samedi 30 août 2025

Rois & Reine (2004), d’Arnaud Desplechin

 

« Et alors, quand vous baisez, c’est comment ? » - « Il jouit assez vite. Moi aussi, d’ailleurs. »

C’est l’histoire de Nora (Emmanuelle Devos) et de son ancien amant Ismaël (Mathieu Amalric). La première s’apprête à se marier et propose au second, interné de force dans un hôpital psychiatrique, d’adopter son fils Elias, qu’elle a eu avec Pierre, qui s’est suicidé avant sa naissance.

A priori très négatif sur Desplechin : cinéma intello qui plait aux « Zinrocks » et à « Téléramasse », mais n’hésitant pas à « s’encanailler » pour faire « peuple » (faire dire au moins une fois « cul », « bite » ou « je t’encule » à un personnage et un peu de hip-hop dans la B.O, chorégraphie d’Amalric incluse, parce que « la culture, c’est l’ouverture d’esprit, man »). Mais faut quand même goûter pour pas mourir idiot. Alors autant choisir un « acclamé », comme ce Rois & Reine qui affiche fièrement ses prix en couverture : prix Louis Delluc et Méliès (on ne sait pas où, quand et par qui sont décernés ces prix mais pas grave) et César du Meilleur acteur pour Amalric. Premier souci, le film fût l’objet d’une polémique : Desplechin aurait utilisé, à son insu, des éléments de la vie privée de l’actrice Marianne Denicourt, qui fût sa compagne dans les années 90, pour construire le personnage de Nora. Procédé malhonnête et illégal, qui poussera Emmanuelle Béart et Juliette Binoche, entre autres, à refuser ce rôle. C’est finalement Emmanuelle Devos qui s’y colla. L’actrice a ici une voix de petite fille, peut-être est-ce sa voix naturelle mais comme elle a le premier rôle, ça m’a sauté aux oreilles. Mettons fin au suspense, ce film fût un supplice à quasiment chaque scène et il dure près de deux heures trente. Il s’agit bien d’un film français de ce genre-là : tous les personnages ou presque fument à chaque plan (même Deneuve en psy dans son cabinet !) et on a un mal fou à comprendre ce qu’ils disent (la palme à Hippolyte Girardot), certains prenant même un malin plaisir à chuchoter. C’est un film sur « un enfant, il a besoin d’une maman mais aussi d’un papa pour se construire » et « la vie, c’est compliqué et pas facile, la famille, toussa, mais c’est quand même vach'ment bien », truffé de références psychanalytiques et littéraires pour faire intelligent et de scènes lunaires (outre celle d’Amalric dans sa séance de « street dance », une autre où dans la boutique de son père, ils neutralisent trois jeunes pourtant armés… Risible). Paradoxalement, alors qu’elle va se marier et qu'il est interné, c’est avec lui qu’on « rigole » et avec elle qu’on pleure. Car faut dire que son père est victime d’un cancer foudroyant. Cela a d’ailleurs donné lieu à la seule scène, très dure, qui m’ait touché : celle où, alors que son père vient de mourir, elle tombe sur ses derniers écrits, faisant part de sa haine envers elle, qu’il trouvait égoïste, trop fière et distante et avouant qu’il aurait préféré que les rôles soient inversés, que ce soit elle qui meure d’un cancer (sympa, le daron…). Rien d’autre à sauver, il va sans dire qu’il n’y aura pas d’autre Desplechin sur ces pages, pas de temps à perdre.

vendredi 29 août 2025

Short Cuts (1993), de Robert Altman

 

« Ouais, les poissons rouges, tu sais, j’suis pas très fana… Ca nage dans l’aquarium et ça chie. »

C’est l’histoire, dans le Los Angelès des années 90, de neufs couples et vingt-deux personnages. Ils sont parents, amis ou voisins et partagent joies et peines, plaisirs et drames. Des destins pris dans le tourbillon de la vie.

