lundi 29 septembre 2025

Cruising (La chasse) (1980), de William Friedkin

 

« C’est toutes des sacs à foutre ! » - « Qui ça ? » - « Ben, les bonnes femmes… »

C’est l’histoire de Steve Burns (Al Pacino), jeune policier new-yorkais qui accepte, en vue d’une promotion, la proposition du capitaine Edelson (Paul Sorvino) : infiltrer le milieu gay sado-maso, d’où sont issus deux homosexuels sauvagement assassinés par probablement un tueur en série, afin de l'arrêter.

De Friedkin, membre éminent du « Nouvel Hollywood » (la « Nouvelle vague » U.S), j’avais bien aimé French Connection, beaucoup moins L’exorciste, qui en profitait une fois de plus pour humilier l’Eglise (je n’ai rien contre, bien au contraire, à condition que les deux autres grandes religions monothéistes « prennent » elles aussi de temps en temps, ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais). Quant à Jade, c’était juste une efficace série B surfant sur la mode du thriller érotique lancée par l’indépassable en la matière Basic Instinct. Ici encore, le scandale et la controverse sont de rigueur puisque le film nous plonge dans les bas-fonds du milieu gay SM new-yorkais. Fruit d’une documentation studieuse, on peut dire que Friedkin n’y va pas de main morte (sic) dans la description de cet univers où règnent luxure et perversité décadente (il a dû couper pas moins de 40 minutes pour éviter le classement X). Qui n’est pas sans rappeler le clip, lui aussi sulfureux, du méga-tube Relax des Frankie Goes to Hollywood. Bref, de quoi donner des sueurs froides aux Alain Bonnet de Soral, Dieudonné M’Bala M’Bala, Eric Zemmourroïdes et autres Christine Boutin 😄… En dehors de ce cadre esthétique, il s’agit d’un thriller basique, qui aurait mérité un peu plus de suspense. Très mauvais souvenir pour le réalisateur ainsi que pour Pacino, irrité par les protestations des associations homosexuelles et le montage final effectué à son insu, qui laisse entrevoir un épilogue ouvert à diverses interprétations.

dimanche 28 septembre 2025

Les promesses de l’ombre (2007), de David Cronenberg

 

« Londres est la ville des putains et des pédales. »

C’est l’histoire d’Anna (Naomi Watts), sage-femme à l'hôpital Trafalgar de Londres, qui récupère le journal intime de Tatiana, une adolescente russe décédée au service des urgences en donnant naissance à une petite fille. Ce journal étant écrit en russe, elle en demande la traduction à sa mère et son oncle, espérant y trouver des informations sur la famille de la défunte. Une carte trouvée à l’intérieur du carnet la mène parallèlement sur la piste d’un luxueux restaurant, le Trans-Siberian. Cet établissement est en réalité dirigé par le chef de la mafia russe.

Thriller sombre, malsain (viol, prostitution…) et (inutilement) hyper-violent, d’entrée de jeu (gorge tranchée, accouchement sanglant). Pas grand-chose à redire sur l’interprétation, avec un Vincent Cassel toujours à l’aise dans les univers glauques et déjantés (La haine, Irréversible…) ni même sur l’histoire mais plutôt sur le déferlement d’hémoglobine et les invraisemblances (le combat dans un hammam entre un Viggo Mortensen nu comme un ver et deux malabars armés de couteaux ; le baiser sur la bouche qu’il échange à la fin avec Naomi Watts sans qu’elle le repousse, quand bien même elle ait compris qu’il avait « bon fond »...).

vendredi 26 septembre 2025

Kramer contre Kramer (1979), de Robert Benton

 

C’est l’histoire de Ted Kramer (Dustin Hoffman), un brillant dessinateur publicitaire new-yorkais qui, accaparé par sa carrière professionnelle, délaisse un peu sa vie de couple et de père de famille. Un soir, alors qu’on vient de lui apprendre une promotion, sa femme Joanna (Meryl Streep) le quitte. Il se retrouve alors tout seul avec son fils Billy. D’abord difficile, ce double rôle d’employé et « d’homme au foyer » lui convient de mieux en mieux, ainsi qu’à son fils. Mais un jour, après dix-huit mois d’absence, Joanna revient à New York et réclame la garde de l’enfant.

Un sujet qui me touche forcément, faisant partie de cette génération de « fils uniques de parents divorcés » (j’avais 3 ans), à une époque (fin 70’s – début 80’s) où le nombre de divorces explosa. Le mien, surtout le fait de mes grands-parents maternels qui souhaitaient visiblement garder leur fille pour eux (même si mes parents étant si différents caractère, mode de vie –, que je me dis qu’ils auraient tout de même fini par se séparer un jour) ne fût pas catastrophique mais pas « idéal » non plus, pas exempt de quelques tensions. Je connus donc l’assez humiliant « un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires ». Je me demande comment on peut sans rire parler de « société systémiquement patriarcale » quand on sait que dans l’immense majorité des cas, la garde est accordée à la mère… Mais passons. Le film évoque donc ce fléau sociétal. Ironie de l’histoire, Dustin Hoffman était lui-même en instance de divorce pendant le film, il jouait ainsi « son propre rôle ». Une fois de plus, il a le « beau rôle », on a l’impression en parcourant sa filmographie qu’il veut constamment soit être admiré pour ses performances, soit être plaint, parfois les deux à la fois (bref, tirer la couverture à lui). Il craignait que Meryl Streep, alors en pleine ascension, lui vole la vedette et il y eût quelques tensions sur le tournage (scène improvisée du verre de vin blanc jeté au mur, évocations de John Cazale, compagnon de l’actrice emporté par un cancer un an plus tôt). Evidemment, l’interprétation est de premier ordre, y compris le jeune Billy, joué par Justin Henry (même voix française que le bambin de Shining ou le jeune qui visite le cockpit dans Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, assurée par la comédienne belge et spécialiste du genre Jackie Berger). Bizarrement, j’ai dû attendre le final pour verser ma petite larme mais cela ne signifie évidemment pas que ce soit la seule scène touchante du film (il en regorge). Succès (au box-office et cinq Oscars) et statut de classique mérités. 

jeudi 25 septembre 2025

Petits meurtres entre amis (1994), de Danny Boyle

 

C’est l’histoire d’Alex (Ewan McGregor), Juliet (Kerry Fox) et David (Christopher Eccleston), trois amis qui se partagent un appartement à Glasgow. Ils recherchent un quatrième colocataire et portent leur choix sur Hugo (Keith Allen). Mais quelques jours après son emménagement, ils découvrent Hugo mort dans sa chambre, dans laquelle ils trouvent également une valise pleine de billets de banque. Leur amitié résistera-t-elle à cette découverte ?

Encore un souvenir du temps béni de mon adolescence où avec mon père, nous louions des films dans des vidéo-clubs pour nos soirées de week-ends ou de vacances scolaires. Celui aussi des « raves party » (rêves partis ?), dont le générique de début rend compte ainsi que le goût de Danny Boyle pour cette musique (comme le confirmera la B.O de son film suivant, l’acclamé Trainspotting). Finalement, c’est pas si compliqué de faire un bon petit thriller. Trois amis, un macchabée, une valise pleine de fric, quelques trouvailles et rebondissements. Et de la violence aussi, notamment lors du final qui menace à tout moment de tomber dans le « grand guignol ». C’est finalement cette grande gueule d’Ewan McGregor (de loin le plus insupportable des trois) qui s’en sortira le « mieux » (si j’ose dire). Grand succès public et critique inattendu, un peu partout dans le monde. Pour l’anecdote, une scène a été tournée le 7 avril 1993 au soir. J’ai en effet reconnu le match que zieute McGregor dans le salon (et pour cause) : le OM – Glasgow Rangers (score de 1 à 1) de la glorieuse épopée européenne du club phocéen lors de cette saison-là, jusqu’à la victoire finale. 

