« Vous êtes en train de
parler d’enculés ? Ça tombe bien, j’ai mis le survêtement… »
C’est l’histoire de Victorine, de son enfance dans une cité de Marseille entre une mère possessive et un père alcoolique à son destin de femme mariée et mère de deux enfants.
C’est l’histoire d’un type qui ne demande pas mieux que de se faire voler car « ça fait de la compagnie » et d’un autre qui n’hésite pas à tirer en pareil cas.
Y’a qui dedans ? Anouk Grinberg (compagne du réalisateur à l’époque), qui joue encore admirablement la « femme enfant » (les personnages jouent leur rôle à tous les âges), Myriam Boyer, Olivier Martinez et une poignée de grands acteurs : Marcello Mastroianni (quelques années avant sa mort), Jean-Pierre Marielle et Claude Brasseur.
Et c’est bien ? Bon, Bertand, je ne veux pas qu’on te « cancelle », j’ai horreur de ça et je sais bien que « ce n’est que du cinéma » mais tu pousse le bouchon un peu loin sur le viol (non montré mais suggéré ou évoqué à plusieurs reprises et toujours une femme seule face à plusieurs ados) et les attouchements, ça en devient embarrassant. L’interview d’Anouk après l’affaire « Depardieu / Moix », dans laquelle elle te charge un peu (en général, pas sur ce film en particulier), ajoute au malaise. Heureusement, il y a comme toujours des scènes et des dialogues, drôles (Myriam Boyer en écolière, hilarant) ou émouvants et bien sentis, qui viennent un peu le désamorcer. L’autre grief concerne le propos sur l’immigration et la délinquance, qui verse dans l’angélisme, la leçon de morale et la grosse provoc (la scène où Marielle dit à son – jeune, noir et non armé – voleur : « tu es l’avenir de mon pays », l’encourageant à se marier avec une femme blanche « avec des gros nichons » et à lui faire des enfants). Une vision et un discours qui pouvaient faire illusion en 1993 mais qui ne sont hélas plus audibles dans la France de 2025. En somme, un film plus subversif en 2025 qu’il ne l’était il y a 32 ans et qui donnera de l’urticaire aussi bien à Eric Z. et Jordan B. qu’à Judith G. et Alice C.
Casanis : oui
Femme à poil : oui (l’actrice
noire Irène Tassembédo, les seins)
Up 👍: Anouk Grinberg, excellente ; Myriam Boyer en écolière ; tournage dans ma bonne (?) ville de Marseille, oh putaing cong (j’ai reconnu quelques endroits)
Down 👎: la complaisance vis-à-vis du viol ; la provoc facile et moralisatrice