Le Magnolia avant Magnolia, en (un peu) mieux. Quand on met le DVD de Short Cuts dans son lecteur, c'est avec plus d’excitation et d’attentes que lorsqu’on fait le même geste avec, au hasard, un Desplechin (vous y aurez aussi droit prochainement). Première constatation : c’est un pavé (trois heures ! Même le making-of fait 90 minutes, soit la durée d'un film...). Deuxième constatation : quel putain de casting (Andie MacDowell, Jack Lemmon, le chanteur et musicien Tom Waits, Julianne Moore, Matthew Modine, Anne Archer, Jennifer Jason Leigh, Chris Penn, Robert Downey Jr., Madeleine Stowe, Tim Robbins, Frances McDormand)… Mais est-ce qu’un putain de casting, ça fait un putain de film ? Pas forcément mais disons que ça aide. Troisième constatation, qui découle un peu de la seconde : on a donc droit à un film choral, avant que ça ne devienne une mode (dans la foulée de Magnolia, justement). Et ça tombe bien, je suis plutôt client du genre. On connait la formule : un tel est marié avec une telle qui le trompe avec un troisième, qui bosse avec un quatrième, qui connait une cinquième, qui etc… Là, on a des coucheries, un fait divers (trois pêcheurs qui découvrent un cadavre de femme dans la rivière), des rapports familiaux conflictuels (une mère chanteuse de jazz dans des bars et sa fille violoncelliste) et pour l’émotion, un drame (un enfant écrasé par une voiture, qui luttera contre la mort avant de décéder). Le film dépeint l’Amérique de ces années post-Reagan et Bush père (le démocrate Bill Clinton vient de s’installer à la Maison Blanche), en pleine croissance économique. Les posters de joueurs NBA (basket), de Metallica ou des Guns, qui cartonnaient à l’époque, ramènent immanquablement à ce début des années 90, cette décennie coincée entre la chute du mur de Berlin et les attentats du 11/9. C’est terrible, rien ne fait envie dans cet « American way of life » effrayant de conformisme et de consumérisme anarchique, ces vies dupliquées à l’instar des baraques avec pelouse alignées en rang d’oignon qui les abritent, ces intérieurs chargés en bibelots, ces cuisines bourrées de bocaux et d’ustensiles, ces tables bordéliques, ces « barbeuc » ou pique-niques avec nappes à carreaux rouges et blancs, les émissions TV débiles, les mioches qui crient ou pleurent, le petit clebs qui aboie… Les mecs sont flic, chauffeur, conducteur d’hélicoptère, nettoyeur de piscine, médecin, présentateur TV ou chômeur, les nanas peintre, musicienne, serveuse, clown, opératrice de sexe téléphonique ou femme au foyer. Au rayon réjouissances : Jennifer Jason Leigh en « téléphone rose » à domicile, balançant propos salaces (du genre « oh oui, ma culotte est déjà toute mouillée » ou « tu aimes que je te lèche les couilles ? ») à ses clients tout en changeant son bébé, devant ses autres enfants et son mari (Chris Penn, disparu à seulement 40 ans et frère de Sean), qu’on sent frustré par la situation ; Frances McDormand se grattant le cul en retournant se coucher après avoir répondu au téléphone à son futur ex-mari ; ledit futur ex-mari qui bazarde l’appartement de cette même McDormand en son absence ; ou encore Julianne Moore qui, chatte et fesses à l’air (P.S : contrairement à notre Mylène Farmer, c’est une vraie rousse…) mais en chemisier, avoue, sous la menace de son mari (Matthew Modine), l’avoir trompé il y a quelques années avec un ami peintre comme elle, scène de ménage ayant lieu quelques heures avant qu’ils ne reçoivent à dîner la « femme clown » (Anne Archer) et son mari pêcheur de truites. Le reste (les monologues de Lemmon, Robbins en flic irascible, Tom Waits en soûlard), c’est un peu plus inégal. Mais comme j’aime ce genre de films où les histoires et les personnages s’imbriquent astucieusement, on va dire que le positif l’emporte largement sur le négatif.

jeudi 28 août 2025

J’embrasse pas (1991), d’André Téchiné

 

« Et bien oui, je suis une « folle ». C’est une question d’honneur. Et s’il n’en reste qu’une, je serai celle-là. Là-dessus, je suis très traditionnel : j’adore me travestir et j’adore me faire enculer. »

C’est l’histoire de Pierre (Manuel Blanc), tout juste majeur, qui quitte les Pyrénées pour monter à Paris avec le fol espoir d’y devenir comédien. Las, sa quête initiatique va se solder par une descente aux enfers…

Le thème de l’homosexualité, très présent dans l’œuvre de Téchiné, est à nouveau de la partie. Notre jeune Pierre va d’abord se taper Hélène Vincent (scène de cul : oui, on voit ses nichons), son seul contact à son arrivée dans la capitale. Elle va lui trouver un job de plongeur dans un hôpital, où il fera la connaissance de Roschdy Zem, qui le présentera à un vieux couple d’homosexuels. Le toujours flegmatique Philippe Noiret endossera le rôle de l’un d’eux (mais c’est l’autre, Ivan Desny, qui sera l’auteur de la réplique liminaire). Celui-ci fréquente le Bois de Boulogne, en recherche de garçons prostitués. Et les choses ne tournant pas comme il l’aurait souhaité (échec dans ses cours de théâtre, renvoyé de son travail à l’hôpital, perte de ses affaires lors d’un vol), c’est là, dans ce milieu interlope, que Manuel Blanc (premier film et César du meilleur espoir masculin) va atterrir, prenant goût à ce mode de vie fait d’indépendance et d’argent « facile ». Il va tomber amoureux d’une prostituée comme lui, incarnée par Emmanuelle Béart (scène de cul : non mais nous aurons l’occasion d’apprécier sa plastique avantageuse - ce fessier ! - sous la douche). Mais ce n'est pas du goût de son proxénète qui, en guise de représailles et avec l’aide de deux complices, compostera l’arrière-train de Blanc une nuit, sur un terrain vague proche des voies ferrées, sous le regard d’une Béart effondrée. Après ce « bizutage », il est temps pour Blanc de faire son service militaire puis de retourner dans son Sud-Ouest (région natale de Téchiné). Mais promis, il retournera à Paris et « cette fois, ce sera différent ». Un Téchiné pas trop mal, sombre et parfois glauque mais aussi lumineux par moments.

mardi 26 août 2025

Le hussard sur le toit (1995), de Jean-Paul Rappeneau

 

C’est l’histoire de la marquise Juliette Bidoche et du colonel Oliver Martinet qui jouent à « fuis-moi, j’te suis » en 1832 dans le Sud-Est de la France, ravagé par une épidémie de choléra. Lui veut regagner son Italie natale et elle son château à Gap mais ils ne se quitteront plus. Ou pas longtemps…

