lundi 3 mars 2025

Un, deux, trois, soleil (1993), de Bertrand Blier

 

« Vous êtes en train de parler d’enculés ? Ça tombe bien, j’ai mis le survêtement… »

C’est l’histoire de Victorine, de son enfance dans une cité de Marseille entre une mère possessive et un père alcoolique à son destin de femme mariée et mère de deux enfants.

C’est l’histoire d’un type qui ne demande pas mieux que de se faire voler car « ça fait de la compagnie » et d’un autre qui n’hésite pas à tirer en pareil cas.

Y’a qui dedans ? Anouk Grinberg (compagne du réalisateur à l’époque), qui joue encore admirablement la « femme enfant » (les personnages jouent leur rôle à tous les âges), Myriam Boyer, Olivier Martinez et une poignée de grands acteurs : Marcello Mastroianni (quelques années avant sa mort), Jean-Pierre Marielle et Claude Brasseur.

Et c’est bien ? Bon, Bertand, je ne veux pas qu’on te « cancelle », j’ai horreur de ça et je sais bien que « ce n’est que du cinéma » mais tu pousse le bouchon un peu loin sur le viol (non montré mais suggéré ou évoqué à plusieurs reprises et toujours une femme seule face à plusieurs ados) et les attouchements, ça en devient embarrassant. L’interview d’Anouk après l’affaire « Depardieu / Moix », dans laquelle elle te charge un peu (en général, pas sur ce film en particulier), ajoute au malaise. Heureusement, il y a comme toujours des scènes et des dialogues, drôles (Myriam Boyer en écolière, hilarant) ou émouvants et bien sentis, qui viennent un peu le désamorcer. L’autre grief concerne le propos sur l’immigration et la délinquance, qui verse dans l’angélisme, la leçon de morale et la grosse provoc (la scène où Marielle dit à son jeune, noir et non armé – voleur : « tu es l’avenir de mon pays », l’encourageant à se marier avec une femme blanche « avec des gros nichons » et à lui faire des enfants). Une vision et un discours qui pouvaient faire illusion en 1993 mais qui ne sont hélas plus audibles dans la France de 2025. En somme, un film plus subversif en 2025 qu’il ne l’était il y a 32 ans et qui donnera de l’urticaire aussi bien à Eric Z. et Jordan B. qu’à Judith G. et Alice C.

Casanis : oui

Femme à poil : oui (l’actrice noire Irène Tassembédo, les seins)

Up 👍: Anouk Grinberg, excellente ; Myriam Boyer en écolière ; tournage dans ma bonne (?) ville de Marseille, oh putaing cong (j’ai reconnu quelques endroits)

Down 👎: la complaisance vis-à-vis du viol ; la provoc facile et moralisatrice

dimanche 2 mars 2025

The game (1997), de David Fincher


« Appelle ce numéro… Ils te mettent du piment dans la vie. »

C’est l’histoire d’un riche homme d’affaires cynique et distant, visiblement hanté par un trauma enfantin (son père s’étant suicidé en se jetant dans le vide) et de son frère, nettement plus fantasque, qui lui offre pour son anniversaire la carte de visite d’une société spécialisée dans l’évènementiel. Intrigué, il se rend dans leurs locaux. Le voila embarqué dans un « jeu » qui va bouleverser sa vie.

C’est l’histoire d’un film le cul entre deux chaises, qui jongle entre le thriller et la comédie dramatique.

C’est avec qui ? Michael Douglas (parfait dans ce genre de rôles), Sean Penn et Deborah Kara Unger.

Et c’est bien ? Après le choc Seven, Fincher déçoit inévitablement en frappant là où on ne l’attend pas. Mais n’est-ce pas là la marque des bons cinéastes ?

En tous cas, moi, un type qui me fait cadeau pour mon anniversaire d'un « jeu de rôles » où je risque à plusieurs reprises de passer à trépas, je ne lui tombe pas dans les bras, je lui fais la tête au carré ! 😄 Même si c'est mon frère... Heureusement, j'en n'ai pas.

Robot clown : oui

Stylo qui coule : oui

Femme à poil : non

Up 👍: le côté thriller

Down 👎: le final incohérent qui vire à la comédie