Cube (1997), de Vincenzo Natali

 

Réalisation : Vincenzo Natali

Scénario : Graeme Manson, Vincenzo Natali et André Bijelic

Pays :  Canada

Année : 1997

Genre : horreur, science-fiction

Avec : David Hewlett, Maurice Dean Wint, Nicole de Boer, Nicky Guadagni, Andrew Miller, Wayne Robson, Julian Richings.

Synopsis : Une poignée d’individus, vêtus de façon identique et ne sachant pas comment ils ont atterri ici, se retrouvent emprisonnés dans une pièce cubique possédant des issues sous forme de trappes à chacune de ses faces. Commence alors une course contre la montre pour tenter de sortir de ce piège.

Pourquoi ? Parce que Vincenzo Natali a prouvé qu’on pouvait faire un très bon film, prenant et original, avec trois fois rien, malgré un panel de personnages un poil caricaturaux, dont on devine assez vite les intentions et les destins (le flic brutal, la surdouée, l’autiste, le frustré cynique…) : quelques acteurs inconnus (car canadiens) lâchés dans un décor minimaliste.

mercredi 24 septembre 2025

Mauvaise passe (1999), de Michel Blanc

 

C’est l’histoire de Daniel Auteuil qui est emprisonné entre les jambes d’une femme. Saura-t-il se sortir de cette… mauvaise passe ? Ah non, pardon, c’est pas ça.

C’est l’histoire de Daniel Auteuil qui, effrayé par le monde de 2025 (y’a de quoi, non ?), décide de revenir d’où il vient : de l’utérus de sa maman. Et merde, encore raté… Ah, j’y suis…

C’est l’histoire de Pierre (Daniel Auteuil), quadra déboussolé qui quitte femme, enfant et sa vie dans laquelle il étouffait pour se rendre à Londres et tenter d’y écrire un roman. Sur place, il fait la connaissance de Tom (Stuart Townsend), gérant d’un bar mais qui à ses heures perdues s’adonne à l’activité d’escort-boy. Tom va entrainer dans cette voie Pierre, qui va s’y brûler les ailes.

Troisième film de l’acteur Michel Blanc, après Marche à l’ombre (1984) et Grosse fatigue (1994) et le premier dans lequel il ne joue pas. Autre différence, la cinquantaine et sa crise approchant, Mauvaise passe se veut plus « torturé ». Fini les comédies, notre Michou a mûri et est devenu plus sérieux, plus « profond ». Bon, avec un sujet pareil, ça « m’interpellait quelque part », comme on dit. Vous savez ma (relative) fascination pour le métier d’acteur porno (du moins dans les 70’s parce que maintenant, se bourrer de Viagra et se faire des piquouses dans la bite, merci bien) : être payé pour baiser des « canons », y’a pas grand-chose de mieux comme plan (pour ceux qu’ont les capacités, bien sûr). Mieux en tous cas que de pointer 7 à 8 heures par jour, 5 jours sur 7, dix mois et demi sur douze, pendant 43 ans (pour le moment) à l’usine (ah non, chez nous y’en n'a plus…) ou au bureau, enfin, à mon avis. Alors à priori, escort-boy, c’est un peu pareil. Et bien figurez-vous que votre serviteur a failli en faire une, de « passe », il y a 2-3 ans. Par curiosité, j’avais en effet créé un profil sur deux sites spécialisés, Tescort et Escorte.com. Photo prise dans ma glace, pas à poil, juste torse nu et visage flouté, évidemment et petite annonce. Le nombre de vues, bien qu’infiniment moins élevé que celui de mes « consœurs », laissait signifier qu’il y avait là un « marché », sans que je sache si les visites émanaient d’hommes ou de femmes (mon annonce spécifiait naturellement « pour femmes uniquement » mais ça, on ne le découvre qu’en la lisant, justement). Et un après-midi, un appel (alors que j’indiquais dans l’annonce « premier contact par SMS uniquement »). Numéro inconnu mais comme c’était justement à un moment où j’attendais un appel, j’ai répondu. Je n’aurai pas dû : il s’agissait d’une cliente potentielle. Qui, au son de ma voix peu assurée et lorsque je lui demandais de me contacter plutôt par SMS, me raccrocha au nez par un « Ah, d’accord… ». Mais bon, de toutes façons, je ne pense pas que j’aurais eu le cran d’assurer cette « prestation ». Mon handicap, tout d’abord (phobie sociale) et puis comme tout, c’est un « métier » et enfin, l’argent fausse et gâche tout (comme d’hab). C’est une perversion. Quoique, j’avais envisagé de faire un « remboursée si non satisfaite » 😄... Je supprimai alors dans la foulée mes deux annonces sur les sites en question. Mais revenons-en au film. Schéma classique : l’excitation et la réussite au début, avant la descente aux enfers (drogue, relations amicale et amoureuse détériorées, échec…). Auteuil se fond à nouveau à merveille dans son personnage et n’hésite pas, comme il le fit chez Téchiné (Les voleurs) et peut-être ailleurs, à nous montrer sa raie lors de ses ébats avec ses clientes. Le film s’achève positivement, sur une pirouette. Pute un jour, pute toujours. Et puis on en est tous une puisqu’on a tous quelque chose à vendre (un produit, des « compétences », notre « force de travail »…).
 

mardi 23 septembre 2025

The social network (2010), de David Fincher


« Vous n’êtes pas un sale con, Mark. Mais vous vous donnez un mal fou pour l’être. »

C’est l’histoire, adaptée pour le cinoche, de ce sale con (et plus si affinités) de Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg), son invention à la con de Facebook et ses deux procès intentés par ses sales cons d’anciens camarades d’Harvard (Andrew Garfield, Armie Hammer), qui l’accusent de les avoir grugés.

Seul Fincher anté – Gone girl que je n’avais pas encore vu, on peut dire que j’y allais à reculons : les réseaux sociaux, la finance, les libertariens U.S, les « investisseurs » et autres « milliardaires virtuels », tout c’que j’aime… Mais comme c’est l’un des maitres modernes de la mise en scène derrière la caméra… Ça commence bien : cinq minutes de palabres, dans le brouhaha d’un pub, entre Zuckerberg, qui parle comme une mitraillette et sa copine, qui le largue. Point de départ de la vengeance du gus via son blog puis d’une idée de votes en ligne pour élire la plus belle étudiante du campus par duels successifs. La suite est plus ou moins connue : fort de ce premier succès, Zuckerberg est engagé comme programmateur par les jumeaux Winklevoss pour un projet de site de rencontres mais se la joue finalement perso avec son pote Eduardo Saverin. Personnages et univers détestables, enjeu limité, un ensemble sauvé par la structure non linéaire (flashbacks) et la réalisation toujours chiadée et « high-tech » (montage, musique) de Fincher.

A history of violence (2005), de David Cronenberg

 

C’est l’histoire… de la violence. Plus précisément celle dont use Tom Stall (Viggo Mortensen), paisible citoyen de la petite ville de Millbrook dans l'Indiana, pour mettre hors d’état de nuire deux tueurs qui s’apprêtaient à braquer son petit restaurant et y commettre un carnage. Devenu une célébrité locale pour cet acte de bravoure, il reçoit la visite dans son établissement de Fogarty (Ed Harris), un mafieux partiellement défiguré à l’œil gauche, qui croit reconnaître en lui Joey, un ancien adversaire. Tom va devoir se replonger dans son passé sans éveiller les soupçons de sa famille.

