dimanche 30 novembre 2025

On connait la chanson (1997), d’Alain Resnais

 

« Les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru » - « Au lac de… ? » - « Paladru ! »

Réalisation : Alain Resnais

Scénario : Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri

Pays : France, Royaume-Uni, Suisse

Année : 1997

Genre : musical, comédie dramatique, film choral

Avec : André Dussollier, Sabine Azéma, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Lambert Wilson, Pierre Arditi.

Synopsis : Simon, qui fait son métier d’agent immobilier sans conviction, en pince secrètement pour Camille, guide touristique et passionnée d’histoire comme lui. Mais elle s’éprend de Marc, le prétentieux et tyrannique patron de Simon. Parallèlement, la sœur de Camille, Odile et son mari Claude, un couple usé par les années, font appel à Marc pour leur projet immobilier tandis que Simon fait visiter des appartements à Nicolas, un ancien amant d’Odile particulièrement indécis.

Pourquoi ? Parce qu’encore et toujours (et pour la dernière fois sur ces pages) le duo Bacri - Jaoui au scénario et à l’interprétation et c’est à nouveau un succès critique (7 Césars, dont meilleurs film et scénario) et public (2,6 millions d’entrées en France) ; pour le concept audacieux d’intégrer dans les dialogues des extraits de chansons populaires interprétés en playback. Mention spéciale à Bashung (Vertige de l’amour, par Dussollier), France Gall (Résiste par Azéma, même si je conçois qu’au bout de trois fois, ça puisse gaver…), Eddy Mitchell (trois titres), Léo Ferré (l’immense Avec le temps, par Bacri) et Téléphone (Ca (c’est vraiment toi)… mais y’a que des « tubes », de toutes façons. Le cinéma « populaire et de qualité » tel qu’il devrait toujours être.

samedi 29 novembre 2025

The Host (2006), de Bong Joon-Ho

 

C’est l’histoire de la famille de « losers » Park, de Séoul : Gang-du (Song Kang-ho), du genre immature et père de la petite Hyun-seo (Go Ah-seong), tient un petit snack au bord du fleuve Han avec son père Hee-bong (Byun Hee-bong), tandis que sa sœur Nam-joo (Bae Doo-na) est une tireuse à l'arc de seconde zone et son frère Nam-il (Park Hae-il), un diplômé au chômage. Un jour, une immense créature monstrueuse surgit du fleuve, dévaste tout sur son passage et enlève la petite Hyun-seo. Celle-ci donnant signe de vie à son père Gang-du par un appel téléphonique, la famille va se mettre à sa recherche, malgré la pression des autorités locales qui pensent le monstre porteur d’un virus.

Alléluia, il aura fallu attendre mon 193ème article pour que je quitte momentanément mon ethnocentrisme cinématographique en m’attaquant à un cinéaste asiatique, plus précisément sud-coréen. Pourtant, ce continent se pose un peu là, question 7ème Art mais contrairement à beaucoup de mes « coreligionnaires » blogueurs, je n’ai pas leur âme chercheuse, leurs connaissances ou leur ouverture d’esprit. Pas assez ou trop de pistes de découverte, aussi et ce qui me vient à l’esprit (les films hyper-violents de John Woo, Epouses et concubines, In the mood for love…) ne me branche pas des masses. Pourquoi ce The Host, alors ? Parce que « film de genre » et ayant obtenu la note maximale de 5 sur 5 sur Chronicart (comme, dans des genres voisins, The Descent et Le Village), donc éveil de ma curiosité. Conclusion : bonne pioche. Le film brasse une multitude de thèmes, qui s’imbriquent parfaitement. Enfin, au moins trois : la comédie familiale et la satire / critique sociale à message politique (inégalités, écologie...) avec cette famille de « bras cassés » confrontée à une société obnubilée par la réussite sociale et au pouvoir coercitif des autorités (Bong Joon-ho s’est inspiré du mensonge des « armes de destruction massive » de l’Irak pour celui du virus, en réalité inexistant mais prétexte à imposer la répression) ; et le fantastique avec cette créature mi-numérique (ça se voit) mi-marionnette animée pour les plans de contact resserrés, sorte de mix entre Godzilla, Alien et Jurassic Park. Par contre, pour ce qui est de l’héroïsme, du caractère sacré de la cellule familiale (le père minable qui « soulève des montagnes » pour sauver sa fille) et de la « loi du talion » (le monstre qui doit périr, de préférence dans les pires souffrances), il semble que ce soient des sentiments universels. En même temps, difficile d’imaginer d’autre issue, même si elle n’est pas si heureuse que ça (je n’en dis pas plus pour pas gâcher).       

mercredi 26 novembre 2025

La Malédiction (1976), de Richard Donner

 

C’est l’histoire d’un mec, Robert Thorn (Gregory Peck), ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni, il est incapable d’annoncer à sa meuf Katherine (Lee Remick) que leur enfant est mort-né après l’accouchement. Alors il adopte un orphelin et le fait passer pour leur fils. Mais y’a un blème : celui-ci est né à 6 heures, le 6ème jour du 6ème mois (un 6 juin, donc) et des phénomènes étranges et tragiques se produisent…

