vendredi 31 octobre 2025

Fatale (1992), de Louis Malle

 

« Je n’vois plus qu’toi » - « Je crois que tu n’as jamais vu grand-chose… »

C’est l’histoire de Strauss-Kahn avant Strauss-Kahn. Soit un politique en pleine ascension (Jeremy Irons), nommé Secrétaire d’Etat (ministre, quoi), qui se fait tournebouler dès le premier regard (y’a de quoi, remarquez…) par la petite amie de son fils (Judith Brioche… Ah non, pardon, je voulais dire Juliette Godemiche). A partir de là, il la verra en cachette et la trombinera pas moins de quatre fois, dans des positions parfois acrobatiques (oui mais « c’était l’époque qui voulait ça » et puis on était sous l’emprise de réalisateurs libidineux et d’une société patriarcale oppressive mais maintenant c’est fini, tout ça, ceinture et puis de toutes façons, on n’a plus l’âge pour ces galipettes…). Je ne sais pas si les « coordinatrices d’intimité » existaient déjà à l’époque mais si c’est le cas, elle a dû avoir une belle prime parce qu’y'a eu du taf… Bref, c’est le genre d’histoires qu’on ne voit qu’au cinéma et pas dans la « vraie vie ». Ben ouais, coco, c’est un peu le principe du cinéma, il permet de nous évader de la réalité. Ou alors c’est un Dardenne, un Loach ou un film d’auteur lambda et on est prévenu à l’avance. Pour en revenir à cette histoire, ce petit jeu de cache-cache prend fin dans le dernier quart d’heure, lors d’un tragique épilogue où le fils surprend son père (Irons, donc) et sa future épouse (Juju Bibi) en train de forniquer allègrement, nus comme des vers. La Passion a ses raisons que la Raison ignore…    

jeudi 30 octobre 2025

L’impasse (1993), de Brian De Palma

 

« Hé, ne m’en veux pas, Carlito… Mais il faut que je pense à mon avenir, moi aussi. Qu’est-ce que tu veux, ce sont des choses qui arrivent, amigo. »

Réalisation : Brian De Palma

Scénario : David Koepp, d'après les romans Carlito's Way et After Hours d'Edwin Torres

Pays : Etats-Unis

Année : 1993

Genre : thriller, drame

Avec : Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller, John Leguizamo, Luis Guzmán, James Rebhorn, Viggo Mortensen.

Synopsis : A New York, Charlie « Carlito » Brigante, ancien trafiquant, est libéré après cinq ans de prison, grâce à son ami et avocat David Kleinfeld. Il décide de se ranger et a pour projet de monter une entreprise de location de voitures. Mais on n’échappe pas à son passé…

Pourquoi ? Dix ans après Scarface, même duo réalisateur / acteur principal pour un polar classieux et crépusculaire, avec un Pacino plus sobre qu’à l’accoutumée, au contraire d’un Sean Penn méconnaissable en avocat véreux camé jusqu’aux yeux. Scène de course-poursuite finale haletante (action et suspense garantis), par un maître de la mise en scène. Décidément, les gares inspirent De Palma (cf. la scène culte des Incorruptibles)…

mercredi 29 octobre 2025

MESSAGE A CARACTERE INFORMATIF

 

Petite pub pour mon autre blog, Pour X raisons (où je me montre, à mon avis, plus inspiré qu’ici), où vous êtes invités à voter pour vos actrices de « l’âge d’or » du porno français (1975-1983) favorites. Vingt-quatre « hardeuses » sélectionnées par mes soins sur des critères essentiellement objectifs (en gros : qualité et quantité de leurs prestations), jusqu’à trois choix possibles. Fin des votes le 1er mai 2026. Merci pour votre participation !

mardi 28 octobre 2025

Waterworld (1995), de Kevin Reynolds

 

C’est l’histoire d’un mec, mi-homme mi-poisson (enfin, à vue d’œil, plutôt grosso merdo 85% homme et 15% poisson…), en 2500, quand notre inaction climatique aura fait que tous les continents seront désormais engloutis sous les eaux, l’humanité rescapée survivant sur des atolls (sortes d’îles flottantes). Il a inventé un mécanisme purificateur d’urine, lui permettant ainsi de reboire sa propre pisse. En somme, il a inventé le recyclage perpétuel. Vous imaginez, si on pouvait faire pareil avec les selles (aussi appelées « matières fécales », « excréments » ou plus trivialement, « merde ») ? Bon, c’est vrai, on serait condamné à bouffer éternellement le même plat… Mais rien n'empêcherait d’échanger avec son voisin (« bonjour, c’était quoi, ça, à la base ? Un hachis parmentier ? Miam, je prends ! »). Et dès lors, finito l’aliénation consumériste, l’oppression capitaliste, le « travailler plus pour gagner plus » (et vivre moins bien) et la perte de temps à cuisiner, ce serait le bonheur pour les siècles des siècles. Amen. Et bon appétit, bien sûr ! Bon, sinon, Jeanne Tripplehorn (Basic Instinct) a un beau cul mais ça, on le savait déjà.   

lundi 27 octobre 2025

L'étrange histoire de Benjamin Button (2008), de David Fincher

 

C’est l’histoire d’un mec, Benjamin Button (Brad Pitt, plus vieux que Jean Castex. Ca casse un peu le mythe, hein ?), il nait vieux et meurt jeune. Bref, c’est un mix entre Valéry Giscard d’Estaing et Kurt Cobain, le mec. Bof, ça n’a rien d’extraordinaire. Regardez, moi j’ai 50 balais mais d’apparence physique et d’esprit, j’en ai 20 (voire moins). Pas de taf, de femme, d’enfant, d’amis (pour quoi faire ?), juste une baraque (héritée et vieillotte, WC et salle de bain rénovés), de la famille et quelques connaissances, disons… L’avantage (entre autres), c’est qu’on n’a rien (ou pas grand-chose) à perdre et qu’on voyage léger. Bon, pour en revenir à notre gars, là, malgré sa particularité, il n’aura pas eu à se plaindre : sa maturité sexuelle coïncidant avec celle de la meuf dont il s’est entiché (Cate Blanchett), ils auront donc pu baiser (et enfanter) bien comme il faut. 

dimanche 26 octobre 2025

Sexcrimes (1998), de John McNaughton

C'est l'histoire d'un mec, Sam Lombardo (Matt Dillon), conseiller d'orientation d'un lycée dans la région de Miami, il est accusé de viol par deux jeunes pouffes du campus : l'une issue d'une famille riche (Denise Richards), l'autre d'un milieu populaire, en marge de la société (Neve Campbell). Pour sa défense, il engage un avocat (Bill Murray). Mais en fait, c'était pas vrai, elles ont menti, les garces. En guise de dédommagement, il touche un beau pactole de la famille de l'étudiante friquée. Mais en fait, il était complice avec cette dernière... et aussi avec la plouque. Le détective Ray Duquette (Kevin Bacon) sent l'entourloupe et les soupçonne. Mais en fait...