Auréolé du succès de Cyrano de Bergerac, Jean-Paul Rappeneau remet le couvert dans le genre « film à grand spectacle » avec cette adaptation du roman de Giono, tournée essentiellement dans ma région PACA et qui deviendra alors le film le plus cher du cinéma français. « Juju » n’apparait qu’au bout de quarante minutes (le film fait deux bonnes heures). Gros casting (Arditi, Yanne, Cluzet, l’alors à ses débuts Isabelle Carré et la Deschiens Yolande Moreau), y’a même « Gégé » (Depardieu) qui vient évidemment nous faire un p’tit coucou (cinq minutes à l’écran mais à l’arrivée, ça fait quand même un chèque). Devant l’assez faible enjeu du long-métrage, on joue alors à se lancer des devinettes. A quel moment tel ou tel acteur déboulera pour son quart d’heure de tour de piste et dans quel rôle ? Et Juliette, quand va-t-elle se mettre à oualpé ? Heureusement, le scénar a tout prévu : le choléra se guérit en frictionnant fortement le corps du malade avec de l’alcool. Alors le bel Olivier frotte, frotte le corps d’albâtre de la belle Juliette, qui revient « miraculeusement » à la vie. Vous ne verrez que la poitrine et quelques poils de la touffe, c’est déjà pas mal… A ajouter donc à la série « mon corps est un self-service » du cinoche hexagonal (Juliette avait déjà donné dans le Rendez-vous de Téchiné)…

American Beauty (1999), de Sam Mendes

 

Réalisation : Sam Mendes

Scénario : Alan Ball

Pays :  Etats-Unis

Année : 1999

Genre : drame

Avec : Kevin Spacey, Annette Bening, Thora Birch, Wes Bentley, Mena Suvari, Peter Gallagher, Chris Cooper.

Synopsis : Lester Burnham, traverse la « crise de la quarantaine », entre son métier de cadre qu’il déteste, sa maison en banlieue, sa femme névrosée Carolyn et leur fille de 16 ans, Jane, en pleine puberté. Sa rencontre avec Angela, une des amies de Jane, va être l’occasion pour lui de se remettre totalement en question.

Pourquoi ? Pour Kevin Spacey, qui clôture ici avec un Oscar du meilleur acteur sa période faste (1995-2000) ; pour le sujet qui me parle, entre satire de la société américaine et questionnement sur le sens de l’existence, la peur de s’enfermer dans une vie conformiste et de ne pas pouvoir réaliser ses rêves, thème que reprendra Sam Mendes neuf ans plus tard dans l’également excellent Les noces rebelles, avec le couple star de Titanic ; pour la scène, proprement hilarante, où le père facho-réac et homo refoulé espionne son fils qui se trouve chez les voisins d’en face et, par illusion d’optique, croit que celui-ci est en train de tailler une pipe à Spacey.

lundi 25 août 2025

Le dernier métro (1980), de François Truffaut

 

« Tu es belle. Si belle que te regarder est une souffrance. »

C’est l’histoire de la troupe du théâtre Montmartre, sous la France occupée de 1942. Marion Steiner (Catherine Deneuve) en assure la direction depuis l’exil en Amérique de son mari juif allemand Lucas (Heinz Bennent) et Jean-Loup Cottins (Jean Poiret) met en scène la pièce norvégienne La Disparue, jouée notamment par un jeune acteur prometteur récemment engagé, Bernard Granger (Gérard Depardieu).

Fun fact : Le dernier métro (que la population s’empressait de prendre pour rentrer avant minuit, heure du couvre-feu) débute par un travelling où l’on voit Depardieu (ab)user de sa « liberté d’importuner » et se livrer au harcèlement de rue sur Andréa Ferréol, qui repousse ses avances avec humour. Je ne sais pas s’il était déjà comme ça à l’époque mais il n’a pas trop dû se forcer… A ce moment-là dans le film, il ignorait que Ferréol était la décoratrice de la pièce dans laquelle il allait se faire engager. Bon, sinon, encore un énième film ayant pour thème ou (ici) toile de fond l’Occupation allemande lors de la WWII. Mais il s’agit avant tout d’une histoire d’amour (entre Deneuve et Depardieu, of course) et d’un hommage au théâtre, l’une des rares distractions, avec le cinéma, de la population à l’époque. Co-recordman du nombre de Césars avec Cyrano de Bergerac (dix statuettes remportées sur douze nominations), dont les cinq principaux (meilleurs film, scénario, réalisateur, acteur et actrice, comme le Amour d’Haneke trente-deux ans plus tard), avec son duo vedette Deneuve / Depardieu et Truffaut et son équipe à la réalisation, Le dernier métro ne pouvait décemment être une « couille » et effectivement, il est très loin d’en être une. Les décors extérieurs sont toutefois un peu « cheap ». Chef d’œuvre, quand même pas (terme galvaudé, de toute manière) mais bon film (à minima), assurément. Et tant pis si Truffaut a fini par faire ce contre quoi il s’inscrivait à ses débuts (les films « académiques »)...