Acteur est un drôle de métier qui pourra vous amener à simuler une scène d’amour (de sexe, quoi) dans des escaliers. Comme ici Viggo Mortensen (qui nous montre pour l’occasion son fessier dénudé) et Maria Bello (j’espère qu’ils s’en sont sortis sans bleu…). Une scène censée montrer que bien que se sentant trahie par Mortensen, Bello l’a toujours « dans la peau » et lui aussi (attention message : sexe et violence font souvent bon ménage). A history of violence porte bien son titre et se permet même le « luxe » de briser un tabou lors des premières minutes : un meurtre d’enfant (heureusement seulement suggéré). Cronenberg délaisse l’horreur et le fantastique pour un thriller de facture assez classique. Flingues, hémoglobine, mensonge, rédemption et valeurs familiales traditionnelles au menu de ce métrage. Il y a même la petite choupinette aux cheveux blonds comme les blés qui met un couvert pour son pôpa quand celui-ci revient à la maison (comme c’est mimi…), espérant être pardonné, lors de la scène de repas finale, certes émouvante et bien interprétée. 

lundi 22 septembre 2025

eXistenZ (1999), de David Cronenberg

 

C’est l’histoire d’Allegra Geller (Jennifer Jason Leigh), conceptrice de jeux vidéo, qui présente sa dernière création à un groupe de joueurs. Ceux-ci sont reliés à un monde virtuel grâce à une console appelée « pod » directement connectée à leur système nerveux via un « bioport », un trou percé à la base de leur dos. La démonstration tourne au cauchemar.

David Cronenberg a réalisé avec eXistenZ le premier film porno d’un nouveau genre. En effet, Jennifer Jason Leigh et Jude Law se sont fait greffer un second trou du cul, un peu plus haut que le premier. Jude Law lui fait un anulingus tandis qu’elle introduit un connecteur de forme oblongue dans celui de son partenaire. Trêve de plaisanterie, je n’ai pas du tout aimé ce film. Déjà, il ressemble à une série B. Vous me direz, il en existe de bonnes, d’accord. Mais « l’intrigue » m’est passée au-dessus de la tête dès les premières minutes. Il est vrai que l’univers des jeux vidéo m’est étranger. On assiste donc à des va-et-vient (merde, je recommence, quel obsédé…) entre réalité et virtualité, avec du grand n’importe quoi (Jude Law qui fabrique un révolver avec la carcasse de ce qui semble être un lapin, les mains pleines de gras) et le (double) « twist » final qui va bien. Cela m’a un peu fait penser, mais en beaucoup moins bien, à Inception, qui joue lui aussi sur la confusion entre mondes réel et virtuel. Je me demande ce que Jennifer Jason Leigh est venue faire dans cette galère, si ce n’est pour pouvoir dire « j’ai tourné avec Cronenberg »... J’ai quelques autres films sur ma liste mais comme pour Lynch, ça sent le réalisateur pas fait pour moi…

samedi 20 septembre 2025

Twist again à Moscou (1986), de Jean-Marie Poiré

 

« Dis donc, tu n’aurais pas dans tes réserves un très grand Cognac pourri capitaliste ? »

C’est l’histoire de Iouri (Christian Clavier), dissident soviétique et de sa fiancée, la célèbre chanteuse rock Tatiana Fédorova (Agnès Soral). Lors d’un concert à Kiev en 1984, ils reçoivent la visite des parents de Tatiana, qui sont poursuivis par le KGB. Iouri fait alors appel à son beau-frère, Igor Tataïev (Philippe Noiret), directeur de l'hôtel Tolstoï à Moscou, pour leur venir en aide, celui-ci jouissant de relations haut placées avec des membres du Parti Communiste.

Trois ans après Papy fait de la résistance, trois ans avant la chute du Mur de Berlin et cinq avant la dislocation de l’URSS, sort ce Twist again à Moscou qui reprend le concept du film à (très) gros budget avec casting mêlant « vieille garde » (Philippe Noiret, Bernard Blier, Jacques François…) et « jeunes loups » (Christian Clavier, Martin Lamotte, tous deux coscénaristes, Agnès Soral). Mais avec beaucoup moins de bonheur. Et sachant que Papy… était déjà en deçà du Père Noël et autres Bronzés, pièces maitresses du Splendid, cela situe l’étendue des dégâts. L’absence de gags vraiment marquants (seuls Blier et François, en hauts dignitaires du régime, surnagent et nous arrachent un sourire) plombe ces aventures rocambolesques tournées en ex-Yougoslavie (Belgrade en particulier) et (un peu) en Savoie. Ne restent alors que la caricature, facile, du régime soviétique et la condescendance toute occidentale vis-à-vis du folklore local (musique russe vue comme désuète). Une grosse déception.     

vendredi 19 septembre 2025

Mon homme (1996), de Bertrand Blier

 

« Bon ben pour commencer, moi, j’vais faire un gros pipi, hein… »

C’est l’histoire de Marie (Anouk Grinberg), une prostituée indépendante, qui découvre un SDF (Gérard Lanvin) dormant dans le hall de son immeuble. Elle lui offre l’hospitalité puis en tombe amoureuse et lui propose de devenir son proxénète.

Voilà donc le film qu’Anouk Grinberg aurait tourné sous la contrainte et « l’emprise » de Bertrand Blier, son compagnon d’alors, malgré son refus initial. Il est regrettable - pour tout le monde - que ce genre d’affaires ne sortent que des décennies plus tard, parfois même, comme dans le cas présent, quand la personne incriminée est décédée. De là à dire que le réalisateur a fait « de l’humiliation des femmes un divertissement », je trouve ça un peu exagéré. Certes, jusqu’en ces années 90, il y a eu quelques mains un peu lestes sur les corps féminins mais derrière l’apparente misogynie, on sent aussi un grand amour, peut-être maladroit, pour les femmes. Quoi qu’il en soit, j’ai enfin trouvé ce film, l’un des derniers Blier que je n’avais pas vu (reste son premier, Si j'étais un espion, tandis que Beau-père, de par sa thématique assez… particulière, ne me branche pas du tout), à un prix « raisonnable » sur Vinted (30 euros tout de même mais ça monte jusqu’au double ou au triple). Et je ne regrette pas. Comme j’ai dû le dire précédemment, chez Blier, il y a toujours quelque chose à « picorer ». Des « bons mots » poético-comiques, des situations loufoques, provocantes et dérangeantes, le jeu des comédiens… Il y a tout ça ici aussi. Formellement, on est dans la continuité de sa « trilogie Grinberg », après Merci la vie et Un, deux, trois, soleil mais il livre là son film le plus noir, âpre et rugueux. Ce qui ne passe pas auprès du public et de la critique… « à moins d’être un réalisateur iranien ou polonais », explique-t-il malicieusement dans l’interview bonus. Le plus érotique aussi (un choix délibéré) même si au final, il n’y a qu’une scène de sexe, un peu longuette il est vrai, entre Grinberg et Lanvin (et une autre, plus rapide et comique, avec Jacques Gamblin). Quelques années avant Les acteurs (2000), Blier fait défiler une belle galerie de brèves apparitions, dans des rôles de clients : Gamblin donc mais aussi Darroussin, Galabru, Kassovitz, Jacques François ou encore Jean-Pierre Léaud. J’ai surtout apprécié la prestation de Sabine Azéma, le temps de deux scènes et celle au bar de la boite de nuit entre Grinberg et Valeria Bruni Tedeschi, sur fond de Barry White, malgré quelques répliques incompréhensibles (un mal français, qu’on retrouve d’ailleurs épisodiquement tout au long du film). Quant à Lanvin, il est dans son registre habituel de mec bourru à grande gueule, pas mauvais fond mais avec toujours une violence sous-jacente et cette incapacité chronique à sourire. En conclusion, ce film vient confirmer que je suis assez friand de ce qui est le plus controversé chez le cinéaste (ses années 90 ou Les côtelettes) et je ne le remercierai jamais assez pour avoir su tracer cette voie si originale, malgré ses imperfections et ses redites, dans un cinéma français trop souvent sclérosé. 

