C’est l’histoire de Paul
(François Cluzet), qui a tout pour être heureux : propriétaire d’une
auberge qui « tourne » bien et marié à un « avion de
chasse » (Emmanuelle Béart) qui lui a donné un fils. Oui mais voilà, Paul
devient de plus en plus jaloux, au point d’atteindre un état pathologique et de
faire de la vie du couple un enfer.
Allez, un Chabrol, cinéaste prolifique (quasiment un film par an) de nos contrées. Je n’ai vu qu’une poignée de métrages de cette vaste filmographie, dont les deux derniers (Bellamy et La fille coupée en deux, mineurs) et La cérémonie et son final glaçant. Cela dit, la bourgeoisie de province, son hypocrisie et ses bassesses, ça va cinq minutes… Là, on est dans le registre du drame psychologique, issu d’un scénario qu’Henri-Georges Clouzot n’avait pu mener à son terme en raison de problèmes de santé (les siens et ceux de Reggiani). Cluzet m’a bien déçu au fil du temps. En une grosse vingtaine d’années, on est passé du « C’est toujours pareil, on vote à gauche et on se retrouve avec le centre. J’ai du pognon, prenez-m’en, merde ! (via les impôts, NDLR) » des « années Jospin » (1997-2002) à la défense zélée des mesures sanitaires anti-Covid et au vote Macron en 2022. Mais il convient, comme toujours ou presque, de distinguer l’homme de l’acteur. Dans le rôle de cet homme basculant peu à peu dans la folie, il est très convaincant. De même qu’Emmanuelle Béart, qui s’était déjà fait « charcuter » la bouche et dont j’avais oublié combien ses formes et sa plastique étaient démoniaques. La tension va crescendo, jusqu’à l’issue fatale, quasi insoutenable. Ironie de l’histoire, ce drame sur les violences conjugales renvoie à la douloureuse histoire personnelle de Cluzet, qui fût le compagnon à cette époque de Marie Trintignant, décédée comme chacun sait sous les coups de Bertrand Cantat une décennie plus tard. Un film à montrer aux « incels » pour les consoler et aux « MGTOW » pour les conforter dans leur choix…