Encore une pièce dans le juke-box de la nostalgie « Gen X »... Trop de « twist » tue-t-il le « twist » ? J'en ai dénombré pas moins de six ou sept. Le film surfe très... vaguement (surf, vague, humour...) sur la mode du thriller sexuel et des films d'ados (les jeunettes Neve Campbell et Denise Richards, révélées respectivement dans Scream et Starship Troopers) alors en vogue. A l'instar d'un Usual Suspects et des Shyamalan (mais davantage encore que ceux-ci, car tout de même moins bon), il perd fatalement de son attrait dès le second visionnage puisque son principal atout, les surprises, est alors éventé. Kevin Bacon nous montre sa saucisse et ses œufs (joli !) au détour d'une scène sous la douche. Il faut rester pendant le générique de fin car quelques détails (secondaires, toutefois) de l'intrigue y sont révélés. 

samedi 25 octobre 2025

Le goût des autres (2000), d’Agnès Jaoui

 

« Des gros pédés », c’est-à-dire ? Vous voulez dire « des gens qui s’enculent » ? Comme mon ami et moi, par exemple ? »

Réalisation : Agnès Jaoui

Scénario : Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui

Pays : France

Année : 2000

Genre : comédie dramatique, film choral

Avec : Anne Alvaro, Jean-Pierre Bacri, Alain Chabat, Agnès Jaoui, Gérard Lanvin, Christiane Millet, Wladimir Yordanoff.

Synopsis : Un entrepreneur un peu rustre tombe amoureux d’une actrice de théâtre, qui se trouve être également sa prof d’anglais. Il tente alors difficilement de la séduire et de s’intégrer à son milieu, très éloigné du sien et composé d’intellectuels assez imbus d’eux-mêmes.

Pourquoi ? Encore et toujours pour l’écriture du couple Bacri-Jaoui, qui atteint ici son summum. A leur habituelle mixture d’humour et de causticité, s’invite cette fois une bonne dose de mélancolie. Pour l’occasion, Agnès (dont j’obtins l’autographe lors de la présentation du film en 2001 à La Ciotat) passe derrière la caméra. Elle part ici en guerre contre les préjugés et l’esprit de chapelles, n’hésitant pas à donner le « mauvais rôle » au milieu dont elle est pourtant issue (les « cultureux », qui s’avèrent arrogants face au personnage joué par Bacri, moquant son inculture à son insu). Les personnages et leurs interprètes sont (presque) tous émouvants et attachants. Nouvelle moisson de Césars (quatre, dont meilleurs film et scénario) et succès au box-office (près de quatre millions d’entrées) bien mérités pour ce film marquant la fin d’une décennie en or pour le duo, qui ne fera par la suite que s’auto-caricaturer et perdra quasiment toute inspiration. 

vendredi 24 octobre 2025

Tranches de vie (1985), de François Leterrier

 

« Merde, un clebs… J’ai horreur des clebs. »

C’est l’histoire… d’une dizaine d’histoires : l’aventure de trois dragueurs invétérés ; les difficultés d’un interprète entre un dictateur africain et le président de l’URSS ; un couple d’astronautes se dispute, compromettant sa mission ; un journaliste rencontre une habitante parisienne qui s’est adaptée au changement de population de son quartier ; un couple de paysans donne sa vision de la « révolution sexuelle » pour une interview télévisée ; un étudiant s’avère incapable de faire de la peine à l’une ou l’autre de ses maitresses, l’une de Paris, l’autre de Rouen ; un journaliste français de l’Humanité rend visite à son cousin russe derrière le « rideau de fer » ; un homme qui espérait passer une nuit d’amour avec sa conquête en est empêché par le chien de celle-ci.

Bon ben, le Splendid et assimilés (sans Blanc, Lhermitte et Moynot), passés les coups de maitre des Bronzés et du Père Noël, ça ne « pisse » décidément pas bien loin… Les films à sketches sont bien souvent inégaux, celui-ci ne déroge pas à la règle. Guère de raisons de se réjouir, ici. Paris sera toujours Paris, où Josiane Balasko, visiblement seule Française « de souche » (si cette expression a un sens…) résidant encore dans un quartier parisien désormais peuplé quasi exclusivement d’immigrés africains, parle arabe, appelle son fils Mohamed plutôt que Jean-Michel, porte un tchador et dont le mari s’est converti à l’Islam, fait se pâmer tous les « droitardés mentaux » ayant actuellement le vent en poupe un peu partout en Occident (voire ailleurs), dans certains médias, sur la « toile » (qu’ils « tapissent » de leur hargne et de leur bêtise et inculture crasses) et naturellement dans les urnes (un tiers des votants chez nous, même un peu plus si on y ajoute ceux de la secte zemmourienne et des « Républicains », qui sont les mêmes en plus âgés et plus friqués). Il n’en fallait pas plus pour qu’ils y voient la confirmation de leur prémonition (passant sous silence le « twist » final où Jugnot, résident d’un autre quartier parisien, apparaît quant à lui accoutré en… chinois) : dès 1985 et bien avant notre grand prophète Eric (lui-même pourtant très communautariste), ce film nous alertait sur le terrible danger des « invasions barbares » qui nous guettait. Le « problème » ne date donc pas d’hier. Ce sketch est quoi qu’il en soit loin d’être le meilleur du lot. Un titre qui se jouerait plutôt entre Les âmes mortes et son amusant « twist » final (même si Jugnot en fait des tonnes) avec un Lamotte interprétant un exécutant zélé du régime communiste (soit un rôle proche de celui qu’il incarnera un an plus tard dans Twist again à Moscou), Le meilleur ami de l'homme, où Clavier est contrarié dans sa tentative de « conclure » avec Anémone par la présence du chien de cette dernière et surtout Le sixième sens (mon préféré, même si on en voit arriver la chute d'assez loin), dans lequel Lamotte ne parvient pas à se séparer de l’une ou l’autre de ses amoureuses (Chazel et Anémone). Les autres sketches sont poussifs ou anecdotiques. Plutôt des « tranches de vide », en somme…

jeudi 23 octobre 2025

Fargo (1996), de Joel et Ethan Coen

 

« En tous cas, il était pas circoncis… »

Réalisation : Joel et Ethan Coen

Scénario : Joel et Ethan Coen

Pays : Etats-Unis, Royaume-Uni

Année : 1996

Genre : comédie dramatique, policier

Avec : Frances McDormand, William H. Macy, Steve Buscemi, Peter Stormare, Harve Presnell, John Carroll Lynch, Kristin Rudrüd.

Synopsis : Un directeur commercial d'une concession automobile du Minnesota, en butte à des difficultés financières, engage deux malfrats pour l'enlèvement de sa femme, dans le but de demander une forte rançon à son richissime beau-père. Mais les choses tournent mal et une chef locale de la police, enceinte jusqu’aux yeux, va mener l’enquête.