Le contexte : lendemain de victoire (aux forceps) en Ligue des Champions contre Newcastle (fait assez rare pour être souligné) et arrivée en fin de crève ca-ra-bi-née (Covid ? Pourtant, à part ma mère le week-end, je vois dégun… Ou alors dans les magasins ou les transports de cette ville de bras cassés et traîne-savate comme moi ?). Quoi de mieux, dès lors, en cet après-midi ensoleillé mais frisquet, que de s’installer devant son petit écran et insérer dans son lecteur un DVD emprunté à l’une de ses médiathèques municipales, dans l’espoir de vivre l’agréable sensation de la découverte d’un bon film ? Bingo, c’est bien le cas. De Richard Donner, je ne connaissais que sa collaboration avec Mel Gibson (la franchise L’arme fatale et son trio Gibson – Glover – Pesci insupportable de cabotinage, Maverick et Complots). Au cinéma comme en musique, on ne fait que refaire ce qui a déjà été fait les décennies précédentes, alors autant aller directement « à la source ». Tous ces films d’horreur ou fantastiques des 70’s et des 80’s, de tueurs en série ou de maisons hantées, sont les ancêtres des productions qui pullulent chaque année sur nos écrans depuis le nouveau millénaire (et même un peu avant). Celui-ci est si emblématique qu’il a donné suite à… des suites, remake et autres « préquelle ». Clairement, sa réputation n’est pas usurpée, c’est du tout bon. Le genre qui sait maintenir la tension d’un bout à l’autre, sans scènes inutiles, on va… droit au but (pour rester dans le registre footballistique et fidèle à la devise de mon club). Alors d’accord, des fois, on devine très vite ce qui va arriver (la meuf qui monte sur une chaise pour décrocher un truc alors qu’elle est à l’étage, risqué…). Et encore une occase pour chier sur l’Eglise ? Un peu, mais quand même moins que L’exorciste où, de mémoire, la possédée dégueulait un liquide verdâtre sur le prêtre et sa Bible. Et faut quand même se taper l’eschatologie de ces putains de religions qui nous ont toujours pourri l’existence à travers les siècles. Mais sinon, rien à redire, réalisation, interprétation, musique, c’est au poil. Y’a même le petit « twist » final qui va bien. Tiens, tout ça m’a donné envie de réécouter l’hymne de ces satanistes de supermarché de la « Vierge de fer » (je déconne mais je ne peux pas m’empêcher de les aimer, c’est on ne peut plus Madeleine de Proust, ça)...     

lundi 24 novembre 2025

La mort aux trousses (1959), d’Alfred Hitchcock

 

« J’ai une secrétaire, une mère, deux ex-femmes et quelques barmen qui comptent sur moi. »

Réalisation : Alfred Hitchcock

Scénario : Ernest Lehman

Pays : Etats-Unis

Année : 1959

Genre : espionnage, action, thriller

Avec : Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason, Leo G. Carroll, Martin Landau.

Synopsis : Roger Thornhill, patron d’une société de publicité new-yorkaise, est victime d’un enlèvement puis d’une tentative de meurtre. Mais il s’agit d'un malentendu : ses ravisseurs le prennent pour un espion au nom de George Kaplan. Ceux-ci ayant parfaitement effacé toutes traces de leurs méfaits et la Police ne croyant pas Thornhill, il va devoir lui-même dénouer le nœud de cette ténébreuse affaire.

Pourquoi ? Parce qu’une DVDthèque sérieuse se doit de posséder au moins deux ou trois films du grand « Hitch », alors autant avoir les meilleurs ; pour le couple composé de Cary Grant (l’un de ces grands acteurs bisexuels) et d’Eva Marie Saint (101 piges aux nougats !), qui perpétue la tradition des grands couples romantiques d’Hollywood ; pour ses scènes d’action, en particulier celle, mythique, où Grant est pourchassé par un biplan dans des plaines agricoles ; pour la musique de Bernard Herrmann ; parce que ça ne prend pas une ride, si l’on fait abstraction des effets spéciaux rudimentaires de l’époque (la voiture sur fond d’écran diffusant des images de circulation automobile ; la reconstitution en carton-pâte du Mont Rushmore pour la scène finale…).

samedi 22 novembre 2025

Midnight Express (1978), d’Alan Parker

 

« Pour une nation de porcs, c’est drôle que personne chez vous n’en consomme… »

C’est l’histoire d’un ancien président de la « Raie publique » qui, en son temps, fustigeait les « juges rouges », qu’il trouvait notamment trop « laxistes » (c’est sans doute pour ça que nos prisons sont pleines à craquer…). Ce qui, venant d'un avocat de profession, ne manque pas de sel. Ceux-ci, pour se venger et lui prouver le contraire à ses dépens, allèrent jusqu’à inventer de toutes pièces pas moins de sept affaires différentes (dans lesquelles il n’est bien évidemment pour rien…) et lui firent subir moultes humiliations : commande de pizzas (comme le commun des mortels…) lors d’une garde à vue, port d’un bracelet électronique et même emprisonnement de quelques semaines dans un quartier « V.I.P » ! L’histoire ne dit pas s’il parvint à échapper à l’épreuve dite de « la savonnette sous la douche »… Comme notre homme est vénal, cela lui donne l’occasion « d’écrire » un de ces livres dont les vieilles rombières de l’ex-UMP sont si friandes : Le journal d’un prisonnier (sic). Hé, coco, mais on est tous « prisonniers »... Et c’est la Mort qui nous libère.

Ah non, merde, c’est pas ça… N’empêche, ça ferait un bon scénar’… Mais reprenons.