Le lieu du crime (1986) / Les innocents (1987), d’André Téchiné

 

« Dans la vie, on n’a pas l’choix : ou on est ivre, ou on est triste. » (Jean-Claude Brialy dans Les innocents)

Deux Téchiné pour le « prix » d’un. Mais quelle mouche m’a donc piqué pour que je m’inflige la filmographie de ce cinéaste, à priori à mille lieues de mes préoccupations ? C’est que ce gars-là est considéré par ses pairs comme un « géant du cinéma français »… Et de fait, la liste des comédiennes et comédiens qu’il a eu sous ses ordres a de quoi donner le tournis : Moreau (Jeanne), Pisier, Depardieu, Adjani, Brialy, Huppert, Dewaere, Trintignant (Jean-Louis), Binoche, Wilson (Lambert), Lanoux, Darrieux (Danielle), Bonnaire, Noiret, Béart (Emmanuelle), Vincent (Hélène), Auteuil, Magimel, Amalric, Blanc (Michel), Dussollier, Bouquet (Carole), Canet and, last but not least, l’un des derniers mythes français, Catherine Deneuve, qu’il dirigera à pas moins de huit reprises. Soit une bonne partie du « gratin » du cinéma hexagonal. Il révéla aussi Elodie Bouchez, Wadeck Stanczak, Pascal Greggory, Gaël Morel, Manuel Blanc, Stéphane Rideau ou encore Gaspard Ulliel. Nous nous trouvons là dans du cinéma d’auteur qui construit une « œuvre », ayant pour principaux thèmes les amours impossibles (ou contrariés), les rapports familiaux, l’homosexualité (Téchiné l’est lui-même), le tout parsemé (conjointement ou au choix) de faits divers, de considérations politico-sociales, de fragments autobiographiques et de scènes de nu ou de sexe gratuites faussement « provoc ». Ceci posé, ces deux films, mineurs et aux scénarios abracadabrantesques, ne valent pas tripette. Dans Le lieu du crime, Catherine Deneuve, mère d’un garçon au caractère difficile, s’éprend d’un fugitif évadé de prison (Wadeck Stanczak) qui avait racketté mais aussi sauvé celui-ci en tuant son complice. Quant à Les innocents, il voit la surdouée précoce Sandrine Bonnaire (alternant toujours regard ombrageux et sourire éclatant), pourtant à la base pas attirée par les hommes, tomber amoureuse simultanément de deux jeunes hommes, un « beur » (le futur cinéaste Abdellatif Kechiche, qui nous montre ses « attributs ») et un militant d’extrême-droite repenti (Simon de La Brosse) qu’il a tabassé pour se venger d’un incendie raciste auquel ce dernier avait participé et qui avait occasionné des brûlures au visage d’un membre de sa communauté. Bref, deux histoires hautement improbables. Ah, l’amûûûûr, toujours l’amûûûûr…

dimanche 24 août 2025

Les fantômes du chapelier (1982), de Claude Chabrol

 

« Vous auriez tort, Kachoudas… »

C’est l’histoire de M. Labbé (Michel Serrault), chapelier à Concarneau, qui a assassiné sa femme souffrante mais aussi cinq de ses amies d’enfance qui s’apprêtaient à lui rendre visite lors de son prochain anniversaire. Son voisin d’en face, le tailleur Kachoudas (Charles Aznavour), a tout découvert mais n’en dit rien à la police.

Moyennement inspiré par cette adaptation du roman éponyme de Georges Simenon, un peu longue (deux heures) avec ses redondances (Aznavour suivant Serrault le soir au bar où il fait des parties de cartes avec des amis puis dans les rues sombres et désertes) et où tout est très vite éventé (le tueur et son mobile). Le seul suspense résidant dans le fait de savoir si le « serial killer » sera appréhendé et comment. La mise en scène de Chabrol et l’interprétation de Serrault sont néanmoins à saluer mais j’attendais mieux (ou autre chose).

vendredi 22 août 2025

Madame Bovary (1991), de Claude Chabrol

 

« C’est la faute de la fatalité. »

C’est l’histoire, en 1837, d’Emma (Isabelle Huppert), fille d’un riche fermier, qui accepte de prendre pour époux Charles Bovary (Jean-François Balmer), médecin de campagne veuf. Elle qui rêvait d’une vie de luxe et de plaisirs va vite déchanter face aux conventions et à l’ennui inhérents à la condition d’épouse de notable.

Et allez, encore un film à costumes d’époque et ce foutu classicisme « à la française »… Obsédé par le roman éponyme de Gustave Flaubert et son héroïne, à 60 balais à l’époque, c’était le moment ou jamais pour « Chacha » de le tourner, ce film. C’est bien sûr sa future actrice fétiche Isabelle Huppert (troisième collaboration après Violette Nozière et Une affaire de femmes) qui endossera le rôle-titre. Alors que dire ? Que c’est longuet et basé sur un canevas classique. Mariée à un type bonnard mais sans passion, la miss a besoin d’autre chose. Alors elle flambera l’argent du ménage en bijoux et en fringues et s’offrira à un hobereau beau parleur (Christophe Malavoy) puis à un jeune clerc de notaire (Lucas Belvaux). La fin, où Bovary sera rattrapée par ses dettes et que ses amants ne pourront (ou voudront ?) aider (bien fait…), nous sortira d’une relative torpeur et donnera à Huppert l’occasion d’effectuer un joli numéro d’actrice (même si elle est bonne de bout en bout). Conclusions imparables : « trop bon, trop con » (pour Balmer) et « ne jamais péter plus haut que son cul » (pour Huppert).

Un air de famille (1996), de Cédric Klapisch

Nouvelle rubrique « express » pour lever le voile sur ma « DVDthèque ». Du très classique dans l’ensemble, à deux ou trois « curiosités » (toutes relatives) près.


