lundi 1 septembre 2025

Sans toit ni loi (1985), d’Agnès Varda

 

« C’est plus la saison pour camper, y’a plus personne. » - « Y’a moi ! »

C’est l’histoire de Mona (Sandrine Bonnaire), une jeune vagabonde retrouvée morte de froid près d’un champ de vignes. Ceux qui l’ont croisé se souviennent…

L’actualité, aussi bien nationale qu’internationale, étant si réjouissante que, tiens, pourquoi ne pas se plomber un peu le moral avec une histoire de sans-abri ? D’autant que mon quartier est devenu en l’espace de quelques années un sol très fertile pour la misère, à vrai dire depuis qu’un jeune président (sans majuscule) élu par des vieux a justement promis de l’éradiquer. Ainsi, au pied de quasiment chaque commerce (le boulanger, le buraliste, le Monop’, l’Intermarché…) s’est mis à pousser un SDF. C’était l’inénarrable Patrick Balkany (né à Neuilly) qui avait déclaré, il doit bien y avoir une quinzaine d’années, « qu’il n’y avait pas de pauvres en France » et que les SDF, bah, c’était des « choix de vie ». Une grosse connerie, évidemment, mais qu’attendre d’autre d’un membre de l'ex-UMP, organisation sur les cendres de laquelle naquit l’actuel Les Républicains, autoproclamé, avec une bonne dose de paternalisme, « parti des honnêtes gens » (c’est vrai que question « honnêteté », l’ancien parti de Sarkozy, Fillon ou dudit Balkany en connait un rayon…) ? Cela dit, ici, c’est en partie le cas, le mode de vie adopté par Mona résulte d’un choix. Agnès Varda ne pouvait trouver meilleure interprète que « l’enfant prodigue » Sandrine Bonnaire, qui peut être solaire ou ombrageuse et menaçante avec le même naturel, pour incarner cette jeune vagabonde. Clavier, par exemple, dont la plus grande souffrance endurée par l’un de ses personnages est de ne pas pouvoir écouter tranquillement son disque de jazz favori, on n’y aurait pas cru. Le film commence très fort, par le décès de l’errante, classé en fait divers. Une anonyme, dont la mort ne dérangera personne. Son parcours dans la France « profonde » (maintenant, on dit « des territoires »…), entre petits boulots et galères (faim, soif, squat avec des compagnons d’infortune…), est retracé sans qu’on ne tombe dans des clichés ou du misérabilisme de bas étage. Juste la réalité brute. Madame Varda me semble avoir évité là tous les écueils qu’on aurait pu redouter d’une telle entreprise, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Lion d’or à la Mostra de Venise 1985 et César de la meilleure actrice 1986 pour Sandrine Bonnaire. Mérité.

The Player (1992), de Robert Altman

 

C’est l’histoire de Griffin Mill (Tim Robbins), cynique producteur à Hollywood, qui reçoit de menaçantes cartes postales anonymes. Soupçonnant un auteur dont il aurait refusé le scénario, il pense avoir trouvé le coupable en la personne de David Kahane (Vincent D'Onofrio). Lors d’une altercation nocturne, il le tue accidentellement. Mais les menaces anonymes continuent…

Autant Short Cuts était plutôt bon voire jubilatoire par moments, autant ce The Player ne casse vraiment pas des briques. C’est dingue, on dirait un « direct-to-video »… Les 8 millions de dollars de budget ont visiblement surtout servi aux émoluments de la pléiade de stars venues faire un « caméo » dans leur propre rôle (Julia Roberts, Bruce Willis, Susan Sarandon, Cher, Anjelica Huston, Nick Nolte, Burt Reynolds, Jeff Goldblum…). Rien ne captive vraiment ici, pas plus l’enquête policière que l’amourette entre Tim Robbins et Greta Scacchi ou la satire, assez bateau, d’Hollywood.