C’est l’histoire d’un mec, William Hayes (Brad Davis), Américain de son état en vacances en Turquie avec sa petite amie Susan (Irene Miracle), qui se fait « pincer » en 1970 par la douane locale avec deux kilos de haschich dissimulés sous ses vêtements. Il comptait se faire un peu d’argent en les revendant aux Etats-Unis (on n’a pas idée…). Pensant écoper d’une peine légère, il va finalement vivre l’enfer…

Encore un classique que je n’avais pas vu. Un film « choc », basé sur le récit autobiographique de William Hayes et dont, selon la formule consacrée, on ne « ressort pas indemne ». Petit budget, pas de grandes stars à l’affiche (Richard Gere fût un temps pressenti pour le premier rôle) mais une équipe solide à la conception : Oliver Stone (quasi inconnu à l’époque) au scénario, qu’il a surdramatisé, Alan Parker à la réalisation, tandis que Giorgio Moroder se chargea de la B.O (dont est issu son célèbre thème Chase). Difficile de ne pas être révolté et de ne pas avoir un haut-le-cœur devant ce qu'endurent ces hommes dans cet enfer carcéral qui les broie, aussi bien physiquement que mentalement et où leur humanité même est niée, face à la cruauté d’un gardien en chef sadique (le colosse Paul L. Smith, qui prendra la relève de Bud Spencer). Alors qu’il arrivait au bout de ses quatre ans de prison, notre « héros » (bon, faut quand même être con pour essayer de faire passer deux kilos de drogue d’un pays autoritaire comme la Turquie aux Etats-Unis…), lors d’un second procès, se verra condamné à rempiler pour… trente ans supplémentaires ! Heureusement, il parviendra à s’évader. Très bonne interprétation d’ensemble (Brad Davis – même voix de doublage que De Niro dans Taxi Driver – et ses compagnons d’infortune Randy Quaid et John Hurt). Il y a deux scènes à connotation sexuelle qui au premier abord me semblaient hors de propos et tombant comme un cheveu sur la soupe (prémices d’une relation homosexuelle entre Brad Davis et Norbert Weisser sous la douche ; au parloir lorsque Davis demande à Miracle de lui montrer ses seins, avant qu’ils ne fassent quasiment l’amour malgré la vitre les séparant) mais au final, ça se tient et peut se comprendre dans un univers où toute tendresse est bannie. Bon, après ça, ne restera plus qu’à chasser de son esprit ces images fort perturbantes. Pas une mince affaire… 

lundi 17 novembre 2025

Mission Impossible (1996), de Brian De Palma

 

« Kittridge, vous n’m’avez jamais vu quand j’m’énerve ! »

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : David Koepp et Robert Towne, d'après une histoire de David Koepp et Steven Zaillian, d'après la série télévisée Mission Impossible de Bruce Geller

Pays : Etats-Unis

Année : 1996

Genre : espionnage, action, thriller

Avec : Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart, Jean Reno, Ving Rhames, Henry Czerny, Kristin Scott Thomas, Vanessa Redgrave.

Synopsis : Une équipe de Mission Impossible dirigée par Jim Phelps a pour mission d'arrêter un espion qui va dérober la liste des agents infiltrés en Europe Centrale lors d'une soirée à l'ambassade américaine de Prague. Mais l'opération tourne mal et l’équipe est décimée. Seul survivant, Ethan Hunt découvre que l'opération devait en réalité démasquer une « taupe » du nom de Job au sein de l'équipe…

Pourquoi ? Parce que c’est ici que tout a commencé et c’est « expédié » en deux heures moins le quart, avant que l’égocentrique Cruise ne s’engage par la suite dans une perpétuelle et un peu vaine surenchère de cascades toujours plus folles à réaliser soi-même (ne soyons pas cynique, on peut aussi y voir un respect du public en lui en donnant « pour son argent »), dans des « pavés » de deux heures trente minimum. Parce que comme toujours dans ce genre de films (et avec De Palma), il y a deux ou trois morceaux de bravoure (le vol de la liste d’agents sur le site de la CIA, le final sur le toit du TGV), avec son lot d’action et de suspense. Parce que deux « frenchies » (Béart et Reno) sont de l’aventure (deux et demi avec Scott Thomas). Et parce qu’avec cette série, on voyage (Prague, que j’ai eu la chance d’un peu visiter, Londres). Pour le reste, on est bien d’accord que c’est une histoire toute conne de gentils contre des méchants et des traitres certainement bourrée d’invraisemblances (mais on s’en branle).

dimanche 16 novembre 2025

Obsession (1976), de Brian De Palma

 

C’est l’histoire d’un mec, Michael Courtland (Cliff Robertson), riche promoteur immobilier, il perd son épouse Elizabeth (Geneviève Bujold) et sa fille Amy de 9 ans lors de leur kidnapping qui tourne mal. Et voila que seize ans plus tard, en 1975, tout recommence : il fait la connaissance à Florence, dans l’église où il avait rencontré sa femme, de Sandra, une restauratrice de peinture qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il la séduit, ils se marient et Sandra est kidnappée à son tour…

