Son chauffeur la branche sur un coup : faire chanter un politicien affichant des convictions conservatrices mais adepte de rencontres sexuelles tarifées. Peu emballée, elle rencontre par hasard Jocelyne, une jeune femme qui s’est fait plaquer par son compagnon (c’est en tous cas ce qu’elle dit). Lui vient alors l’idée de lui faire endosser ce rôle de Monica Lewinsky européenne.

C’est avec qui ? Carole Bouquet est l’escort Marthe, Julie Depardieu, Jocelyne et le réalisateur (belge) Serge Gisquière joue le chauffeur.

Et c’est bien ? Je fais partie des 89 503 individus m’étant déplacé en salle obscure pour voir ce qu’il est convenu d’appeler « cette merde »… C’était lors de l’entre-deux fêtes de fin d’année de l’an 2010, une époque où j’allais encore au cinéma, notamment pour voir ce genre de… « merdes » françaises, donc. Carole Bouquet… C’est fou les efforts déployés par cette dame pour casser son image de femme hiératique, forgée chez Buñuel (Cet obscur objet du désir), Blier (Buffet froid, Trop belle pour toi) ou d’autres. Dans Grosse fatigue de Michel Blanc déjà, elle enjoignait celui-ci de « la prendre comme une ouvrière ». Ici, on la voit en survêt dans une supérette ou enchainant les formules choc à base de grossièretés (elles sont toutes dans les bandes-annonces). De là à ce qu'on nous la montre sur le « trône » dans un prochain film, il n’y a qu’un pas… Quant à Julie Depardieu, ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’elle est la moins douée de la famille (deux Césars de meilleur second rôle féminin dans deux films de Claude Miller, quand même). Bon, je l’ai dit, le film est nul à chier. Il ne lésine pas sur les clichés : le politicien « chevalier blanc » pris la main dans le sac (ou plutôt… la bite dans la chatte 😄), le coiffeur gay (mon dieu…), le client de prostituées amoureux transi… Le titre sent le « brainstorming » (z’avez pigé le double sens ? Libre échange pour l’échange de situation entre les deux femmes, l’échangisme sexuel et le libre-échange du commerce international, les clients de l’escort évoluant dans l’univers des instances européennes) et le « pitch » est risible (l’escort doit récupérer dans les WC le préservatif rempli de la semence du politicard, de mémoire). Tous les meilleurs moments sont dans les bandes-annonces (voir ci-dessous), de même que la musique (une reprise du The Model de Kraftwerk), pas la peine d’aller au-delà...   

Préservatif usagé : oui

Verre de rouge : oui

Femme à poil : non

Bande-annonce

Trailer 1

Trailer 2  

(1) c’est tout à fait ça, en plus…

lundi 2 juin 2025

Kika (1993), de Pedro Almodóvar

 

« En réalité, les hommes à moustaches sont des pédales ou des fachos, quand c’est pas les deux à la fois. » (1)

C’est l’histoire, assez rocambolesque et embrouillée, de quelques personnages : Ramon, un photographe voyeur hanté par le suicide (du moins le croit-on) de sa mère ; son beau-père Nicholas, écrivain ; Kika, maquilleuse pour la télévision, qui entretient une relation avec les deux ; sa femme de ménage Juana ; Pablo, acteur de films pornos et frère de cette dernière ; et Andrea « Balafrée », présentatrice de téléréalité.

Y’a qui dedans ? Kika est jouée par Verónica Forqué et Ramon par Àlex Casanovas. Davantage connus du public français, le casting intègre également Peter Coyote (Nicholas), Rossy de Palma (Juana) et la « muse » de l’époque du réalisateur, Victoria Abril (la présentatrice sans scrupules Andrea).

Et c’est comment ? Un peu éprouvant par moments. Je vais me « taper » quelques Almodóvar, toujours dans l’optique de « ne pas mourir idiot »… Bon ben, on peut dire que le gars est du genre déjanté. Décors et vêtements aux couleurs chatoyantes, scènes de sexe et langage crus, violence (un petit peu), nanas fagotées et s’exprimant comme des « cagoles », situations « abracadabrantesques » (comme dirait Chichi) sont les principaux ingrédients de cette farce se voulant une satire de la « télé poubelle » des reality-shows et de son absence totale d’éthique. Verónica Forqué est doublée de façon horripilante par Odile Schmitt (voix française régulière d'Eva Longoria et du personnage Lola Bunny) et son viol par l’acteur porno Pablo, bien que tourné de façon humoristique, dure des plombes puisque le mec enchaine trois (!) orgasmes à la suite. Le « fruit » du quatrième atterrit… sur la joue de Victoria Abril, Pablo se « finissant » sur le balcon tandis qu’elle s’apprêtait à entrer dans l’immeuble… Y’a aussi quelques meurtres, notamment à la fin. Déjanté, vous disais-je…

Caméra portative sur la tête : oui

Goutte de sperme factice : oui

Femmes (et hommes) à poil : oui, c’est pas ça qui manque (des seins et des fesses surtout, bien évidemment, mais aussi une chatte poilue)…

(1) : ils ne sont pas forcément moustachus, y’a qu’à voir quelques-uns des principaux cadres du RN…😄