jeudi 18 septembre 2025

Les sorcières d’Eastwick (1987), de George Miller

 

C’est l’histoire de trois amies dans le petit village d’Eastwick : la rousse Jane (Susan Sarandon), divorcée et professeur de musique ; la blonde Sukie (Michelle Pfeiffer), journaliste et mère solo de six petites filles ; et la brune Alexandra (Cher), sculptrice et veuve. Elles s’ennuient à mourir et, un soir de cuite, s’amusent à dresser le portrait-robot de l’homme idéal. Le lendemain, Daryl Van Horne (Jack Nicholson), un homme au charme magnétique, s'installe dans la plus somptueuse résidence d'Eastwick. L’une après l’autre, il va séduire les trois jeunes femmes, leur donnant une grande confiance en elle et révélant tout leur potentiel.

Hum, comédie fantastique des années 80 donc à coup sûr une « couillonnade » datée ? Mais pourquoi pas, La mort vous va si bien, dans un genre voisin, n’était finalement pas si mal. Et z’avez vu le casting ? Balèze, non ? Alors oui, les effets spéciaux ont pris un sacré coup dans l’aile (la partie de tennis à quatre avec la balle qui s’immobilise dans les airs ou ralentit, les trois héroïnes qui lévitent au-dessus de la piscine, le final avec Nicholson transformé en géant puis en larve…) mais quelle leçon de cinéma… Les plans, les mouvements de caméra, la musique, les décors, le rythme… J’ai beau ne pas aimer l’Amérique, ses valeurs et fondements (sa violence intrinsèque, puritanisme, turbo-capitalisme, etc…), surtout actuellement, faut quand même être fair-play, c’est un autre monde. C’est avec ce genre de films qu’on se dit que nous autres, Français, « on peut pas test », comme disent les « djeuns ». Nicholson nous fait encore son numéro « à la Shining » et belle prestation également de Veronica Cartwright pour cette comédie qui égratigne les valeurs morales puritaines. Ah punaise, s’il n'y avait pas l’aspect grotesque et kitsch de certains effets spéciaux, ce serait limite à garder…      

Les côtelettes (2003), de Bertrand Blier

 

« Travail de femme, évidemment… Femme étrangère, évidemment… Femme qu’a pas l’droit d’se plaindre, qu’a tout juste le droit de trimer, avec ses mains faites pour l’amour, que personne ne regarde… Ses mains rougies par le travail… Des mains qu’on montre plus. »

Réalisation : Bertrand Blier

Scénario : Bertrand Blier, d'après sa pièce de théâtre éponyme

Pays :  France

Année : 2003

Genre : comédie dramatique

Avec : Philippe Noiret, Michel Bouquet, Farida Rahouadj, Catherine Hiegel.

Synopsis : Léonce, attablé avec son fils et sa nouvelle compagne, reçoit la visite d’un homme âgé, qui lui annonce qu’il est venu « pour le faire chier ». Les deux hommes s’entretiennent alors de la vie, la mort, l’amour et des femmes, en particulier de Nacifa, leur femme de ménage.

Pourquoi ? Parce que c’est la dernière fois que Blier aura à sa disposition deux « monstres sacrés » (ensuite, avec Campan, Dujardin, Dupontel ou Clavier, on descend d’un palier, voire deux) ; pour la mise en scène, assez alerte et inventive, les deux acteurs passant d’un décor à l’autre (d’un appartement à un champ le plan suivant, par exemple) au cours d’une même conversation ; pour la tirade, magistrale, de Noiret sur « la différence entre un gros con de droite et un gros con de gauche » (à lire aussi les commentaires hilarants sous la vidéo, émanant essentiellement de « gros cons de droite ») mais aussi la beauté féminine ; pour le visage d’enfant de Bouquet devant Rahouadj en peignoir et pour l’entendre dire qu’il « bande toute la journée » quand il pense à elle ; pour la musique d’Hugues Le Bars, aux relents 80’s.


mercredi 17 septembre 2025

La mouche (1986), de David Cronenberg

 

C’est l’histoire de Seth Brundle (Jeff Goldblum), scientifique excentrique et solitaire, qui a mis au point un système de téléportation d’une cabine à une autre. Il fait part de cette découverte à la journaliste Veronica Quaife (Geena Davis) mais lui demande dans un premier temps de garder ce secret. Le système ne fonctionne que sur les objets inanimés, jusqu’à ce que Seth parvienne, après un premier essai infructueux, à téléporter un babouin. Un soir d’ivresse et de déprime, jaloux de Stathis Borans (John Getz), rédacteur en chef et ancien amant de Veronica, Seth décide de se téléporter lui-même, sans s’apercevoir qu’une mouche s’est glissée avec lui dans la cabine.

Merci à Cinéphile Schizophrène qui a fait naitre en moi le désir (non, ce n’est pas ce que vous croyez…) de revoir ce film, vu dans mon adolescence, en le mettant à l’honneur sur son blog. Alors qu’en dire ? Avec une durée d’une heure trente, il ne s’encombre pas de longueurs inutiles. Forcément, au niveau de l’esthétique, il a terriblement vieilli. Les effets spéciaux, typiques des années 80 (donc risibles), rappellent ceux d’Alien et du clip Thriller de MJ. Tous les clichés sont au rendez-vous : « l’amour est plus fort que les différences » (Davis qui prend dans ses bras un Goldblum de plus en plus monstrueux, façon La Belle et la Bête. P.S : ils étaient ensemble à l’époque et se marieront un an plus tard), « j’ai un pied et une main en moins mais j’ai encore de la force pour tirer » et « achève-moi, je souffre trop » (snif snif). Pas de quoi cependant m’en faire regretter le visionnage car l'idée de départ est bien trouvée et le récit sans temps mort.   

lundi 15 septembre 2025

Le fanfaron (1962), de Dino Risi

 

« Moi, les femmes, c’est comme les truffes pour les cochons. »

« S’engager sur quoi ? Le Moyen-Âge est passé depuis longtemps… »

C’est l’histoire de Bruno Cortona (Vittorio Gassman), un quarantenaire exubérant, amateur de conduite automobile et de jolies femmes, à la recherche de cigarettes et d’un téléphone public en ce 15 août férié à Rome. Il va faire la connaissance de Roberto Mariani (Jean-Louis Trintignant), un étudiant en droit quant à lui plutôt du genre réservé. Ensemble, ils vont passer deux jours sur les routes, ce qui constituera pour Roberto un voyage initiatique concernant l’amour et les rapports sociaux.