Brian De Palma est le réalisateur le plus représenté dans ma « collec’ », avec quatre films, deux des années 80 et deux des années 90. Alors que les vrais cinéphiles (dont je ne suis pas) vous diront que ses meilleurs films sont ceux des années 70 (et ils ont sans doute raison). Le cinéaste est… obsédé par l’œuvre d’Alfred Hitchcock et il n’hésite pas à s’en inspirer. Ici, avec le scénariste Paul Schrader, il nous refait le coup de Vertigo (Sueurs froides), le « film parfait » (dixit) que tous les vrais cinéphiles aiment (et moi pas tant que ça mais j’ai sans doute tort). Je n’étais pas sûr d’avoir vu ce Obsession mais finalement si, des images me sont revenues en mémoire. Il bénéficie de trois gros atouts : la musique, magnifique, de Bernard Herrmann (son avant-dernier film, avant Taxi Driver) ; l’interprétation, non pas de Cliff Robertson (trop figée) mais de Geneviève Bujold, une actrice que je ne connaissais pas avant de la voir dans le Faux-semblants de David Cronenberg et qui s’avère ici épatante dans ce double (et même triple) rôle ; et bien sûr la réalisation de De Palma, avec nombre de scènes particulièrement réussies (à l’église, la filature dans Florence, la conversation entre Robertson et John Lithgow dans le café avec vue sur la place, les flashbacks du kidnapping initial, le final à l’aéroport…) grâce à d’ingénieux procédés (double focale, gros plan, travelling, ralenti, contreplongée, filmage à travers un voile pour marquer un aspect onirique…). Par contre, l’histoire est un peu « tirée par les cheveux » et son dénouement trop vite expédié à mon goût (le film est d’ailleurs relativement court, 95 minutes). Mais le positif (qui l’est véritablement) l’emporte largement sur les petits points négatifs.

jeudi 13 novembre 2025

Tango (1993), de Patrice Leconte

« Tu vas voir comme on va être bien. On mangera le gras de la viande, la peau du poulet, les pommes de terre au beurre. Alors bien sûr, on grossira. Mais quelle importance, puisqu’on n’aura plus personne à séduire ? On s’ra entre nous. On se racontera des histoires de cul, on autorisera les gros mots au Scrabble, on fera des concours de bites… Il nous arrivera d’péter. »

« Regarde ceux-là, il lui a fait trois enfants, c’est foutu. Il pourra plus jamais prendre le large, s’amuser, s’aérer… »

C’est l’histoire de Paul (Thierry Lhermitte), trompé par sa femme Marie (Miou-Miou), qui le quitte. Ne pouvant vivre ni avec ni sans elle, il souhaiterait sa mort, ça le soulagerait. C’est là qu’entre en jeu son oncle dit « l’Elégant » (Philippe Noiret), un juge d’instruction qui, par compassion, avait fait acquitter il y a quelques années Vincent (Richard Bohringer), pourtant coupable du meurtre de sa femme (Michèle Laroque) et de son amant. Usant d’un chantage, il force Vincent à tuer Marie. Voici les trois hommes partis sur les routes à la recherche de l’épouse à éliminer.

Pouvoir flatuler (ce tue-l’amour rédhibitoire…) en toute sérénité n’est pas le moindre des avantages du célibat (et je sais de quoi je parle, j’ai un demi-siècle d’expérience en la matière...), comme nous le montre par l’exemple Noiret dans ce film qui aurait pu s’intituler « Bienvenue chez les MGTOW ». Déception toute relative pour ce Tango dont j’attendais beaucoup, sans doute trop. La faute à un manque d’idées évident, la durée du métrage, d’un peu moins que les 90 minutes réglementaires, étant déjà un (mauvais) signe. Film sous très haute influence Bertrand Blier, parfaitement revendiquée par Leconte dans les bonus mais que Lhermitte vient nuancer : « On peut pas confondre. Blier, c’est acide, souvent cynique, mordant. Ici, c’est charmant, toujours et c’est joli ». Rien que le postulat de départ, absurde… Un homme ne peut pas vivre sans ni avec sa femme, alors y’a qu’à la zigouiller. Du Blier pur jus. Mais le scénar, ou plutôt sa « mise en musique », ça coince un peu : près de vingt minutes d’introduction, pour raconter le double meurtre de Bohringer (un peu rude, d’ailleurs, pas très drôle comme entrée en matière pour une comédie…), c’est autant qui manqueront pour l’intrigue principale. Et ensuite, au gré de l’inspiration, on s’attarde ou on accélère, on filme des scènes d’aviation à rallonge pour meubler... En revanche, pas grand-chose à reprocher au casting, ni aux dialogues. Miou-Miou fait des apparitions sporadiques (une scène sans utilité narrative où Lhermitte la rêve, comme si son contrat prévoyait un quota de minutes à l’écran à respecter). « L’Elégant », typiquement le genre de rôles truculents qui va à ravir à Noiret. Evidemment, c’est lui qui a les meilleures répliques (je vous en ai livré deux en préambule) et l’écouter les dire de son ton pédant et précieux, c’est jouissif, du petit lait. Du coup, Lhermitte (avec qui il avait tourné les deux premiers Ripoux), un acteur que je n’ai jamais trouvé extraordinaire, sans doute le moins bon de la troupe du Splendid et, à un degré moindre, Bohringer et sa voix rauque (qui s’est senti un peu à l’écart face à cette complicité) peinent à se hisser à sa hauteur. Dans le reste de la distribution, on remarque Carole Bouquet (toujours en femme fatale inaccessible), la nouvelle passionaria du féminisme 2.0, l’alors toute jeune Judith Godrèche, Michèle Laroque à ses débuts et dans de petites apparitions, Jean Benguigui, Ticky Holgado, Élodie Bouchez et surtout Jean Rochefort, à qui il suffit d’une courte scène pour nous éclabousser de son immense talent. Film en apparence misogyne et évidemment critiqué comme tel à sa sortie mais tout le contraire en réalité, plutôt un réquisitoire ou du moins une moquerie de la lâcheté des hommes (enfin, de certains). Mais tout n’est pas perdu, Leconte racontant que lors d’une diffusion en plein air dans un festival il y a quelques années, les gens avaient beaucoup rigolé et pris le film pour ce qu’il est vraiment. Quant à la possibilité de sortir un tel film de nos jours, Lhermitte avancera des propos bateaux mais pleins de bon sens, du style « pour faire des blagues sur les femmes, il ne faut pas être misogyne, des blagues sur les Juifs, il ne faut pas être antisémite et des blagues sur les Noirs, il ne faut pas être raciste » ou « parmi tous les gens qui sont conscients des discriminations et des stigmatisations – et il faut l’être –, il y en a une partie qui n’a aucun humour, c’est comme ça ». Oui, et c'est bien triste...              