Pourquoi ? Alors les frères Coen, j’aime pas. Enfin, j’aime pas… Mis à part ce Fargo, je n’ai vu que The Big Lebowski, qui ne m’a pas emballé outre mesure. Pour les autres, les scénarios et les bandes-annonces me rebutent un peu par leur côté hystérique ou ne m’inspirent pas. Bon, ici, l’histoire, l’interprétation (tous excellents, mentions pour l’extra William H. Macy et le duo cocasse formé par Buscemi et le peu loquace Stormare), l’ambiance (les paysages enneigés), c’est parfait. Toujours loufoque mais parfaitement maitrisé. Un peu de violence, pas mal d’humour (à… froid), de la tendresse… C’est comme chez Casto, y’a tout c’qu'il faut ! 

mardi 21 octobre 2025

The box (2009), de Richard Kelly

 

« (…) Il existe deux façons d’entrer dans la dernière chambre : libre ou pas libre. A chacun de choisir. »

C’est l’histoire d’un couple, en 1976 en Virginie. Elle, Norma (Cameron Diaz), amputée des doigts du pied droit suite à un accident et professeur de littérature dans l'établissement où son fils est élève ; lui, Arthur (James Marsden), travaillant à la NASA et, sur son temps libre, fabriquant une prothèse pour le pied meurtri de son épouse. Un matin, ils reçoivent un paquet contenant une mystérieuse boite ornée d’un buzzer rouge. Et dans l’après-midi, un certain Arlington Steward (Frank Langella), défiguré par une brûlure de la joue gauche, fait une étrange proposition à Norma : si elle ou son mari appuie sur le bouton, il leur livrera un million de dollars mais une personne qu’ils ne connaissent pas mourra. Ayant tous deux des problèmes financiers (lui n’ayant pas obtenu la promotion attendue et elle perdant ses réductions boursières), Norma appuie finalement sur le bouton. Les ennuis commencent…

Basé sur la nouvelle Le Jeu du bouton de Richard Matheson, The box est le troisième (et meilleur selon moi) film de Richard Kelly après Donnie Darko (2001) et Southland Tales (2006). Il rend un hommage appuyé à ses parents en retranscrivant quasiment leur jeunesse à travers l’histoire de ce couple formé par Cameron Diaz et James Marsden. Le film est parfait pendant une heure, un peu moins par la suite. C’est-à-dire jusqu’à l’arrivée de la composante fantastique (les trois portes, dont deux damnées, sous forme de blocs d’eau) et du pesant fatras mythologico-moraliste avec ses habituelles couillonnades de Paradis, d’Enfer, de sacrifice, de péché et de rédemption (« Bien mal acquis ne profite jamais »). Le final prend l’allure d’une tragédie grecque lors de laquelle le couple sera soumis à un choix cornélien, mettant en jeu le futur de leur fils. Il est amusant de constater que sur les trois couples qui dans le film sont amenés à effectuer le choix, c’est à chaque fois l’épouse qui finit par appuyer sur le bouton, même si Kelly se défend de toute stigmatisation misogyne (« Les hommes les mettent au défi d’appuyer sur le bouton », « Ce sont les femmes qui ont le poids le plus lourd à porter dans le couple »…). 

lundi 20 octobre 2025

Spider (2002), de David Cronenberg

 

« C’est l’habit qui fait l’homme. Et moins il y a d’homme, plus il faut d’habits… »

C’est l’histoire d’un mec complètement secoué, Dennis Cleg dit « Spider » (Ralph Fiennes), qui intègre un foyer de réinsertion à Londres, non loin de là où il passa une enfance difficile, marquée par le décès de sa mère. Convaincu que son père (Gabriel Byrne) est le meurtrier, afin qu’il puisse vivre avec une prostituée (Miranda Richardson) dont il est tombé amoureux, Cleg va mener sa propre enquête et se replonger dans cette partie de sa vie.

Encore un film où il faut être dans le « mood » pour espérer se laisser porter et convaincre... Pour tout dire, au début, il m'a fait rire… Fiennes joue parfaitement le mec schizo, passant son temps à griffonner son petit carnet de notes ou à marmonner dans la barbe qu’il n’a pas (son texte pour l’ensemble du film doit tenir sur un post-it). Nous le suivons dans ses méandres existentiels, plongeant dans ses souvenirs et tentant de reconstituer son passé et le drame qui s’y joua (le meurtre de sa mère), à l’aide de quelques indices (un petit jardin, une odeur de gaz…). Pas de cul ou de violence pour cette fois, c’est un Cronenberg « sage », qui joue essentiellement sur l’ambiance et ce n’est pas plus mal ainsi. Il faudra donc accepter les partis pris esthétiques : décors minimalistes, couleurs ternes, rythme (très) lent. C’est ce qui en fait le charme et l’originalité. On sent venir un « twist » final à la Sixième sens, façon « bon sang, mais c’est bien sûr ! » et c’est effectivement ce qui advient. Intéressant, sans plus pour ma part.    

dimanche 19 octobre 2025

Le fantôme de la liberté (1974), de Luis Buñuel

 

« Non, ne partez pas… Que les moines restent, au moins ! »

Réalisation : Luis Buñuel

Scénario : Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière

Pays : France, Italie

Année : 1974

Genre : comédie, surréalisme

Avec : Jean-Claude Brialy, Monica Vitti, François Maistre, Milena Vukotic, Michael Lonsdale, Jean Rochefort, Julien Bertheau, Michel Piccoli, Claude Piéplu, Paul Frankeur, Pierre Maguelon, Pierre Lary, Orane Demazis, Adriana Asti, Jean Rougerie, Marie-France Pisier, Paul Le Person, Guy Montagné…

Synopsis : Un couple intercepte les photos, qu’il juge obscènes, données à sa fille par un inconnu dans un parc et licencie sur le champ sa bonne qui en avait la garde. Des photos… de monuments parisiens… ; une infirmière se voit contrainte de passer une nuit dans une auberge, où elle rencontre quatre moines, un jeune homme avec sa bien plus âgée compagne et… un couple sadomasochiste ; un professeur tient un cours sur l’évolution des mœurs dans une caserne de policiers, leur narrant une réunion entre amis fictive où les convives discutent autour d’une table tout en faisant leurs besoins avant, si l’envie leur prend, d’aller s’enfermer seul dans la salle à manger pour se restaurer ; un couple lance un avis de recherche pour retrouver sa petite fille disparue dans son école… alors qu’elle se trouve sous ses yeux ; un assassin ayant fusillé des badauds au hasard du haut d’une tour est arrêté, jugé, condamné à mort et… libéré sur le champ, félicité, signant même des autographes ; un « vrai faux » (à moins que ce ne soit l’inverse ?) préfet de police se fait interpeller dans son caveau familial : sa défunte sœur… venait de lui téléphoner.