« Bon, euh… Denis, on va arrêter cette… cette chose, là, cette espèce de relation merdeuse à la p'tite semaine, on va arrêter tout ça. »

Réalisation : Cédric Klapisch

Scénario : Cédric Klapisch, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri

Pays :  France

Année : 1996

Genre : comédie

Avec : Jean-Pierre Bacri, Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot, Agnès Jaoui, Claire Maurier, Wladimir Yordanoff.

Synopsis : Comme tous les vendredis soir, la famille Ménard se réunit au bar-restaurant Au Père Tranquille, tenu dans une banlieue par l'un des fils, Henri. Cette fois-ci, c’est pour célébrer le 35ème anniversaire de Yolande, épouse de Philippe, le cadet. La soirée va rapidement tourner aux règlements de comptes.

Pourquoi ? Pour le scénario, les dialogues et les personnages, toujours finement ciselés par le duo Bacri – Jaoui ; pour Frot et Darroussin dansant sur le People Have the Power de Patti Smith ; pour la musique du générique de Philippe Eidel ; pour le clébard immobile « Caruso ».

jeudi 21 août 2025

Evanouis / Weapons (2025), de Zach Cregger

 

C’est l’histoire de 17 des 18 élèves d’une classe d’une petite ville de Pennsylvanie qui disparaissent mystérieusement la même nuit à très précisément 2h17 du matin. Seul Alex (Cary Christopher) se rend normalement dans la classe de sa prof Justine Gandy (Julia Garner) le lendemain. Ils sont tous deux interrogés par la police mais cela ne fait pas avancer l’enquête, au grand dam des parents des enfants disparus, dont Archer Graff (Josh Brolin), qui va effectuer ses propres recherches.

Je suis comme Pierre Arditi : je ne vais quasiment plus au cinéma. Mais pas forcément pour les mêmes raisons. Les miennes tiennent dans la perte d’intérêt pour un art ou une industrie du divertissement qui semble avoir déjà tout dit depuis belle lurette et dans les tarifs, prohibitifs par rapport à ce qui est proposé. Cela dit, il m’arrive de faire une exception une ou deux fois dans l’année, le plus souvent l’été et pour des films d’horreur / épouvante ou des thrillers. Avec cet Evanouis (titre original : Weapons), je me trouve donc à la conjonction de ces éléments, profitant par ailleurs d’une petite réduction de prix (3 euros, c’est toujours ça de pris) de par ma situation professionnelle (ou plus précisément son absence). Et bien ce fût une bonne pioche, avec toutefois une légère pointe de frustration finale. L’intrigue est bien trouvée, ainsi que la narration, adoptant à tour de rôle le point de vue de différents personnages qui se croisent et tous en lien avec l’affaire : la prof, son ami flic, un marginal traqué par celui-ci et qui sera à l’origine de la découverte du fin fond de l’histoire, le père de l’un des enfants disparus, le directeur de l’établissement scolaire (rôle qui participe à lui seul aux quotas diversitaires réglementaires avec sa « double casquette » gay et d’origine asiatique) et enfin Alex, le seul élève non disparu ce soir-là. Une même scène pourra donc être vue sous différents angles. Procédé habile et original, même si pas totalement inédit (déjà vu dans un ou plusieurs autres films. Magnolia ?). Toute cette partie (les trois quarts du film, en gros), la plus intéressante, entrera dans la catégorie « thriller ». Hélas, la fin sera beaucoup plus classique et retombera dans les effets habituels du film d’horreur lambda (bagarres, scène gore outrancière). Dommage, nous n’étions pas loin d’une franche et totale réussite.

mercredi 20 août 2025

La femme d’à côté (1981), de François Truffaut

 

« Tu vois, Bernard, ça m’a beaucoup plu mais ça ne se reproduira pas. »

C’est l’histoire de Bernard (Gérard Depardieu), marié à Arlette (Michèle Baumgartner) et père d’un petit garçon. Ils vivent dans un petit village proche de Grenoble lorsqu’un jour, ils voient arriver en face de chez eux un couple, Philippe (Henri Garcin) et Mathilde (Fanny Ardant). Il se trouve que Bernard et Mathilde se connaissent déjà et ont vécu, sept ans auparavant, une tumultueuse histoire d’amour.

Mon premier Truffaut (ouh, la honte, oui, j’avoue…) ? Hum, non, quand même pas (ouf !)… Je me souviens avoir vu, il y a longtemps, La mariée était en noir, L’homme qui aimait les femmes et, mon père étant fan de Jean-Pierre Léaud, probablement un ou deux parmi Les quatre cents coups, Baisers volés et Domicile conjugal. Bon, cette Femme d’à côté est très bien, rien à dire. Avant-dernier film du célèbre cinéaste arrivant juste après le « raz-de-marée » du Dernier métro, il traite d’une passion amoureuse destructrice entre deux êtres incarnés par un couple star du cinéma français : Gérard Depardieu et Fanny Ardant. Ah, Fanny, quelle belle femme (craquante en tenue de joueuse de tennis) ! Et une femme « qui en a ». Léger bémol : un jeu (ou une diction) un peu maniéré (elle est visiblement pareille en interview). Là, lors de la rencontre entre les deux couples, elle descend des escaliers (plan sur ses jambes), Depardieu est de dos, il se retourne et pof, plan sur le visage de Fanny, radieuse et irradiante. Classique. Ils tromperont leur mari et femme respectifs pour revivre leur passion pourtant sans issue (enfin si, mais dramatique : « Ni avec toi, ni sans toi ») et ne pourront pas garder leur secret très longtemps. Le film va à l’essentiel, sans longueurs, avec une Fanny Ardant sombrant peu à peu dans la dépression et la folie et un Depardieu fragile et vulnérable. Une réussite.