mercredi 12 novembre 2025

Le bonheur est dans le pré (1995), d’Etienne Chatiliez

 

« Pendant ton absence, j’ai… Ca lui a bien dégagé les écoutilles. »

C’est l’histoire de Francis Bergeade (Michel Serrault), chef d'entreprise à Dole, en proie à de multiples problèmes : les employées de son usine de sièges de toilettes menacent de faire grève, alors qu’un contrôle fiscal se profile et que sa femme Nicole (Sabine Azéma) et sa fille Géraldine (Alexandra London), bourgeoises autocentrées, ne font rien pour l’aider. Il sera même victime d’un malaise vagal. Ses seuls moments de plaisir, il les partage autour d’une bonne table avec son ami concessionnaire automobile Gérard (Eddy Mitchell), un bon vivant et coureur de jupons invétéré. Mais voilà qu’un soir, en regardant l’émission Où es-tu ?, il se reconnait dans le portrait de Michel Thivart, disparu vingt-six ans plus tôt et dont il est le parfait sosie. Poussé par Gérard, il va sauter sur l’occasion pour changer de vie.

Je vais faire mon difficile en disant cela mais finalement, Chatiliez, c’est pas si fou que ça, non ? Certes, à l’instar d’un Francis Veber, son savoir-faire de petit artisan au ton vachard le fait voler bien au-dessus (au moins jusqu’à La confiance règne, ensuite ça se gâte sévère…) de la multitude de panouilles mises en boite par des tâcheron(ne)s qui sortent chaque année sur nos écrans, aux têtes d’affiche immuables (Dany Boon, Didier Bourdon, Gérard Darmon, Christian Clavier, Kad Merad, Michèle Laroque, Valérie Bonneton…). Mais passés la bonne idée de départ (l’inversion des bébés dans La vie est un long fleuve tranquille, la vieille acariâtre de Tatie Danielle, le grand dadais qui s’accroche à ses parents dans Tanguy…) et un art consommé de la caricature (vous me direz, c’est déjà pas mal), qu’y a-t-il d’autre à se mettre sous la dent (ou les yeux et les oreilles, en l’occurrence) ? Ici encore, la galerie de personnages caricaturaux qu’on croirait sortis des Bidochons ou des Deschiens (François Morel en comptable en « Nike », Yolande Moreau en ouvrière), le choc des mondes et des contraires (l’usine de la ville / le marché du village campagnard, Azéma en bourgeoise distinguée / Mitchell en mec bourru et vulgos) mais peu de gags ou situations franchement comiques et de « punchlines » incisives. Les acteurs ne sortent pas de leur registre habituel et de fait, ils excellent (c’est bien le moins), notamment « Schmoll », qui empoche le César du meilleur second rôle masculin. Le film voit débuter au cinéma les deux frères Cantona, tous deux footballeurs, nés à Marseille et ayant joué à l’OM (Eric lors de la grande époque des « années Tapie » et Joël, nettement moins talentueux, pendant les deux saisons du club en Deuxième division entre 1994 et 1996). Finalement, je retiendrai surtout le message du film pour une vie simple et le goût des bonnes choses, en particulier celles de la table. 

lundi 10 novembre 2025

JFK (1991), d’Oliver Stone

 

« Ça a l'air d'une histoire de cow-boys mais c'est une histoire d'OAS. La police est de mèche avec ultras (…). Toutes les polices du monde se ressemblent quand elles font de basses besognes. » (Charles De Gaulle, à son retour en France après les funérailles de John F. Kennedy)

Réalisation : Oliver Stone

Scénario : Oliver Stone et Zachary Sklar, d'après le livre de Jim Garrison

Pays : Etats-Unis

Année : 1991

Genre : policier, drame, historique, film de procès

Avec : Kevin Costner, Tommy Lee Jones, Gary Oldman, Kevin Bacon, Laurie Metcalf, Jay O. Sanders, Michael Rooker, Sissy Spacek, Joe Pesci, Jack Lemmon, Donald Sutherland.

Synopsis : Trois ans après l'assassinat de John F. Kennedy qui a eu lieu à Dallas le 22 novembre 1963, le procureur de La Nouvelle-Orléans Jim Garrison reprend l’enquête et remet en cause les conclusions du rapport de la commission Warren. Selon lui, nous avons affaire à un complot impliquant le Pentagone, la CIA et le FBI.