Pourquoi ? Pour le casting (notamment Michael Lonsdale, qui se fait fouetter le postérieur nu par sa collaboratrice), la construction du film et ses saynètes, lors desquelles tous les postulats de la raison et de la bienséance sont renversés. Jubilatoire.

vendredi 17 octobre 2025

Une époque formidable… (1991), de Gérard Jugnot

 

« Alors comme ça, t’es sans domicile ? » - « Provisoirement » - « Oh, mais y’a du provisoire qui dure… »

C’est l’histoire d’un mec, Berthier qu’il s’appelle (Gérard Jugnot), qui, de cadre d’une société de vente de matelas et marié à Juliette (Victoria Abril), va tout perdre, suite à son licenciement (l’a pas su « s’adapter aux aléas du Marché »…). Il se retrouve à la rue. Il y gagnera quelques amis d’infortune : « Le toubib » (Richard Bohringer), « Crayon » (Ticky Holgado) et « Mimosa » (Chick Ortega).

A l’instar de son compère du Splendid Michel Blanc mais contrairement à Christian Clavier, autre membre de la troupe, Gérard Jugnot soufra assez vite du double syndrome de l’acteur refusant d’être cantonné au registre trop limitant du comique et de l’auteur désireux de « voler de ses propres ailes » en passant à la réalisation. Après Pinot simple flic, Scout toujours… et l’échec de Sans peur et sans reproche, Une époque formidable… est son quatrième essai. Un sujet quelque peu « casse-gueule » (comment filmer la misère ?) dont il se sort plutôt bien. Les ingrédients de la recette sont connus : quelques gags, de grosses louches de bons sentiments, une petite pincée de dénonciation et un beau casting pour mettre tout ça en musique (Abril, Holgado et leur délicieux accent, Bohringer… Difficile de faire plus sympathique et attachant). Quant à Jugnot acteur, il quitte son rôle habituel de beauf franchouillard (d'ailleurs, il s'est rasé la moustache...) tout en conservant ses caractéristiques de râleur colérique mais avec un côté plus humain et sensible, un type de personnages subissant les évènements mais débrouillards qu’il campera à plusieurs reprises (dur dur de casser son image et de sortir des stéréotypes…). Ceci dit, la misère est tout de même bien « romancée » car cela reste malgré tout une comédie. Demain matin, je croiserai les vrais en allant faire mes courses…

jeudi 16 octobre 2025

Dikkenek (2006), d’Olivier Van Hoofstadt

 

« T’entends ? Michael Jackson ! Ca c’est… ben, c’est le seul Blanc qu’arrive à faire de la musique comme les Blacks, c’est pas compliqué… (…) Pour moi, hein, en deux mots : au-dessus d’lui y’a personne, en dessous y’a personne. »

« On va encore écouter de la musique de supermarché, là, remixée par des grosses tapettes… »

Réalisation : Olivier Van Hoofstadt

Scénario : Olivier Legrain et Olivier Van Hoofstadt

Pays : Belgique, France

Année : 2006

Genre : comédie

Avec : Jean-Luc Couchard, Dominique Pinon, François Damiens, Jérémie Renier, Marion Cotillard, Mélanie Laurent, Catherine Jacob, Florence Foresti.

Synopsis : Les (més)aventures croisées, à Bruxelles et en Belgique flamande, de personnages tous plus déjantés et « hauts en couleur » les uns que les autres : un petit truand et son pote d’enfance, looser à la recherche du grand amour ; une étudiante oisive et son amie, prof hystérique ; le directeur des Abattoirs d'Anderlecht et photographe de charme à ses heures perdues ; un parvenu souffre-douleur, adepte de grosses cylindrées ; une commissaire de police lesbienne et raciste.

Pourquoi ? Pour l’incroyable galerie de personnages complètement loufoques, aux premiers rangs desquels les deux « dikkenek » (« grande gueule » en flamand) Jean-Luc Couchard et SURTOUT François Damiens, véritablement énorme. Seul celui incarné par la surcotée Marion Cotillard, un an avant sa starification pour son rôle d’Edith Piaf dans La môme (et ses trois tonnes de maquillage), est un peu en retrait ; pour la ribambelle de situations et surtout de « punchlines » cultes et parfois « politiquement incorrectes » (occupant quasiment tout le film, en fait). Comme quoi, Besson ne produit pas que des conneries… Enfin si, mais celle-ci est « excessivement drôle, une fois »… 

Alerte ! (1995), de Wolfgang Petersen

 

C’est l’histoire d’un putain de petit singe capucin qui, du Zaïre, débarque en Californie. Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous… Sauf que le putain de singe en question est porteur d’un virus mortel. Vous voyez l’tableau ? Le colonel et virologue Sam Daniels (Dustin Hoffman), avec son équipe, se démène pour empêcher la progression du virus, tandis que l’armée, dirigée par les généraux Donald McClintock (Donald Sutherland) et Billy Ford (Morgan Freeman), envisage de raser la petite ville de Cedar Creek, largement contaminée. Le compte à rebours est lancé.

Bref, c’est l’histoire de ce putain de Covid vingt-cinq ans avant ce putain de Covid…

Dustin Hoffman, après avoir interprété pêle-mêle un tuberculeux malingre, un « père courage » confronté aux affres du divorce, un autiste ou encore un travesti et constatant qu’on commençait à l’oublier et qu’il avait des arriérés d’impôts à payer, s’acquitta du rôle de ce médecin militaire. « Si on m’admire ou qu’on me plaint, je prends », lança-t-il à son agent, qui lui rétorqua « c’est bon, tu vas sauver le monde ». Le tout, comme pour le reste du casting, sera alors de paraître concerné par cette grosse production Warner à l’intrigue cousue de fil blanc. Y’a le recours aux habituelles ficelles pour faire pleurer dans les chaumières : l’enfance, la maladie, le lourd dilemme qui pèse sur les épaules des « hommes de devoir » (« S’il faut que 10 000 meurent pour que 340 millions vivent, alors allons-y… Mais Dieu, dans ta miséricorde, pardonne-nous… »). Bravo et merci à toutes et (surtout) tous (univers presque exclusivement masculin, en dehors de Rene Russo). 

mardi 14 octobre 2025

Deep Impact (1998), de Mimi Leder

 

« Faut voir le bon côté des choses : on aura tous un collège à notre nom… »

C’est l’histoire d’une comète qui se dirige droit vers les USA et menace de détruire la vie sur Terre (sûrement un coup des communistes ou des islamistes…). Qu’à cela ne tienne, le président du Monde Libre Beck (Morgan Freeman) annonce qu'un gigantesque refuge souterrain a été créé dans le Missouri et qu'un million de personnes soigneusement sélectionnées (sic) pourront s'y abriter pendant deux ans, le temps que le nuage de poussière s'estompe (ouais ben, c’est odieux pour les autres, comme dirait Jean-Claude Dusse…). Parallèlement, la mission spatiale Messie (re-sic), avec à sa tête Spurgeon Tanner (Robert Duvall), va tenter de détruire la comète à l’aide d’armes nucléaires.