mardi 19 août 2025

Tout feu tout flamme (1982), de Jean-Paul Rappeneau

 

« Hier, tu voulais me mettre en prison. » - « C’était hier… »

C’est l’histoire de Pauline Valance (Isabelle Adjani), brillante polytechnicienne au cabinet du Ministre des Finances, qui, à la mort de sa mère, s’occupe de sa grand-mère et de ses deux sœurs. Un jour, son père Victor (Yves Montand) revient en France après d’infructueuses opérations financières de casinos aux Bahamas et au Canada. Il se lance dans la réfection d'un casino au bord du lac Léman avec l’argent obtenu de la vente de l’immeuble familial, à l’insu de Pauline.

Jean-Paul Rappeneau tourne peu mais plutôt bien. Coécrit à six mains avec sa sœur Elisabeth et Joyce Buñuel (épouse du fils de Luis Buñuel), Tout feu tout flamme est quasiment une commande d’Isabelle Adjani. Séduite par Le sauvage (1975) avec le duo Deneuve - Montand, précédent film du réalisateur et soucieuse d’obtenir des rôles plus « légers » que jusqu’à présent, elle « harcela » gentiment Rappeneau qui avait justement l’idée d’un film sur un polytechnicien incarné par Francis Huster. Il modifia donc son scénario d’origine pour que ce rôle échoit à Adjani. Et comme Montand, malgré des relations tumultueuses sur Le sauvage, était également demandeur, il interprètera le rôle du père flambeur (dans tous les sens du terme, il fait des pommes flambées à un moment…). Jean-Luc Bideau jouera l’associé de Montand et Alain « La Souche » Souchon, pas encore menacé par l’implantation d’un « Carrouf » dans son quartier résidentiel, le journaliste amant d’Adjani (qu’il retrouvera l’année suivante dans L’été meurtrier). Les deux stars en font parfois des tonnes, Adjani abusant des yeux écarquillés et Montand se croyant par instants sur la scène de l’Olympia qu’il arpentait au même moment pour son tour de chant. Celui-ci, décidément assez égocentrique, était un peu jaloux d’Adjani (ou plutôt de l’attention particulière que lui portait Rappeneau) et craignait de n’être qu’un « faire-valoir » de l’actrice, ce qui n’était évidemment pas le cas. Le film est parfaitement représentatif de son époque (les on ne peut plus idiosyncratiques années 80) et d’un cinéma de divertissement « qualité France », sachant combiner et alterner comédie, émotion et scènes d’action (on pense parfois à certains Belmondo de la même époque). Aussi, il a un peu vieilli (la B.O un peu « gnan-gnan » composée par Michel Berger) et tout ceci est certes « cousu de fil blanc » (le père et sa fille, d’abord en conflit puis se rabibochant comme il se doit). Mais le duo vedette et les magnifiques décors alpins du final, notamment, en font un spectacle idéal pour décompresser après des trajets ferroviaires d’aller et retour de vacances mouvementés (mais, à l’attention des trop nombreux détracteurs de cette institution, non imputables à la SNCF, au contraire plutôt réactive sur ces coups-là : limitation de vitesse ou annulation de train en raison de la canicule, malaise d’un passager occasionnant un retard).

samedi 9 août 2025

Un après-midi de chien (1975), de Sidney Lumet

 

C’est l’histoire de Sonny (Al « J’en fais des caisses » Pacino) et Sal (John Cazale) qui braquent une banque à Brooklyn, avec son directeur et une demi-douzaine d’employés à l’intérieur. Problème : ils débutent dans le « métier » et vont rapidement être dépassés par l’ampleur de leur acte.

Lumet / Pacino / flicaille / histoire vraie, Part. 2. Est-ce le premier film « woke » (un terme qui commence à me courir sur le haricot à force d’être employé à tort et à travers mais en attendant d’en trouver un autre…) de l’histoire ? En effet, Pacino braque la banque pour pouvoir offrir l’opération de… changement de sexe de son… épouse Leon (Chris Sarandon, mari de Susan à l’époque). Mais il a aussi une « vraie » femme et deux enfants. Lumet, d’après les bonus, n’a pas voulu faire un film réaliste mais « naturaliste ». On peine en effet à croire que deux petits malfrats sans envergure aient pu tenir en respect une armée de flics et pas loin de dix otages une demi-journée durant. Certaines scènes sont même surréalistes : Pacino haranguant la foule (qui prend son parti) aux cris d’« Attica ! » (du nom d’une mutinerie de 1971) ou bavassant avec sa mère, dépêchée sur les lieux, le tout avec un contingent de flics armés et de journalistes autour de lui ; ou encore une caissière de la banque qui s’amuse avec son fusil après qu’il lui ait montré comment on prend la pose « repos » à l’Armée (inévitable « syndrome de Stockholm »). Quelques scènes de bavardages, en particulier celle entre Pacino et Sarandon, destinées à humaniser le personnage de Sonny, prennent le risque de casser le rythme du film et c’est effectivement ce qui se produit. Encore un classique certes pas désagréable, loin s’en faut, mais qui n’atterrira pas dans ma DVDthèque…

jeudi 7 août 2025

Serpico (1973), de Sidney Lumet

 

« J’ai déjà obtenu votre mutation. » - « Où ça, en Chine ? »

C’est l’histoire (vraie), de Frank Serpico (Al Pacino), flic intègre dans un service de police de New York qui l’est beaucoup moins. Refusant la corruption, mis à l’écart par ses « collègues », il va mener un long combat lors duquel il risquera même sa vie.