Voila venu le moment de me plonger, petit à petit, dans le cinéma italien, qui n’est pas du menu fretin dans l’histoire du 7ème Art (euphémisme). J’ai dû voir deux Fellini (La strada et Amarcord) et, chroniqués sur ces pages, Le pigeon de Mario Monicelli (qui vaut surtout pour son incroyable « twist » final) et La grande bouffe du provocateur Marco Ferreri. Mais j’ai surtout un bon souvenir du diptyque à sketches Les monstres / Les nouveaux monstres, œuvres, totalement ou en partie, de Dino Risi. A la manœuvre de ce Fanfaron qui nous occupe aujourd’hui, au doux parfum de « chef-d’œuvre de la comédie à l’italienne ». Problème : je n’ai pas (sou)ri un seul instant. Ennuyeux, pour une comédie… Le « fanfaron » en question, c’est Vittorio Gassman, insupportable de volubilité et de sans-gêne, ricanant et klaxonnant dès qu’il en a l’occasion. Un vrai « rital », en somme. Le film se veut une satire de la société italienne de ce temps-là, en plein « boom économique » (1958-1963). Mouais, admettons… Même si le consumérisme, la cupidité, la bêtise et l’absence de valeurs morales sont universels. Aucun gag à se mettre sous la dent et des longueurs pour cette réalisation, à la fois « buddy movie » (même s’il n’est pas répertorié tel quel) et « road movie », qui s’achève de façon tragique, symbolique, amorale et, en y réfléchissant bien, prévisible.   

Chute libre (1993), de Joel Schumacher

 

« Ils m’embarquent ! Je disparais, messieurs-dames. Voilà ce qui arrive quand on n’est pas « économiquement viable » ! Allez, au revoir tout l’monde ! Au revoir, ne vous laissez pas faire ! Au revoir tout l’monde, au revoir ! Ne m’oubliez pas. »

Réalisation : Joel Schumacher

Scénario : Ebbe Roe Smith

Pays :  Etats-Unis

Année : 1993

Genre : policier, drame

Avec : Michael Douglas, Robert Duvall, Barbara Hershey, Rachel Ticotin.

Synopsis : A Los Angeles, sous un soleil de plomb, un homme d’une cinquantaine d’années, d’apparence d’employé de bureau mais en réalité chômeur, quitte subitement son véhicule bloqué dans un embouteillage dans le but de rejoindre sa fille, dont il est divorcé de la mère, pour fêter son anniversaire. Ayant maille à partir, lors de son parcours, avec un commerçant asiatique puis des délinquants chicanos, l’inspecteur Prendergast, à un jour de la retraite, se lance à sa poursuite.

Pourquoi ? Pour Michael Douglas, cheveux ras et en brosse, qui enchaine bien après Basic Instinct avec ce rôle ambigu de « gentil méchant » ; pour la musique idoine de James Newton Howard, un spécialiste des B.O ; pour la scène d'introduction et celles du McDo, du terrain de golf, du manifestant devant la banque et du vendeur néo-nazi ; parce qu’une fois n’est pas coutume, une production Warner ne se contente pas du pur divertissement et propose une réflexion, même sommaire, sur l’état de la société américaine post-Reagan (pauvreté, individualisme, mercantilisme…) tout au long du parcours de cet ancien employé qui se sent déconsidéré et déclassé alors qu’il a toujours fait ce qu’on lui a demandé (bref, trente ans plus tard, ce serait un électeur de Trump ou, chez nous, un « gilet jaune »…).

dimanche 14 septembre 2025

Les noces rebelles (2008), de Sam Mendes

 

« Je n’ai qu’une certitude : je veux ressentir les choses. Les vivre, vraiment… tu vois ? La voilà, mon ambition. »

C’est l’histoire d’April et Frank Wheeler (Kate Winslet et Leonardo DiCaprio), un jeune couple du milieu des années 50 qui a en apparence tout pour être heureux : une belle maison spacieuse dans une banlieue pavillonnaire de New York, deux enfants et pour lui, un travail de commercial qui paie convenablement. Mais le hiatus entre cette vie conformiste et celle qu’ils s’étaient imaginés, leur rêve de s’installer à Paris qui s’est fracassé contre les récifs de la réalité, vont inexorablement faire craqueler leur couple.

C’est l’histoire du couple star de Titanic, les ravissants Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, qui « remet le couvert » une décennie plus tard. Kathy Bates, déjà présente sur le célèbre paquebot, est elle aussi du voyage, dans le rôle de l’agente immobilière qui leur propose leur futur lieu de vie.

Près d’une décennie après l’excellentissime American Beauty, Sam Mendes reprend le thème universel de la quête du bonheur absolu pour ces Noces rebelles, adaptation du roman Revolutionary Road de Richard Yates. Le premier rôle féminin est confié à son épouse du moment, Kate Winslet, qui n’eût alors plus qu’à convaincre son ami Leonardo DiCaprio de l’accompagner dans ce projet. Cette fois, il est moins question d’une satire de la société américaine (les années 50, parfaitement reconstituées, ne sont qu’un cadre) que de l’autopsie d’un couple se désagrégeant face à l’inertie et au conformisme ambiants. Doit-on faire sagement ce que la société attend de nous (travailler dur, consommer, enfanter… pour perpétuer ce système pourtant délétère) ou vivre ses rêves ? Sommes-nous des « êtres exceptionnels » qui valons mieux que ça ou devons-nous nous résigner bon gré mal gré à mener cette vie aliénante toute tracée ? Leur projet, irréaliste, de s’installer à Paris, ville que DiCaprio avait visité et apprécié, va susciter chez leurs voisins et collègues de bureau étonnement, enthousiasme de façade mais aussi moqueries et frustration personnelle d’être eux aussi enfermés dans ce carcan, dans ces vies déprimantes (qui concernent 90 à 95% de la population, selon Mendes dans les bonus). Alors on continue de faire semblant d’être heureux, c’est moins douloureux. Interprétation topissime, jusque dans les rôles secondaires (en particulier le couple d’amis voisins et le fils « dérangé » de Bates). Jolie partition mélancolique de Thomas Newman et remarquable plan final sur le visage impassible du mari de Bates, qui préfère couper le son de son sonotone plutôt qu’écouter les propos fort hypocrites de son épouse. Au final, cette « vie rêvée des anges » (travail, famille) ne fait pas du tout envie, ça me « console » un petit peu (ou plutôt me conforte dans mes choix), moi qui n’aie rien de tout ça, par manque d’envie justement et aussi, avouons-le, de courage. Je trouve en effet que les aspects négatifs (contraintes, responsabilités, compromis, usure…) l’emportent largement sur les positifs (avoir une femme et un bébé ou enfant en bas âge dans les bras mais combien ça dure ?). Comme disait un intervenant du documentaire subversif Attention danger travail (2003) : « Moi, c’est pas des pépites de bonheur que je veux, c’est le rocher, la montagne entière. Et surtout, j’ai pas envie de chercher les pépites sous trois tonnes de merde »

samedi 13 septembre 2025

Le sauvage (1975), de Jean-Paul Rappeneau

 

C’est l’histoire de Nelly (Catherine Deneuve), une femme à problèmes qui, à Caracas, cherche à échapper à son futur époux Vittorio (Luigi Vannucchi), qu’elle a abandonné peu avant le mariage prévu et à son ancien patron Alex (Tony Roberts), à qui elle a volé un tableau de Toulouse-Lautrec. Dans sa fuite, elle croise le chemin de Martin (Yves Montand), un homme bourru et solitaire, ancien « nez » renommé et désormais maraîcher sur une île déserte.