Bravo et merci à Mimi Leder d’exalter ici de bien « saines » valeurs (le courage, le sacrifice, la Patrie, la Famille hétérosexuelle procréatrice, la soumission à l’autorité et à Dieu Tout-Puissant), loin du nihilisme et de la dépravation gauchistes. Et visionnaire, avec ça : dix ans avant l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, le président des « States » est un nèg… euh, pardon, un Noir (seule concession au « wokisme » alors inexistant, en tous cas sous cette appellation). Bon, pour les scènes de tsunami, Mimi a filmé des Lego et des Playmobil dans sa baignoire. Si caricatural que ça en devient involontairement comique… 

lundi 13 octobre 2025

Donnie Darko (2001), de Richard Kelly

 

« A quoi bon vivre si t’as pas de queue ? »

C’est l’histoire de… « Donnie » Darko (Jake Gyllenhaal), ado intelligent mais souffrant de somnambulisme et d'hallucinations et suivi par une psychiatre. Un réacteur d’avion s’écrase sur sa chambre mais il échappe à la mort, ayant quitté les lieux précédemment sur les conseils de Frank, une créature imaginaire qui ressemble à un lapin géant. Celui-ci lui annonce que la fin du monde aura lieu dans exactement 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes.

De Richard Kelly, j’avais beaucoup aimé The Box (2009, avec Cameron Diaz) mais n’ai tenu que 45 minutes devant l’incompréhensible et trop déjanté Southland Tales (2006). « Le film culte des années 2000 », indique fièrement la jaquette de ce Donnie Darko. Jamais bon signe, ce genre d’accroche. Mais bon, les années 2000 ayant été ce qu’elles furent (c’est-à-dire globalement merdiques mais idylliques comparées à maintenant), c’est finalement raccord. Bon, alors là je suis allé au bout mais j’ai encore rien capté… Apparemment, une histoire de mondes parallèles, de prémonitions, de voyage dans le temps. Le film souffre de l’univers qu’il dépeint : les campus étudiants, avec des ados qui ont une bite en guise de cerveau et les banlieues pavillonnaires U.S, les drapeaux partout, les allusions à Dieu, toussa toussa. Et bande sonore ad hoc (new wave ou rock « héroïque » des 80’s, la reprise ratée en piano-voix larmoyante du Mad World de Tears for Fears par Gary Jules…). On se consolera avec la réalisation, qualitative, et les quelques piques contre les « grenouilles de bénitier » conservatrices.    

samedi 11 octobre 2025

Les dents de la mer (1975), de Steven Spielberg

 

« Il nous faudrait un plus gros bateau. »

Réalisation : Steven Spielberg

Scénario : Peter Benchley d'après son roman éponyme, Carl Gottlieb et Howard Sackler, John Milius et Robert Shaw pour le monologue sur l'USS Indianapolis (non crédités)

Pays : Etats-Unis

Année : 1975

Genre : thriller, horreur

Avec : Roy Scheider, Robert Shaw, Richard Dreyfuss, Lorraine Gary, Murray Hamilton.

Synopsis : Les restes du corps d’une jeune étudiante sont retrouvés sur les bords de plage de l'île d'Amity. Martin Brody, nouveau chef de la police locale, attribue aussitôt cette mort à une attaque de requin et préconise l’interdiction de la baignade mais se heurte au refus du maire Larry Vaughn, obnubilé par les retombées économiques du tourisme dans sa station balnéaire.

Pourquoi ? Oui, pourquoi, alors que parmi mes innombrables phobies, la mer et ses fonds occupent une bonne place et que Spielberg est le chantre de « blockbusters » U.S très commerciaux souvent dégoulinants de bons sentiments ? Ben justement, parce qu’à son début de carrière, ce n’était pas encore complètement le cas ; parce qu’il parvient à instaurer la peur sans montrer le requin sur toute la première partie du film, simplement avec un aileron, une vue subjective et le mythique thème musical de John Williams ; pour les « gueules » du casting ; parce que c’est « culte » et qu’il a mon âge (ouais bon, c’est pas des raisons, ça…). Les trois « sequels » qui ont suivi sont évidemment de pâles resucées de l’original à but purement mercantile.

vendredi 10 octobre 2025

Paris, Texas (1984), de Wim Wenders

 

C’est l’histoire d’un mec, Travis (Harry Dean Stanton), il marche seul dans le désert. Et quand t’es dans le désert et que tu marche seul, qu’est-ce que tu fais, à part écouter Jean-Jacques Goldman ou Jean-Patrick Capdevielle ? Ben tu t’écroule de fatigue, sous un soleil de plomb et sans rien à te faire couler dans le gosier… Son frère Walt (Dean Stockwell) vient le chercher mais Travis ne lui adresse la parole qu’au bout de vingt-cinq minutes de film. On apprend qu’il a disparu depuis quatre ans et qu’il a un fils, Hunter (Hunter Carson), élevé par Walt et sa femme Anne (Aurore Clément). Arrivé chez eux, il sympathise avec Hunter qui accepte sans sourciller la situation et son statut de « vrai père ». Ils partent tous deux sur les routes à la recherche de la môman, la «vraie » elle aussi. C’est Jane (Nastassja Kinski) et ils la retrouvent à Houston, sur les renseignements donnés par Anne. Elle bosse dans un peep-show. Travis se fait passer pour un client, il lui parle derrière le miroir sans tain, lui raconte leur histoire et lui donne le nom de l’hôtel et le numéro de la chambre où se trouve Hunter pour qu’elle aille le chercher. Constatant que c’est bien ce qu’elle fait, notre homme se barre à nouveau dans la nuit.

Et c’est bien ? Faut croire, il a eu la Palme d’Or du Festival de Cannes en 1984, l’un des plus grands festivals de cinéma avec la Mostra de Venise et la Berlinale de… gagné, Berlin (comme il y a Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open au tennis). Et ça, ce n’est pas donné au premier venu. C’est aussi le film préféré de Kurt Cobain et celui qui a inspiré à Sharleen Spiteri le nom de son groupe pop-rock. Moi, je me suis prodigieusement emmerdé, je dois être un inculte... Y’a quand même de beaux paysages et la musique du bluesman Ry Cooder avec son thème très connu à la « slide guitar ». Du coup, tu te passes le disque en regardant des photos du désert texan, c’est kif-kif et tu t’économise presque deux heures et demie…

jeudi 9 octobre 2025

A tombeau ouvert (1999), de Martin Scorsese

 

C’est l’histoire de Frank Pierce (Nicolas Cage), ambulancier de nuit à Manhattan, dépressif et en plein burn-out. Victime d’hallucinations (les fantômes des personnes qu’il n’a pas pu sauver), il ne parvient pas à se faire renvoyer. Un soir, Frank et son coéquipier Larry (John Goodman) sont appelés pour l’arrêt cardiaque d’un homme âgé. Il va alors se lier d’amitié avec Mary (Patricia Arquette), la fille de la victime.