Quittons les rivages de « l’intellectualisme » français pour voir ce qu’il se passe du côté des « garants de l’ordre public » (et établi) yankees (chez nous, les spécialistes des films sur la flicaille se nomment Olivier Marchal et Cédric Jimenez, fin de la blague). Nous, on a eu Les Ripoux avec le duo Noiret / Lhermitte et eux, Serpico, avec le grand Al. Relativement sobre, pour cette fois. Délaissant rapidement son uniforme pour un style vestimentaire de civil, se laissant pousser barbe et cheveux, il va se trouver en butte à la corruption qui gangrène une grande partie de son service. Allant de mutations en mutations et peinant à convaincre une hiérarchie en pleine inertie, son chemin sera semé d’embuches et compromettra même sa vie sentimentale. Détail amusant (ou pas) : quasiment tous les délinquants qui se font « serrer » dans le film sont noirs. Je m’attendais à un film plus « nerveux », il y a assez peu de scènes d’action. Plus un drame qu’un polar, finalement. A voir pour Pacino, forcément, mais pas inoubliable pour autant, me concernant.

mercredi 6 août 2025

La vie et rien d’autre (1989), de Bertrand Tavernier

 

C’est l’histoire d’Irène (Sabine Azéma), une « femme du monde », qui parcourt la France dévastée de 1920 et ses hôpitaux à la recherche de son époux, après la Première guerre mondiale. Son chemin va croiser celui du commandant Dellaplane (Philippe Noiret), chargé de recenser les soldats disparus. Alice (Pascale Vignal), une jeune institutrice, recherche également son amoureux.

Si on nous aura bassiné avec la Seconde guerre mondiale, que ce soit en cours d’histoire ou sur grand (et petit) écran, ce fût beaucoup moins le cas pour la Première. Qu’à cela ne tienne, le duo « Tatav » / Noiret (dont je clôture ici mon cycle) est là pour combler ce manque. Vous m’expliquez pourquoi je persiste à me taper des films sur des sujets (en gros, historiques, avec costumes et décors d’époque) qui me passent par-dessus la tête ? Ben, pour la « culture »… C’est qu’ils nous auront tout fait, nos chers cinéastes, avec leurs Uranus, Germinal, Cyrano et autres Reine Margot, au casting aussi luxueux que leur reconstitution, leur assurant une moisson de Césars, d’interprétation ou techniques. Celui-ci en empocha deux (meilleur acteur pour Noiret et meilleure musique). Et de quoi ça cause ? Sérieux, vous ne le devinez pas, qu’Azéma et Noiret vont s’aimer ? Oh, pas dès le début, évidemment, mais progressivement, à force de se côtoyer, elle la bourgeoise hautaine et lui bon fond et droit dans ses bottes sous ses airs revêches. Et comme ça dure un petit peu plus de deux (longues) plombes, autour, faut « broder », avec des « intrigues » parallèles (l’institutrice, la recherche du poilu qui deviendra le « Soldat inconnu »…). Tout de même le second plus gros succès de Tavernier au box-office, derrière Coup de torchon.

mardi 5 août 2025

Le lauréat (1967), de Mike Nichols

 

C’est l’histoire de Benjamin, un brillant étudiant d’une vingtaine d’années (Dustin Hoffman, qui en avait dix de plus, doublé par Patrick Dewaere), qui rentre chez sa famille en Californie, histoire de passer quelques jours de vacances. A l’occasion d’une réception donnée en son honneur, Mme Robinson (Anne Bancroft), amie de ses parents, lui fait des avances. D’abord gêné, il finit par céder et ils entament une relation, se voyant régulièrement à l’hôtel. Mme Robinson a une fille, Elaine (Katharine Ross), et elle interdit formellement Benjamin de la rencontrer. Mais sur les conseils de ses parents, celui-ci va malgré tout la fréquenter et en tomber amoureux.

Je poursuis ma série Dustin Hoffman. Point de départ du « Nouvel Hollywood », bien ancré dans son époque hippie (« libération sexuelle » imminente) et « ambiancé » par les chansons du duo folk-rock Simon and Garfunkel (Nichols fera tourner Art Garfunkel dans Ce plaisir qu’on dit charnel avec Nicholson quelques années plus tard), ce Lauréat m’aura fait vivre des « montagnes russes » émotionnelles. Séduisant et amusant au début lorsque Hoffman se fait mettre le grappin dessus par Bancroft, petit décrochage en son centre, avant la fulgurance finale, où une simple réplique lancée par la fille Elaine à sa mère Mme Robinson aura suffit à me faire verser une petite larme (Hoffman remuant ciel et terre pour faire échouer in extremis le mariage de sa dulcinée, séquence forte). La magie du cinéma…

lundi 4 août 2025

Macadam Cowboy (1969), de John Schlesinger

 

C’est l’histoire de Joe Buck (l’alors « gauchiste » Jon Voight, avant un virage réac à 180 degrés, doublé en VF par Patrick Dewaere), beau jeune homme habillé en cow-boy, qui quitte son Texas natal pour New York, dans l’espoir d’y devenir gigolo. Mais très vite, il se met à déchanter face aux difficultés. Il rencontre Rico « Ratso » Rizzo (le toujours Démocrate Dustin Hoffman), petit escroc d’origine italienne, malingre, boiteux et tuberculeux. Tout les oppose mais une amitié va naître entre ces deux compagnons d’infortune.