Pourquoi ? Parce que Stone (un bon mec, qui « titille » l’Amérique là où ça lui fait mal), parce que Costner au « peak » de sa carrière, parce que le casting, royal (là aussi, une star par rôle, même s’il dure cinq minutes, cf. Bacon, Lemmon et Sutherland). Et parce que le sujet est passionnant (enfin, à moi, il me passionne : comme pour le « 9/11 », connaitra-t-on un jour l’exacte vérité ?) et qu’on ne voit pas les trois heures (!) passer.

dimanche 9 novembre 2025

Milou en mai (1990), de Louis Malle

 

« Papy, c’est quoi, la pilule ? » - « C’est l’progrès ! »

« La Gauche essaie de prendre le train en marche, sans bien savoir où il va, ce train… »

« Le problème, maintenant, c’est que toutes les femmes veulent jouir. Autrefois, elles savaient même pas que ça existait, ça allait tout seul… »

« Le mariage, c’est le tombeau de l’amour. »

C’est l’histoire de Milou (Michel Piccoli), un vieil épicurien qui vit à la campagne, dans le Gers, avec sa mère (Paulette Dubost). Mais celle-ci décède brutalement d’une crise cardiaque. Arrivent alors dans la demeure familiale le frère (Michel Duchaussoy), la fille (Miou-Miou) et la nièce (Dominique Blanc) de Milou. Les appétits autour de l’héritage s’aiguisent tandis que l’enterrement est compromis par les grèves de mai 68.

Alors, Malle, c’est bien ? Ben, que ce soit Fatale ou celui-là, c’est… pas mal(le)… Qu’y a-t-il à glaner ici ? En vrac : la musique du violoniste Stéphane Grappelli, dans une veine jazz manouche, quelques répliques qui font mouche et une belle brochette de comédiens. Une charge contre la bourgeoisie ? Oh, juste quelques égratignures, ainsi qu’au « Grand Charles ». Piccoli incarne un personnage qui ne doit pas être très éloigné de ce qu’il fût dans la vie. Au contraire, très probablement, de Miou-Miou qui campe une bourgeoise bien de droite. Nous avons aussi Paulette Dubost (l’une de ces actrices françaises qui atteindra les 100 ans), Dominique Blanc en lesbienne rigide (César du meilleur second rôle féminin), les premiers rôles de Jeanne Herry (douze ans, adorable, fille de Julien Clerc et… Miou-Miou) et de Valérie Lemercier et hélas, le dernier de l’ex-Nul Bruno Carette, qui appartient à cette longue liste des victimes du Sida (ça, c’est pour ceux, moi le premier, qui idéalisent les années 80. Une bien sinistre période, en réalité...). Y’a aussi des trucs complètement lunaires : Piccoli qui se tape sa bonne, fait de l’œil à sa belle-sœur et a même des vues… sur sa propre petite fille de douze ans (Jeanne Herry, donc) ; tout ce petit monde qui boit, chante et fait la « chenille » devant même la défunte dont la dépouille est exposée dans le salon ; la gamine qui parle à cette même défunte et lui touche le visage ; ou encore Bruno Carette en camionneur qui ramène en stop le fils de Duchaussoy à la demeure familiale et en profite pour s’inviter (et draguer la gente féminine) sans que personne ne s’en offusque (sympas, ces bourgeois, finalement). Les querelles attendues, autour de l’héritage et de la politique, sont bien au rendez-vous. Cette histoire prend corps en mai 1968, alors qu’à Paris, et bientôt dans toute la France, manifestations et grèves se multiplient lors de ce très court instant, véritable cauchemar (encore aujourd’hui) pour la bourgeoisie, le Capital et la Réaction, où tout semblait possible, avant que le secrétaire général de la CGT Georges Séguy ne vienne s’assoir à la « table des négociations » pour y marchander le poids et la longueur des chaines (« Quand la CGT est allée négocier les accords de Grenelle, j’ai compris que la révolution était terminée », Jean-Claude Carrière, co-scénariste). Cinéaste à creuser, incontestablement, mais pas son acclamé Au revoir les enfants parce que les drames « tire-larmes » sur l’Occupation et la Seconde guerre mondiale, on en a soupé…  

vendredi 7 novembre 2025

Le récidiviste (1978), d’Ulu Grosbard

 