Putain de film chiant, ma parole… Les années 90 furent une période faste pour Nicolas Cage (neveu du réalisateur Francis Ford Coppola), acteur qui n’a pourtant rien d’exceptionnel et souvent dans l’outrance, entre Oscar du meilleur acteur (Leaving Las Vegas de Mike Figgis en 1995), blockbusters (Rock, Les ailes de l’enfer) et films de grands cinéastes (Sailor et Lula de David Lynch, Volte-face de John Woo, Snake Eyes de Brian De Palma). Et donc ce A tombeau ouvert de Martin Scorsese. Scorsese, je n’ai pas tout vu mais j’ai du mal. Du moins, ses films sur la Mafia (Les affranchis, Casino, Les infiltrés). Les déferlements de violence et De Niro ou Pesci débitant à la chaine des « fuck » et autres « motherfucker », merci bien mais c’est juste pas possible. Raging Bull, After hours, La couleur de l’argent et Les nerfs à vif, ça passe plus ou moins. Mais reste surtout Taxi Driver, évidemment. Ici, c’est vraiment casse-noisettes, totalement inintéressant. Comme chez Tarantino, on a parfois l’impression d’être devant un juke-box tant la musique (blues, rock, soul, as always…) est omniprésente, censée booster une mise en scène qui n’en a pourtant pas besoin. On suit Cage, de tous les plans, entre descentes dans les bas-fonds new-yorkais peuplés de paumés, clodos, junkies et autres prostituées, retours à l’hôpital débordé par l’afflux constant de nouvelles victimes et scènes plus intimistes avec Arquette. Si vous avez deux heures à perdre... Ah, au fait, Marty... Tu nous emmerde avec ta religion et tes histoires de miracles, de péché et de rédemption, OK ?  

Scanners (1981) / Videodrome (1983) / Faux semblants (1988), de David Cronenberg


Trois Cronenberg pour le prix d’un. Passons assez vite sur Scanners et Videodrome, qui baignent dans leur jus au look de séries B cheap et kitsch des années 80 (en même temps, ce n’est pas de leur faute et c’est probablement voulu, vu les faibles budgets). Le premier est une histoire d’affrontement entre deux « scanners » (des médiums), l’un gentil (Stephen Lack) et l’autre méchant (Michael Ironside, vu dans Total Recall et dont le faciès évoque parfois celui de Jack Nicholson). Dans le second, le désormais bien peu fréquentable James Woods incarne un cynique dirigeant d’une chaine de télé spécialisée dans la pornographie et la violence, qui découvre l’existence d’une émission malaisienne nommée Videodrome mettant en scène des meurtres. Je m’arrête là car je n’ai pas compris grand-chose à cette histoire, où apparait la superbe Deborah Harry (chanteuse du groupe de rock Blondie), si ce n’est l’occasion d’une critique du sensationnalisme télévisuel. Et oui, dans les années 80, on était déjà dans l’effondrement mais comme c’était le début (et qu’on était jeune), on ne voyait rien (comme pour un cancer) et en comparaison avec la merde actuelle, cela paraîtra idyllique. Les deux permettent surtout de renseigner sur les avancées effectuées par les effets spéciaux en termes de « body horror », une spécialité de Cronenberg. Je ne dis pas que c’est pas bien, juste que ça ne correspond pas aux attentes du spectateur à l’esprit cartésien que je suis, parfois désarçonné par l’irruption du gore ou du fantastique dans un contexte qui n’est pas d’emblée considéré comme tel. Il y a plus à dire sur Faux semblants, qui n’est pas du tout dans le même registre et qui m’a beaucoup plus intéressé. L’histoire de deux frères jumeaux, Beverly et Elliot Mantle (magnifiquement interprétés par Jeremy Irons), qui partagent tout : appartement, clinique de gynécologie et même conquêtes féminines. Jusqu’à l’arrivée dans leur cabinet de l’actrice Claire Niveau (Geneviève Bujold), dont Beverly, le plus fragile des deux frangins, tombe amoureux et refuse de la « partager ». Avec un synopsis pareil, on s’attend à une terrible confrontation entre les deux frères. Et bien non, fausse route. Ma frustration vient de là, du coup nous assistons à une lente et brutale dépression de Beverly suite au départ de Claire pour un tournage, entrainant son frère Elliot dans sa chute. Celui-ci, loin d’éprouver de l’hostilité vis-à-vis de Beverly, fera au contraire preuve de compassion à son égard. La fin m’a aussi un peu laissé sur ma… faim, dommage. Si voir le même acteur interprétant deux rôles dans le même plan est aujourd’hui considéré comme un jeu d’enfant, il semble qu’à l’époque (fin des années 80), c’était totalement novateur. Bon, pour les scènes où l’un est de dos, il suffit de trouver une doublure avec la même morphologie et lui faire une coiffure identique. 



mercredi 8 octobre 2025

Ma saison préférée (1993), d’André Téchiné

 

« C’est pas la peine de prendre des airs constipés, c’est tout à fait naturel… »

C’est l’histoire d’un frère, Antoine (Daniel Auteuil) et d’une sœur, Emilie (Catherine Deneuve), qui se rapprochent à l’occasion de la maladie de leur mère Berthe (Marthe Villalonga). Une relation complexe.

Après le choc Prisoners, je comptais sur ce Téchiné, qui clôture mon « cycle » consacré à ce réalisateur, pour passer une soirée « pépère ». Ce ne fût pas tout à fait le cas. Ma saison préférée est considéré comme l’un des « highlights » du cinéaste tarn-et-garonnais, avec un duo de stars à l’affiche : Daniel Auteuil (quel pif…) et Catherine Deneuve (une œuvre d’art d’alors un demi-siècle). Enième film français produit et mis en musique par les frères Sarde, il nous narre la relation « amour – haine », faite de tensions et de moments plus tendres, entre un frère et une sœur confrontés à la maladie de leur mère (Marthe Villalonga, qui quitte ici avec bonheur son registre comique habituel pour celui du drame). Le film renvoie donc potentiellement à nos histoires personnelles et à des situations que nous sommes susceptibles de rencontrer au cours de notre existence (la scène, pesante et émouvante, où ils emmènent leur mère souffrante en maison de retraite, ni l’un ni l’autre ne pouvant la garder chez lui et s’en occuper). Bref, ce n’est pas encore ça qui va me rendre gai comme un pinson… A noter la présence au casting de Chiara Mastroianni, qui joue dans le film ce qu’elle est dans la vie (la fille de Catherine - et de Marcello, comme son nom l’indique) et de Carmen Chaplin (oui, la petite-fille de Charlie).    

mardi 7 octobre 2025

Prisoners (2013), de Denis Villeneuve

 

C’est l’histoire d’Anna et Joy, deux fillettes de six ans qui disparaissent le soir de Thanksgiving. L'inspecteur Loki (Jake Gyllenhaal) est chargé de l'enquête. Mais Keller Dover (Hugh Jackman), le père d'Anna, aveuglé par la douleur, va franchir les bornes de la légalité pour les retrouver en séquestrant et torturant Alex Jones (Paul Dano), un handicapé mental, premier suspect relâché faute de preuves.