On reprend les deux mêmes (Schlesinger / Hoffman) mais là, ça me parle davantage. Le film « pue » l’Amérique à plein nez (la reprise Everybody's Talkin' par Harry Nilsson du générique, typique). On plonge dans les bas-fonds new-yorkais avec son lot de paumés et de déshérités, pour lesquels chaque jour est un combat pour la survie. Vu qu’il est question de cul, le film fût à l’époque classé « X ». Ce qui ne l’empêcha pas de remporter trois Oscars et pas des moindres (meilleurs film, scénario et réalisateur). Boitant tel Kevin Spacey dans Usual Suspects, enchainant cigarettes et quintes de toux, Hoffman est un peu « too much » mais on reste néanmoins admiratif devant une telle performance. Pas d’issue positive pour ces « losers » (pour l’un d’entre eux, en tous cas), très loin du fameux « rêve américain », la mélancolie restera de mise. Quelques creux mais très bon.

Marathon Man (1976), de John Schlesinger

 

C’est l’histoire d’un mec, « Babe » Levy (Dustin Hoffman), étudiant (à 38 balais…) et coureur de marathon (et un peu de jupons, il se fait la suisse Marthe Keller), poursuivi par l’ancien nazi Christian Szell (Laurence Olivier) à New-York, où ce dernier s’est rendu pour récupérer des diamants. Mais que lui vaut ce courroux ? On ne sait pas trop, si ce n’est que Levy avait un frère (Roy Scheider), qu’il croyait travaillant dans l’industrie pétrolière mais qui était en réalité un agent secret du gouvernement américain et que Szell a assassiné. Evidemment, le nazi est sadique et s’adonne à de la torture sur la dentition d’Hoffman. Puis, il se rend dans un quartier juif très… commerçant afin d’y faire estimer ses diamants. Un bon polar d’époque, nerveux et (un peu) violent mais que le gars soit ancien nazi ou pas, ça change quelque chose ? Non, pas vraiment, alors à quoi ça sert ? On mettra ça sur le compte du « devoir de mémoire » (on peut comprendre que le trio Schlesinger réalisateur – Goldman scénariste – Hoffman acteur se sente concerné…)… Nazi Vs. Juifs, match retour. T’es gentil, Gunther, mais cette fois, on joue « à domicile », alors tu vas déguster (des diamants)…

samedi 2 août 2025

Etreintes brisées (2009), de Pedro Almodóvar

 

C’est l’histoire de Mateo Blanco (Lluís Homar), ancien réalisateur devenu aveugle il y a quatorze ans et désormais scénariste sous pseudonyme pour d’autres. Il est aidé dans sa vie quotidienne par Judith (Blanca Portillo), qui était son assistante et par Diego (Tamar Novas), le fils de celle-ci. Suite à une overdose accidentelle dans la boite de nuit où il officie en tant que DJ, Diego est hospitalisé. Judith étant en déplacement à ce moment-là, Mateo, malgré son handicap, se rend à son chevet et en profite pour lui raconter son histoire, notamment sa relation passionnée avec Magdalena, dite « Lena » (Penélope Cruz), qui fût l’actrice principale de Filles et Valises, son dernier film avant l’accident lui ayant fait perdre définitivement la vue et l’amour de sa vie.

Pour ce qui sera probablement le dernier Almodóvar chroniqué sur ces pages, je conclus sur une bonne note. C’est vrai qu’il est bon, ce con. Enfin, pourquoi « ce con », d’ailleurs ? Un type qui met un titre de Can (Vitamin C), le meilleur groupe de l’histoire (du moins de ses débuts jusqu’au départ de son second chanteur, le japonais Damo Suzuki), dans sa B.O ne peut pas être foncièrement mauvais (à part peut-être le paranoïaque et manipulateur Alain Soral, également très fan du groupe. C’est qu’il a toujours eu un faible pour les Allemands, « Soso »…). Mais je digresse. Donc oui, notre cinéaste ibérique sait nous torcher des scénarios alambiqués, passant avec virtuosité d’une époque (années 90 et 2000) ou d’un genre (comédie, mélodrame, thriller) à l’autre, avec toute une galerie de personnages. Un cinéaste à succès et son assistante, une secrétaire rêvant de devenir actrice maquée avec un richissime homme d’affaires qui deviendra le producteur de son premier film, réalisé par ledit cinéaste… Ces Etreintes brisées mêlent donc triangle amoureux (le réalisateur, l’actrice, le producteur), mise en abyme, passion, vengeance, trahison et remords. Difficile de ne pas voir dans le couple formé par le réalisateur Harry Caine / Mateo Blanco et son actrice Lena une transposition de celui d’Almodóvar et Cruz. Le « film dans le film » Filles et Valises est d’ailleurs un décalque parfaitement identifiable de Femmes au bord de la crise de nerfs (le Gaspacho bourré de somnifères, le lit brûlé, la valise de cocaïne…). Intérieurs toujours très soignés et beaux plans extérieurs de Lanzarote (îles Canaries). Il manque toutefois une pointe d’émotion et de folie pour effleurer le sans-faute.