« Entertainment » à la française, évidemment « daté », mené tambour battant par le plus américain (avant l’arrivée de Besson) des cinéastes français, Jean-Paul Rappeneau (son goût pour les comédies US et le jazz). Un type très intéressant, réalisateur toujours en mouvement, vif en interview, là où André Téchiné, pourtant plus jeune d’une dizaine d’années, nous endort avec ses « et… euh… euh… » à répétition (enfin, ne nous moquons pas des défauts de langage et autres tics d’élocution…). On pense à un croisement entre La chèvre et un Belmondo de la même époque, entre comédie et aventures. Je pensais ne jamais pouvoir voir la poitrine dénudée de notre Catherine nationale, c’est désormais chose faite. Montand, c’était l’une des trois idoles de mon défunt père, avec Mitterrand et Ferré, Tapie et Hervé Vilard pas loin derrière (quand je dis « idole », c’est le terme exact, c’est-à-dire que ça allait jusqu’à l’imitation de la voix, des mimiques…). Très bon comédien (quoique parfois cabotin, comme d’autres) et showman d’exception certes, mais musicalement trop éloigné de ma génération pour que je puisse adhérer et je n’aime pas du tout le bonhomme, bien cerné par Desproges (un tacle du style « Communiste pour pas un rond dans sa jeunesse, il est devenu anti-communiste pour 15000 francs un soir sur TF1 »), capable de présenter en 1984 Vive la crise !, l’émission phare du tristement célèbre « tournant de la rigueur » et de sauver son âme in extremis en chantant pour les Restos (quoique, c’est parfaitement complémentaire puisque ces derniers constituèrent pour l’Etat la sous-traitance de la misère par la « charité nationale »). Rappeneau nous informe dans les bonus combien ce grand égocentrique fût « pète-burnes » pendant le tournage, refusant de courir derrière Catherine. La différence d’âge de 22 ans entre les deux protagonistes (lui 54 ans, elle 32) ne choque pas. Dans l’autre sens, cela aurait été plus visible, sans doute, au risque de m’attirer les foudres des féministes les plus radicales, parce que la beauté physique est moins capitale et périssable chez l’homme que chez la femme. Pour en revenir plus précisément au film, il s’agit donc d’une comédie aventuro-romantique bien enlevée, parfois outrancière (l’ex-futur mari italien qui fout le boxon partout où il passe dans le but de retrouver la fuyarde) et « irréaliste » (sérieux, quel homme normalement constitué refuserait de vivre sur son île avec une aussi belle « plante », ce qui est la position initiale de Montand ?) avec malgré tout quelques baisses de rythme bien naturelles. Grand succès à sa sortie et faisant désormais figure de « classique », on retrouve, bien des années après, quelques traces du film jusqu’à Hollywood (A la poursuite du diamant vert, Six jours, sept nuits), preuve de sa bonne idée de départ. 

vendredi 12 septembre 2025

Sans pitié (1986), de Richard Pearce

 

« Nous vivons dans une société où il est extrêmement agréable d’être un homme. »

C’est l’histoire d’Eddie Jillette (Richard Gere), flic à Chicago, et de son coéquipier Joe Collins (Gary Basaraba). Ce dernier est poignardé à mort lors d’une opération où ils se faisaient passer pour des tueurs à gages au service d’un commanditaire, Paul Deveneux (Terry Kinney), lui aussi assassiné et qui n’aura pas le temps de leur dévoiler le nom de l’homme à exécuter. Ivre de vengeance, Eddie remonte la piste de Michèle Duval (Kim Basinger), la ravissante amie de Deveneux et l’enlève.

Hip hip hip hourra, je fête la deuxième lecture de DVD sans incident avec mon nouvel appareil « poids plume »… Evidemment, ce polar n’offre aucune surprise : on sait d’emblée que le beau Richard tombera sous le charme de la belle Kim et que le méchant très méchant (Jeroen Krabbé, vu dans Le fugitif et le James Bond cuvée 1987) trépassera. Le tout est que ce soit prenant et pas trop irréaliste. Mission moyennement accomplie dans les deux cas, avec une baisse de régime le temps de scènes « intimistes » destinées à installer l’attirance mutuelle progressive de nos deux tourtereaux. Ils auront même le temps de tirer un coup à l’hôtel avant l’arrivée des malfrats, hôtel que Gere aura préalablement truffé de pièges façon MacGyver. Gere et Basinger se retrouveront six ans plus tard pour Sang chaud pour meurtre de sang-froid, que j’ai malgré tout préféré en dépit (ou grâce à ?) de son caractère hollywoodien plus affirmé. 

jeudi 11 septembre 2025

Les roseaux sauvages (1994), d’André Téchiné

 

« Je suis un pédé… Je suis un pédé… Je suis un pédé ! »

C’est l’histoire… d’un pédé. Mais pas que. Reprenons. C’est l’histoire, en 1962 et dans le Sud-Ouest français, en pleine guerre d’Algérie, de quelques adolescents qui s’apprêtent à passer leur bac. Il y a là Maïté (Elodie Bouchez), communiste et féministe par sa mère, membre du PCF ; son ami François (Gaël Morel), avec qui elle entretient des relations chastes et qui lui avoue son penchant pour les garçons : il hésite entre Serge (Stéphane Rideau) et Henri (Frédéric Gorny), pied-noir qui ne cache pas ses sympathies pour l’OAS.

A y est, j’ai un nouveau lecteur DVD / Blu-ray, un Thomson à 100 balles… Putain, incroyable la baisse de gamme de ces appareils, c’est ultra-léger et ultra-cheap, la télécommande minuscule, l’affichage du minutage est seulement à quatre chiffres (et encore, le mien en a un, ne nous plaignons pas…), ce qui signifie que le minutage, qu’il soit à 56 minutes et 24 secondes ou à 1 heure, 56 minutes et 24 secondes, affichera invariablement « 56 : 24 »… Mais bon, je ne suis pas là pour vous faire chier avec ces problèmes d’Occidental matérialiste pourri gâté mais pour vous parler de ce film de Téchiné que j’ai enfin pu voir, l’ayant acheté à petit prix sur Vinted après des essais infructueux à ma médiathèque municipale. Les roseaux sauvages est la version longue pour le cinéma d’une commande d’ARTE sur le thème de l’adolescence. Un an après Ma saison préférée, Téchiné quitte les prestigieux Deneuve et Auteuil pour une petite équipe d’acteurs débutants (ayant tous entre 18 et 22 ans) ou quasi, Elodie Bouchez (j’aime beaucoup ce genre de meufs, femme-enfant comme Anouk Grinberg notamment) étant la plus « chevronnée » puisqu’il s’agissait alors de sa cinquième apparition sur grand écran. Le réalisateur mêle éléments autobiographiques (dont la réplique introductive) et émois adolescents, sur fond d’évènements historiques (la guerre d’Algérie). Il (François) se découvre homo et « flashe » sur le beau Serge (ah ah !) mais pour celui-ci, ce n’était qu’une passade, une expérience. Elle est communiste et asexuelle (avant que ça existe), lui est pied-noir et pour l’OAS, et pourtant… Une ultime baignade sera l’occasion pour eux de s’avouer leurs sentiments. Et à l’arrivée, ça nous fait un film, un prix Louis-Delluc et quatre Césars (et non des moindres : meilleurs film, réalisateur, scénario et espoir féminin pour Bouchez). Elle est pas belle, la vie ?

mercredi 10 septembre 2025

Buffet froid (1979), de Bertrand Blier

 

« C’est pas nous qui sommes chiants, c’est la nature qu’est chiante ! Je m’emmerde, moi, j’en ai marre de la verdure, tout est vert ! »

« Qu’est-ce que vous appelez une « femme mûre » ? » - « Ben, c’est le genre de femmes qui vous fait des confitures… »

Réalisation : Bertrand Blier

Scénario : Bertrand Blier

Pays :  France

Année : 1979

Genre : comédie dramatique, surréalisme

Avec : Gérard Depardieu, Bernard Blier, Jean Carmet, Michel Serrault, Jean Rougerie, Geneviève Page, Carole Bouquet.