L’un des meilleurs films vus en salle ces vingt dernières années, avec Les noces rebelles et The box. Je me souvenais de son épilogue sibyllin et de quelques scènes mais pas de tout. A la revoyure, quelle tension, quelle noirceur ! A faire passer Le silence des agneaux (dont je n’ai jamais été fan) et même Seven (les comparaisons qui viennent à l’esprit) pour de gentilles bluettes. Les scènes de torture sont évidemment atroces, irregardables, même. On ne voit pas les deux heures et demie passer. Dommage malgré tout qu’il faille se taper ces récurrentes bondieuseries (on est aux States…). Un film qui ne donne pas foi en l’Humain (loi du talion). J’espère pouvoir dormir cette nuit, nerveusement, je crois que j’ai pris dix ans…    

lundi 6 octobre 2025

Ne le dis à personne (2006), de Guillaume Canet

 

C’est l’histoire d’Alexandre Beck (François Cluzet), médecin pédiatre. Lors d'une baignade nocturne, lui et sa femme Margot (Marie-Josée Croze) sont agressés par plusieurs inconnus et Margot est tuée. Huit ans jour pour jour plus tard, il reçoit un mail anonyme avec un lien vers une vidéo sur laquelle il pense reconnaître Margot. Et si elle était toujours en vie ?

Cette fois ça y est, Guillaume Canet est le nouveau « golden boy » du cinoche hexagonal. La preuve, il peut se payer une star par rôle et il y en a en pagaille (dont lui-même). « Venez, on va faire comme les zaméricains ! », semble-t-il leur dire (un peu de violence, une grosse course-poursuite, produit par Besson). Sauf qu’à l’arrivée, on a plus l’impression d’être devant un épisode de Navarro. Dussollier, dans le rôle du gendarme et beau-père de Cluzet, nous dévoilera les doigts de pieds en éventail les tenants et les aboutissants de cette ténébreuse affaire aux ramifications politiques (Jean Rochefort). Et on emballe le tout avec une B.O fédératrice signée M et augmentée de quelques chansons additionnelles (Otis Redding, Jeff Buckley, les lénifiants U2…).  

dimanche 5 octobre 2025

Cuisine et dépendances (1993), de Philippe Muyl

 

« C’est la majorité, mon vieux et puis c’est tout et puis voilà, hein ! C’est la majorité, voilà… Laquelle, d’abord... laquelle ? Celle qui pensait que la Terre était plate ? Celle qui veut rétablir la peine de mort ? Celle qui se fout une plume dans l’cul parce que c’est la mode, laquelle exactement ? »

Réalisation : Philippe Muyl

Scénario : Philippe Muyl et, d'après leur pièce de théâtre éponyme, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri

Pays :  France

Année : 1993

Genre : comédie

Avec : Jean-Pierre Bacri, Zabou Breitman, Agnès Jaoui, Sam Karmann, Jean-Pierre Darroussin.

Synopsis : Martine annonce à son mari Jacques, qui en est ravi, qu’elle a invité à dîner deux amis perdus de vue depuis dix ans : un écrivain et journaliste à succès et sa femme, Charlotte. Seront également présents Georges, un ami qu’ils hébergent, Fred, frère de Martine, et sa copine Marylin. Invoquant un embouteillage, l'invité et sa femme Charlotte arrivent avec une heure quinze de retard, prétexte pour chacun d’étaler critiques, dépits et rancœurs.

Pourquoi ? Pour les mêmes raisons qu’Un air de famille, qui en sera en quelque sorte une version (encore) améliorée : l’histoire, les dialogues incisifs (du petit lait) et les personnages attachants. Mentions spéciales à Bacri (évidemment) dans son rôle d’éternel bougon au grand cœur et à Zabou en maitresse de maison dépassée par les évènements.

vendredi 3 octobre 2025

Ma femme s’appelle reviens (1982), de Patrice Leconte

 

« Mais arrête tes conneries, j’en ai vu des plus grosses que toi. » - « Où ça, au cirque ? »

C’est l’histoire de Bernard (Michel Blanc), médecin qui se fait subitement plaquer par sa femme, en partance pour Lausanne. Vivant mal cet épisode, il emménage dans une résidence habitée par des célibataires. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de sa voisine de palier Nadine (Anémone), jeune photographe de mode, celle-ci faisant un malaise dans l’ascenseur de l’immeuble. Elle aussi traverse une mauvaise passe sentimentale avec son compagnon Terry (Christophe Malavoy).

Allez, un peu de légèreté pour oublier le monde ignominieux dans lequel nous évoluons (ou tentons de le faire, pour les moins doués d’entre nous). Bon ben là, « légèreté » est à prendre dans tous les sens du terme… C’est effectivement très « léger », le film ne fait même pas les quatre-vingt-dix minutes réglementaires, c’est dire combien les scénaristes (Leconte, Blanc et un certain Joseph Morhaim) ont été assez peu inspirés. A la lecture du synopsis, on comprend assez vite ce qu’il va advenir, non ? Petit suspense toutefois, que je ne dévoilerai pas : alors, nos deux célibataires largués finiront-ils ensemble ? Pauvre en gags, accusant le poids des ans (horrible chanson du générique de début, bien dans une veine variét’ 80), Ma femme s’appelle reviens est tout juste sauvé par quelques répliques et son duo d’acteurs principaux, les deux plus sympathiques de la troupe du Splendid (ou assimilés), qui en sont aussi à ce jour les deux seuls disparus (ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers…).     

Crash (1996), de David Cronenberg

 

« Je pense à toutes les filles qu’il a baisé dans sa grosse voiture… C’est comme un lit avec des roues… Ca doit sentir le sperme… »

C’est l’histoire sans queue ni tête de gens qui conduisent et qui baisent, adeptes de « tête-à-queue » (dans tous les sens du terme) : le couple libertin James et Catherine (James Spader et Deborah Kara Unger), le docteur Helen Remington (Holly Hunter) et un groupe de fétichistes des accidents automobiles (Elias Koteas, Rosanna Arquette…).