C’est l’histoire de Max Dembo (Dustin Hoffman, moustache et rouflaquettes), petit délinquant, qui pour la troisième fois sort de la vraie prison pour intégrer celle « à ciel ouvert », c’est-à-dire la vie. Il est en liberté surveillée (comme nous tous, en somme) et conditionnelle. Son souhait est de se « réinsérer dans la société » et de faire « comme tout le monde », c’est-à-dire trouver du travail et fonder un foyer. Comme dit Agnès Jaoui dans Cuisine et dépendances, « il vaut mieux un épanouissement classique que pas d’épanouissement du tout »… Etant donné ses « hard skills » et ses « soft skills », il ne sera pas trop regardant sur l’emploi, tant pis s’il n’a pas le « pack » tickets resto / prise en charge de la mutuelle et du transport à 50% / prime « partage de la valeur »… Et de fait, une jeunette (Theresa Russell) lui dégote un job (aujourd’hui on appelle ça une « chasseuse de têtes » ou un « agent de placement »… Et oui, on nous « place », comme des objets…) tout en bas de l’échelle sociale (ramassage de canettes dans une usine). Comme il tombe sous son charme, il l’invite à diner pour fêter son recrutement. Tout semble donc aller pour le mieux mais patatras : un de ses vieux potes (Gary Busey) se drogue dans sa chambre d’hôtel et le policier chargé de la surveillance de Dembo, y décelant un indice, pense qu’il a « replongé » et le remet illico en taule. Désabusé, notre héros reprend, une fois libéré, sa vie de malfaiteur, en compagnie d’un autre ami (Harry Dean Stanton) qui s’était lui aussi « rangé ». Et oui, la vie lui fait des misères mais comme il est Dustin Hoffman (ce qui n’est pas donné à tout le monde), il fait des pieds et des mains pour s’en sortir et y parvient à peu près. Petit polar « à l’ancienne » plaisant, avec fatalement des incohérences (le mec, il se met une cagoule pour braquer une supérette de nuit mais reste à visage découvert pour une banque et une bijouterie…) mais qui vaut surtout pour la présence de Dustin car n'oublions pas que « quand il rentre dans un plan, il ne rentre pas dans un plan, il rentre dans la vie, quoi, il rentre dans notre salon » (Pierre Arditi, qui d’ailleurs lui prête sa voix française au doublage).    

jeudi 6 novembre 2025

The Descent (2005), de Neil Marshall

 

C’est l’histoire de six nanas, dont une sortant d’un drame personnel (perte de son mari et de sa fille dans un accident de la route auquel elle a survécu), qui se retrouvent pour faire de la spéléologie dans les Appalaches. Mais les voilà bloquées dans les grottes suite à un éboulement. Cet incident va mettre à rude épreuve leur amitié, d’autant plus qu’elles ne sont pas seules dans cet environnement souterrain…

Gros succès critique pour ce film d’horreur britannique et c’est globalement justifié. On va au cinéma pour ressentir des émotions et là, elles sont fortes. L’idée de départ est plutôt originale (six femmes dans une grotte, sous la menace de dangereuses créatures humanoïdes), la tension et le suspense ne faiblissent pas. Bien sûr, l’instinct de survie et les querelles d’égo font ressortir le pire de l’être humain et c’eût été six hommes que c’eût été pareil de ce point de vue-là. Des clins d’œil plus ou moins appuyés à Alien, Shining et Délivrance (y’a pire comme références). Le « twist » final ne manque pas non plus à l’appel. Je regrette simplement des explosions gore un peu complaisantes et le traditionnel recours à la morale, celui (ou ici, en l’occurrence, celle) qui a péché devant automatiquement être puni(e) et, de préférence, en souffrant le plus possible (le « œil pour œil, dent pour dent »).    

mardi 4 novembre 2025

Le grand bleu (avec une palme noire) (1988), de Bul Caisson

 

C’est l’histoire d’un mec… euh non, de deux mecs, le « rital » Enzo Molinari (Jean Reno) et le « francese » Jacques Mayol (Jean-Marc Barr), ils se tirent la bourre pour savoir lequel des deux a la plus grosse… euh non, lequel des deux plongera le plus profond et restera en apnée le plus longtemps. Sinon, dans la vie, à la surface, ils sont bons copains. Un jour, Jacques tombe amoureux de la belle américaine Johana Baker (Rosanna Arquette).

Madeleine de Proust. Et ouais. Mais quand même pas « gold » pour autant. Août 1990. Mon pauvre « padre » et moi passons quelques jours à « Paname ». Nous voyons le film, en version longue, dans un cinéma sur les Champs-Elysées. Pour clôturer cette belle journée, nous nous rendons au Parc des Princes (sic), pour assister au match de football entre le Paris Saint-Germain et l’Association de la Jeunesse Auxerroise. A l’entrée du stade, nous nous faisons aborder par un skinhead passablement éméché qui, constatant que mon père avait les cheveux ras, lui lança « bravo Monsieur, c’est comme ça qu’il faut vivre ! ». Le malheureux ! S’il avait su qu’et d’une, nous nous situions à son extrême opposé sur l’échiquier politique et que de deux, nous étions marseillais et par conséquent supporters de l’Olympique local (même si la rivalité entre les clubs des deux plus grandes villes de France n’était pas aussi exacerbée que de nos jours, elle débutait tout juste à l’époque) et que sur ce match, nous soutenions évidemment l’équipe bourguignonne, sa réaction aurait sûrement été tout autre (pour la petite histoire, le score final fût de 1 à 1). Voila pour l’anecdote. Tenez, une autre : ma phobie de la mer et de ses fonds date-t-elle d’avant ou après ce film ? Certainement d’avant, quand mon grand-père paternel (sensible mais viril et… homophobe. Une autre époque, on va dire…) me jeta à l’eau du petit bateau appartenant à son neveu (mais quand même à proximité de la côte et avec des brassards…), je devais avoir une dizaine d’années. Mais de mémoire, il n’y a qu’une scène sous-marine susceptible de m’effrayer (avec faune et flore, au début, quand le père de Mayol meurt noyé. Et encore, elle est en noir et blanc). Dans les autres, on ne voit rien ou presque, tout est sombre. A part ça, Besson est un con (et plus si affinités…), on sera tous plus ou moins d’accord là-dessus. A la fois sauveur (financièrement) et fossoyeur (artistiquement) du cinoche hexagonal. Je trouve que celui-ci est son meilleur (Léon et Nikita juste derrière). Il est entaché de quelques polémiques. Besson se brouilla avec Mayol, qui cherchait à bénéficier davantage de la réussite du film financièrement parlant (il se suicidera par pendaison en 2001) ainsi qu’avec Barr, qui vivra mal ce succès trop envahissant. Et Enzo Maiorca (joué par Reno), insatisfait de son image, fit interdire le film en Italie pendant quatorze ans. Puisque vous savez déjà tout sur ce film générationnel, je conclurai en citant le magazine Chronicart (que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait musicalement découvrir il y a une quinzaine d’années, pour les avoir fort justement encensés, Architecture in Helsinki, Electrelane, The National Trust, Jackson & his computer band, Low et surtout les formidables Fiery Furnaces) à propos des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, opus bessonien de 2010 : « Comment s’y prend-il, ce cinéma, pour nous réconforter ? La réponse est connue, puisqu’il y a longtemps déjà que sévit son programme : en nous parlant comme à des enfants, évidemment. (…) Ce n’est pas de leur faute, à Besson, à Jeunet (P.S : je rajouterai Spielberg, leur possible modèle), ce sont eux-mêmes de grands enfants. Cet argument-là, quand même, qu’on nous permette d’en douter : difficile de s’en convaincre à les voir, sur les plateaux de télé, vendre leurs films avec l’air triste et renfrogné de vieux messieurs las, dont l’œil ne semble plus briller, depuis longtemps, de la moindre innocence. ». Et parce qu’on ne s’en lasse pas, la parodie du célèbre « youtubeur » Mozinor (un « extrême-droitard » mais faut être fair-play et reconnaître le talent quand il existe. Et rien de clivant, ici. A moins d’être fan du gros Luc, bien entendu…) : 