Synopsis : Le chômeur Alphonse Tram, l’assassin de sa femme et l’inspecteur Morvandiau sont confrontés à une série de meurtres et d’évènements rocambolesques au sein d’une tour d’immeuble isolée dans une banlieue sinistre.

Pourquoi ? Parce que c’est, de l’avis de beaucoup (dont votre serviteur), le meilleur film de Bertrand Blier, baignant dans une atmosphère surréaliste et macabre, l’un de ceux où il est le moins question de cul (lien de cause à effet ?), qui tient la route de bout en bout, là où souvent les autres réalisations du cinéaste s’essoufflent à mi-parcours après un début tonitruant ; pour son MONUMENTAL trio d’acteurs principaux Depardieu – Blier père – Carmet (le budget « bonnes bouteilles » sur le plateau a dû exploser…) et une belle galerie de seconds rôles (Serrault, Bouquet, Page, Rougerie, Benguigui) ; pour ses dialogues qui regorgent de pépites immortelles ; parce que voir des pandores simplets à képi, au temps des « Robocops » de Retailleau, quelle poilade (et nostalgie) ! « Avec le talent, on fait ce qu'on veut. Avec le génie, on fait ce qu'on peut », disait le peintre et musicien Jean-Auguste-Dominique Ingres. Pour ce film, Bertrand Blier a donc fait ce qu’il a pu…

mardi 9 septembre 2025

Les Bronzés font du ski (1979), de Patrice Leconte

 

« J’t’expliquerai, va… » - « Te casse pas, on a compris. »

« Tu m’aides pas, là ? » - « Non, pas là, non. »

Réalisation : Patrice Leconte

Scénario : les membres de la troupe du Splendid

Pays :  France

Année : 1979

Genre : comédie

Avec : Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Dominique Lavanant, Thierry Lhermitte, Bruno Moynot.

Synopsis : Des amis, s’étant connus l’année précédente lors de vacances estivales au Club Med en Côte d’Ivoire, se retrouvent dans une station de sports d'hiver de Val-d'Isère.

Pourquoi ? Euh, sérieux, faut vraiment que je vous dise pourquoi cette comédie dont quasiment tous les gags et répliques (la « crêpe au suc’ », le « planté de bâton », la « liqueur d'échalote relevée au jus d'ail », le fil dentaire dans la fondue, le télésiège qui tombe en panne, les chaussures de ski trop serrées, le « lâché de gourmette », les effusions sexuelles du trio d’Italiens lors de la nuit au refuge…), essentiellement centrés sur le connement disparu Michel « wanabee auteur » Blanc et son incapacité à « conclure », sont culte et entrés dans l’inconscient collectif ?

lundi 8 septembre 2025

Bean, le film le plus catastrophe (1997), de Mel Smith

 

Réalisation : Mel Smith

Scénario : Richard Curtis et Robin Driscoll

Pays :  Etats-Unis, Royaume-Uni

Année : 1997

Genre : comédie

Avec : Rowan Atkinson, Peter MacNicol, Pamela Reed, Harris Yulin, Burt Reynolds.

Synopsis : Mr Bean, modeste, maladroit et excentrique gardien de musée britannique, est envoyé à Los Angeles par la National Gallery de Londres dans le cadre du transfert à la Galerie Grierson locale du célèbre tableau La Mère de Whistler, en le faisant passer pour leur meilleur spécialiste en matière de peinture, ceci afin de se débarrasser momentanément de lui. Il est accueilli en Amérique par le conservateur de la galerie et sa famille. Mais son faux profil d’érudit d’art va rapidement voler en éclat.

Pourquoi ? Pour Rowan Atkinson (doublé par Dany Boon !) et sa tronche de Jean-Pierre Chevènement jeune (mais le « Ché » a-t-il déjà été jeune ?), qui reprend évidemment son personnage de Mr Bean, sorte de Gaston Lagaffe anglais, dans la série télévisée éponyme ; mais SURTOUT pour la scène où il salope le fameux tableau à coups d’éternuement, d’encre et de détergent, qui provoque invariablement chez moi un fou rire (phénomène rarissime…) ; et pour une poignée d’autres gags, déjà connus par les « aficionados » de la série (le sac à vomi, le sèche-mains des WC, la dinde farcie géante…).


jeudi 4 septembre 2025

Le locataire (1976), de Roman Polanski


C’est l’histoire de Trelkovsky (Roman Polanski), un homme timide et réservé, qui visite un appartement vacant pour le louer. Lors de la visite, la concierge lui apprend que l'ancienne locataire a voulu se suicider en se jetant de la fenêtre de l'appartement, sans raison apparente. Après le décès de celle-ci, il emménage. Notre homme sombre alors peu à peu dans la paranoïa.

Ce troisième volet de la trilogie dite des « appartements maudits » du réalisateur, après Répulsion en 1965 et Rosemary's Baby en 1968, me paraît bien en deçà de ses deux prédécesseurs, qui plaçaient il est vrai la barre assez haut. J’étais circonspect sur le Polanski acteur mais il s’en tire plutôt bien dans ce rôle d’homme effacé. On note les apparitions de quelques membres du Splendid (Balasko, Jugnot et Blanc). Le film avait à priori tout pour me plaire ou du moins susciter mon intérêt et ce fût le cas dans sa première partie. Malheureusement, à partir du moment où Polanski se travestit en femme, s’identifiant à l’ancienne locataire suicidée, je suis un peu « sorti » du film, tant cette séquence censée provoquer l’angoisse a plutôt eu le don de me faire (sou)rire (surtout connaissant les frasques de l’homme public). J'ai trouvé ça décalé, disons. Ce Locataire me laissera hélas peu de souvenirs. P.S : y a-t-il une musique de film français que Philippe Sarde (né à Neuilly) n’a pas « chié » ?

mardi 2 septembre 2025

Manhattan (1979), de Woody Allen

 

« Considère-moi comme une sorte de détour sur l’autoroute de la vie. »

C’est l’histoire d’Isaac Davis (Woody Allen himself), scénariste de télévision à New York, insatisfait de sa vie, autant professionnelle que personnelle. Son ex-femme (Meryl Streep) s’apprête à publier un livre sur leur vie conjugale et il fréquente Tracy (Mariel Hemingway), une fille trop jeune pour lui (17 ans). Son meilleur ami Yale (Michael Murphy) lui présente sa maîtresse, Mary (Diane Keaton). La trouvant d’abord insupportable, il finit par en tomber amoureux.