Dans la série, « on nous fait faire de drôles de trucs, à nous les acteurs et actrices », celui-ci est quasiment un porno simulé : ça n’arrête pas de baiser (y compris entre hommes et entre femmes). Et de conduire. Et d’avoir des accidents. C’est le postulat : avoir des accidents de la route libèrerait l’énergie sexuelle. Mouais, je préfère quand même ne pas prendre le risque… Bon, ceci dit, entre la violence des Promesses de l’ombre et ça, je préfère celui-là sans hésiter. Même si ça ne tient pas debout, contrairement à Popaul qui se raffermira à la vue de ces images faisant bien fonctionner le cérébral (mention spéciale à Deborah Kara Unger qui nous dévoile tout, notamment sa belle toison). A l’instar de Taxi, un film qui n’a pas dû plaire aux associations de prévention routière. A regarder avec un paquet de kleenex à proximité… Ah, j’oubliais, excellente B.O à base de guitare slide (je crois).

jeudi 2 octobre 2025

Etude comparative : L’adversaire (2002), de Nicole Garcia / L’emploi du temps (2001), de Laurent Cantet

 

De quoi en faire un Romand…

« Il y a pire que d’être démasqué, c’est de ne pas être démasqué. »

Rappel des faits : début janvier 1993, un dénommé Jean-Claude Romand tue femme, enfants, parents et tente en vain de se suicider, après les avoir escroqués et leur avoir fait croire pendant près de vingt ans qu’il était médecin à l’OMS, son mensonge étant sur le point d’être découvert. De ce fait divers, l’un des plus incroyables de l’histoire de France moderne entre ceux du « petit Grégory » et de Dupont de Ligonnès, se sont inspirés deux films sortis au début de ce siècle à quelques mois d’intervalle : L’adversaire de Nicole Garcia et L’emploi du temps de Laurent Cantet. En dehors des paysages enneigés, de l’atmosphère pesante (un peu plus dans le Cantet) surlignée par des musiques lancinantes ou emphatiques (en même temps, c’est un peu le rôle des musiques de film) et des inévitables scènes d’errance sans but dans les hôtels ou sur les aires d’autoroute, peu de choses en commun, pourtant, entre les deux œuvres. Le premier est une quasi reconstitution, brillante mais trop appliquée (« mainstream », quoi), du fait divers là où le second ne fait que s’en inspirer et est à classer dans le registre du film d’auteur à portée politique. Le film de Nicole Garcia suit donc scrupuleusement le roman éponyme d’Emmanuel Carrère, dont il est l’adaptation, dans une structure éclatée, « à la Citizen Kane » (les dépositions à la police de Cluzet et Devos), entre flashbacks et temps réel. Daniel Auteuil, parfait, trouve là l’un de ses meilleurs rôles. Plus intéressant est néanmoins L’emploi du temps de Laurent Cantet, talentueux réalisateur précocement disparu en 2024 à seulement 63 ans. Il poursuit ici une œuvre éminemment politique, après Ressources humaines en 1999 et avant Entre les murs en 2008, qui obtiendra la Palme d’or à Cannes. D’ailleurs, Serge Livrozet, l’un des acteurs du film, était un anarchiste patenté. En dehors de Karin Viard dans le rôle de l’épouse, le reste du casting est constitué de parfaits inconnus. C’est Aurélien Recoing, sorte de sosie français de Kevin Spacey, qui fût chargé d’incarner ce cadre qui cache son licenciement à ses proches et s’invente de toutes pièces un emploi du côté de Genève, vivant du prêt de son père pour l’achat fictif d’un appartement et d’escroqueries (de faux placements financiers proposés à d’anciennes connaissances professionnelles). Il s’en sort formidablement bien, en particulier lors du final où toute la fragilité de son personnage, prisonnier de son mensonge, ressort face aux regards inquisiteurs de sa famille (les enfants, ceux de Cantet lui-même, sont aussi très justes dans cette scène). Si point de carnage et contrairement aux apparences, pas de « happy end » ici non plus, avec une scène finale d’une tristesse infinie (comme l’ensemble du métrage) et d’une violence sourde, assimilable à un « suicide métaphysique » (pour reprendre l'expression de Cantet dans les bonus) : Recoing, impassible, passant un entretien d’embauche devant un DRH qui débite le traditionnel jargon d’entreprise, signe de son retour dans le « droit chemin » du monde du travail. Puissant.

   

Cœurs (2006), d’Alain Resnais

 

« Mais je suis ce que je suis. Après tout, qu’est-ce qu’on peut être, à part soi… ? »

C’est l’histoire de Thierry (André Dussollier), agent immobilier et de sa collaboratrice Charlotte (Sabine Azéma), qui cherchent un appartement pour Nicole (Laura Morante) et Dan (Lambert Wilson), un couple de clients difficiles. Nicole est excédée par le comportement de Dan, qui préfère boire des coups chez Lionel (Pierre Arditi), son barman attitré, plutôt que chercher du travail. Ils se quittent momentanément, histoire de faire le point et Dan rencontre alors Gaëlle (Isabelle Carré), sœur cadette de Thierry, par le biais des petites annonces. Pendant ce temps, Charlotte se fait engager comme aide à domicile par Lionel pour garder son père malade et colérique (Claude Rich) pendant son service du soir.

A-t-on besoin d’un énième film choral français avec des personnages évoluant dans un milieu confortable et des décors de studio, ergotant sur les vicissitudes de la vie et de l’amour, porté par une musique mélodramatique à base de cordes ou de piano, « marketé » par les habituelles accroches laudatrices de la critique (« Resnais au sommet de son art », Le Monde ; « Une sorte d’absolu du cinéma », Libération), quand bien même mis en scène par « Monsieur » Alain Resnais ? J’avais vu ce film sur Canal peu après sa sortie et j’avais été, sinon ébloui (n’exagérons rien), du moins « titillé », par l’histoire, les personnages, la réalisation. Près de vingt ans plus tard, mon enthousiasme s’est quelque peu émoussé. Dussollier est (encore) agent immobilier (comme dans On connait la chanson) et obséquieux, Azéma est (encore) pétillante et délurée, sous des atours de secrétaire réservée. Arditi, lui, se fait plus sombre voire quasi désespéré, à l’image du ton général du film, ayant pour cadre un Paris neigeux. Les personnages ne se croisent que deux par deux (comme dans Smoking / No smoking), plus rarement (et jamais plus de) trois, dans une poignée de décors (le bar, l’agence immobilière, les appartements des uns et des autres) et chaque scène est délimitée par un interlude constitué de flocons de neige (à la fin d’On connait la chanson, c’était des méduses…). Au final, chacun et chacune retourneront à leur solitude intérieure. Il y a bien un peu d’humour (les cassettes vidéos prêtées par Azéma à Dussollier ; Azéma aux prises avec le père d’Arditi, aux comportement et propos abjects) et des trucs de mise en scène (les visites immobilières filmées du plafond ; Claude Rich, interprétant le père d’Arditi, présent uniquement par la voix ; la neige, ne tombant plus seulement au dehors mais à l’intérieur même de la maison d’Arditi lors de ses confidences à Azéma) mais guère de raisons de se réjouir… plus que de raison.