C’est l’histoire de Georges
(Daniel Auteuil), journaliste littéraire à la télé et de sa femme Anne
(Juliette Binoche), qui reçoivent à leur domicile de curieux dessins
sanguinolents et cassettes vidéo anonymes, montrant leur maison filmée en plan
fixe depuis la rue d’en face, une maison de campagne où Georges a passé son
enfance et le couloir d’un immeuble de Romainville. La police ne pouvant leur
venir en aide face à l’absence d’agression et de revendication, Georges va
mener sa propre enquête.
Monsieur Haneke me semble être
quelqu’un de torturé, voire de dérangé. Il reconnait lui-même dans le
« making-of » que faire des films lui fait économiser des séances de
psy. Dans La pianiste, Isabelle Huppert regardait des films pornos en humant
les kleenex maculés de sperme des spectateurs précédents et soulageait sa
vessie en matant des couples faisant l’amour dans leur bagnole. Ici, il n’est
pas question de cul, il nous prend littéralement « en traitre » avec
deux scènes soudaines d’une extrême violence (l’affiche donne un léger indice).
Comme dans la plupart des films français, le couple incarné par Auteuil et
Binoche évolue dans un milieu bourgeois « bobo » (il n’y a guère que
Lindon pour jouer les prolos, c’est même devenu un filon). Et comme toujours ou
presque, les dialogues sont parfois difficilement audibles, même sans musique,
entre celles et ceux qui ont la voix sourde ou qui parlent entre leurs lèvres.
Mais comme ils sont souvent d’une banalité reflétant celle du quotidien (du
type « tu veux du parmesan sur tes pâtes ? »), ce n’est pas
excessivement gênant. Concernant l’histoire, on jongle entre différentes
thématiques (mensonges au sein du couple, secrets d’enfance, mauvaise
conscience post-coloniale qui tombe comme un cheveu sur la soupe…) et l’on ne
voit pas très bien où veut nous mener le cinéaste, la fin nous laissant
également dans l’expectative. Je n’ai rien contre les œuvres qui questionnent et
vont à rebours du « prémâché », au contraire, mais qu’on me donne au
moins quelques pistes de réflexion crédibles et des branches auxquelles me
raccrocher… Là, c’est vraiment trop flou.
P.S : pour les adeptes de pèlerinage sur les lieux de tournage, la baraque du couple Auteuil – Binoche se trouve au 49 de la rue Brillat-Savarin dans le 13ème arrondissement de Paris.