Alors, c’est comment, un film de (et avec) Woody Allen ? Ben, aussi atroce qu’envisagé (j’avais assez apprécié Match Point, son cru 2005). Déjà, c’est quoi cette idée à la con de tourner en noir et blanc quand on veut rendre hommage à la ville qu’on aime tant et la mettre en valeur ? A part ça, c’est Woody et son nombril, ses peines de cœur et ses histoires de fesses, la grande ville et la grande musique (Gershwin), la culture (et vas-y que j’étale mes références littéraires et cinématographiques pour montrer combien je suis cultivé et comme j’ai bon goût, tout en critiquant les « pseudo-intellectuels » - le personnage de Diane Keaton -) et la psychanalyse, aussi. Monsieur a des scrupules de fréquenter une fille de 17 ans (tiens, tiens…), qui l’aime (il est tellement irrésistible…), alors qu’il en a 42 mais à l’aube de ses 18 ans et d’un voyage à Londres pour suivre des études, ce qu’il lui a lui-même conseillé, il ramène sa fraise pour limite la supplier de rester avec lui à New York. Tout ça parce qu’avec Keaton, ça ne colle finalement pas. En plus, j’adore ces dialogues où ça parle à cent à l’heure ou en même temps, idéal pour ne rien comprendre. Même si au final, il n’y a rien à comprendre. Pour conclure sur une note plus humoristique, j’ai constaté que je partageais la plupart des phobies de notre « génie » (insectes, mort, cancer, saleté, hauteurs voire chiens). Je devrais peut-être faire des films, qui sait…

Basic Instinct (1992), de Paul Verhoeven

 

« C’est l’histoire d’un flic, amoureux de la femme qu’il lui faut pas. »

« Je trouve que Catherine, c’est vraiment l’coup du siècle. »

Réalisation : Paul Verhoeven

Scénario : Joe Eszterhas

Pays :  Etats-Unis, France, Royaume-Uni

Année : 1992

Genre : thriller, érotique

Avec : Michael Douglas, Sharon Stone, George Dzundza, Jeanne Tripplehorn.

Synopsis : À San Francisco, Johnny Boz, un ancien rocker, est sauvagement assassiné à coups de pic à glace au cours d'un rapport sexuel. La police soupçonne la riche écrivaine Catherine Tramell, petite amie de la victime et dernière personne à avoir été vue avec lui. D’autant qu’elle décrit dans l’un de ses romans le meurtre tel qu’il s’est produit.

Pourquoi ? Parce qu’il y a tout : une intrigue policière bien ficelée, avec ce qu’il faut d’action (en l’occurrence, de poursuites automobiles), de meurtres sanglants et de rebondissements, dont le « twist » final ; les scènes de cul, très poussées (et un peu risibles et/ou gratuites, OK) pour la « provoc » ; la scène culte de l’interrogatoire avec le décroisement de jambes sans culotte de l’héroïne ; les somptueuses images de San Francisco (sa côte maritime notamment) ; l’envoutante musique de Jerry Goldsmith ; les clins d’œil à Hitchcock, plus précisément à Sueurs froides (San Francisco, la musique, le look Kim Novak de Sharon Stone) ; et, est-il besoin de le souligner, Sharon Stone, propulsée illico superstar mondiale et dont la carrière pourrait se résumer à ce rôle et à celui du Casino de Scorsese. J’y mets évidemment aussi des trucs persos (une « Madeleine de Proust », qu’on appelle ça) : l’ado que j’étais (et que je suis resté), subjugué par la beauté du minois de Sharon en couverture d’un Télé Loisirs découvert chez mes grands-parents paternels. Et parce que ce début de décennie 90, c’est vraiment l’acmé de ma « pop culture », y’avait tout : le cinoche (aussi Pretty Woman, Thelma & Louise, JFK, Terminator 2, Total Recall…), la zique avec le hard au firmament (je n’écoutais que ça à l’époque : Metallica, Nirvana, les Guns N’Roses, Megadeth…), la téloche (Nulle Part Ailleurs sur Canal avec le trio Gildas – De Caunes – Garcia et les Guignols, la Télé des Inconnus…), le foot avec l’OM au sommet en France et en Europe (avec les matchs sur Canal commentés par Biétry et Denisot. Aujourd’hui, c’est par des « épaules de serpent » en Paul Smith et Weston interchangeables et une armée de « consultants »…). Si je ne devais en garder qu’un…


lundi 1 septembre 2025

Sans toit ni loi (1985), d’Agnès Varda

 

« C’est plus la saison pour camper, y’a plus personne. » - « Y’a moi ! »

C’est l’histoire de Mona (Sandrine Bonnaire), une jeune vagabonde retrouvée morte de froid près d’un champ de vignes. Ceux qui l’ont croisé se souviennent…

L’actualité, aussi bien nationale qu’internationale, étant si réjouissante que, tiens, pourquoi ne pas se plomber un peu le moral avec une histoire de sans-abri ? D’autant que mon quartier est devenu en l’espace de quelques années un sol très fertile pour la misère, à vrai dire depuis qu’un jeune président (sans majuscule) élu par des vieux a justement promis de l’éradiquer. Ainsi, au pied de quasiment chaque commerce (le boulanger, le buraliste, le Monop’, l’Intermarché…) s’est mis à pousser un SDF. C’était l’inénarrable Patrick Balkany (né à Neuilly) qui avait déclaré, il doit bien y avoir une quinzaine d’années, « qu’il n’y avait pas de pauvres en France » et que les SDF, bah, c’était des « choix de vie ». Une grosse connerie, évidemment, mais qu’attendre d’autre d’un membre de l'ex-UMP, organisation sur les cendres de laquelle naquit l’actuel Les Républicains, autoproclamé, avec une bonne dose de paternalisme, « parti des honnêtes gens » (c’est vrai qu'en termes d'honnêteté, l’ancien parti de Sarkozy, Fillon ou dudit Balkany en connait un rayon…) ? Cela dit, ici, c’est en partie le cas, le mode de vie adopté par Mona résulte d’un choix. Agnès Varda ne pouvait trouver meilleure interprète que « l’enfant prodigue » Sandrine Bonnaire, qui peut être solaire ou ombrageuse et menaçante avec le même naturel, pour incarner cette jeune vagabonde. Clavier, par exemple, dont la plus grande souffrance endurée par l’un de ses personnages est de ne pas pouvoir écouter tranquillement son disque de jazz favori, on n’y aurait pas cru. Le film commence très fort, par le décès de l’errante, classé en fait divers. Une anonyme, dont la mort ne dérangera personne. Son parcours dans la France « profonde » (maintenant, on dit « des territoires »…), entre petits boulots et galères (faim, soif, squat avec des compagnons d’infortune…), est retracé sans qu’on ne tombe dans des clichés ou du misérabilisme de bas étage. Juste la réalité brute. Madame Varda me semble avoir évité là tous les écueils qu’on aurait pu redouter d’une telle entreprise, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Lion d’or à la Mostra de Venise 1985 et César de la meilleure actrice 1986 pour Sandrine Bonnaire. Mérité.

The Player (1992), de Robert Altman

 

C’est l’histoire de Griffin Mill (Tim Robbins), cynique producteur à Hollywood, qui reçoit de menaçantes cartes postales anonymes. Soupçonnant un auteur dont il aurait refusé le scénario, il pense avoir trouvé le coupable en la personne de David Kahane (Vincent D'Onofrio). Lors d’une altercation nocturne, il le tue accidentellement. Mais les menaces anonymes continuent…

Autant Short Cuts était plutôt bon voire jubilatoire par moments, autant ce The Player ne casse vraiment pas des briques. C’est dingue, on dirait un « direct-to-video »… Les 8 millions de dollars de budget ont visiblement surtout servi aux émoluments de la pléiade de stars venues faire un « caméo » dans leur propre rôle (Julia Roberts, Bruce Willis, Susan Sarandon, Cher, Anjelica Huston, Nick Nolte, Burt Reynolds, Jeff Goldblum…). Rien ne captive vraiment ici, pas plus l’enquête policière que l’amourette entre Tim Robbins et Greta Scacchi ou la satire, assez bateau, d’Hollywood.