lundi 3 novembre 2025

Les Incorruptibles (1987), de Brian De Palma

 

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : David Mamet (d'après le livre The Untouchables d'Eliot Ness), Oscar Fraley et Paul Robsky

Pays : Etats-Unis

Année : 1987

Genre : policier, thriller, historique

Avec : Kevin Costner, Sean Connery, Charles Martin Smith, Andy García, Robert De Niro.

Synopsis : Chicago, 1930. Eliot Ness, jeune agent fédéral idéaliste, engage Jim Malone, vieux policier d'origine irlandaise, George Stone, un excellent tireur d’origine italienne et Oscar Wallace, un comptable. Ensemble, ils forment un groupe surnommé « Les Incorruptibles » et tentent de mettre fin aux agissements du criminel Al Capone.

Pourquoi ? Pour le casting, entre « jeunes loups » (Costner, Garcia) et « vieille garde » (Connery, De Niro), l’histoire et la mise en scène, avec notamment la mythique scène du landau dévalant le grand escalier de la gare de Chicago (inspirée d’une scène du Cuirassé Potemkine et parodiée dans un opus de la série des Y a-t-il un flic… ?). Décidément, les gares inspirent De Palma (cf. la scène finale de L’impasse)…

dimanche 2 novembre 2025

Lunes de fiel (1992), de Roman Polanski

 

« Mais j' l'adore, ton cul... J'en suis fou, d'ton cul... »

C'est l'histoire d'un couple britannique pudique et guindé, Nigel (Hugh Grant) et Fiona (Kristin Scott Thomas), qui fait la connaissance, sur un paquebot menant en Inde, d'un autre, beaucoup plus atypique, composé d'Oscar (Peter Coyote), écrivain américain en fauteuil roulant et de Micheline dite « Mimi » (Emmanuelle Seigner), danseuse française très sensuelle. Voyant Nigel très troublé par Mimi, Oscar fait de lui son confident et lui raconte son étrange histoire avec sa jeune épouse et leurs rapports très particuliers.
Comme tant d'autres, pour moi, Polanski, ça passe (Chinatown, Répulsion) ou ça casse (Frantic, à un degré moindre Le locataire). Pour ce Lunes de fiel, adapté du roman éponyme (encore plus dur que le film, d'après Emmanuelle Seigner dans l'interview-bonus), c'est plutôt une bonne surprise, je m'attendais à pire (ou autre chose). Alors certes, le film a des longueurs (140 minutes) et la B.O sent son  époque (I will survive, Sweet dreams, Stop !...). Y'a quelques « conneries », aussi : faire de Coyote un « tombeur », le voir en slip, à quatre pattes avec un masque de cochon ou encore Emmanuelle Seigner buvant du lait, le recrachant sur ses seins nus et Coyote la léchant (z'avez saisi la symbolique ?). Mais on se laisse prendre par le récit. Par contre, faut un peu s'accrocher car c'est par moments duraille et dérangeant, le couple Coyote / Seigner se faisant subir (lui d'abord et elle ensuite, par vengeance) moultes humiliations. Ici, le sadisme est plus psychologique que sexuel (la très belle scène dans le parc où elle, amoureuse folle, et lui la repoussant d'un cinglant « J'en n'ai rien à foutre de ta vie, c'est ma vie à moi qui compte. (...) Rien, tu n'as rien fait. Tu existes, c'est tout »). Un bon film. Et Emmanuelle Seigner, quel... morceau ! Miam, y'a à manger...